Gustave Flaubert (1821 – 1880) | |
DEUXIÈME PARTIE.II - I | Segunda parteII- CAPÍTULO I |
Yonville-L’Abbaye (ainsi nommé, à cause d’une ancienne abbaye de Capucins dont les ruines n’existent même plus) est un bourg à huit lieues de Rouen, entre la route d’Abbeville et celle de Beauvais, au fond d’une vallée qu’arrose la Rieule, petite rivière qui se jette dans l’Andelle, après avoir fait tourner trois moulins vers son embouchure, et où il y a quelques truites, que les garçons, le dimanche, s’amusent à pêcher à la ligne. | Yonville l’Abbaye (así llamado por una antigua abadía de capuchinos de la que ni siquiera quedan ruinas) es un pueblo a ocho leguas de Rouen, entre la carretera de Abbeville y la de Beauvais, al fondo de un valle regado por el Rieule, pequeño río que desemboca en el Andelle, después de haber hecho mover tres molinos hacia la desembocadura, y en el que hay algunas truchas que los chicos se divierten en pescar con caña los domingos. |
On quitte la grande route à la Boissière et l’on continue à plat jusqu’au haut de la côte des Leux, d’où l’on découvre la vallée. La rivière qui la traverse en fait comme deux régions de physionomie distincte : tout ce qui est à gauche est en herbage, tout ce qui est à droite est en labour. La prairie s’allonge sous un bourrelet de collines basses pour se rattacher par derrière aux pâturages du pays de Bray, tandis que, du côté de l’est, la plaine, montant doucement, va s’élargissant et étale à perte de vue ses blondes pièces de blé. L’eau qui court au bord de l’herbe sépare d’une raie blanche la couleur des prés et celle des sillons, et la campagne ainsi ressemble à un grand manteau déplié qui a un collet de velours vert, bordé d’un galon d’argent. | Se deja la carretera principal en la Boissière y se continúa por la llanura hasta lo alto de la cuesta de los Leux, desde donde se descubre el valle. El río que lo atraviesa hace de él como dos regiones de distinta fisonomía: todo lo que queda a la izquierda son pastos, todo lo que queda a la derecha son tierras de cultivo. Los prados se extienden al pie de una cadena de pequeñas colinas para juntarse por detrás con los pastos del País de Bray, mientras que, del lado este, la llanura se va ensanchando en suave pendiente y muestra hasta perderse de vista sus rubios campos de trigo. El agua que corre a orilla de la hierba separa con una raya blanca el color de los prados del de los surcos, y el campo semeja de este modo a un gran manto desplegado que tiene un cuello de terciopelo verde ribeteado de un césped de plata. |
Au bout de l’horizon, lorsqu’on arrive, on a devant soi les chênes de la forêt d’Argueil, avec les escarpements de la côte Saint-Jean, rayés du haut en bas par de longues traînées rouges, inégales ; ce sont les traces des pluies, et ces tons de brique, tranchant en filets minces sur la couleur grise de la montagne, viennent de la quantité de sources ferrugineuses qui coulent au delà, dans le pays d’alentour. | En el extremo del horizonte, cuando se llega, nos encontramos delante los robles del bosque de Argueil, y las escarpadas cuestas de San Juan, atravesadas de arriba abajo por anchos regueros rojos, desiguales; son las huellas de las lluvias, y esos tonos de ladrillo, que se destacan en hilitos delgados sobre el color gris de la montaña, proceden de la cantidad de manantiales ferruginosos que corren más allá en el país cercano. |
On est ici sur les confins de la Normandie, de la Picardie et de l’Île-de-France, contrée bâtarde où le langage est sans accentuation, comme le paysage sans caractère. C’est là que l’on fait les pires fromages de Neufchâtel de tout l’arrondissement, et, d’autre part, la culture y est coûteuse, parce qu’il faut beaucoup de fumier pour engraisser ces terres friables pleines de sable et de cailloux. | Estamos en los confines de la Normandía, de la Picardía y de la Isla de Francia, comarca bastarda donde el habla no tiene acento, como el paisaje no tiene carácter. Es allí donde se hacen los peores quesos de Neufchâtel de todo el distrito, y, por otra parte, el cultivo allí es costoso, porque hace falta mucho estiércol para abonar aquellas tierras que se desmenuzan llenas de arena y de guijarros. |
Jusqu’en 1835, il n’y avait point de route praticable pour arriver à Yonville ; mais on a établi vers cette époque un chemin de grande vicinalité qui relie la route d’Abbeville à celle d’Amiens, et sert quelquefois aux rouliers allant de Rouen dans les Flandres. Cependant, Yonville-l’Abbaye est demeuré stationnaire, malgré ses débouchés nouveaux. Au lieu d’améliorer les cultures, on s’y obstine encore aux herbages, quelque dépréciés qu’ils soient, et le bourg paresseux, s’écartant de la plaine, a continué naturellement à s’agrandir vers la rivière. On l’aperçoit de loin, tout couché en long sur la rive, comme un gardeur de vaches qui fait la sieste au bord de l’eau. | Hasta 1835 no había ninguna carretera transitable para llegar a Yonville; pero hacia esta época se abrió un camino vecinal que une la carretera de Abbeville a la de Amiens, y sirve a veces a los carreteros que van de Rouen a Flandes. Sin embargo, Yonville l′Abbaye se quedó estacionaria a pesar de sus «nuevas salidas». En vez de mejorar los cultivos, siguen obstinados en los pastizales, por depreciados que estén, y el pueblo perezoso, apartándose de la llanura, ha continuado su expansión natural hacia el río. Se le ve desde lejos, extendido a lo largo del río, como un pastor de vacas que echa la siesta a orilla del agua. |
Au bas de la côte, après le pont, commence une chaussée plantée de jeunes trembles, qui vous mène en droite ligne jusqu’aux premières maisons du pays. Elles sont encloses de haies, au milieu de cours pleines de bâtiments épars, pressoirs, charretteries et bouilleries, disséminés sous les arbres touffus portant des échelles, des gaules ou des faux accrochées dans leur branchage. Les toits de chaume, comme des bonnets de fourrure rabattus sur des yeux, descendent jusqu’au tiers à peu près des fenêtres basses, dont les gros verres bombés sont garnis d’un nœud dans le milieu, à la façon des culs de bouteilles. Sur le mur de plâtre que traversent en diagonale des lambourdes noires, s’accroche parfois quelque maigre poirier, et les rez-de-chaussée ont à leur porte une petite barrière tournante pour les défendre des poussins, qui viennent picorer, sur le seuil, des miettes de pain bis trempé de cidre. Cependant les cours se font plus étroites, les habitations se rapprochent, les haies disparaissent ; un fagot de fougères se balance sous une fenêtre au bout d’un manche à balai ; il y a la forge d’un maréchal et ensuite un charron avec deux ou trois charrettes neuves, en dehors, qui empiètent sur la route. Puis, à travers une claire-voie, apparaît une maison blanche au delà d’un rond de gazon que décore un Amour, le doigt posé sur la bouche ; deux vases en fonte sont à chaque bout du perron ; des panonceaux brillent à la porte ; c’est la maison du notaire, et la plus belle du pays. | Al pie de la cuesta, pasado el puente, comienza una calzada plantada de jóvenes chopos temblones, que lleva directamente hasta las primeras casas del pueblo. Éstas están rodeadas de setos, en medio de patios llenos de edificaciones dispersas, lagares, cabañas para los carros y destilerías diseminadas bajo los árboles frondosos de cuyas ramas cuelgan escaleras, varas y hoces. Los tejados de paja, como gorros de piel que cubren sus ojos, bajan hasta el tercio más o menos de las ventanas bajas, cuyos gruesos cristales abombados están provistos de un nudo en el medio como el fondo de una botella. Sobre la pared de yeso atravesada en diagonal por travesaños de madera negros, se apoya a veces algún flaco peral, y las plantas bajas y las puertas tienen una barrera giratoria para protegerlas de los pollitos, que vienen a picotear en el umbral, migajas de pan moreno mojado en sidra. Luego los patios se estrechan, las edificaciones se aproximan, los setos desaparecen; un haz de helechos se balancea bajo una ventana en la punta de un mango de escoba; hay la forja de un herrador y luego un carpintero de carros con dos o tres ejemplares nuevos fuera invadiendo la carretera. Después, a través de un claro, aparece una casa blanca más a11á de un círculo de césped adornado con un Amor con el dedo colocado sobre la boca; en cada lado de la escalinata hay dos jarrones de hierro; en la puerta, unas placas brillantes: es la casa del notario y la más bonita del país. |
L’église est de l’autre côté de la rue, vingt pas plus loin, à l’entrée de la place. Le petit cimetière qui l’entoure, clos d’un mur à hauteur d’appui, est si bien rempli de tombeaux, que les vieilles pierres à ras du sol font un dallage continu, où l’herbe a dessiné de soi-même des carrés verts réguliers. L’église a été rebâtie à neuf dans les dernières années du règne de Charles X. La voûte en bois commence à se pourrir par le haut, et, de place en place, a des enfonçures noires dans sa couleur bleue. Au-dessus de la porte, où seraient les orgues, se tient un jubé pour les hommes, avec un escalier tournant qui retentit sous les sabots. | La iglesia está al otro lado de la calle, veinte pasos más allá, a la entrada de la plaza. El pequeño cementerio que la rodea, cerrado por un muro a la altura del antepecho, está tan lleno de sepulturas que las viejas lápidas a ras del suelo forman un enlosado continuo, donde la hierba ha dibujado espontáneamente bancales verdes regulares. La iglesia fue reconstruida en los últimos años del reinado de Carlos X. La bóveda de madera comienza a pudrirse por arriba, y, a trechos, resaltan agujeros negros sobre un fondo azul. Por encima de la puerta, donde estaría el órgano, se mantiene una galena para los hombres, con una escalera de caracol que resuena bajo los zuecos. |
Le grand jour, arrivant par les vitraux tout unis, éclaire obliquement les bancs rangés en travers de la muraille, que tapisse çà et là quelque paillasson cloué, ayant au-dessous de lui ces mots en grosses lettres : « Banc de M. un tel. » Plus loin, à l’endroit où le vaisseau se rétrécit, le confessionnal fait pendant à une statuette de la Vierge, vêtue d’une robe de satin, coiffée d’un voile de tulle semé d’étoiles d’argent, et tout empourprée aux pommettes comme une idole des îles Sandwich ; enfin une copie de la Sainte Famille, envoi du ministre de l’intérieur, dominant le maître-autel entre quatre chandeliers, termine au fond la perspective. Les stalles du chœur, en bois de sapin, sont restées sans être peintes. | La luz solar, que llega por las vidrieras completamente lisas, ilumina oblicuamente los bancos, alineados perpendicularmente a la pared, tapizada aquí y a11á por alguna esterilla clavada, en la que en grandes caracteres se lee «Banco del Señor Fulano». Más a11á, donde se estrecha la nave, el confesonario hace juego con una pequeña imagen de la Virgen, vestida con un traje de raso, tocada con un velo de tul sembrado de estrellas de plata, y con los pómulos completamente llenos de púrpura como un ídolo de las islas Sandwich; por último, una copia de la «Sagrada Familia, regalo del ministro del interior», presidiendo el altar mayor entre cuatro candeleros, remata al fondo la perspectiva. Las sillas del coro, en madera, de abeto, quedaron sin pintar. |
Les halles, c’est-à-dire un toit de tuiles supporté par une vingtaine de poteaux, occupent à elles seules la moitié environ de la grande place d’Yonville. La mairie, construite sur les dessins d’un architecte de Paris, est une manière de temple grec qui fait l’angle, à côté de la maison du pharmacien. Elle a, au rez-de-chaussée, trois colonnes ioniques et, au premier étage, une galerie à plein cintre, tandis que le tympan qui la termine est rempli par un coq gaulois, appuyé d’une patte sur la Charte et tenant de l’autre les balances de la justice. | El mercado, es decir, un cobertizo de tejas soportado por unos veinte postes, ocupa por sí solo casi la mitad de la plaza mayor de Yonville. El ayuntamiento, construido según los pianos de un arquitecto de Paris, es una especie de templo griego que hace esquina con la casa del farmacéutico. Tiene en la planta baja tres columnas jónicas, y en el primer piso, una galería cde arcos de medio punto, mientras que el tímpano que lo remata está ocupado totalmente por un gallo galo que apoya una pata sobre la Carta y sostiene con la otra la balanza de la justicia. |
Mais ce qui attire le plus les yeux, c’est, en face de l’auberge du Lion d’or, la pharmacie de M. Homais ! Le soir, principalement, quand son quinquet est allumé et que les bocaux rouges et verts qui embellissent sa devanture allongent au loin, sur le sol, leurs deux clartés de couleur ; alors, à travers elles, comme dans des feux du Bengale, s’entrevoit l’ombre du pharmacien, accoudé sur son pupitre. Sa maison, du haut en bas, est placardée d’inscriptions écrites en anglaise, en ronde, en moulée : « Eaux de Vichy, de Seltz et de Barèges, robs dépuratifs, médecine Raspail, racahout des Arabes, pastilles Darcet, pâte Regnault, bandages ; bains, chocolats de santé, etc. » Et l’enseigne, qui tient toute la largeur de la boutique, porte en lettres d’or : Homais, pharmacien. Puis, au fond de la boutique, derrière les grandes balances scellées sur le comptoir, le mot laboratoire se déroule au-dessus d’une porte vitrée qui, à moitié de sa hauteur, répète encore une fois Homais, en lettres d’or, sur un fond noir. | Pero lo que más llama la atención es, frente a la posada del «León de Oro», la farmacia del señor Homais. De noche, especialmente, cuando está encendido su quinqué y los tarros rojos y verdes que adornan su escaparate proyectan a lo lejos, en el suelo, las dos luces de color, entonces, a través de ellas, como en luces de Bengala, se entrevé la sombra del farmaceútico, de codos sobre su mesa. Su casa, de arriba abajo, está llena de carteles con inscripciones en letra inglesa, en redondilla, en letra de molde: Aguas de Vichy, de Seltz y de Barèges, jarabes depurativos, medicina Raspail, racahout, pastillas Darcet, pomada Regnault, vendajes, baños, chocolates de régimen, etc. Y el rótulo, que abarca todo to ancho de la farmacia, lleva en letras doradas: «Homais, farmacéutico.» Después, al fondo de la tienda, detrás de las grandes balanzas precintadas sobre el mostrador, se lee la palabra «laboratorio» por encima de una puerta acristalada que, a media altura, repite todavía una vez más «Homais» en letras doradas sobre fondo negro. |
Il n’y a plus ensuite rien à voir dans Yonville. La rue (la seule), longue d’une portée de fusil et bordée de quelques boutiques, s’arrête court au tournant de la route. Si on la laisse sur la droite et que l’on suive le bas de la côte Saint-Jean, bientôt on arrive au cimetière. | Después, ya no hay nada más que ver en Yonville. La calle única, de un tiro de escopeta de larga, y con algunas tiendas a uno y otro lado, termina bruscamente en el recodo de la carretera. Dejándola a la derecha y bajando la cuesta de San Juan se llega enseguida al cementerio. |
Lors du choléra, pour l’agrandir, on a abattu un pan de mur et acheté trois acres de terre à côté ; mais toute cette portion nouvelle est presque inhabitée, les tombes, comme autrefois, continuant à s’entasser vers la porte. Le gardien, qui est en même temps fossoyeur et bedeau à l’église (tirant ainsi des cadavres de la paroisse un double bénéfice), a profité du terrain vide pour y semer des pommes de terre. D’année en année, cependant, son petit champ se rétrécit, et, lorsqu’il survient une épidémie, il ne sait pas s’il doit se réjouir des décès ou s’affliger des sépultures. | Cuando el cólera, para ensancharlo, tiraron una pared y compraron tres acres de terreno al lado; pero toda esta parte nueva está casi deshabitada, pues las tumbas, como antaño, continúan amontonándose hacia la puerta. El guarda, que es al mismo tiempo enterrador y sacristán en la iglesia, sacando así de los cadáveres de la parroquia un doble beneficio, aprovechó el terreno vacío para plantar en él patatas. De año en año, sin embargo, su pequeño campo se reduce, y cuando sobreviene una epidemia no sabe si debe alegrarse de los fallecimientos o lamentarse de las sepulturas. |
— Vous vous nourrissez des morts, Lestiboudois ! lui dit enfin un jour, M. le curé. | ¡Usted vive de los muertos. Lestiboudis! le dijo, por fin, un día el señor cura. |
Cette parole sombre le fit réfléchir, elle l’arrêta pour quelque temps ; mais, aujourd’hui encore, il continue la culture de ses tubercules, et même soutient avec aplomb qu’ils poussent naturellement. | Estas sombrías palabras le hicieron reflexionar; le contuvieron algún tiempo; pero todavía hoy sigue cultivando sus tubérculos, a incluso sostiene con aplomo que crecen de manera espontánea. |
Depuis les événements que l’on va raconter, rien, en effet, n’a changé à Yonville. Le drapeau tricolore de fer-blanc tourne toujours au haut du clocher de l’église ; la boutique du marchand de nouveautés agite encore au vent ses deux banderoles d’indienne ; les fœtus du pharmacien, comme des paquets d’amadou blanc, se pourrissent de plus en plus dans leur alcool bourbeux, et, au-dessus de la grande porte de l’auberge, le vieux lion d’or, déteint par les pluies, montre toujours aux passants sa frisure de caniche. | Desde los acontecimientos que vamos a contar, nada, en realidad ha cambiado en Yonville. La bandera tricolor de latón sigue girando en lo alto del campanario de la iglesia; la tienda del comerciante de novedades sigue agitando al viento sus dos banderolas de tela estampada; los fetos del farmacéutico, como paquetes de yesca blanca, se pudren cada día más en su alcohol cenagoso, y encima de la puerta principal de la posada el viejo león de oro, desteñido por las lluvias, sigue mostrando a los transeúntes sus rizos de perrito de aguas. |
Le soir que les époux Bovary devaient arriver à Yonville, Mme veuve Lefrançois, la maîtresse de cette auberge, était si fort affairée, qu’elle suait à grosses gouttes en remuant ses casseroles. C’était le lendemain jour de marché dans le bourg. Il fallait d’avance tailler les viandes, vider les poulets, faire de la soupe et du café. Elle avait, de plus, le repas de ses pensionnaires, celui du médecin, de sa femme et de leur bonne ; le billard retentissait d’éclats de rire ; trois meuniers, dans la petite salle, appelaient pour qu’on leur apportât de l’eau-de-vie ; le bois flambait, la braise craquait, et, sur la longue table de la cuisine, parmi les quartiers de mouton cru, s’élevaient des piles d’assiettes qui tremblaient aux secousses du billot où l’on hachait des épinards. On entendait, dans la basse-cour, crier les volailles que la servante poursuivait pour leur couper le cou. | La tarde en que los esposos Bovary debían llegar a Yonville, la señora viuda Lefrançois, la dueña de esta posada, estaba tan atareada que sudaba la gota gorda revolviendo sus cacerolas. Al día siguiente era mercado en el pueblo. Había que cortar de antemano las carnes, destripar los pollos, hacer sopa y café. Además, tenía la comida de sus huéspedes, la del médico, de su mujer y de su muchacha; el billar resonaba de carcajadas; tres molineros en la salita llamaban para que les trajesen aguardiente; ardía la leña, crepitaban las brasas, y sobre la larga mesa de la cocina, entre los cuartos de cordero crudo, se alzaban pilas de platos que temblaban a las sacudidas del tajo donde picaban espinacas. En el corral se oían gritar las aves que la criada perseguía para cortarles el pescuezo. |
Un homme en pantoufles de peau verte, quelque peu marqué de petite vérole et coiffé d’un bonnet de velours à gland d’or, se chauffait le dos contre la cheminée. Sa figure n’exprimait rien que la satisfaction de soi-même, et il avait l’air aussi calme dans la vie que le chardonneret suspendu au-dessus de sa tête, dans une cage d’osier : c’était le pharmacien. | Un hombre en pantuflas de piel verde, un poco marcado de viruela y tocado con un gorro de terciopelo con borla de oro, se calentaba la espalda contra la chimenea. Su cara no expresaba más que la satisfacción de sí mismo, y parecía tan contento de la vida como el jilguero colgado encima de su cabeza en una jaula de mimbre: era el farmacéutico. |
— Artémise ! criait la maîtresse d’auberge, casse de la bourrée, emplis les carafes, apporte de l’eau-de-vie, dépêche-toi ! Au moins, si je savais quel dessert offrir à la société que vous attendez ! Bonté divine ! les commis du déménagement recommencent leur tintamarre dans le billard ! Et leur charrette qui est restée sous la grande porte ! L’Hirondelle est capable de la défoncer en arrivant ! Appelle Polyte pour qu’il la remise !… Dire que, depuis le matin, monsieur Homais, ils ont peut-être fait quinze parties et bu huit pots de cidre !… Mais ils vont me déchirer le tapis, continuait-elle en les regardant de loin, son écumoire à la main. | ¡Artemisa! gritaba la mesonera , ¡parte leña menuda, llena las botellas, trae aguardiente, date prisa! Si al menos yo supiera qué postre ofrecer a los señores que ustedes esperan. ¡Bondad divina! Ya están otra vez ahí los de la mudanza haciendo su estruendo en el billar. ¡Y han dejado su carro en el portón! « La Golondrina» es capaz de aplastarlo cuando llegue. ¡Llama a Hipólito para que lo coloque en su sitio!... Pensar que, desde esta mañana, señor Homais, puede que hayan jugado quince partidas y bebido ocho jarras de sidra... Pero me van a romper el paño de la mesa de billar y continuaba mirándolos de lejos con su espumadera en la mano. |
— Le mal ne serait pas grand, répondit M. Homais, vous en achèteriez un autre. | La pérdida no sería grande respondió el señor Homais , se compraría otro. |
— Un autre billard ! exclama la veuve. | ¡Otro billar! exclamó la viuda. |
— Puisque celui-là ne tient plus, madame Lefrançois ; je vous le répète, vous vous faites tort ! vous vous faites grand tort ! Et puis les amateurs, à présent, veulent des blouses étroites et des queues lourdes. On ne joue plus la bille ; tout est changé ! Il faut marcher avec son siècle ! Regardez Tellier, plutôt… | Es que éste ya no aguanta, señora Lefrançois; se lo repito, ¡se equivoca!, ¡está completamente equivocada!, y además los aficionados ahora quieren troneras estrechas y tacos pesados. No se juega ya a carambolas; ¡todo ha cambiado! ¡Hay que ir con los tiempos!, si no, fíjese en Tellier... |
L’hôtesse devint rouge de dépit. Le pharmacien ajouta : | La mesonera se puso roja de despecho. El farmacéutico añadió: |
— Son billard, vous avez beau dire, est plus mignon que le vôtre ; et qu’on ait l’idée, par exemple de monter une poule patriotique pour la Pologne ou les inondés de Lyon… | Su billar, por mucho que usted diga, es más bonito que el de usted; y si, por ejemplo, se les ocurre organizar un campeonato patriótico a favor de Polonia o de las inundaciones de Lyon... |
— Ce ne sont pas des gueux comme lui qui nous font peur ! interrompit l’hôtesse, en haussant ses grosses épaules. Allez ! allez ! monsieur Homais, tant que le Lion d’or vivra, on y viendra. Nous avons du foin dans nos bottes, nous autres ! Au lieu qu’un de ces matins vous verrez le Café français fermé, et avec une belle affiche sur les auvents !… Changer mon billard, continuait-elle en se parlant à elle-même, lui qui m’est si commode pour ranger ma lessive, et sur lequel, dans le temps de la chasse, j’ai mis coucher jusqu’à six voyageurs !… Mais ce lambin d’Hivert qui n’arrive pas ! | ¡No son los pordioseros como él los que nos asustan! interrumpió la mesonera, alzando sus gruesos hombros . ¡Vamos!, ¡vamos!, señor Homais, mientras viva el «León de Oro» la gente seguirá viniendo aquí. Nosotros tenemos el riñón bien cubierto. En cambio, cualquier mañana verá usted el «Café Francés» cerrado y con un hermoso cartel sobre la marquesina. Cambiar mi billar proseguía hablando consigo misma , con lo cómodo que me es para colocar mi colada, y donde, en la temporada de caza, he dado cama hasta a seis viajeros... ¡Pero ese remolón de Hivert que no acaba de llegar! |
— L’attendez-vous pour le dîner de vos messieurs ? demanda le pharmacien. | ¿:Le espera usted para la cena de esos señores? preguntó el farmacéutico. |
— L’attendre ? Et M. Binet donc ! À six heures battant vous allez le voir entrer, car son pareil n’existe pas sur la terre pour l’exactitude. Il lui faut toujours sa place dans la petite salle ! On le tuerait plutôt que de le faire dîner ailleurs ! et dégoûté qu’il est ! et si difficile pour le cidre ! Ce n’est pas comme M. Léon ; lui, il arrive quelquefois à sept heures, sept heures et demie même ; il ne regarde seulement pas à ce qu’il mange. Quel bon jeune homme ! Jamais un mot plus haut que l’autre. | ¿:Esperarle? ¡Pues y el señor Binet! A1 dar las seis ya le verá usted entrar, pues nadie le iguala en el mundo en cuanto a puntualidad. Tiene que tener siempre su sitio en la salita. Antes lo matarán que hacerle cenar en otro sitio. ¡Con lo delicado que es!, ¡y tan exigente para la sidra! No es como el señor León, que llega a veces a las siete, incluso a las siete y media; ni siquiera mira lo que come. ¡Qué muchacho más bueno! Jamás dice una palabra más alta que otra. |
— C’est qu’il y a bien de la différence, voyez-vous, entre quelqu’un qui a reçu de l’éducation et un ancien carabinier qui est percepteur. | Es que hay mucha diferencia, ya se sabe, entre alguien que ha recibido educación y un antiguo carabinero que ahora es recaudador de impuestos. |
Six heures sonnèrent. Binet entra. | Dieron las seis. Entró Binet. |
Il était vêtu d’une redingote bleue, tombant droit d’elle-même tout autour de son corps maigre, et sa casquette de cuir, à pattes nouées par des cordons sur le sommet de sa tête, laissait voir, sous la visière relevée, un front chauve, qu’avait déprimé l’habitude du casque. Il portait un gilet de drap noir, un col de crin, un pantalon gris, et, en toute saison, des bottes bien cirées qui avaient deux renflements parallèles, à cause de la saillie de ses orteils. Pas un poil ne dépassait la ligne de son collier blond, qui, contournant la mâchoire, encadrait comme la bordure d’une plate-bande sa longue figure terne, dont les yeux étaient petits et le nez busqué. Fort à tous les jeux de cartes, bon chasseur et possédant une belle écriture, il avait chez lui un tour, où il s’amusait à tourner des ronds de serviette dont il encombrait sa maison, avec la jalousie d’un artiste et l’égoïsme d’un bourgeois. | Vestía una levita azul que le caía recta por su propio peso, alrededor de su cuerpo flaco, y su gorra de cuero, con orejeras atadas con cordones en la punta de la cabeza, dejaba ver, bajo la visera levantada, una frente calva, deprimida por el use del casco. Llevaba un chaleco de paño negro, un cuello de crin, un pantalón gris, y, en todo tiempo, unas botas bien lustradas que tenían dos abultamientos paralelos debidos a los juanetes. Ni un solo pelo rebasaba la línea de su rubia sotabarba que, contorneando la mandíbula, enmarcaba como el borde de un arriate su larga cara, descolorida, con unos ojos pequeños y una nariz aguileña. Ducho en todos los juegos de cartas, buen cazador y con una hermosa letra, tenía en su casa un torno con el que se entretenía en tornear servilleteros que amontonaba en su casa, con el celo de un artista y el egoísmo de un burgués. |
Il se dirigea vers la petite salle ; mais il fallut d’abord en faire sortir les trois meuniers ; et, pendant tout le temps que l’on fut à mettre son couvert, Binet resta silencieux à sa place, auprès du poêle ; puis il ferma la porte et retira sa casquette, comme d’usage. | Se dirigió hacia la salita; pero antes hubo que hacer salir a los tres molineros; y durante todo el tiempo que invirtieron en ponerle la mesa, Binet permaneció silencioso en su sitio, cerca de la estufa; después cerró la puerta y se quitó la gorra como de costumbre. |
— Ce ne sont pas les civilités qui lui useront la langue ! dit le pharmacien, dès qu’il fut seul avec l’hôtesse. | No son las cortesías las que le gastarían la lengua dijo el farmacéutico, cuando se quedó a solas con la mesonera. |
— Jamais il ne cause davantage, répondit-elle ; il est venu ici, la semaine dernière, deux voyageurs en draps, des garçons pleins d’esprit qui contaient, le soir, un tas de farces que j’en pleurais de rire ; eh bien, il restait là, comme une alose, sans dire un mot. | Nunca habla más respondió ella ; la semana pasada vinieron aquí dos viajantes de telas, unos chicos muy simpáticos, que contaban de noche un montón de chistes que me hicieron llorar de risa; bueno, pues él permanecía a11í, como un sábalo, sin decir ni palabra. |
— Oui, fit le pharmacien, pas d’imagination, pas de saillies, rien de ce qui constitue l’homme de société ! | Sí dijo el farmacéutico , ni pizca de imaginación ni ocurrencias, ¡nada de lo que define al hombre de sociedad! |
— On dit pourtant qu’il a des moyens, objecta l’hôtesse. | Sin embargo, dicen que tiene posibles objetó la mesonera. |
— Des moyens ? répliqua M. Homais ; lui ! des moyens ? Dans sa partie, c’est possible, ajouta-t-il d’un ton plus calme. | ¿:Posibles? replicó el señor Homais ; ¡é1! ¿:posibles? Entre los de su clase es probable añadió, en un tono más tranquilo. |
Et il reprit : | Y prosiguió: |
— Ah ! qu’un négociant qui a des relations considérables, qu’un jurisconsulte, un médecin, un pharmacien soient tellement absorbés qu’ils en deviennent fantasques et bourrus même, je le comprends ; on en cite des traits dans les histoires ! Mais, au moins, c’est qu’ils pensent à quelque chose. Moi, par exemple, combien de fois m’est-il arrivé de chercher ma plume sur mon bureau pour écrire une étiquette, et de trouver, en définitive, que je l’avais placée à mon oreille ! | ¡Ah!, que un comerciante que tiene relaciones considerables, que un jurisconsulto, un médico, un farmacéutico estén tan absorbidos, que se vuelvan raros a incluso huraños, lo comprendo; se citan sus ocurrencias en las historias. ¡Pero, al menos, es que piensan en algo! A mí, por ejemplo, cuántas veces me ha ocurrido buscar mi pluma encima de la mesa para escribir una etiqueta y comprobar, por fin, que la tenía sobre la oreja. |
Cependant, Mme Lefrançois alla sur le seuil regarder si l’Hirondelle n’arrivait pas. Elle tressaillit. Un homme vêtu de noir entra tout à coup dans la cuisine. On distinguait, aux dernières lueurs du crépuscule, qu’il avait la figure rubiconde et le corps athlétique. | Entretanto, la señora Lefrançois fue a la puerta a mirar si llegaba «La Golondrina». Se estremeció. Un hombre vestido de negro entró de pronto en la cocina. Se distinguía, en los últimos resplandores del crepúsculo, que tenía la cara rubicunda y el cuerpo atlético. |
— Qu’y a-t-il pour votre service, monsieur le curé ? demanda la maîtresse d’auberge, tout en atteignant sur la cheminée un des flambeaux de cuivre qui s’y trouvaient rangés en colonnade avec leurs chandelles ; voulez-vous prendre quelque chose ? un doigt de cassis, un verre de vin ? | ¿:En qué puedo servirle, señor cura? preguntó la mesonera al tiempo que alcanzaba en la chimenea uno de los candeleros de cobre que se encontraban alineados con sus velas . ¿:Quiere tomar algo?, un dedo de casis, un vaso de vino? |
L’ecclésiastique refusa fort civilement. Il venait chercher son parapluie, qu’il avait oublié l’autre jour au couvent d’Ernemont, et, après avoir prié Mme Lefrançois de le lui faire remettre au presbytère dans la soirée, il sortit pour se rendre à l’église, où l’on sonnait l’Angelus. | El eclesiástico rehusó muy cortésmente. Venía a buscar su paraguas, que había olvidado el otro día en el convento de Ernemont, y, después de haber rogado a la señora Lefrançois que se lo enviase a la casa rectoral por la noche, salió para ir a la iglesia, donde tocaban al Angelus. |
Quand le pharmacien n’entendit plus sur la place le bruit de ses souliers, il trouva fort inconvenante sa conduite de tout à l’heure. Ce refus d’accepter un rafraîchissement lui semblait une hypocrisie des plus odieuses ; les prêtres godaillaient tous sans qu’on les vît, et cherchaient à ramener le temps de la dîme. | Cuando el farmacéutico dejó de oír en la plaza el ruido de los zapatos del cura, encontró muy inconveniente su conducta de hacía un instante. Ese rechazo a la invitación de un refresco le parecía una hipocresía de las más odiosas; los curas comían y bebían todos con exceso sin que los vieran, y trataban de volver a los tiempos de los diezmos. |
L’hôtesse prit la défense de son curé : | La hotelera tomó la defensa de su cura: |
— D’ailleurs, il en plierait quatre comme vous sur son genou. Il a, l’année dernière, aidé nos gens à rentrer la paille ; il en portait jusqu’à six bottes à la fois, tant il est fort ! | Además, doblegaría a cuatro como usted bajo su rodilla. El año pasado ayudó a nuestra gente a guardar la paja; llevaba hasta seis haces a la vez, de fuerte que es. |
— Bravo ! dit le pharmacien. Envoyez donc vos filles en confesse à des gaillards d’un tempérament pareil ! Moi, si j’étais le gouvernement, je voudrais qu’on saignât les prêtres une fois par mois. Oui, Mme Lefrançois, tous les mois, une large phlébotomie, dans l’intérêt de la police et des mœurs ! | ¡Bravo! dijo el farmacéutico . Mandad hijas a confesarse con mocetones de semejante temperamento. Si yo fuera el gobierno, querría que sangrasen a los curas una vez al mes. Sí, señora Lefrançois, todos los meses una amplia sangría por el mantenimiento del orden y de las buenas costumbres. |
— Taisez-vous donc, monsieur Homais ! vous êtes un impie ! vous n’avez pas de religion ! | ¡Cállese ya, señor Homais!, ¡es usted un impío!, ¡usted no tiene religión! |
Le pharmacien répondit : | El farmacéutico respondió: |
— J’ai une religion, ma religion, et même j’en ai plus qu’eux tous, avec leurs momeries et leurs jongleries ! J’adore Dieu, au contraire ! Je crois en l’Être suprême, à un Créateur, quel qu’il soit, peu m’importe, qui nous a placés ici-bas pour y remplir nos devoirs de citoyen et de père de famille ; mais je n’ai pas besoin d’aller, dans une église, baiser des plats d’argent, et engraisser de ma poche un tas de farceurs qui se nourrissent mieux que nous ! Car on peut l’honorer aussi bien dans un bois, dans un champ, ou même en contemplant la voûte éthérée, comme les anciens. Mon Dieu, à moi, c’est le Dieu de Socrate, de Franklin, de Voltaire et de Béranger ! Je suis pour la Profession de foi du vicaire savoyard et les immortels principes de 89 ! Aussi, je n’admets pas un bonhomme de bon Dieu qui se promène dans son parterre la canne à la main, loge ses amis dans le ventre des baleines, meurt en poussant un cri et ressuscite au bout de trois jours : choses absurdes en elles-mêmes et complètement opposées, d’ailleurs, à toutes les lois de la physique ; ce qui nous démontre, en passant, que les prêtres ont toujours croupi dans une ignorance turpide, où ils s’efforcent d’engloutir avec eux les populations. | Tengo una religión, mi religión, y tengo más que todos ellos, con sus comedias y sus charlatanerías. Por el contrario, yo adoro a Dios. ¡Creo en el Ser Supremo, un Creador, cualquiera que sea, me importa poco, que nos ha puesto aquí abajo para cumplir aquí nuestros deberes de ciudadanos y de padres de familia; pero no necesito ir a una iglesia a besar bandejas de plata y a engordar con mi bolsillo un montón de farsantes que se alimentan mejor que nosotros! Porque se puede honrarlo lo mismo en un bosque, en un campo, o incluso contemplando la bóveda celeste como los antiguos. Mi Dios, el mío, es el Dios de Sócrates, de Franklin, de Voltaire y de Béranger. Yo estoy a favor de la Profesión de fe del vicario saboyano y los inmortales principios del ochenta y nueve. Por tanto, no admito un tipo de Dios que se pasea por su jardín bastón en mano, aloja a sus amigos en el vientre de las ballenas, muere lanzando un grito y resucita al cabo de tres días: cosas absurdas en sí mismas y completamente opuestas, además, a todas las leyes de la física; lo que nos demuestra, de paso, que los sacerdotes han estado siempre sumidos en una ignorancia ignominiosa, en la que se esfuerzan por hundir con ellos a los pueblos. |
Il se tut, cherchant des yeux un public autour de lui, car, dans son effervescence, le pharmacien un moment s’était cru en plein conseil municipal. Mais la maîtresse d’auberge ne l’écoutait plus ; elle tendait son oreille à un roulement éloigné. On distingua le bruit d’une voiture mêlé à un claquement de fers lâches qui battaient la terre, et l’Hirondelle enfin s’arrêta devant la porte. | Se calló, buscando con los ojos a un público a su alrededor, pues, en su efervescencia, el farmacéutico se había creído por un momento en pleno consejo municipal. Pero la posadera ya no le escuchaba, prestaba atención a un ruidq de ruedas lejano. Se distinguió el rodar de un coche mezclado con un crujido de hierros flojos que daban en el suelo, y por fin «La Golondrina» se paró delante de la puerta. |
C’était un coffre jaune porté par deux grandes roues qui, montant jusqu’à la hauteur de la bâche, empêchaient les voyageurs de voir la route et leur salissaient les épaules. Les petits carreaux de ses vasistas étroits tremblaient dans leurs châssis quand la voiture était fermée, et gardaient des taches de boue, çà et là, parmi leur vieille couche de poussière, que les pluies d’orage même ne lavaient pas tout à fait. Elle était attelée de trois chevaux, dont le premier en arbalète, et, lorsqu’on descendait les côtes, elle touchait du fond en cahotant. | Era un arcón amarillo sobre dos grandes ruedas que, subiendo a la altura de la baca, impedían a los viajeros ver la carretera y les ensuciaban los hombros. Los pequeños cristales de sus estrechas ventanillas temblaban en sus bastidores cuando el coche estaba cerrado, y conservaban manchas de barro, que ni siquiera las lluvias de tormenta lavaban por completo. El tiro era de tres caballos, de los cuales el del centro iba delante, y cuando bajaban las cuestas el coche rozaba el suelo con el traqueteo. |
Quelques bourgeois d’Yonville arrivèrent sur la place ; ils parlaient tous à la fois, demandant des nouvelles, des explications et des bourriches ; Hivert ne savait auquel répondre. C’était lui qui faisait à la ville les commissions du pays. Il allait dans les boutiques, rapportait des rouleaux de cuir au cordonnier, de la ferraille au maréchal, un baril de harengs pour sa maîtresse, des bonnets de chez la modiste, des toupets de chez le coiffeur ; et, le long de la route, en s’en revenant, il distribuait ses paquets, qu’il jetait par-dessus les clôtures des cours, debout sur son siège, et criant à pleine poitrine, pendant que ses chevaux allaient tout seuls. | Algunos habitantes de Yonville llegaron a la plaza; hablaban todos a la vez pidiendo noticias, explicaciones y canastas; Hivert no sabía a cuál atender. Era él quien hacía en la ciudad los encargos del pueblo. Iba a las tiendas, traía rollos de cuero al zapatero, hierro al herrador, un barril de arenques para su ama, gorros de la sombrerería, tupés de la peluquería, y a lo largo del trayecto, a la vuelta, repartía sus paquetes, que tiraba por encima de las tapias, de pie en el pescante y gritando a pleno pulmón, mientras que sus caballos iban completamente solos. |
Un accident l’avait retardé ; la levrette de Mme Bovary s’était enfuie à travers champs. On l’avait sifflée un grand quart d’heure. Hivert même était retourné d’une demi-lieue en arrière, croyant l’apercevoir à chaque minute ; mais il avait fallu continuer la route. Emma avait pleuré, s’était emportée ; elle avait accusé Charles de ce malheur. M. Lheureux, marchand d’étoffes, qui se trouvait avec elle dans la voiture, avait essayé de la consoler par quantité d’exemples de chiens perdus, reconnaissant leur maître au bout de longues années. On en citait un, disait-il, qui était revenu de Constantinople à Paris. Un autre avait fait cinquante lieues en ligne droite et passé quatre rivières à la nage ; et son père à lui-même avait possédé un caniche qui, après douze ans d’absence, lui avait tout à coup sauté sur le dos, un soir, dans la rue, comme il allait dîner en ville. | Un incidente le había retrasado: la perrita galga de Madame Bovary se había escapado por el campo. Le habían silbado durante un cuarto de hora largo; incluso Hivert había vuelto una media legua atrás, creyendo verla a cada minuto; pero hubo que continuar el camino. Emma lloró, se enfadó; acusó a Carlos de aquella desgracia. El señor Lleureux, comerciante de telas que viajaba con ella en el coche, intentó consolarla con muchos ejemplos de perros perdidos que reconocieron a su amo al cabo de largos años. Se hablaba de uno que había vuelto de Constantinopla a París. Otro había hecho cincuenta leguas en línea recta y pasado cuatro ríos a nado; y su propio padre había tenido un perro de aguas que, después de doce años de ausencia, le había saltado de pronto en la espalda, en la calle, cuando iba a cenar fuera de casa. |
II - II | II- CAPÍTULO II |
Emma descendit la première, puis Félicité, M. Lheureux, une nourrice, et l’on fut obligé de réveiller Charles dans son coin, où il s’était endormi complètement dès que la nuit était venue. | Emma fue la primera en bajar, después Felicidad, el señor Lheureux, una nodriza, y hubo que despertar a Carlos en su rincón, donde se había dormido completamente al llegar la noche. |
Homais se présenta ; il offrit ses hommages à Madame, ses civilités à Monsieur, dit qu’il était charmé d’avoir pu leur rendre quelque service, et ajouta d’un air cordial qu’il avait osé s’inviter lui-même, sa femme d’ailleurs étant absente. | Homais se presentó; ofreció sus respetos a la señora, sus cortesías al señor, dijo que estaba encantado de haber podido serles útil, y añadió con un aire cordial que se había permitido invitarse a sí mismo, puesto que, además, su mujer estaba ausente. |
Mme Bovary, quand elle fut dans la cuisine, s’approcha de la cheminée. Du bout de ses deux doigts, elle prit sa robe à la hauteur du genou, et, l’ayant ainsi remontée jusqu’aux chevilles, elle tendit à la flamme, par-dessus le gigot qui tournait, son pied chaussé d’une bottine noire. Le feu l’éclairait en entier, pénétrant d’une lumière crue la trame de sa robe, les pores égaux de sa peau blanche et même les paupières de ses yeux qu’elle clignait de temps à autre. Une grande couleur rouge passait sur elle, selon le souffle du vent qui venait par la porte entr′ouverte. | Madame Bovary, ya dentro de la cocina, se acercó a la chimenea. Con la punta de sus dos dedos cogió su vestido a la altura de la rodilla, y, habiéndolo subido hasta los tobillos, extendió sobre la llama, por encima de la pata de cordero, que daba vueltas en el asador, su pie calzado con una botina negra. El fuego la iluminaba por completo penetrando con su luz cruda la trama de su vestido y los poros iguales de su blanca piel e incluso los párpados de sus ojos que entornaba de vez en cuando. Un gran resplandor rojo pasaba por encima de ella al soplo del viento que venía por la puerta entreabierta. |
De l’autre côté de la cheminée, un jeune homme à chevelure blonde la regardait silencieusement. | Al otro lado de la chimenea, un joven de cabellera rubia la miraba silenciosamente. |
Comme il s’ennuyait beaucoup à Yonville, où il était clerc chez Me Guillaumin, souvent M. Léon Dupuis (c’était lui, le second habitué du Lion d’or) reculait l’instant de son repas, espérant qu’il viendrait quelque voyageur à l’auberge avec qui causer dans la soirée. Les jours que sa besogne était finie il lui fallait bien, faute de savoir que faire, arriver à l’heure exacte, et subir depuis la soupe jusqu’au fromage le tête-à-tête de Binet. Ce fut donc avec joie qu’il accepta la proposition de l’hôtesse de dîner en la compagnie des nouveaux venus, et l’on passa dans la grande salle, où Mme Lefrançois, par pompe, avait fait dresser les quatre couverts. | Como se aburría mucho en Yonville, donde estaba de pasante del notario Guillaumin, a menudo el señor León Dupuis (era el segundo cliente habitual del «León de Oro») retrasaba la hora de cenar esperando que apareciese en la posada algún viajero con quien hablar por la noche. Los días en que había terminado su tarea, sin saber qué hacer, tenía que llegar a la hora exacta, y soportar, desde la sopa hasta el queso, el cara a cara con Binet. Así que aceptó de buena gana la invitación que le hizo la hostelera de cenar en compañía de los recién llegados, y pasaron a la gran sala, donde la señora Lefrançois, como extraordinario, había dispuesto los cuatro cubiertos. |
Homais demanda la permission de garder son bonnet grec, de peur des coryzas. | Homais pidió permiso para seguir con su gorro griego por miedo a las corizas. |
Puis, se tournant vers sa voisine : | Después, volviéndose hacia su vecina: |
— Madame, sans doute, est un peu lasse ? on est si épouvantablement cahoté dans notre Hirondelle ! | ¿:La señora, sin duda, está un poco cansada? ¡Le traquetean a uno tanto en nuestra «Golondrina»! |
— Il est vrai, répondit Emma ; mais le dérangement m’amuse toujours ; j’aime à changer de place. | Es verdad respondió Emma ; pero lo desacostumbrado siempre me divierte; me gusta cambiar de lugar. |
— C’est une chose si maussade, soupira le clerc, que de vivre cloué aux mêmes endroits ! | ¡Es tan aburrido suspiró el pasante vivir clavado en los mismos sitios! |
— Si vous étiez comme moi, dit Charles, sans cesse obligé d’être à cheval… | Si ustedes tuvieran como yo dijo Carlos que andar siempre a caballo... |
— Mais, reprit Léon s’adressant à Mme Bovary, rien n’est plus agréable, il me semble ; quand on le peut, ajouta-t-il. | Pero replicó León dirigiéndose a Madame Bovary, nada hay más agradable, me parece; cuando se puede añadió. |
— Du reste, disait l’apothicaire, l’exercice de la médecine n’est pas fort pénible en nos contrées ; car l’état de nos routes permet l’usage du cabriolet, et, généralement, l’on paye assez bien, les cultivateurs étant aisés. Nous avons, sous le rapport médical, à part les cas ordinaires d’entérite, bronchite, affections bilieuses, etc., de temps à autre quelques fièvres intermittentes à la moisson, mais, en somme, peu de choses graves, rien de spécial à noter, si ce n’est beaucoup d’humeurs froides, et qui tiennent sans doute aux déplorables conditions hygiéniques de nos logements de paysans. Ah ! vous trouverez bien des préjugés à combattre, monsieur Bovary ; bien des entêtements de la routine, où se heurteront quotidiennement tous les efforts de votre science ; car on a recours encore aux neuvaines, aux reliques, au curé, plutôt que de venir naturellement chez le médecin ou chez le pharmacien. Le climat, pourtant, n’est point, à vrai dire, mauvais, et même nous comptons dans la commune quelques nonagénaires. Le thermomètre (j’en ai fait les observations) descend en hiver jusqu’à quatre degrés, et, dans la forte saison, touche vingt-cinq, trente centigrades tout au plus, ce qui nous donne vingt-quatre Réaumur au maximum, ou autrement cinquante-quatre Fahrenheit (mesure anglaise), pas davantage ! – et, en effet, nous sommes abrités des vents du nord par la forêt d’Argueil d’une part, des vents d’ouest par la côte Saint-Jean de l’autre ; et cette chaleur, cependant, qui à cause de la vapeur d’eau dégagée par la rivière et la présence considérable de bestiaux dans les prairies, lesquels exhalent, comme vous savez, beaucoup d’ammoniaque, c’est-à-dire azote, hydrogène et oxygène (non, azote et hydrogène seulement), et qui, pompant à elle l’humus de la terre, confondant toutes ces émanations différentes, les réunissant en un faisceau, pour ainsi dire, et se combinant de soi-même avec l’électricité répandue dans l’atmosphère, lorsqu’il y en a, pourrait à la longue, comme dans les pays tropicaux, engendrer des miasmes insalubres ; – cette chaleur, dis-je, se trouve justement tempérée du côté où elle vient, ou plutôt d’où elle viendrait, c’est-à-dire du côté sud, par les vents de sud-est, lesquels, s’étant rafraîchis d’eux-mêmes en passant sur la Seine, nous arrivent quelquefois tout d’un coup, comme des brises de Russie ! | Además decía el boticario , el ejercicio de la medicina no es muy penoso en nuestra tierra; porque el estado de nuestras carreteras permite usar el cabriolet, y, generalmente, se paga bastante bien, pues los campesinos son gente acomodada. Según el informe médico, tenemos, aparte los casos ordinarios de enteritis, bronquitis, afecciones biliosas, etc., de vez en cuando algunas fiebres intermitentes en la siega, pero, en resumen, pocas cosas graves, nada especial que notar, a no ser muchas escrófulas, que se deben, sin duda, a las deplorables condiciones higiénicas de nuestra vivienda campesina. ¡Ah!, tendrá que combatir muchos prejuicios, señor Bovary; muchas terquedades de la rutina, con las que se estrellarán cada día todos los esfuerzos de su ciencia; pues todavía se recurre a novenas, a las reliquias, al cura antes que ir naturalmente al médico o al farmacéutico. El clima, sin embargo, no puede decirse que sea malo a incluso contamos en el municipio algunos nonagenarios. El termómetro, yo lo he observado, baja en invierno hasta cuatro grados, y en la estación fuerte llega a veinticinco, treinta grados centígrados a lo sumo, lo que nos da veinticuatro Réaumur al máximo, o de otro modo cincuenta y cuatro Fahrenheit, medida inglesa, ¡no más!, y, en efecto, estamos abrigados de los vientos del Norte por el bosque de Argueil por una parte; de los vientos del Oeste por la cuesta de San Juan, por la otra; y este calor, sin embargo, que a causa del vapor de agua desprendido por el río y la presencia considerable de animales en las praderas, los cuales exhalan, como usted sabe, mucho amoniaco, es decir, nitrógeno, hidrógeno y oxígeno, no, nitrógeno a hidrógeno solamente, y que absorbiendo el humus de la tierra, confundiendo todas estas emanaciones diferentes, reuniéndolas en un manojo, por así decirlo, y combinándose por sí mismas con la electricidad extendida en la atmósfera, cuando la hay, podría a la larga, como en los países tropicales, engendrar miasmas insalubres; este calor, digo, se encuentra precisamente templado del lado de donde viene, o más bien, de donde vendría, es decir, no del lado sur, por los vientos del Sudeste, los cuales, habiéndose refrescado por sí mismos al pasar sobre el Sena, nos llegan a veces de repente como brisas de Rusia. |
— Avez-vous du moins quelques promenades dans les environs ? continuait Mme Bovary parlant au jeune homme. | ¿:Tienen ustedes al menos paseos interesantes por los alrededores? continuaba Madame Bovary hablando al joven pasante. |
— Oh ! fort peu, répondit-il. Il y a un endroit que l’on nomme la Pâture, sur le haut de la côte, à la lisière de la forêt. Quelquefois, le dimanche, je vais là, et j’y reste avec un livre, à regarder le soleil couchant. | ¡Oh!, muy pocos contestó él . Hay un sitio que se llama la Pâture, en lo alto de la cuesta, en la linde del bosque. Algunas veces, los domingos voy a11í y me quedo con un libro contemplando la puesta del sol. |
— Je ne trouve rien d’admirable comme les soleils couchants, reprit-elle, mais au bord de la mer, surtout. | No encuentro nada tan admirable replicó ella como las puestas de sol; pero, sobre todo, a la orilla del mar. |
— Oh ! j’adore la mer, dit M. Léon. | ¡Oh!, yo soy un enamorado del mar. |
— Et puis ne vous semble-t-il pas, répliqua Mme Bovary, que l’esprit vogue plus librement sur cette étendue sans limites, dont la contemplation vous élève l’âme et donne des idées d’infini, d’idéal ? | Y además, ¿:no le parece replicó Madame Bovary que el espíritu boga más libremente sobre esa extensión ilimitada, cuya contemplación eleva el alma y sugiere ideas de infinito, de ideal? |
— Il en est de même des paysages de montagnes, reprit Léon. J’ai un cousin qui a voyagé en Suisse l’année dernière, et qui me disait qu’on ne peut se figurer la poésie des lacs, le charme des cascades, l’effet gigantesque des glaciers. On voit des pins d’une grandeur incroyable, en travers des torrents, des cabanes suspendues sur des précipices, et, à mille pieds sous vous, des vallées entières, quand les nuages s’entr′ouvrent. Ces spectacles doivent enthousiasmer, disposer à la prière, à l’extase ! Aussi je ne m’étonne plus de ce musicien célèbre qui, pour exciter mieux son imagination, avait coutume d’aller jouer du piano devant quelque site imposant. | Pasa lo mismo con los paisajes de montañas repuso León . Tengo un primo que viajó por Suiza el año pasado, y me decía que uno no puede figurarse la poesía de los lagos, el encanto de las cascadas, el efecto gigantesco de los glaciares. Se ven pinos de un tamaño increíble atravesados en los torrentes, chozas colgadas sobre precipicios, y, a mil pies por debajo de uno, valles enteros cuando se entreabren las nubes. ¡Estos espectáculos deben entusiasmar, predisponer a la oración, al éxtasis! Por eso ya no me extraña de aquel músico célebre que, para excitar mejor su imaginación, acostumbraba a ir a tocar el piano delante de algún paraje grandioso. |
— Vous faites de la musique ? demanda-t-elle. | ¿:Toca usted algún instrumento? preguntó ella. |
— Non, mais je l’aime beaucoup, répondit-il. | No, pero me gusta mucho la música respondió él. |
— Ah ! ne l’écoutez pas, madame Bovary, interrompit Homais en se penchant sur son assiette, c’est modestie pure. – Comment, mon cher ! Eh ! l’autre jour, dans votre chambre, vous chantiez l’Ange gardien à ravir. Je vous entendais du laboratoire ; vous détachiez cela comme un acteur. | ¡Ah!, no le haga caso, Madame Bovary interrumpió Homais, inclinándose sobre su plato , es pura modestia. Cómo, querido. ¡Eh!, el otro día, en su habitación, usted estaba cantando L′ange gardien, de maravilla. Yo le escuchaba desde el laboratorio; modulaba aquello como un actor. |
Léon, en effet, logeait chez le pharmacien, où il avait une petite pièce au second étage, sur la place. Il rougit à ce compliment de son propriétaire, qui déjà s’était tourné vers le médecin et lui énumérait les uns après les autres les principaux habitants d’Yonville. Il racontait des anecdotes, donnait des renseignements. On ne savait pas au juste la fortune du notaire, et il y avait la maison Tuvache qui faisait beaucoup d’embarras. | En efecto, León vivía en casa del farmacéutico, donde tenía una pequeña habitación en el segundo piso, sobre la plaza. Se ruborizó ante el elogio de su casero, quien ya se había vuelto hacia el médico y le estaba enumerando uno detrás de otro los principales habitantes de Yonville. Contaba anécdotas, daba información; no se conocía con exactitud la fortuna del notario y «estaba también la casa Tuvache» que eran muy pedantes. |
Emma reprit : | Emma replicó: |
— Et quelle musique préférez-vous ? | ¿:Y qué música prefiere usted? |
— Oh ! la musique allemande, celle qui porte à rêver. | ¡Oh!, la música alemana, la que invita a soñar. |
— Connaissez-vous les Italiens ? | ¿:Conoce usted a los italianos? |
— Pas encore ; mais je les verrai l’année prochaine, quand j’irai habiter Paris, pour finir mon droit. | Todavía no; pero los veré el año próximo, cuando vaya a vivir a París para acabar mi carrera de Derecho. |
— C’est comme j’avais l’honneur, dit le pharmacien, de l’exprimer à votre époux, à propos de ce pauvre Yanoda qui s’est enfui ; vous vous trouverez, grâce aux folies qu’il a faites, jouir d’une des maisons les plus confortables d’Yonville. Ce qu’elle a principalement de commode pour un médecin, c’est une porte sur l’Allée, qui permet d’entrer et de sortir sans être vu. D’ailleurs, elle est fournie de tout ce qui est agréable à un ménage : buanderie, cuisine avec office, salon de famille, fruitier, etc. C’était un gaillard qui n’y regardait pas ! Il s’était fait construire, au bout du jardin, à côté de l’eau, une tonnelle tout exprès pour boire de la bière en été, et si Madame aime le jardinage, elle pourra… | Es lo que tenía el honor dijo el farmacéutico de explicar a su marido, a propósito de ese pobre Yanoda que se ha fugado; usted se encontrará disfrutando, gracias a las locuras que él hizo, de una de las casas más confortables de Yonville. Lo más cómodo que tiene para un médico es una puerta que da a la «Avenida» y que permite entrar y salir sin ser visto. Además, está dotada de todo to que resulta agradable a una familia: lavadero, cocina con despensa, salón familiar, cuarto para la fruta, etc. Era un mozo que no reparaba en gastos. Mandó construir, al fondo del jardín, a orilla del agua, un cenador exclusivamente para beber cerveza en verano, y si a la señora le gusta la jardinería, podrá... |
— Ma femme ne s’en occupe guère, dit Charles ; elle aime mieux, quoiqu’on lui recommande l’exercice, toujours rester dans sa chambre, à lire. | Mi mujer apenas se ocupa de eso dijo Carlos ; aunque le recomiendan el ejercicio, prefiere quedarse en su habitación leyendo. |
— C’est comme moi, répliqua Léon ; quelle meilleure chose, en effet, que d’être le soir au coin du feu avec un livre, pendant que le vent bat les carreaux, que la lampe brûle ?… | Es como yo replicó León ; qué mejor cosa, en efecto, que estar por la noche al lado del fuego con un libro, mientras el viento bate los cristales y arde la lámpara. |
— N’est-ce pas ? dit-elle, en fixant sur lui ses grands yeux noirs tout ouverts. | ¿:Verdad que sí? dijo ella, fijando en él sus grandes ojos negros bien abiertos. |
— On ne songe à rien, continuait-il, les heures passent. On se promène immobile dans des pays que l’on croit voir, et votre pensée, s’enlaçant à la fiction, se joue dans les détails ou poursuit le contour des aventures. Elle se mêle aux personnages ; il semble que c’est vous qui palpitez sous leurs costumes. | No se piensa en nada proseguía él , las horas pasan. Uno se pasea inmóvil por países que cree ver, y su pensamiento, enlazándose a la ficción, se recrea en los detalles o sigue el hilo de las aventuras. Se identifica con los personajes; parece que somos nosotros mismos los que palpitamos bajo sus trajes. |
— C’est vrai ! c’est vrai ! disait-elle. | ¡Es verdad! decía ella ; ¡es verdad! |
— Vous est-il arrivé parfois, reprit Léon, de rencontrer dans un livre une idée vague que l’on a eue, quelque image obscurcie qui revient de loin, et comme l’exposition entière de votre sentiment le plus délié ? | ¿:Le ha ocurrido alguna vez replicó León encontrar en un libro una idea vaga que se ha tenido, alguna imagen oscura que vuelve de lejos, y como la exposición completa de su sentimiento más sutil? |
— J’ai éprouvé cela, répondit-elle. | ¡Sí, me ha sucedido respondió ella. |
— C’est pourquoi, dit-il, j’aime surtout les poètes. Je trouve les vers plus tendres que la prose, et qu’ils font bien mieux pleurer. | Por eso dijo él me gustan sobre todo los poetas. Encuentro que los versos son más tiernos que la prosa, y que consiguen mucho mejor hacer llorar. |
— Cependant ils fatiguent à la longue, reprit Emma ; et maintenant, au contraire, j’adore les histoires qui se suivent tout d’une haleine, où l’on a peur. Je déteste les héros communs et les sentiments tempérés, comme il y en a dans la nature. | Sin embargo, cansan a la larga replicó Emma ; y ahora, al contrario, me gustan las historias que se siguen de un tirón, donde hay miedo. Detesto los héroes vulgares y los sentimientos moderados, como los que se encuentran en la realidad. |
— En effet, observa le clerc, ces ouvrages ne touchant pas le cœur, s’écartent, il me semble, du vrai but de l’Art. Il est si doux, parmi les désenchantements de la vie, de pouvoir se reporter en idée sur de nobles caractères, des affections pures et des tableaux de bonheur. Quant à moi, vivant ici, loin du monde, c’est ma seule distraction ; mais Yonville offre si peu de ressources ! | En efecto observó el pasante de notario , esas obras que no llegan al corazón, se apartan, me parece, del verdadero fin del arte. Es tan agradable entre los desengaños de la vida poder transportarse con el pensamiento a un mundo de nobles caracteres, afectos puros y cuadros de felicidad. Para mí, que vivo aquí, lejos del mundo, es mi única distracción. ¡Yonville ofrece tan pocos alicientes! |
— Comme Tostes, sans doute, reprit Emma ; aussi j’étais toujours abonnée à un cabinet de lecture. | Como Tostes, sin duda replicó Emma ; por eso estaba suscrita a un círculo de lectores. |
— Si Madame veut me faire l’honneur d’en user, dit le pharmacien, qui venait d’entendre ces derniers mots, j’ai moi-même à sa disposition une bibliothèque composée des meilleurs auteurs : Voltaire, Rousseau, Delille, Walter Scott, l’Écho des feuilletons, etc., et je reçois, de plus, différentes feuilles périodiques, parmi lesquelles le Fanal de Rouen, quotidiennement, ayant l’avantage d’en être le correspondant pour les circonscriptions de Buchy, Forges, Neufchâtel, Yonville et les alentours. | Si la señora quiere honrarme usándola dijo el farmacéutico, que acababa de oír estas últimas palabras , yo mismo tengo a su disposición una biblioteca compuesta de los mejores autores: Voltaire, Rousseau, Delille, Walter Scott, L′Echo des Feuilletons, etc., y recibo, además, diferentes periódicos, entre ellos el Fanal de Rouen, diariamente, con la ventaja de ser su corresponsal para las circunscripciones de Buchy, Forges, Neufchátel, Yonville y los alrededores. |
Depuis deux heures et demie, on était à table ; car la servante Artémise, traînant nonchalamment sur les carreaux ses savates de lisière, apportait les assiettes les unes après les autres, oubliait tout, n’entendait à rien et sans cesse laissait entrebâillée la porte du billard, qui battait contre le mur du bout de sa clenche. | Hacía dos horas y media que estaban sentados a la mesa, pues la sirvienta Artemisa, que arrastraba indolentemente sus zapatillas de paño por el suelo, traía los platos uno a uno, olvidaba todo, no entendía de nada y continuamente dejaba entreabierta la puerta del billar, que batía contra la pared con la punta de su pestillo. |
Sans qu’il s’en aperçût, tout en causant, Léon avait posé son pied sur un des barreaux de la chaise où Mme Bovary était assise. Elle portait une petite cravate de soie bleue, qui tenait droit comme une fraise un col de batiste tuyauté ; et, selon les mouvements de tête qu’elle faisait, le bas de son visage s’enfonçait dans le linge ou en sortait avec douceur. C’est ainsi, l’un près de l’autre, pendant que Charles et le pharmacien devisaient, qu’ils entrèrent dans une de ces vagues conversations où le hasard des phrases vous ramène toujours au centre fixe d’une sympathie commune. Spectacles de Paris, titres de romans, quadrilles nouveaux, et le monde qu’ils ne connaissaient pas, Tostes où elle avait vécu, Yonville où ils étaient, ils examinèrent tout, parlèrent de tout jusqu’à la fin du dîner. | Sin darse cuenta, mientras hablaba, León había puesto el pie sobre uno de los barrotes de la silla en que estaba sentada Madame Bovary. Llevaba ésta una corbatita de seda azul, que mantenía recto como una gorguera un cuello de batista encañonado; y según los movimientos de cabeza que hacía, la parte inferior de su cara se hundía en el vestido o emergía de él suavemente. Fue así como, uno cerca del otro, mientras que Carlos y el farmacéutico platicaban, entraron en una de esas vagas conversaciones en que el azar de las frases lleva siempre al centro fijo de una simpatía común. Espectáculos de París, títulos de novelas, bailes nuevos, y el mundo que no conocían, Tostes, donde ella había vivido, Yonville, donde estaban, examinaron todo, hablaron de todo hasta el final de la cena. |
Quand le café fut servi, Félicité s’en alla préparer la chambre dans la nouvelle maison, et les convives bientôt levèrent le siège. Mme Lefrançois dormait auprès des cendres, tandis que le garçon d’écurie, une lanterne à la main, attendait M. et Mme Bovary pour les conduire chez eux. Sa chevelure rouge était entremêlée de brins de paille, et il boitait de la jambe gauche. Lorsqu’il eut pris de son autre main le parapluie de M. le curé, l’on se mit en marche. | Una vez servido el café, Felicidad se fue a preparar la habitación en la nueva casa y los invitados se marcharon. La señora Lefrançois dormía al calor del rescollo, mientras que el mozo de cuadra, con una linterna en la mano, esperaba al señor y a la señora Bovary para llevarlos a su casa. Su cabeIlera roja estaba entremezclada de briznas de paja y cojeaba de la pierna izquierda. Cogió con su otra mano el paraguas del señor cura y se pusieron en marcha. |
Le bourg était endormi. Les piliers des halles allongeaient de grandes ombres. La terre était toute grise, comme par une nuit d’été. | El pueblo estaba dormido. Los pilares del mercado proyectaban unas sombras largas. La tierra estaba toda gris, como en una noche de verano. |
Mais, la maison du médecin se trouvant à cinquante pas de l’auberge, il fallut presque aussitôt se souhaiter le bonsoir, et la compagnie se dispersa. | Pero como la casa del médico se encontraba a cincuenta metros de la posada, tuvieron que despedirse pronto, y la compañía se dispersó. |
Emma, dès le vestibule, sentit tomber sur ses épaules, comme un linge humide, le froid du plâtre. Les murs étaient neufs, et les marches de bois craquèrent. Dans la chambre, au premier, un jour blanchâtre passait par les fenêtres sans rideaux. On entrevoyait des cimes d’arbres, et plus loin la prairie, à demi noyée dans le brouillard, qui fumait au clair de la lune, selon le cours de la rivière. Au milieu de l’appartement, pêle-mêle, il y avait des tiroirs de commode, des bouteilles, des tringles, des bâtons dorés avec des matelas sur des chaises et des cuvettes sur le parquet, les deux hommes qui avaient apporté les meubles ayant tout laissé là, négligemment. | Emma, ya desde el vestíbulo, sintió caer sobre sus hombros, como un lienzo húmedo, el frío del yeso. Las paredes eran nuevas y los escalones de madera crujieron. En la habitación, en el primero, una luz blanquecina pasaba a través de las ventanas sin cortinas. Se entreveían copas de árboles, y más lejos, medio envuelta en la bruma, la pradera, que humeaba a la luz de la luna siguiendo el curso del río. En medio del piso, todo revuelto, había cajones de cómoda, botellas, barras de cortinas, varillas doradas, colchones encima de sillas y palanganas en el suelo, pues los dos hombres que habían traído los muebles habían dejado todo a11í de cualquier manera. |
C’était la quatrième fois qu’elle couchait dans un endroit inconnu. La première avait été le jour de son entrée au couvent, la seconde celle de son arrivée à Tostes, la troisième à la Vaubyessard, la quatrième était celle-ci ; et chacune s’était trouvée faire dans sa vie comme l’inauguration d’une phase nouvelle. Elle ne croyait pas que les choses pussent se représenter les mêmes à des places différentes, et, puisque la portion vécue avait été mauvaise, sans doute ce qui restait à consommer serait meilleur. | Era la cuarta vez que Emma dormía en un lugar desconocido. La primera había sido el día de su entrada en el internado, la segunda la de su llegada a Tostes, la tercera en la Vaubyessard, la cuarta era ésta; y cada una había coincidido con el comienzo de una nueva etapa en su vida. No creía que las cosas pudiesen ser iguales en lugares diferentes, y, ya que la parte vivida había sido mala, sin duda to que quedaba por pasar sería mejor. |
II - III | II- CAPÍTULO III |
Le lendemain, à son réveil, elle aperçut le clerc sur la place. Elle était en peignoir. Il leva la tête et la salua. Elle fit une inclination rapide et referma la fenêtre. | Al día siguiente, al despertarse, vio al pasante en la plaza. Emma estaba en bata de casa. León levantó la cabeza y la saludó. Ella hizo una inclinación rápida y volvió a cerrar la ventana. |
Léon attendit pendant tout le jour que six heures du soir fussent arrivées ; mais, en entrant à l’auberge, il ne trouva personne que M. Binet, attablé. | León esperó durante todo el día a que llegasen las seis de la tarde; pero, al entrar en la posada, no encontró a nadie más que al señor Binet sentado a la mesa. |
Ce dîner de la veille était pour lui un événement considérable ; jamais, jusqu’alors, il n’avait causé pendant deux heures de suite avec une dame. Comment donc avoir pu lui exposer, et en un tel langage, quantité de choses qu’il n’aurait pas si bien dites auparavant ? il était timide d’habitude et gardait cette réserve qui participe à la fois de la pudeur et de la dissimulation. On trouvait à Yonville qu’il avait des manières comme il faut. Il écoutait raisonner les gens mûrs, et ne paraissait point exalté en politique, chose remarquable pour un jeune homme. Puis il possédait des talents, il peignait à l’aquarelle, savait lire la clef de sol, et s’occupait volontiers de littérature après son dîner, quand il ne jouait pas aux cartes. M. Homais le considérait pour son instruction ; Mme Homais l’affectionnait pour sa complaisance, car souvent il accompagnait au jardin les petits Homais, marmots toujours barbouillés, fort mal élevés et quelque peu lymphatiques, comme leur mère. Ils avaient pour les soigner, outre la bonne, Justin, l’élève en pharmacie, un arrière-cousin de M. Homais que l’on avait pris dans la maison par charité, et qui servait en même temps de domestique. | Aquella cena de la víspera había sido para él un acontecimiento relevante; nunca hasta entonces había hablado duranté dos horas seguidas con una señora. ¿:Cómo, pues, había podido exponerle, y en semejante lenguaje, cantidad de cosas que no hubiera dicho antes tan bien?, era habitualmente tímido y guardaba esa reserva que participa a la vez del pudor y del disimulo. La gente de Yonville apreciaba la corrección de sus modales. Escuchaba razonar a la gente madura, y no parecía exaltado en política, cosa rara en un joven. Además, poseía talento, pintaba a la acuarela, sabía leer la clave de sol, y le gustaba dedicarse a la literatura después de la cena, cuando no jugaba a las cartas. El señor Homais le consideraba por su instrucción; la señora Homais le tenía afecto por su amabilidad, pues a menudo acompañaba en el jardín a los pequeños Homais, unos críos, siempre embadurnados, muy mal educados y un poco linfáticos, como su madre. Para cuidarlos tenían, además de la muchacha, a Justino, el mancebo de la botica, un primo segundo del señor Homais que habían tomado en casa por caridad, y que servía al mismo tiempo de criado. |
L’apothicaire se montra le meilleur des voisins. Il renseigna Mme Bovary sur les fournisseurs, fit venir son marchand de cidre tout exprès, goûta la boisson lui-même, et veilla dans la cave à ce que la futaille fût bien placée ; il indiqua encore la façon de s’y prendre pour avoir une provision de beurre à bon marché, et conclut un arrangement avec Lestiboudois, le sacristain, qui, outre ses fonctions sacerdotales et mortuaires, soignait les principaux jardins d’Yonville à l’heure ou à l’année, selon le goût des personnes. | El boticario se portó corno el mejor de los vecinos. Informó a Madame Bovary sobre los proveedores, hizo venir expresamente a su proveedor de sidra, probó la bebida él mismo, y vigiló en la bodega para que colocasen bien los toneles; indicó, además, la manera de arreglárselas para proveerse de mantequilla barata, y concluyó un trato con Lestiboudis, el sacristán, quien, además de sus funciones sacerdotales y funerarias, cuidaba los principales jardines de Yonville por hora o al año, a gusto de los dueños. |
Le besoin de s’occuper d’autrui ne poussait pas seul le pharmacien à tant de cordialité obséquieuse, et il y avait là-dessous un plan. | No era solamente la necesidad de ocuparse del prójimo lo que movía al farmacéutico a tanta cordialidad obsequiosa; debajo de aquello había un plan. |
Il avait enfreint la loi du 19 ventôse an XI, article Ier, qui défend à tout individu non porteur de diplôme l’exercice de la médecine ; si bien que, sur des dénonciations ténébreuses, Homais avait été mandé à Rouen, près M. le procureur du roi, en son cabinet particulier. Le magistrat l’avait reçu debout, dans sa robe, hermine à l’épaule et toque en tête. C’était le matin, avant l’audience. On entendait dans le corridor passer les fortes bottes des gendarmes, et comme un bruit lointain de grosses serrures qui se fermaient. Les oreilles du pharmacien lui tintèrent à croire qu’il allait tomber d’un coup de sang ; il entrevit des culs de basse-fosse, sa famille en pleurs, la pharmacie vendue, tous les bocaux disséminés ; et il fut obligé d’entrer dans un café prendre un verre de rhum avec de l’eau de Seltz, pour se remettre les esprits. | Había infringido la ley del 19 ventoso del año XI, artículo 1.° , 48, que prohíbe a todo individuo que no posea diploma el ejercicio de la medicina; de modo que, por denuncias oscuras, Homais había sido llamado a Rouen a comparecer ante el fiscal del rey en su despacho particular. El magistrado lo había recibido de pie, con su toga, armiño al hombro y tocado con birrete. Era por la mañana, antes de la audiencia. Se oían en el pasillo las pisadas de las fuertes botas de los gendarmes y como un ruido lejano de grandes cerrojos que se cerraban. Al farmacéutico le zumbaron los oídos hasta el punto que llegó a temer una congestión; entrevió profundos calabozos, su familia llorando, la farmacia vendida, todos los bocales esparcidos; y tuvo que entrar en un café a tomar una copa de ron con agua de Seltz para reponerse. |
Peu à peu, le souvenir de cette admonition s’affaiblit, et il continuait, comme autrefois, à donner des consultations anodines dans son arrière-boutique. Mais le maire lui en voulait, des confrères étaient jaloux, il fallait tout craindre ; en s’attachant M. Bovary par des politesses, c’était gagner sa gratitude, et empêcher qu’il ne parlât plus tard, s’il s’apercevait de quelque chose. Aussi, tous les matins, Homais lui apportait le journal, et souvent, dans l’après-midi, quittait un instant la pharmacie pour aller chez l’officier de santé faire la conversation. | Poco a poco, el recuerdo de aquella admonición se fue debilitando, y continuaba, como antes, dando consultas anodinas en su rebotica. Pero el alcalde le tenía enfilado. Algunos colegas estaban celosos, había que temerlo todo; ganarse al señor Bovary con cortesías era ganar su gratitud, y evitar que hablase después, si se daba cuenta de algo. Por eso, todas las mañanas Homais le llevaba «el periódico» y frecuentemente, por la tarde, dejaba un momento la farmacia para ir a conversar a casa del «oficial de salud». |
Charles était triste : la clientèle n’arrivait pas. Il demeurait assis pendant de longues heures, sans parler, allait dormir dans son cabinet ou regardait coudre sa femme. Pour se distraire, il s’employa chez lui comme homme de peine, et même il essaya de peindre le grenier avec un reste de couleur que les peintres avaient laissé. Mais les affaires d’argent le préoccupaient. Il en avait tant dépensé pour les réparations de Tostes, pour les toilettes de Madame et pour le déménagement, que toute la dot, plus de trois mille écus, s’était écoulée en deux ans. Puis, que de choses endommagées ou perdues dans le transport de Tostes à Yonville, sans compter le curé de plâtre, qui, tombant de la charrette à un cahot trop fort, s’était écrasé en mille morceaux sur le pavé de Quincampoix ! | Carlos estaba triste: la clientela no llegaba. Permanecía sentado durante largas horas sin hablar, iba a dormir a su consultorio o miraba cómo cosía su mujer. Para distraerse hacía los trabajos pesados de la casa y hasta trató de pintar el desván con un resto de pintura que habían dejado los pintores. Pero los problemas económicos le preocupaban. Había gastado tanto en las reparaciones de Tostes, en los trajes de su mujer y en la mudanza, que toda la dote, más de tres mil escudos, se había ido en dos años. Además, ¡cuántas cosas estropeadas o perdidas en el transporte de Tostes a Yonville, sin contar el cura de yeso, que, al caer del carro, en un traqueteo muy fuerte, se había deshecho en mil pedazos en el pavimento de Quincampoix! |
Un souci meilleur vint le distraire, à savoir la grossesse de sa femme. À mesure que le terme en approchait, il la chérissait davantage. C’était un autre lien de la chair s’établissant, et comme le sentiment continu d’une union plus complexe. Quand il voyait de loin sa démarche paresseuse et sa taille tourner mollement sur ses hanches sans corset, quand vis-à-vis l’un de l’autre il la contemplait tout à l’aise et qu’elle prenait, assise, des poses fatiguées dans son fauteuil, alors son bonheur ne se tenait plus ; il se levait, il l’embrassait, passait ses mains sur sa figure, l’appelait petite maman, voulait la faire danser, et débitait, moitié riant, moitié pleurant, toutes sortes de plaisanteries caressantes qui lui venaient à l’esprit. L’idée d’avoir engendré le délectait. Rien ne lui manquait à présent. Il connaissait l’existence humaine tout du long, et il s’y attablait sur les deux coudes avec sérénité. | Una preocupación mejor vino a distraerle, el embarazo de su mujer. A medida que se acercaba el final él la mimaba más. Era otro lazo de la carne que se establecía y como el sentimiento continuo de una unión más compleja. Cuando veía de lejos su aire perezoso y su talle cimbreándose suavemente sobre sus caderas sin corsé, cuando frente a frente uno del otro la contemplaba todo contento, y ella, sentada en su sillón, daba muestras de fatiga, entonces su felicidad se desbordaba; se levantaba, la besaba, le pasaba las manos por la cara, le llamaba mamaíta, quería hacerle bailar, y decía, medio de risa, medio llorando, toda clase de bromas cariñosas que se le ocurrían. La idea de haber engendrado le deleitaba. Nada le faltaba ahora. Conocía la existencia humana con todo detalle y se sentaba a la mesa apoyado en los dos codos, lleno de serenidad. |
Emma d’abord sentit un grand étonnement, puis eut envie d’être délivrée, pour savoir quelle chose c’était que d’être mère. Mais, ne pouvant faire les dépenses qu’elle voulait, avoir un berceau en nacelle avec des rideaux de soie rose et des béguins brodés, elle renonça au trousseau, dans un accès d’amertume, et le commanda d’un seul coup à une ouvrière du village, sans rien choisir ni discuter. Elle ne s’amusa donc pas à ces préparatifs où la tendresse des mères se met en appétit, et son affection, dès l’origine, en fut peut-être atténuée de quelque chose. Cependant, comme Charles, à tous les repas, parlait du marmot, bientôt elle y songea d’une façon plus continue. | Emma primero sintió una gran extrañeza, después tuvo deseos de verse liberada, para saber lo que era ser madre. Pero no pudiendo gastar lo que quería, tener una cuna en forma de barquilla con cortinas de seda rosa y gorritos bordados, renunció a la canastilla en un acceso de amargura, y lo encargó todo de una vez a una costurera del pueblo, sin escoger ni discutir nada. Así que no se entretuvo en esos preparativos en que la ternura de las madres se engolosina, y su cariño maternal se vio desde el principio un tanto atenuado. Sin embargo, como Carlos en todas las comidas hablaba del chiquillo, pronto ella acabó por pensar en él de una manera más constante. |
Elle souhaitait un fils ; il serait fort et brun, elle l’appellerait Georges ; et cette idée d’avoir pour enfant un mâle était comme la revanche en espoir de toutes ses impuissances passées. Un homme, au moins, est libre ; il peut parcourir les passions et les pays, traverser les obstacles, mordre aux bonheurs les plus lointains. Mais une femme est empêchée continuellement. Inerte et flexible à la fois, elle a contre elle les mollesses de la chair avec les dépendances de la loi. Sa volonté, comme le voile de son chapeau retenu par un cordon, palpite à tous les vents, il y a toujours quelque désir qui entraîne, quelque convenance qui retient. | Ella deseaba un hijo; sería fuerte y moreno, le llamaría Jorge; y esta idea de tener un hijo varón era como la revancha esperada de todas sus impotencias pasadas. Un hombre, al menos, es libre; puede recorrer las pasiones y los países, atravesar los obstáculos, gustar los placeres más lejanos. Pero a una mujer esto le está continuamente vedado. Fuerte y flexible a la vez, tiene en contra de sí las molicies de la carne con las dependencias de la ley. Su voluntad, como el velo de su sombrero sujeto por un cordón, palpita a todos los vientos; siempre hay algún deseo que arrastra, pero alguna conveniencia social que retiene. |
Elle accoucha un dimanche, vers six heures, au soleil levant. | Dio a luz un domingo, hacia las seis, al salir el sol. |
— C’est une fille ! dit Charles. | ¡Es una niña! dijo Carlos. |
Elle tourna la tête et s’évanouit. | Emma volvió la cabeza y se desmayó. |
Presque aussitôt, Mme Homais accourut et l’embrassa, ainsi que la mère Lefrançois du Lion d’or. Le pharmacien, en homme discret, lui adressa seulement quelques félicitations provisoires, par la porte entre-bâillée. Il voulut voir l’enfant, et le trouva bien conformé. | Casi al instante, la señora Homais acudió a besarla, así como la señora Lefrançois del « Lion d′Or». El farmacéutico, como hombre discreto, se limitó a dirigirle algunas felicitaciones provisionales por la puerta entreabierta. Quiso ver a la niña, y la encontró bien conformada. |
Pendant sa convalescence, elle s’occupa beaucoup à chercher un nom pour sa fille. D’abord, elle passa en revue tous ceux qui avaient des terminaisons italiennes, tels que Clara, Louisa, Amanda, Atala ; elle aimait assez Galsuinde, plus encore Yseult ou Léocadie. Charles désirait qu’on appelât l’enfant comme sa mère ; Emma s’y opposait. On parcourut le calendrier d’un bout à l’autre, et l’on consulta les étrangers. | Durante su convalecencia Emma estuvo muy preocupada buscando un nombre para su hija. Primeramente, pasó revista a todos aquellos que tenían terminaciones italianas, tales como Clara, Luisa, Amanda, Atalía; le gustaba mucho Galsuinda, más aún Ysolda o Leocadia. Carlos quería llamarla como su madre; Emma se oponía. Recorrieron el calendario de una punta a otra y consultaron a los extraños. |
— M. Léon, disait le pharmacien, avec qui j’en causais l’autre jour, s’étonne que vous ne choisissiez point Madeleine, qui est excessivement à la mode maintenant. | El señor León decía el farmacéutico , con quien hablaba yo el otro día, se extraña de que no elijáis Magdalena que ahora está muy de moda. |
Mais la mère Bovary se récria bien fort sur ce nom de pécheresse. M. Homais, quant à lui, avait en prédilection tous ceux qui rappelaient un grand homme, un fait illustre ou une conception généreuse, et c’est dans ce système-là qu’il avait baptisé ses quatre enfants. Ainsi, Napoléon représentait la gloire et Franklin la liberté ; Irma, peut-être, était une concession au romantisme ; mais Athalie, un hommage au plus immortel chef-d’œuvre de la scène française. Car ses convictions philosophiques n’empêchaient pas ses admirations artistiques, le penseur chez lui n’étouffait point l’homme sensible ; il savait établir des différences, faire la part de l’imagination et celle du fanatisme. De cette tragédie, par exemple, il blâmait les idées, mais il admirait le style ; il maudissait la conception, mais il applaudissait à tous les détails, et s’exaspérait contre les personnages, en s’enthousiasmant de leurs discours. Lorsqu’il lisait les grands morceaux, il était transporté ; mais, quand il songeait que les calotins en tiraient avantage pour leur boutique, il était désolé, et dans cette confusion de sentiments où il s’embarrassait, il aurait voulu tout à la fois pouvoir couronner Racine de ses deux mains et discuter avec lui pendant un bon quart d’heure. | Pero la madre de Carlos rechazó enérgicamente este nombre de pecadora. El señor Humais, por su parte, sentía predilección por todos los que recordaban a un gran hombre, un hecho ilustre o una idea generosa, y de acuerdo con esto, había bautizado a sus cuatro hijos. Así, Napoleón representaba la gloria y Franklin la libertad; Irma, quizás, era una concesión al romanticismo; pero Atalía(2), un homenaje a la más inmortal obra maestra de la escena francesa. Como sus convicciones filosóficas no impedían sus admiraciones artísticas, el pensador que llevaba dentro no ahogaba al hombre, sensible; sabía establecer diferencias, distinguir entre imaginación y fanatismo. De tal tragedia, por ejemplo, censuraba las ideas, pero admiraba el estilo; maldecía la concepción, pero aplaudía todos los detalles, y se desesperaba contra los personajes, entusiasmándose con sus discursos. Cuando leía los grandes parlamentos, se sentía transportado; pero cuando pensaba que los curas sacaban partido de aquello, se sentía contrariado, y en esta confusión de sentimientos en que se debatía, hubiera querido a la vez poder coronar a Racine con sus dos manos y discutir con él durante un buen cuarto de hora. |
Enfin, Emma se souvint qu’au château de la Vaubyessard elle avait entendu la marquise appeler Berthe une jeune femme ; dès lors ce nom-là fut choisi, et, comme le père Rouault ne pouvait venir, on pria M. Homais d’être parrain. Il donna pour cadeaux tous produits de son établissement, à savoir : six boîtes de jujubes, un bocal entier de racahout, trois coffins de pâte à la guimauve, et de plus, six bâtons de sucre candi qu’il avait retrouvés dans un placard. Le soir de la cérémonie, il y eut un grand dîner ; le curé s’y trouvait ; on s’échauffa. M. Homais, vers les liqueurs, entonna le Dieu des bonnes gens. M. Léon chanta une barcarolle, et Mme Bovary mère, qui était la marraine, une romance du temps de l’Empire ; enfin M. Bovary père exigea que l’on descendît l’enfant, et se mit à le baptiser avec un verre de champagne qu’il lui versait de haut sur la tête. Cette dérision du premier des sacrements indigna l’abbé Bournisien ; le père Bovary répondit par une citation de la Guerre des dieux, le curé voulut partir ; les dames suppliaient ; Homais s’interposa ; et l’on parvint à faire rasseoir l’ecclésiastique, qui reprit tranquillement, dans sa soucoupe, sa demi-tasse de café à moitié bue. | Por fin, Emma recordó que en el castillo de la Vaubyessard había oído a la marquesa llamar Berta a una joven; desde entonces éste fue el nombre elegido, y como el tío Rouault no podía venir, pidieron al señor Homais que fuese padrino. Los regalos fueron únicamente productos de su establecimiento, a saber: seis botes de azufaifas, un bocal entero de sémola árabe, tres colodras de melcocha, y, además, seis barras de azúcar cande que había encontrado en una alacena. La noche de la ceremonia hubo una gran cena; a11í estaba el cura; se calentaron. El señor Homais, en el momento de los licores, entonó el Dieu des bonnet gens. El señor León cantó una barcarola, y la abuela, que era la madrina, una romanza del tiempo del Imperio; por fin el abuelo exigió que trajesen a la niña, y se puso a bautizarla con una copa de champán sobre la cabeza. Esta burla del primero de los sacramentos indignó al abate Bournisien; el señor Bovary padre contestó con una cita de la Guerra de los dioses, el cura quiso marcharse; las señoras suplicaban; Homais se interpuso; y consiguieron que se volviese a sentar el eclesiástico, quien siguió tomando tranquilamente, en su platillo, su media taza de café a medio beber. |
M. Bovary père resta encore un mois à Yonville, dont il éblouit les habitants par un superbe bonnet de police à galons d’argent, qu’il portait le matin, pour fumer sa pipe sur la place. Ayant aussi l’habitude de boire beaucoup d’eau-de-vie, souvent il envoyait la servante au Lion d’or lui en acheter une bouteille, que l’on inscrivait au compte de son fils ; et il usa, pour parfumer ses foulards, toute la provision d’eau de Cologne qu’avait sa bru. | El señor Bovary padre se quedó un mes en Yonville, a cuyos habitantes deslumbró con una soberbia gorra de policía, con galones de plata, que llevaba por la mañana, para fumar su pipa en la plaza. Como también tenía costumbre de beber mucho aguardiente, frecuentemente mandaba a la criada al «Lión d′Or» a comprar una botella, que anotaban en la cuenta de su hijo; y, para perfumar sus pañuelos, gastó toda la provisión de agua de Colonia que tenía su nuera. |
Celle-ci ne se déplaisait point dans sa compagnie. Il avait couru le monde : il parlait de Berlin, de Vienne, de Strasbourg, de son temps d’officier, des maîtresses qu’il avait eues, des grands déjeuners qu’il avait faits ; puis il se montrait aimable, et parfois même, soit dans l’escalier ou au jardin, il lui saisissait la taille en s’écriant : | Esta no se encontraba a disgusto en su compañía. Era un hombre que había recorrido el mundo; hablaba de Berlín, de Viena, de Estrasburgo, de su época de oficial, de las amantes que había tenido, de las grandes comidas que había hecho; además, se mostraba amable, a incluso a veces, en la escalera o en el jardín, la cogía por la cintura exclamando: |
— Charles, prends garde à toi ! | ¡Carlos, ten cuidado! |
Alors la mère Bovary s’effraya pour le bonheur de son fils, et, craignant que son époux, à la longue, n’eût une influence immorale sur les idées de la jeune femme, elle se hâta de presser le départ. Peut-être avait-elle des inquiétudes plus sérieuses. M. Bovary était homme à ne rien respecter. | La señora Bovary madre llegó a asustarse por la felicidad de su hijo, y, temiendo que su esposo, a la larga, tuviese una influencia moral sobre las ideas de la joven, se apresuró a preparar la marcha. Quizás tenía preocupaciones más serias. El señor Bovary era hombre que no respetaba nada. |
Un jour, Emma fut prise tout à coup du besoin de voir sa petite fille, qui avait été mise en nourrice chez la femme du menuisier ; et sans regarder à l’almanach si les six semaines de la Vierge duraient encore, elle s’achemina vers la demeure de Rolet, qui se trouvait à l’extrémité du village, au bas de la côte, entre la grande route et les prairies. | Un día, Emma sintió de pronto el deseo de ver a su niñita, que habían dado a criar a la mujer del carpintero; y, sin mirar en el almanaque si habían pasado las seis semanas de la Virgen(3), se encaminó hacia la casa de Rolet, que se encontraba al extremo del pueblo, bajando la cuesta, entre la carretera principal y las praderas. |
Il était midi ; les maisons avaient leurs volets fermés, et les toits d’ardoises, qui reluisaient sous la lumière âpre du ciel bleu, semblaient à la crête de leurs pignons faire pétiller des étincelles. Un vent lourd soufflait. Emma se sentait faible en marchant ; les cailloux du trottoir la blessaient ; elle hésita si elle ne s’en retournerait pas chez elle, ou entrerait quelque part pour s’asseoir. | Era mediodía; las casas tenían cerrados los postigos, y los tejados de pizarras, que relucían bajo la áspera luz del cielo azul, parecían echar chispas en la cresta de sus hastiales. Soplaba un viento pesado, Emma se sentía débil al caminar; los guijarros de la acera la herían; vaciló entre volverse a su casa o entrar en algún sitio a descansar. |
À ce moment, M. Léon sortit d’une porte voisine avec une liasse de papiers sous son bras. Il vint la saluer et se mit à l’ombre devant la boutique de Lheureux, sous la tente grise qui avançait. | En aquel momento, el señor León salió de un portal cercano con un legajo de papeles bajo el brazo. Se acercó a saludarle y se puso a la sombra delante de la tienda de Lheureux, bajo el toldo gris que sobresalía. |
Mme Bovary dit qu’elle allait voir son enfant, mais qu’elle commençait à être lasse. | Madame Bovary dijo que iba a ver a su niña, pero que ya empezaba a estar cansada. |
— Si…, reprit Léon, n’osant poursuivre. | Si... replicó el señor León, sin atreverse a proseguir. |
— Avez-vous affaire quelque part ? demanda-t-elle. | ¿:Tiene que hacer algo en alguna parte? le preguntó Emma. |
Et, sur la réponse du clerc, elle le pria de l’accompagner. Dès le soir, cela fut connu dans Yonville, et madame Tuvache, la femme du maire, déclara devant sa servante que Mme Bovary se compromettait. | Y a la respuesta del pasante, le pidió que la acompañara. Aquella misma noche se supo en Yonville, y la señora Tuvache, la mujer del alcalde, comentó delante de su criada que «Madame Bovary se comprometía». |
Pour arriver chez la nourrice il fallait, après la rue, tourner à gauche, comme pour gagner le cimetière, et suivre, entre des maisonnettes et des cours, un petit sentier que bordaient des troènes. Ils étaient en fleur et les véroniques aussi, les églantiers, les orties, et les ronces légères qui s’élançaient des buissons. Par le trou des haies, on apercevait, dans les masures, quelque pourceau sur un fumier, ou des vaches embricolées, frottant leurs cornes contre le tronc des arbres. Tous les deux, côte à côte, ils marchaient doucement, elle s’appuyant sur lui et lui retenant son pas qu’il mesurait sur les siens ; devant eux, un essaim de mouches voltigeait, en bourdonnant dans l’air chaud. | Para llegar a casa de la nodriza había que girar a la izquierda, después de la calle, como para ir al cementerio, y seguir entre casitas y corrales un pequeño sendero, bordeado de alheñas. Estaban en flor lo mismo que las verónicas y los agavanzos, las ortigas y las zarzas que sobresalían de los matorrales. Por el hueco de los setos se percibían en las casuchas algún cochino en un estercolero, algunas vacas atadas frotando sus cuernos contra el tronco de los árboles. Los dos caminaban juntos, despacio, ella apoyándose en él y conteniéndole el paso que él acompasaba al de ella; por delante, un enjambre de moscas revoloteaba zumbando en el aire cálido. |
Ils reconnurent la maison à un vieux noyer qui l’ombrageait. Basse et couverte de tuiles brunes, elle avait en dehors, sous la lucarne de son grenier, un chapelet d’oignons suspendu. Des bourrées, debout contre la clôture d’épines, entouraient un carré de laitues, quelques pieds de lavande et des pots à fleurs montés sur des rames. De l’eau sale coulait en s’éparpillant sur l’herbe, et il y avait tout autour plusieurs guenilles indistinctes, des bas de tricot, une camisole d’indienne rouge, et un grand drap de toile épaisse étalé en long sur la haie. Au bruit de la barrière, la nourrice parut, tenant sur son bras un enfant qui tétait. Elle tirait de l’autre main un pauvre marmot chétif, couvert de scrofules au visage, le fils d’un bonnetier de Rouen, que ses parents trop occupés de leur négoce laissaient à la campagne. | Reconocieron la casa por un viejo nogal que le daba sombra. Baja y cubierta de tejas oscuras, tenía fuera, bajo el tragaluz del desván, colgada una ristra de cebollas. Haces de leña menuda, de pie, contra el cercado de espinos, rodeaban un bancal de lechugas, algunas matas de espliego y guisantes en flor sostenidos por rodrigones. Corría un agua sucia que se esparcía por la hierba, y había todo alrededor varios harapos que no se distinguían, medias de punto, una blusa estampada roja y una gran sábana de gruesa tela tendida a lo largo del seto. Al ruido de la barrera, apareció la nodriza, que llevaba en brazos un niño que mamaba. Con la otra mano tiraba de un pobre crío enclenque con la cara cubierta de escrófula, hijo de un tendero de Rouen y al que sus padres, demasiado ocupados con su negocio, dejaban en el campo. |
— Entrez, dit-elle ; votre petite est là qui dort. | Pasen les dijo ; su hija está a11á durmiendo. |
La chambre, au rez-de-chaussée, la seule du logis, avait au fond contre la muraille un large lit sans rideaux, tandis que le pétrin occupait le côté de la fenêtre, dont une vitre était raccommodée avec un soleil de papier bleu. Dans l’angle, derrière la porte, des brodequins à clous luisants étaient rangés sous la dalle du lavoir, près d’une bouteille pleine d’huile qui portait une plume à son goulot ; un Mathieu Laensberg traînait sur la cheminée poudreuse, parmi des pierres à fusil, des bouts de chandelle et des morceaux d’amadou. Enfin la dernière superfluité de cet appartement était une Renommée soufflant dans des trompettes, image découpée sans doute à même quelque prospectus de parfumerie, et que six pointes à sabot clouaient au mur. | La habitación, en la planta baja, la única de la vivienda, tenía al fondo contra la pared una ancha cama sin cortinas, mientras que la artesa ocupaba el lado de la ventana, uno de cuyos cristales estaba remendado con una flor de papel azul. En la esquina, detrás de la puerta, unos borceguíes de clavos relucientes estaban colocados sobre la piedra del lavadero, cerca de una botella llena de aceite que llevaba una pluma en su gollete; había un Mathieu Laensberg(4) tirado en la chimenea polvorienta, entre pedernales, cabos de vela y pedazos de yesca. Por fin, el último lujo de aquella casa era una Fama soplando en unas trompetas, imagen recortada, sin duda a propósito, directamente de algún prospecto de perfumería, y clavada en la pared con seis clavos de zuecos. |
L’enfant d’Emma dormait à terre, dans un berceau d’osier. Elle la prit avec la couverture qui l’enveloppait, et se mit à chanter doucement en se dandinant. | La hija de Emma dormía en el suelo, en una cúna de mimbre. Ella la cogió con la manta que la envolvía, y se puso a cantarle suavemente meciéndola. |
Léon se promenait dans la chambre ; il lui semblait étrange de voir cette belle dame en robe de nankin, tout au milieu de cette misère. Mme Bovary devint rouge ; il se détourna, croyant que ses yeux peut-être avaient eu quelque impertinence. Puis elle recoucha la petite, qui venait de vomir sur sa collerette. La nourrice aussitôt vint l’essuyer, protestant qu’il n’y paraîtrait pas. | León se paseaba por la habitación; le parecía extraño ver a aquella bella dama, con vestido de nankín, en medio de aquella miseria. Madame Bovary enrojeció; él se apartó, creyendo que sus ojos quizás habían sido algo impertinentes. Después Emma volvió a acostar a la niña, que acababa de vomitar sobre su babero. La nodriza fue inmediatamente a limpiarla asegurando que no se notaría. |
— Elle m’en fait bien d’autres, disait-elle, et je ne suis occupée qu’à la rincer continuellement ! Si vous aviez donc la complaisance de commander à Camus l’épicier, qu’il me laisse prendre un peu de savon lorsqu’il m’en faut ? ce serait même plus commode pour vous, que je ne dérangerais pas. | ¡Me lo hace mucha veces decía la nodriza , y no hago más que limpiarla continuamente! ¡Si tuviera la amabilidad de encargar a Camus, el tendero, que me deje sacar un poco de jabón cuando lo necesito!, sería incluso más cómodo para usted; así no la molestaría. |
— C’est bien, c’est bien ! dit Emma. Au revoir, mère Rollet ! | ¡Bueno, bueno! dijo Emma . ¡Hasta luego, tía Rolet! |
Et elle sortit, en essuyant ses pieds sur le seuil. | Y salió, limpiándose los pies en el umbral de la puerta. |
La bonne femme l’accompagna jusqu’au bout de la cour, tout en parlant du mal qu’elle avait à se relever la nuit. | La buena señora la acompañó hasta el fondo del corral, mientras que le hablaba de lo que le costaba levantarse de noche. |
— J’en suis si rompue quelquefois, que je m’endors sur ma chaise ; aussi, vous devriez pour le moins me donner une petite livre de café moulu qui me ferait un mois et que je prendrais le matin avec du lait. | A veces estoy tan rendida que me quedo dormida en la silla; por esto, debería usted al menos darme una librita de café molido que me duraría un aces y que tomaría por la mañana con leche. |
Après avoir subi ses remerciements, Mme Bovary s’en alla ; et elle était quelque peu avancée dans le sentier, lorsqu’à un bruit de sabots elle tourna la tête : c’était la nourrice ! | Después de haber aguantado sus expresiones de agradecimiento, Madame Bovary se fue; y ya había caminado un poco por el sendero cuando un ruido de zuecos le hizo volver la cabeza: ¡era la nodriza! |
— Qu’y a-t-il ? | ¿:Qué pasa? |
Alors la paysanne, la tirant à l’écart, derrière un orme, se mit à lui parler de son mari, qui, avec son métier et six francs par an que le capitaine… | Entonces la campesina, llevándola aparte, detrás de un olmo, empezó a hablarle de su marido, que, con su oficio y seis francos al año que el capitán... |
— Achevez plus vite, dit Emma. | Termine pronto dijo Emma. |
— Eh bien, reprit la nourrice poussant des soupirs entre chaque mot, j’ai peur qu’il ne se fasse une tristesse de me voir prendre du café toute seule ; vous savez, les hommes… | Bueno repuso la nodriza arrancando suspiros entre cada palabra , temo que se ponga triste viéndome tomar café sola, ya comprende, los hombres... |
— Puisque vous en aurez, répétait Emma, je vous en donnerai !… Vous m’ennuyez ! | ¡Pues lo tendrá repetía Emma , se lo daré! ...¡Me está cansando! |
— Hélas ! ma pauvre chère dame, c’est qu’il a, par suite de ses blessures, des crampes terribles à la poitrine. Il dit même que le cidre l’affaiblit. | ¡Ay!, señora, a causa de sus heridas, tiene unos dolores terribles en el pecho. Incluso dice que la sidra le debilita. |
— Mais dépêchez-vous, mère Rollet ! | ¡Pero acabe de una vez, tía Rolet! |
— Donc, reprit celle-ci faisant une révérence, si ce n’était pas trop vous demander…, elle salua encore une fois, – quand vous voudrez, – et son regard suppliait, – un cruchon d’eau-de-vie, dit-elle enfin, et j’en frotterai les pieds de votre petite, qui les a tendres comme la langue. | Pues mire replicó haciéndole una reverencia , cuando quiera y le dirigía una mirada suplicante un jarrito de aguardiente dijo finalmente , y le daré friegas a los pies de su niña, que los tiene tiernecitos como la lengua. |
Débarrassée de la nourrice, Emma reprit le bras de M. Léon. Elle marcha rapidement pendant quelque temps ; puis elle se ralentit, et son regard qu’elle promenait devant elle rencontra l’épaule du jeune homme, dont la redingote avait un collet de velours noir. Ses cheveux châtains tombaient dessus, plats et bien peignés. Elle remarqua ses ongles, qui étaient plus longs qu’on ne les portait à Yonville. C’était une des grandes occupations du clerc que de les entretenir ; et il gardait, à cet usage, un canif tout particulier dans son écritoire. | Ya libre de la nodriza, Emma volvió a tomar el brazo del señor León. Caminó deprisa durante algún tiempo; después acortó el paso, y su mirada, que dirigía hacia adelante, encontró el hombro del joven cuya levita tenía un cuello de terciopelo negro. Su pelo castaño le caía encima, lacio y bien peinado. Observó sus uñas, que eran más largas de las que se llevaban en Yonville. Una de las grandes ocupaciones del pasante era cuidarlas; y para este menester tenía un cortaplumas muy especial en su escritorio. |
Ils s’en revinrent à Yonville en suivant le bord de l’eau. Dans la saison chaude, la berge plus élargie découvrait jusqu’à leur base les murs des jardins, qui avaient un escalier de quelques marches descendant à la rivière. Elle coulait sans bruit, rapide et froide à l’œil ; de grandes herbes minces s’y courbaient ensemble, selon le courant qui les poussait, et comme des chevelures vertes abandonnées s’étalaient dans sa limpidité. Quelquefois, à la pointe des joncs ou sur la feuille des nénuphars, un insecte à pattes fines marchait ou se posait. Le soleil traversait d’un rayon les petits globules bleus des ondes qui se succédaient en se crevant ; les vieux saules ébranchés miraient dans l’eau leur écorce grise ; au delà, tout alentour, la prairie semblait vide. C’était l’heure du dîner dans les fermes, et la jeune femme et son compagnon n’entendaient en marchant que la cadence de leurs pas sur la terre du sentier, les paroles qu’ils se disaient, et le frôlement de la robe d’Emma qui bruissait tout autour d’elle. | Regresaron a Yonville siguiendo la orilla del río. En la estación cálida, la ribera, más ensanchada, dejaba descubiertos hasta su base los muros de las huertas, de donde, por unos escalones, se bajaba hasta el río. El agua discurría mansamente, rápida y aparentemente fría; grandes hierbas delgadas se curvaban juntas encima, siguiendo la corriente que las empujaba, y como verdes cabelleras abandonadas se extendían en su limpidez. A veces, en la punta de los juncos o sobre la hoja de los nenúfares caminaba o se posaba un insecto de patas finas. El sol atravesaba con un rayo las pequeñas pompas azules de las olas que se sucedían rompiéndose; los viejos sauces podados reflejaban en el agua su corteza gris. Más al1á, todo alrededor, la pradera parecía vacía. Era la hora de la comida en las granjas, y la joven y su acompañante no oían al caminar más que la cadencia de sus pasos sobre la tierra del sendero, las palabras que se decían y el roce del vestido de Emma que se propagaba alrededor de ella. |
Les murs des jardins, garnis à leur chaperon de morceaux de bouteilles, étaient chauds comme le vitrage d’une serre. Dans les briques, des ravenelles avaient poussé ; et, du bord de son ombrelle déployée, Mme Bovary, tout en passant, faisait s’égrener en poussière jaune un peu de leurs fleurs flétries, ou bien quelque branche des chèvrefeuilles et des clématites qui pendaient en dehors traînait un moment sur la soie, en s’accrochant aux effilés. | Las tapias de las huertas, rematadas en sus albardillas con trozos de botellas, estaban calientes como el acristalado de un invernadero. En los ladrillos habían crecido unos rabanillos, y con la punta de su sombrilla abierta, Madame Bovary, al pasar, hacía desgranar en polvo amarillo un poco de sus flores marchitas o alguna rama de madreselvas o de clemátide que colgaban hacia afuera y se arrastraban un momento sobre el vestido de seda enredándose en los flecos. |
Ils causaient d’une troupe de danseurs espagnols, que l’on attendait bientôt sur le théâtre de Rouen. | Hablaban de una compañía de bailarines españoles que iba a actuar en breve en el teatro de Rouen. |
— Vous irez ? demanda-t-elle. | ¿:Irá usted? le preguntó ella. |
— Si je le peux, répondit-il. | Si puedo contestó él. |
N’avaient-ils rien autre chose à se dire ? Leurs yeux pourtant étaient pleins d’une causerie plus sérieuse ; et, tandis qu’ils s’efforçaient à trouver des phrases banales, ils sentaient une même langueur les envahir tous les deux ; c’était comme un murmure de l’âme, profond, continu, qui dominait celui des voix. Surpris d’étonnement à cette suavité nouvelle, ils ne songeaient pas à s’en raconter la sensation ou à en découvrir la cause. Les bonheurs futurs, comme les rivages des tropiques, projettent sur l’immensité qui les précède leurs mollesses natales, une brise parfumée, et l’on s’assoupit dans cet enivrement sans même s’inquiéter de l’horizon que l’on n’aperçoit pas. | ¿:No tenían otra cosa qué decirse? Sus ojos, sin embargo, estaban llenos de una conversación más seria; y, mientras se esforzaban en encontrar frases banales, se sentían invadidos por una misma languidez; era como un murmullo del alma, profundo, continuo, que dominaba el de las voces. Sorprendidos por aquella dulzura nueva, no pensaban en contarse esa sensación o en descubrir su causa. Las dichas futuras, como las playas de los trópicos, proyectan sobre la inmensidad que les precede sus suavidades natales, una brisa perfumada, y uno se adormece en aquella embriaguez sin ni siquiera preocuparse del horizonte que no se vislumbra. |
La terre, à un endroit, se trouvait effondrée par le pas des bestiaux, il fallut marcher sur de grosses pierres vertes, espacées dans la boue. Souvent elle s’arrêtait une minute à regarder où poser sa bottine, – et, chancelant sur le caillou qui tremblait, les coudes en l’air, la taille penchée, l’œil indécis, elle riait alors, de peur de tomber dans les flaques d’eau. | En algunos sitios la tierra estaba hundida por el paso de los animales; tuvieron que caminar sobre grandes piedras verdes, espaciadas en el barro. Frecuentemente ella se paraba un minuto para mirar dónde poner su botina, y, tambaleándose sobre la piedra que temblaba, con los codos en el aire, el busto inclinado, la mirada indecisa, entonces reía, por miedo a caer en los charcos de agua. |
Quand ils furent arrivés devant son jardin, Mme Bovary poussa la petite barrière, monta les marches en courant et disparut. | Cuando llegaron ante su huerta, Madame Bovary empujó la pequeña barrera, subió corriendo las escaleras y desapareció. |
Léon rentra à son étude. Le patron était absent ; il jeta un coup d’œil sur les dossiers, puis se tailla une plume, prit enfin son chapeau et s’en alla. | León regresó a su despacho. El patrón estaba ausente; echó una ojeada a los expedientes, se cortó una pluma, finalmente tomó su sombrero y se marchó. |
Il alla sur la Pâture, au haut de la côte d’Argueil, à l’entrée de la forêt ; il se coucha par terre sous les sapins, et regarda le ciel à travers ses doigts. | Se fue a la Pâture, en lo alto de la cuesta de Argueil, a la entrada del bosque; se acostó en el suelo bajo los abetos, y miró el cielo a través de sus dedos. |
— Comme je m’ennuie ! se disait-il, comme je m’ennuie ! | ¡Qué aburrimiento! se decía , ¡qué aburrimiento! |
Il se trouvait à plaindre de vivre dans ce village, avec Homais pour ami et M. Guillaumin pour maître. Ce dernier, tout occupé d’affaires, portant des lunettes à branches d’or et favoris rouges sur cravate blanche, n’entendait rien aux délicatesses de l’esprit, quoiqu’il affectât un genre raide et anglais qui avait ébloui le clerc dans les premiers temps. Quant à la femme du pharmacien, c’était la meilleure épouse de Normandie, douce comme un mouton, chérissant ses enfants, son père, sa mère, ses cousins, pleurant aux maux d’autrui, laissant tout aller dans son ménage, et détestant les corsets ; – mais si lente à se mouvoir, si ennuyeuse à écouter, d’un aspect si commun et d’une conversation si restreinte, qu’il n’avait jamais songé, quoiqu’elle eût trente ans, qu’il en eût vingt, qu’ils couchassent porte à porte, et qu’il lui parlât chaque jour, qu’elle pût être une femme pour quelqu’un, ni qu’elle possédât de son sexe autre chose que la robe. | Se consideraba digno de lástima viviendo en aquel pueblo con Homais por amigo y el señor Guillaumin por patrón. Este último, absorbido por sus negocios, con anteojos de montura de oro y patillas pelirrojas sobre corbata blanca, no entendía nada de delicadezas del espíritu, aunque se daba un tono tieso e inglés que había deslumbrado al pasante en los primeros tiempos. En cuanto a la mujer del farmacéutico, era la mejor esposa de Normandía, mansa como un cordero, tierna amante de sus hijos, de su padre, de su madre, de sus primos, compasiva de las desgracias ajenas, despreocupada de sus labores y enemiga de los corsés; pero tan lenta en sus movimientos, tan aburrida de escuchar, de un aspecto tan ordinario y de una conversación tan limitada, que a León nunca se le había ocurrido, aunque ella tenía treinta años y él veinte, aunque dormían puerta con puerta, y le hablaba todos los días, que pudiera ser una mujer para alguien, ni que poseyera de su sexo más que el vestido. |
Et ensuite, qu’y avait-il ? Binet, quelques marchands, deux ou trois cabaretiers, le curé, et enfin M. Tuvache, le maire, avec ses deux fils, gens cossus, bourrus, obtus, cultivant leurs terres eux-mêmes, faisant des ripailles en famille, dévots d’ailleurs, et d’une société tout à fait insupportable. | Y después de esto, ¡qué había? Binet, algunos comerciantes, dos o tres taberneros, el cura y, finalmente, el señor Tuvache, el alcalde, con sus dos hijos, gentes acomodadas, toscas, obtusas, que cultivaban ellos mismos sus tierras, hacían comilonas en familia, devotos por otra parte, y de un trato totalmente insoportable. |
Mais, sur le fond commun de tous ces visages humains, la figure d’Emma se détachait isolée et plus lointaine cependant ; car il sentait entre elle et lui comme de vagues abîmes. | Pero sobre el fondo vulgar de todos aquellos rostros humanos, la figura de Emma se destacaba aislada y más lejana sin embargo; pues León presentía entre ella y él como vagos abismos. |
Au commencement, il était venu chez elle plusieurs fois dans la compagnie du pharmacien. Charles n’avait point paru extrêmement curieux de le recevoir ; et Léon ne savait comment s’y prendre entre la peur d’être indiscret et le désir d’une intimité qu’il estimait presque impossible. | Al principio él había ido a visitarla varias veces a su casa acompañado del farmaceútico. Carlos no se había mostrado muy interesado por recibirle; y León no sabía cómo comportarse entre el miedo de ser indiscreto y el deseo de una intimidad que creía casi imposible. |
II - IV | II- CAPÍTULO IV |
Dès les premiers froids, Emma quitta sa chambre pour habiter la salle, longue pièce à plafond bas où il y avait, sur la cheminée, un polypier touffu s’étalant contre la glace. Assise dans son fauteuil, près de la fenêtre, elle voyait passer les gens du village sur le trottoir. | Desde los primeros fríos, Emma dejó su habitación para instalarse en la sala, larga pieza de techo bajo donde había, sobre la chimenea, un frondoso árbol de coral que se extendía contra el espejo. Sentada en su sillón, cerca de la ventana, veía a la gente del pueblo pasar por la acera. |
Léon, deux fois par jour, allait de son étude au Lion d’or. Emma, de loin, l’entendait venir ; elle se penchait en écoutant ; et le jeune homme glissait derrière le rideau, toujours vêtu de même façon et sans détourner la tête. Mais au crépuscule, lorsque, le menton dans sa main gauche, elle avait abandonné sur ses genoux sa tapisserie commencée, souvent elle tressaillait à l’apparition de cette ombre glissant tout à coup. Elle se levait et commandait qu’on mît le couvert. | Dos veces al día, León iba de su despacho al «Lion d′Or». Emma, de lejos, le oía venir; se asomaba a escuchar; y el joven se deslizaba detrás de la cortina, vestido siempre de la misma manera, y sin volver la cabeza. Pero, al atardecer, cuando con la barbilla apoyada en su mano izquierda ella había abandonado sobre sus rodillas la labor comenzada, a veces se estremecía ante la aparición de aquella sombra que desaparecía de pronto. Se levantaba y mandaba poner la mesa. |
M. Homais arrivait pendant le dîner. Bonnet grec à la main, il entrait à pas muets pour ne déranger personne et toujours en répétant la même phrase : « Bonsoir la compagnie ! » Puis, quand il s’était posé à sa place, contre la table, entre les deux époux, il demandait au médecin des nouvelles de ses malades, et celui-ci le consultait sur la probabilité des honoraires. Ensuite, on causait de ce qu’il y avait dans le journal. Homais, à cette heure-là, le savait presque par cœur ; et il le rapportait intégralement, avec les réflexions du journaliste et toutes les histoires des catastrophes individuelles arrivées en France ou à l’étranger. Mais, le sujet se tarissant, il ne tardait pas à lancer quelques observations sur les mets qu’il voyait. Parfois même, se levant à demi, il indiquait délicatement à Madame le morceau le plus tendre, ou, se tournant vers la bonne, lui adressait des conseils pour la manipulation des ragoûts et l’hygiène des assaisonnements ; il parlait arome, osmazôme, sucs et gélatine d’une façon à éblouir. La tête d’ailleurs plus remplie de recettes que sa pharmacie ne l’était de bocaux, Homais excellait à faire quantité de confitures, vinaigres et liqueurs douces, et il connaissait aussi toutes les inventions nouvelles de caléfacteurs économiques, avec l’art de conserver les fromages et de soigner les vins malades. | Durante la cena llegaba el señor Homais. Con el gorro griego en la mano, entraba sin hacer ruido para no molestar a nadie y siempre repitiendo la misma frase: «Buenas noches a todos.» Después, instalado en su sitio, al lado de la mesa, entre los dos esposos, preguntaba al médico por sus enfermos, y éste le consultaba sobre la probabilidad de cobrar los honorarios. Luego se comentaban las noticias del periódico. Homais, a aquella hora, se lo sabía casi de memoria; y lo contaba íntegro, con las reflexiones del periodista y todas las historias de las catástrofes individuales ocurridas en Francia y en el extranjero. Pero, cuando se agotaba el tema, no tardaba en hacer algunas observaciones sobre los platos que veía. A veces, incluso, levantándose un poco, indicaba delicadamente a la señora el trozo más tierno, o, dirigiéndose a la muchacha, le daba consejos para la preparación de los guisados y la higiene de los condimentos; hablaba de aroma, osmazomo, jugos y gelatina de una forma deslumbrante. Con la cabeza, por otra parte, más llena de recetas que su farmacia lo estaba de tarros, Homais destacaba en la elaboración de gran número de confituras, vinagres y licores dulces, y conocía también todas las invenciones nuevas de calentadores económicos, además del arte de conservar los quesos y de cuidar los vinos enfermos. |
À huit heures, Justin venait le chercher pour fermer la pharmacie. Alors M. Homais le regardait d’un œil narquois, surtout si Félicité se trouvait là, s’étant aperçu que son élève affectionnait la maison du médecin. | A las ocho, Justino venía a buscarle para cerrar la farmacia. Entonces el señor Homais lo miraba con aire socarrón, sobre todo si estaba allí Felicidad, pues se había dado cuenta de que su pupilo le cobraba afición a la casa del médico. |
— Mon gaillard, disait-il, commence à avoir des idées, et je crois, diable m’emporte, qu’il est amoureux de votre bonne ! | Mi mancebo decía Homais empieza a tener ideas, y creo, que me lleve el diablo si me equivoco, que está enamorado de la criada de la casa. |
Mais un défaut plus grave, et qu’il lui reprochait, c’était d’écouter continuellement les conversations. Le dimanche, par exemple, on ne pouvait le faire sortir du salon, où Mme Homais l’avait appelé pour prendre les enfants, qui s’endormaient dans les fauteuils, en tirant avec leurs dos les housses de calicot, trop larges. | Pero un defecto más grave, y que le reprochaba, era el de escuchar continuamente las conversaciones. Los domingos, por ejemplo, no había manera de hacerle salir del salón, adonde la señora Homais le había llamado para que se encargara de los niños, que se dormían en los sillones, estirando con la espalda las fundas de calicó demasiado holgadas. |
Il ne venait pas grand monde à ces soirées du pharmacien, sa médisance et ses opinions politiques ayant écarté de lui successivement différentes personnes respectables. Le clerc ne manquait pas de s’y trouver. Dès qu’il entendait la sonnette, il courait au-devant de Mme Bovary, prenait son châle, et posait à l’écart, sous le bureau de la pharmacie, les grosses pantoufles de lisière qu’elle portait sur sa chaussure, quand il y avait de la neige. | No venía mucha gente a estas veladas del farmacéutico, pues su maledicencia y sus opiniones políticas habían ido apartando de él a diferentes personas respetables. El pasante no faltaba nunca a la reunión. Tan pronto oía la campanilla, corría al encuentro de Madame Bovary, le tomaba el chal, y ponía aparte, debajo del mostrador de la farmacia, las gruesas zapatillas de orillo que llevaba sobre su calzado cuando había nieve. |
On faisait d’abord quelques parties de trente-et-un ; ensuite M. Hornais jouait à l’écarté avec Emma ; Léon, derrière elle, lui donnait des avis. Debout et les mains sur le dossier de sa chaise, il regardait les dents de son peigne qui mordait son chignon. À chaque mouvement qu’elle faisait pour jeter les cartes, sa robe du côté droit remontait. De ses cheveux retroussés, il descendait une couleur brune sur son dos, et qui, s’apâlissant graduellement, peu à peu se perdait dans l’ombre. Son vêtement, ensuite, retombait des deux côtés sur le siège, en bouffant, plein de plis, et s’étalait jusqu’à terre. Quand Léon parfois sentait la semelle de sa botte poser dessus, il s’écartait, comme s’il eût marché sur quelqu’un. | Primero jugaban unas partidas de treinta y una; después el señor Homais jugaba al écarté(1) con Emma; León, detrás de ella, daba consejos. De pie y con las manos en el respaldo de la silla, miraba los dientes de su peineta clavada en el moño. A cada movimiento que ella hacía para echar las cartas, su vestido se le subía por el lado derecho. De sus cabellos recogidos bajaba por su espalda un color moreno que, palideciendo gradualmente, se perdía poco a poco en la sombra. Luego, el vestido caía a los dos lados del asiento ahuecándose, lleno de pliegues, y llegaba hasta el suelo. Cuando León a veces sentía posarse encima la suela de su bota, se apartaba, como si hubiera pisado a alguien. |
Lorsque la partie de cartes était finie, l’apothicaire et le médecin jouaient aux dominos, et Emma changeant de place, s’accoudait sur la table, à feuilleter l’Illustration. Elle avait apporté son journal de modes. Léon se mettait près d’elle ; ils regardaient ensemble les gravures et s’attendaient au bas des pages. Souvent elle le priait de lui lire des vers ; Léon les déclamait d’une voix traînante et qu’il faisait expirer soigneusement aux passages d’amour. Mais le bruit des dominos le contrariait ; M. Homais y était fort, il battait Charles à plein double-six. Puis, les trois centaines terminées, ils s’allongeaient tous deux devant le foyer et ne tardaient pas à s’endormir. Le feu se mourait dans les cendres ; la théière était vide ; Léon lisait encore. Emma l’écoutait, en faisant tourner machinalement l’abat-jour de la lampe, où étaient peints sur la gaze des pierrots dans des voitures et des danseuses de corde, avec leurs balanciers. Léon s’arrêtait, désignant d’un geste son auditoire endormi, alors ils se parlaient à voix basse, et la conversation qu’ils avaient leur semblait plus douce, parce qu’elle n’était pas entendue. | Una vez terminada la partida de cartas, el boticario y el médico jugaban al dominó, y Emma, cambiando de sitio, se ponía de codos en la mesa, a hojear L′Yllustration. Había llevado su revista de modas. León se ponía al lado de ella; miraban juntos los grabados sin volver la hoja hasta que los dos terminaban. Frecuentemente ella le rogaba que le leyese versos; León los declamaba con una voz cansina, que se iba alternando cuidadosamente en los pasajes de amor. Pero el ruido del dominó le contrariaba; el señor Homais estaba fuerte en este juego y le ganaba a Carlos ahorcándole el seis doble. Después, habiendo llegado ya a los trescientos, los dos se sentaban junto al fuego y no tardaban en quedarse dormidos. El fuego se iba convirtiendo en zenizas; la tetera estaba vacía; León seguía leyendo. Emma le escuchaba haciendo girar maquinalmente la pantalla de la lámpara, cuya gasa tenía pintados unos pierrots en coche y unas funambulistas con sus balancines. León se paraba, señalando con un gesto a su auditorio dormido; entonces se hablaban en voz baja, y la conversación que tenían les parecía más dulce, porque nadie les oía. |
Ainsi s’établit entre eux une sorte d’association, un commerce continuel de livres et de romances ; M. Bovary, peu jaloux, ne s’en étonnait pas. | Así se estableció entre ellos una especie de asociación, un comercio continuo de libros y de romanzas; el señor Bovary, poco celoso, no extrañaba nada de aquello. |
Il reçut pour sa fête une belle tête phrénologique, toute marquetée de chiffres jusqu’au thorax et peinte en bleu. C’était une attention du clerc. Il en avait bien d’autres, jusqu’à lui faire, à Rouen, ses commissions ; et le livre d’un romancier ayant mis à la mode la manie des plantes grasses, Léon en achetait pour Madame, qu’il rapportait sur ses genoux, dans l’Hirondelle, tout en se piquant les doigts à leurs poils durs. | Carlos recibió por su fiesta una hermosa cabeza frenológica, totalmente salpicada de cifras hasta el tórax y pintada de azul. Era una atención del pasante. Tenía muchas otras, hasta hacerle sus recados en Rouen; y como por entonces una novela había puesto de moda la manía de las plantas carnosas, León las compraba para la señora y las llevaba sobre sus rodillas, en «La Golondrina», pinchándose los dedos con sus duras púas. |
Elle fit ajuster, contre sa croisée, une planchette à balustrade pour tenir ses potiches. Le clerc eut aussi son jardinet suspendu ; ils s’apercevaient soignant leurs fleurs à leur fenêtre. | Ella mandó disponer en su ventana una tablilla con barandilla para colocar tiestos. El pasante tuvo también su jardín colgante; se veían cuidando cada uno sus flores en sus respectivas ventanas. |
Parmi les fenêtres du village, il y en avait une encore plus souvent occupée ; car, le dimanche, depuis le matin jusqu’à la nuit, et chaque après-midi, si le temps était clair, on voyait à la lucarne d’un grenier le profil maigre de M. Binet penché sur son tour, dont le ronflement monotone s’entendait jusqu’au Lion d’or. | Entre las ventanas del pueblo había una todavía más frecuentemente ocupada, pues los domingos, desde la mañana a la noche, y todas las tardes, si el tiempo estaba claro, se veía en la claraboya de un desván el flaco perfil del señor Binet inclinado sobre su torno, cuyo zumbido monótono llegaba hasta el «Lion d′Or». |
Un soir, en rentrant, Léon trouva dans sa chambre un tapis de velours et de laine avec des feuillages sur fond pâle, il appela Mme Homais, M. Homais, Justin, les enfants, la cuisinière, il en parla à son patron ; tout le monde désira connaître ce tapis ; pourquoi la femme du médecin faisait-elle au clerc des générosités ? Cela parut drôle, et l’on pensa définitivement qu’elle devait être sa bonne amie. | Una noche al volver a casa, León encontró en su habitación un tapete de terciopelo y lana con hojas sobre fondo pálido, llamó a la señora Homais, al señor Homais, a Justino, a los niños, a la cocinera, se lo contó a su patrón; todo el mundo quiso conocer aquel tapete; ¿:por qué la mujer del médico se mostraba tan «generosa» con el pasante? Aquello pareció raro, y se pensó definitivamente que ella debía ser «su amiga». |
Il le donnait à croire, tant il vous entretenait sans cesse de ses charmes et de son esprit, si bien que Binet lui répondit une fois fort brutalement : | El daba motivos para creerlo, pues hablaba continuamente de sus encantos y de su talento, hasta el punto de que Binet le contestó una vez muy brutalmente: |
— Que m’importe, à moi, puisque je ne suis pas de sa société ! | ¿:A mí qué me importa, si no soy de su círculo de amistades? |
Il se torturait à découvrir par quel moyen lui faire sa déclaration ; et, toujours hésitant entre la crainte de lui déplaire et la honte d’être si pusillanime, il en pleurait de découragement et de désirs. Puis il prenait des décisions énergiques ; il écrivait des lettres qu’il déchirait, s’ajournait a des époques qu’il reculait. Souvent il se mettait en marche, dans le projet de tout oser ; mais cette résolution l’abandonnait bien vite en la présence d’Emma, et, quand Charles, survenant, l’invitait à monter dans son boc, pour aller voir ensemble quelque malade aux environs, il acceptait aussitôt, saluait Madame et s’en allait. Son mari, n’était-ce pas quelque chose d’elle ? | Él se atormentaba para descubrir cómo declarársele; y siempre vacilando entre el temor de desagradarle y la vergüenza de ser tan pusilánime, lloraba de desánimo y de deseos. Después tomaba decisiones enérgicas; escribía cartas que luego rompía. Se señalaba fechas que iba retrasando. A menudo se ponía en camino, con el propósito de atreverse a todo; pero esta resolución le abandonaba inmediatamente en presencia de Emma. Y cuando Carlos, apareciendo de improviso, le invitaba a subir a su carricoche para que le acompañase a visitar a algún enfermo en los alrededores, aceptaba enseguida, se despedía de la señora y se iba. ¿:No era su marido algo de ella? |
Quant à Emma, elle ne s’interrogea point pour savoir si elle l’aimait. L’amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, – ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l’abîme le cœur entier. Elle ne savait pas que, sur la terrasse des maisons, la pluie fait des lacs quand les gouttières sont bouchées, et elle fût ainsi demeurée en sa sécurité, lorsqu’elle découvrit subitement une lézarde dans le mur. | Emma por su parte nunca se preguntó si lo amaba. El amor, creía ella, debía llegar de pronto, con grandes destellos y túlguraciones, huracán de los cielos que cae sobre la vida, la trastorna, arranca las voluntades como si fueran hojas y arrastra hacia el abismo el corazón entero. No sabía que, en la terraza de las casas, la lluvia hace lagos cuando los canales están obstruidos y hubiese seguido tranquila de no haber descubierto de repente una grieta en la pared. |
II - V | II- CAPÍTULO V |
Ce fut un dimanche de février, une après-midi qu’il neigeait. | Fue un domingo de febrero, una tarde de nieve. |
Ils étaient tous, M. et Mme Bovary, Homais et M. Léon, partis voir, à une demi-lieue d’Yonville, dans la vallée, une filature de lin que l’on établissait. L’apothicaire avait emmené avec lui Napoléon et Athalie, pour leur faire faire de l’exercice, et Justin les accompagnait, portant des parapluies sur son épaule. | Habían salido todos, el matrimonio Bovary, Homais y el señor León, a ver a una media legua de Yonville, en el valle, una hilatura de lino que estaban montando. El boticario había llevado consigo a Napoleón y a Atalía, para obligarles a hacer ejercicio, y Justino les acompañaba, llevando los paraguas al hombro. |
Rien pourtant n’était moins curieux que cette curiosité. Un grand espace de terrain vide, où se trouvaient pêle-mêle, entre des tas de sable et de cailloux, quelques roues d’engrenage déjà rouillées, entourait un long bâtiment quadrangulaire que perçaient quantité de petites fenêtres. Il n’était pas achevé d’être bâti, et l’on voyait le ciel à travers les lambourdes de la toiture. Attaché à la poutrelle du pignon, un bouquet de paille entremêlé d’épis faisait claquer au vent ses rubans tricolores. | Nada, sin embargo, menos curioso que aquella curiosidad. Un gran espacio de terreno vacío, donde se encontraban revueltas, entre montones de arena y de guijarros, algunas ruedas de engranaje ya oxidadas, rodeaba un largo edificio cuadrangular con muchas ventanitas. No estaba terminado de construir y se veía el cielo a través de las vigas de la techumbre. Atado a la vigueta del hastial un ramo de paja con algunas espigas hacía restallar al viento sus cintas tricolores. |
Homais parlait. Il expliquait à la compagnie l’importance future de cet établissement, supputait la force des planchers, l’épaisseur des murailles, et regrettait beaucoup de n’avoir pas de canne métrique, comme M. Binet en possédait une pour son usage particulier. | Homais hablaba. Explicaba a la «compañía» la importancia futura de este establecimiento, calculaba la resistencia de los pisos, el espesor de las paredes, y sentía no tener un bastón métrico como el que tenía el señor Binet para su use particular. |
Emma, qui lui donnait le bras, s’appuyait un peu sur son épaule, et elle regardait le disque du soleil irradiant au loin, dans la brume, sa pâleur éblouissante ; mais elle tourna la tête : Charles était là. Il avait sa casquette enfoncée sur ses sourcils, et ses deux grosses lèvres tremblotaient, ce qui ajoutait à son visage quelque chose de stupide ; son dos même, son dos tranquille était irritant à voir, et elle y trouvait étalée sur la redingote toute la platitude du personnage. | Emma, que le daba el brazo, se apoyaba un poco sobre su hombro, y miraba el disco del sol que irradiaba a lo lejos, en la bruma, su palidez deslumbrante; pero volvió la cabeza: Carlos estaba allí. Llevaba la gorra hundida hasta las cejas, y sus gruesos labios temblequeaban, lo cual añadía a su cara algo de estúpido; su espalda incluso, su espalda tranquila resultaba irritante a la vista, y Emma veía aparecer sobre la levita toda la simpleza del personaje. |
Pendant qu’elle le considérait, goûtant ainsi dans son irritation une sorte de volupté dépravée, Léon s’avança d’un pas. Le froid qui le pâlissait semblait déposer sur sa figure une langueur plus douce ; entre sa cravate et son cou, le col de la chemise, un peu lâche, laissait voir la peau ; un bout d’oreille dépassait sous une mèche de cheveux, et son grand œil bleu, levé vers les nuages, parut à Emma plus limpide et plus beau que ces lacs des montagnes où le ciel se mire. | Mientras que ella lo contemplaba, gozando así en su irritación de una especie de voluptuosidad depravada, León se adelantó un paso. El frío que le palidecía parecía depositar sobre su cara una languidez más suave; el cuello de la camisa, un poco flojo, dejaba ver la piel; un pedazo de oreja asomaba entre un mechón de cabellos y sus grandes ojos azules, levantados hacia las nubes, le parecieron a Emma más límpidos y más bellos que esos lagos de las montañas en los que se refleja el cielo. |
— Malheureux ! s’écria tout à coup l’apothicaire. | ¡Desgraciado! exclamó de pronto el boticario. |
Et il courut à son fils, qui venait de se précipiter dans un tas de chaux pour peindre ses souliers en blanc. Aux reproches dont on l’accablait, Napoléon se prit à pousser des hurlements, tandis que Justin lui essuyait ses chaussures avec un torchis de paille. Mais il eût fallu un couteau ; Charles offrit le sien. | Y corrió detrás de su hijo, que acababa de precipitarse en un montón de cal para pintar de blanco sus zapatos. A los reproches con que le abrumaba, Napoleón comenzó a dar gritos, mientras que Justino le limpiaba los zapatos con un puñado de paja. Pero hizo falta una navaja; Carlos le ofreció la suya. |
— Ah ! se dit-elle, il porte un couteau dans sa poche, comme un paysan ! | ¡Ah! se dijo ella , lleva una navaja en su bolsillo como un campesino. |
Le givre tombait ; et l’on s’en retourna vers Yonville. | Caía la escarcha, y se volvieron hacia Yonville. |
Mme Bovary, le soir, n’alla pas chez ses voisins, et, quand Charles fut parti, lorsqu’elle se sentit seule, le parallèle recommença dans la netteté d’une sensation presque immédiate et avec cet allongement de perspective que le souvenir donne aux objets. Regardant de son lit le feu clair qui brûlait, elle voyait encore, comme là-bas, Léon debout, faisant plier d’une main sa badine et tenant de l’autre Athalie, qui suçait tranquillement un morceau de glace. Elle le trouvait charmant ; elle ne pouvait s’en détacher ; elle se rappela ses autres attitudes en d’autres jours, des phrases qu’il avait dites, le son de sa voix, toute sa personne ; et elle répétait, en avançant ses lèvres comme pour un baiser : | Aquella noche Madame Bovary no fue a casa de sus vecinos, y, cuando se marchó Carlos y ella se sintió sola, surgió de nuevo el paralelo entre la nitidez de una sensación casi inmediata y esa prolongación de perspectiva que el recuerdo da a los objetos. Mirando desde la cama el fuego claro que ardía, seguía viendo como allá lejos, a León de pie, doblando con una mano su junquillo y llevando de la otra a Atalía, que chupaba tranquilamente un trozo de hielo. Lo encontraba encantador; no podía dejar de pensar en él; recordó actitudes suyas en otros días, frases que le había dicho, el tono de su voz, toda su persona; y se repetía, adelantando sus labios como para besar: |
— Oui, charmant ! charmant !… N’aime-t-il pas ? se demanda-t-elle. Qui donc ?… mais c’est moi ! | ¡Sí, encantador!, ¡encantador!... ¿:No estará enamorado? se preguntó . ¿:De quién?... ¡Pues de mí! |
Toutes les preuves à la fois s’en étalèrent, son cœur bondit. La flamme de la cheminée faisait trembler au plafond une clarté joyeuse ; elle se tourna sur le dos en s’étirant les bras. | Aparecieron a la vez todas las pruebas, su corazón le dio un vuelco. La llama de la chimenea hacía temblar en el techo una claridad alegre; ella se volvió de espalda estirando los brazos. |
Alors commença l’éternelle lamentation : « Oh ! si le ciel l’avait voulu ! Pourquoi n’est-ce pas ? Qui empêchait donc ?… » | Entonces comenzó la eterna lamentación: ¡Oh!, ¡si el cielo lo hubiese querido! ¿:Por qué no puede ser? ¿:Quién lo impedía, pues?... |
Quand Charles, à minuit, rentra, elle eut l’air de s’éveiller, et, comme il fit du bruit en se déshabillant, elle se plaignit de la migraine ; puis demanda nonchalamment ce qui s’était passé dans la soirée. | Cuando Carlos volvió a casa a medianoche, Emma fingió despertarse, y, como él hizo ruido al desnudarse, ella se quejó de jaqueca; después preguntó con indiferencia cómo había transcurrido la velada. |
— M. Léon, dit-il, est remonté de bonne heure. | El señor León dijo él se marchó temprano. |
Elle ne put s’empêcher de sourire, et elle s’endormit l’âme remplie d’un enchantement nouveau. | Ella no pudo evitar una sonrisa y se durmió con el alma llena de un encanto nuevo. |
Le lendemain, à la nuit tombante, elle reçut la visite du sieur Lheureux, marchand de nouveautés. C’était un homme habile que ce boutiquier, | Al día siguiente, al caer la tarde, recibió la visita de un tal Lheureux, que tenía una tienda de novedades. Era un hombre hábil este tendero. |
Né Gascon, mais devenu Normand, il doublait sa faconde méridionale de cautèle cauchoise. Sa figure grasse, molle et sans barbe, semblait teinte par une décoction de réglisse claire, et sa chevelure blanche rendait plus vif encore l’éclat rude de ses petits yeux noirs. On ignorait ce qu’il avait été jadis : porteballe, disaient les uns, banquier à Routot, selon les autres. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il faisait, de tête, des calculs compliqués, à effrayer Binet lui-même. Poli jusqu’à l’obséquiosité, il se tenait toujours les reins à demi courbés, dans la position de quelqu’un qui salue ou qui invite. | Gascón de nacimiento, pero normando de adopción, unía su facundia meridional a la cautela de las gentes de Caux. Su cara gorda, blanda y sin barba, parecía teñida por un cocimiento de regaliz claro, y su pelo blanco avivaba aún más el brillo rudo de sus ojillos negros. No se sabía lo que había sido antes: buhonero, decían unos, banquero en Routot, afirmaban otros. Lo cierto es que hacía, mentalmente, unos cálculos complicados, que asustaban al propio Binet. Amable hasta la obsequiosidad, permanecía siempre con la espalda inclinada, en la actitud de alguien que saluda o que invita. |
Après avoir laissé à la porte son chapeau garni d’un crêpe, il posa sur la table un carton vert, et commença par se plaindre à Madame, avec force civilités, d’être resté jusqu’à ce jour sans obtenir sa confiance. Une pauvre boutique comme la sienne n’était pas faite pour attirer une élégante ; il appuya sur le mot. Elle n’avait pourtant, qu’à commander, et il se chargerait de lui fournir ce qu’elle voudrait, tant en mercerie que lingerie, bonneterie ou nouveautés ; car il allait à la ville quatre fois par mois, régulièrement. Il était en relation avec les plus fortes maisons. On pouvait parler de lui aux Trois Frères, à la Barbe d’or ou au Grand Sauvage, tous ces messieurs le connaissaient comme leur poche ! Aujourd’hui donc, il venait montrer à Madame, en passant, différents articles qu’il se trouvait avoir, grâce à une occasion des plus rares. Et il retira de la boîte une demi-douzaine de cols brodés. | Después de haber dejado en la puerta su sombrero adornado con un crespón, puso sobre la mesa una caja verde, y empezó a quejarse a la señora, con mucha cortesía, de no haber merecido hasta entonces su confianza. Una pobre tienda como la suya no estaba hecha para atraer a una «elegante»; subrayó la palabra. Ella no tenía, sin embargo, más que pedir, y él se encargaría de proporcionarle lo que quisiera, tanto en mercería como en ropa blanca, sombrerería o novedades, pues iba a la ciudad cuatro veces al mes, regularmente. Estaba en relación con las casas más fuertes. Podían dar referencias de él en los «Trois Frères», en «La Barbe d′Or» o en el «Grand Sauvage»; ¡todos estos señores le conocían como a sus propios bolsillos! Hoy venía a enseñar a la señora, de paso, varios artículos de que disponía gracias a una ocasión excepcional, y sacó de la caja media docena de cuellos bordados. |
Mme Bovary les examina. | Madame Bovary los examinó. |
— Je n’ai besoin de rien, dit-elle. | No necesito nada le dijo. |
Alors M. Lheureux exhiba délicatement trois écharpes algériennes, plusieurs paquets d’aiguilles anglaises, une paire de pantoufles en paille, et, enfin, quatre coquetiers en coco, ciselés à jour par des forçats. Puis, les deux mains sur la table, le cou tendu, la taille penchée, il suivait, bouche béante, le regard d’Emma, qui se promenait indécis parmi ces marchandises. De temps à autre comme pour en chasser la poussière, il donnait un coup d’ongle sur la soie des écharpes, dépliées, dans toute leur longueur ; et elles frémissaient avec un bruit léger, en faisant, à la lumière verdâtre du crépuscule, scintiller, comme de petites étoiles, les paillettes d’or de leur tissu. | Entonces el señor Lheureux le mostró delicadamente tres echarpes argelinos, varios paquetes de agujas inglesas, un par de zapatillas de paja, y, finalmente, cuatro hueveros de coco, cincelados a mano por presidiarios. Después, con las dos manos sobre la mesa, el cuello estirado, la cintura inclinada, seguía con la boca abierta la mirada de Emma que se paseaba indecisa entre aquellas mercancías. De vez en cuando, como para limpiar el polvo, daba un golpe con la uña a la seda de los echarpes, que desplegados en toda su longitud temblaban con un ruido ligero, haciendo centellear a la luz verdosa del crepúsculo, como pequeñas estrellas, las lentejuelas de oro del tejido. |
— Combien coûtent-elles ? | ¿:Cuánto cuestan? |
— Une misère, répondit-il, une, misère ; mais rien ne presse ; quand vous voudrez ; nous ne sommes pas des juifs ! | Una miseria respondió él , una miseria; pero ya me pagará, sin prisa; cuando usted quiera; ¡no somos judíos! |
Elle réfléchit quelques instants, et finit encore par remercier M. Lheureux, qui répliqua sans s’émouvoir. | Ella reflexionó unos instantes y acabó dando las gracias al señor Lheureux, quien replicó sin inmutarse: |
— Eh bien ; nous nous entendrons plus tard ; avec les dames je me suis toujours arrangé, si ce n’est avec la mienne, cependant ! | Bueno, nos entenderemos más adelante; con las señoras siempre me he entendido, siempre, menos con la mía. |
Emma sourit. | Emma sonrió. |
— C’était pour vous dire, reprit-il d’un air bonhomme après sa plaisanterie, que ce n’est pas l’argent qui m’inquiète… Je vous en donnerais, s’il le fallait. | Quiero decir continuó en tono campechano después de su broma , que no es el dinero lo que me preocupa. Yo le daría a usted si le hiciera falta. |
Elle eut un geste de surprise. | Ella hizo un gesto de sorpresa. |
— Ah ! fit-il vivement et à voix basse, je n’aurais pas besoin d’aller loin pour vous en trouver ; comptez-y ! | ¡Ah! dijo él vivamente y en voz baja , no tendría que ir lejos para encontrarlo; puede estar segura. |
Et il se mit à demander des nouvelles du père Tellier, le maître du Café Français, que M. Bovary soignait alors. | Y comenzó a pedirle noticias del tío Tellier, el dueño del «Café Francés», a quién por aquel entonces cuidaba el señor Bovary. |
— Qu’est-ce qu’il a donc, le père Tellier ?… Il tousse qu’il en secoue toute sa maison, et j’ai bien peur que prochainement il ne lui faille plutôt un paletot de sapin qu’une camisole de flanelle ? Il a fait tant de bamboches quand il était jeune ! Ces gens-là, madame, n’avaient pas le moindre ordre ! il s’est calciné avec l’eau-de-vie ! Mais c’est fâcheux tout de même de voir une connaissance s’en aller. | ¿:Qué es to que tiene el tío Tellier?... ¡Tose tanto que sacude toda la casa y me temo mucho que pronto necesite más bien un gabán de abeto que una camisola de franela. ¡Corrió tantas juergas de joven! Esa gente, señora, no tenía el menor orden, se ha quemado con el aguardiente. ¡Pero, a pesar de todo, es triste ver marcharse a un conocido! |
Et, tandis qu’il rebouclait son carton, il discourait ainsi sur la clientèle du médecin. | Y, mientras que cerraba su caja, hablaba de este modo sobre la clientela del médico. |
— C’est le temps, sans doute, dit-il en regardant les carreaux avec une figure rechignée, qui est la cause de ces maladies-là ! Moi aussi, je ne me sens pas en mon assiette ; il faudra même un de ces jours que je vienne consulter Monsieur, pour une douleur que j’ai dans le dos. Enfin, au revoir, madame Bovary ; à votre disposition ; serviteur très humble ! | Sin duda, es el tiempo dijo mirando los cristales con una cara de mal humor la causa de estas enfermedades. Tampoco yo me encuentro bien del todo; tendré que venir un día de estos a consultar al señor por un dolor que tengo en la espalda. ¡Bueno, hasta la vista, Madame Bovary; a su disposición; su más humilde servidor! |
Et il referma la porte doucement | Y volvió a cerrar la puerta despacio. |
Emma se fit servir à dîner dans sa chambre, au coin du feu, sur un plateau ; elle fut longue à manger ; tout lui sembla bon. | Emma mandó que le sirvieran la cena en su habitación, junto al fuego, en una bandeja; comió despacio; todo le pareció bueno. |
— Comme j’ai été sage ! se disait-elle en songeant aux écharpes. | ¡Qué prudente he sido! se decía pensando en los echarpes. |
Elle entendit des pas dans l’escalier : c’était Léon. Elle se leva, et prit sur la commode ; parmi des torchons à ourler, le premier de la pile. Elle semblait fort occupée quand il parut. | Oyó pasos en la escalera; era León. Se levantó y tomó de encima de la cómoda, de entre los paños de dobladillo, el primero de la pila. Parecía muy ocupada cuando él entró. |
La conversation fut languissante, Mme Bovary l’abandonnant à chaque minute, tandis qu’il demeurait lui-même comme tout embarrassé. Assis sur une chaise basse, près de la cheminée, il faisait tourner dans ses doigts l’étui d’ivoire ; elle poussait son aiguille, ou, de temps à autre, avec son ongle, fronçait les plis de la toile. Elle ne parlait pas ; il se taisait, captivé par son silence, comme il l’eût été par ses paroles. | La conversación fue lánguida; Madame Bovary la dejaba a cada minuto, mientras que él mismo permanecía como totalmente cohibido. Sentado en una silla baja, al lado de la chimenea, daba vueltas entre los dedos al estuche de marfil; Emma clavaba su aguja, o, de vez en cuando, con su uña, fruncía los pliegues de la tela. Ella no hablaba; él se callaba, cautivado por su silencio, corno si lo hubiese estado por sus palabras. |
— Pauvre garçon ! pensait-elle. | ¡Pobre chico! pensaba ella. |
— En quoi lui déplais-je ? se demandait-il. | ¿:En qué la habré disgustado? se preguntaba él. |
Léon, cependant, finit par dire qu’il devait, un de ces jours, aller à Rouen, pour une affaire de son étude… | León, sin embargo, acabó por decir que uno de aquellos días tenía que ir a Rouen para un asunto de su despacho. |
— Votre abonnement de musique est terminé, dois-je le reprendre ? | Su suscripción de música ha terminado, ¿:he de renovarla? |
— Non, répondit-elle. | No le contestó ella. |
— Pourquoi ? | ¿:Por qué? |
— Parce que… | Porque... |
Et, pinçant ses lèvres, elle tira lentement une longue aiguillée de fil gris. | Y, apretando los labios, tiró lentamente de una larga hebra de hilo gris. |
Cet ouvrage irritait Léon. Les doigts d’Emma semblaient s’y écorcher par le bout ; il lui vint en tête une phrase galante, mais qu’il ne risqua pas. | Esta labor irritaba a León. Los dedos de Emma parecían desollarse por la punta; se le ocurrió una frase galante, pero no se arriesgó. |
— Vous l’abandonnez donc ? reprit-il. | ¿:Es que la abandona? repuso él. |
— Quoi ? dit-elle vivement ; la musique ? Ah ! mon Dieu, oui ! n’ai-je pas ma maison à tenir, mon mari à soigner, mille choses enfin, bien des devoirs qui passent auparavant ! | ¿:Qué? contestó ella vivamente ; ¿:la música? ¡Ah, Dios mío, sí!, tengo una casa que gobernar, marido que atender, y mil cosas más, ¡muchas otras obligaciones que están antes! |
Elle regarda la pendule. Charles était en retard. Alors elle fit la soucieuse. Deux ou trois fois même elle répéta : | Miró el reloj. Carlos se retrasaba. Entonces se hizo la preocupada. Dos o tres veces incluso repitió: |
— Il est si bon ! | ¡Es tan bueno! |
Le clerc affectionnait M. Bovary. Mais cette tendresse à son endroit l’étonna d’une façon désagréable ; néanmoins il continua son éloge, qu’il entendait faire à chacun, disait-il, et surtout au pharmacien. | El pasante le tenía afecto al señor Bovary, pero aquella ternura por él le sorprendió de una forma desagradable; no obstante, continuó su elogio, un elogio que oía hacer a todo el mundo, y sobre todo al farmacéutico. |
— Ah ! c’est un brave homme, reprit Emma. | ¡Ah, es una buena persona! repuso Emma. |
— Certes, reprit le clerc. | Ciertamente dijo el pasante. |
Et il se mit à parler de Mme Homais, dont la tenue fort négligée leur prêtait à rire ordinairement. | Y comenzó a hablar de la señora Homais, cuya indumentaria, muy descuidada, les movía a risa ordinariamente. |
— Qu’est-ce que cela fait ? interrompit Emma. Une bonne mère de famille ne s’inquiète pas de sa toilette. | ¿:Qué importa eso? interrumpió Emma . Una buena madre de familia no se preocupa por su atavío. |
Puis elle retomba dans son silence. | Después volvió a quedarse en silencio. |
Il en fut de même les jours suivants ; ses discours, ses manières, tout changea. On la vit prendre à cœur son ménage, retourner à l’église régulièrement et tenir sa servante avec plus de sévérité. | Ocurrió lo mismo los días siguientes; sus discursos, sus maneras, todo cambió. Se la vio como tomar a pecho el cuidado de su casa, volver a la iglesia regularmente y mostrarse más severa con su criada. |
Elle retira Berthe de nourrice. Félicité l’amenait quand il venait des visites, et madame Bovary la déshabillait afin de faire voir ses membres. Elle déclarait adorer les enfants ; c’était sa consolation, sa joie, sa folie, et elle accompagnait ses caresses d’expansions lyriques, qui, à d’autres qu’à des Yonvillais, eussent rappelé la Sachette de Notre-Dame de Paris. | Sacó a Berta de la nodriza. Felicidad se la traía cuando había visitas, y Madame Bovary la desnudaba para enseñarles sus miembros. Decía que adoraba a los niños; era su consuelo, su alegría, su locura, y acompañaba sus caricias con expansiones líricas, que a los que no fueran de Yonville les habría recordado a la Sachette de Nuestra Señora de París. |
Quand Charles rentrait, il trouvait auprès des cendres ses pantoufles à chauffer. Ses gilets maintenant ne manquaient plus de doublure, ni ses chemises de boutons, et même il y avait plaisir à considérer dans l’armoire tous les bonnets de coton rangés par piles égales. Elle ne rechignait plus, comme autrefois, à faire des tours dans le jardin ; ce qu’il proposait était toujours consenti, bien qu’elle ne devinât pas les volontés auxquelles elle se soumettait sans un murmure ; – et lorsque Léon le voyait au coin du feu, après le dîner, les deux mains sur son ventre, les deux pieds sur les chenets, la joue rougie par la digestion, les yeux humides de bonheur, avec l’enfant qui se traînait sur le tapis, et cette femme à taille mince qui par-dessus le dossier du fauteuil venait le baiser au front : | Cuando Carlos regresaba, encontraba sus zapatillas calentándose cerca del rescoldo. No les faltaba el forro a sus chalecos ni los botones a sus camisas, a incluso daba gusto ver en el armario todos sus gorros de algodón colocados en pilas iguales. Emma no refunfuñaba, como antes, por ir a pasear por el jardín; lo que él proponía era siempre aceptado, aunque ella no adivinase sus deseos, a los que se sometía sin decir palabra; y cuando León le vela al lado del fuego, después de cenar, con las dos manos sobre el vientre, los dos pies sobre los morillos de la chimenea, las mejillas rosadas por la digestión, los ojos húmedos de felicidad, con la niña que se arrastraba sobre la alfombra, y aquella mujer de fina cintura que por encima del respaldo del sillón venia a besarle en la frente, se decia: |
— Quelle folie ! se disait-il, et comment arriver jusqu’à elle ? | ¡Qué locura!, y ¿:cómo llegar hasta ella? |
Elle lui parut donc si vertueuse et inaccessible, que toute espérance, même la plus vague, l’abandonna. | Le pareció, pues, así tan virtuosa a inaccesible, que abandonó hasta la más remota esperanza. |
Mais, par ce renoncement, il la plaçait en des conditions extraordinaires. Elle se dégagea, pour lui, des qualités charnelles dont il n’avait rien à obtenir ; et elle alla, dans son cœur, montant toujours et s’en détachant, à la manière magnifique d’une apothéose qui s’envole. C’était un de ces sentiments purs qui n’embarrassent pas l’exercice de la vie, que l’on cultive parce qu’ils sont rares, et dont la perte affligerait plus que la possession n’est réjouissante. | Pero con esta renuncia la colocaba en condiciones extraordinarias. Para él, Emma se desprendió de sus atractivos carnales de los cuales él nada podia conseguir; y en su corazón fue subiendo más y más despegándose a la manera magnífica de una apoteosis que alza su vuelo. Era uno de esos sentimientos puros que no estorban el ejercicio de la vida, que se cultivan porque son raros y cuya pérdida afligiría más de lo que alegraría su posesión. |
Emma maigrit, ses joues pâlirent, sa figure s’allongea. Avec ses bandeaux noirs, ses grands yeux, son nez droit, sa démarche d’oiseau, et toujours silencieuse maintenant, ne semblait-elle pas traverser l’existence en y touchant à peine, et porter au front la vague empreinte de quelque prédestination sublime ? Elle était si triste et si calme, si douce à la fois et si réservée, que l’on se sentait près d’elle pris par un charme glacial, comme l’on frissonne dans les églises sous le parfum des fleurs mêlé au froid des marbres. Les autres même n’échappaient point à cette séduction. Le pharmacien disait : | Emma adelgazó, sus mejillas palidecieron, su cara se alargó. Con sus bandós negros, sus grandes ojos, su nariz recta, su andar de pájaro, y siempre silenciosa ahora, ¿:no parecía atravesar la existencia, apenas sin rozarla, y llevar en la frente la señal de alguna predestinación sublime? Estaha tan triste y tan tranquila, tan dulce y a la vez tan reservada, que uno se sentía a su lado prendido por un encanto glacial, como se tiembla en las iglesias bajo el perfume de las flores mezclado al frío de los mármoles. Tampoco los demás escapaban a esta seducción. El farmacéutico decía: |
— C’est une femme de grands moyens et qui ne serait pas déplacée dans une sous-préfecture. | Es una mujer de grandes recursos y no desentonaría en una subprefectura. |
Les bourgeoises admiraient son économie, les clients sa politesse, les pauvres sa charité. | Las señoras del pueblo admiraban su economía, los clientes su cortesía, los pobres su caridad. |
Mais elle était pleine de convoitises, de rage, de haine. Cette robe aux plis droits cachait un cœur bouleversé, et ces lèvres si pudiques n’en racontaient pas la tourmente. Elle était amoureuse de Léon, et elle recherchait la solitude, afin de pouvoir plus à l’aise se délecter en son image. La vue de sa personne troublait la volupté de cette méditation. Emma palpitait au bruit de ses pas ; puis, en sa présence, l’émotion tombait, et il ne lui restait ensuite qu’un immense étonnement qui se finissait en tristesse. | Pero ella estaba llena de concupiscencia, de rabia, de odio. Aquel vestido de pliegues rectos escondía un corazón agitado, y aquellos labios tan púdicos no contaban su tormenta. Estaba enamorada de León, y buscaba la soledad, a fin de poder deleitarse más a gusto en su imagen. La presencia de su persona turbaba la voluptuosidad de aquella meditación. Emma palpitaba al ruido de sus pasos; después, en su presencia la emoción decaía, y luego no le quedaba más que un inmenso estupor que terminaba en tristeza. |
Léon ne savait pas, lorsqu’il sortait de chez elle désespéré, qu’elle se levait derrière lui afin de le voir dans la rue. Elle s’inquiétait de ses démarches, elle épiait son visage ; elle inventa toute une histoire pour trouver prétexte à visiter sa chambre. La femme du pharmacien lui semblait bien heureuse de dormir sous le même toit ; et ses pensées continuellement s’abattaient sur cette maison, comme les pigeons du Lion d’or qui venaient tremper là, dans les gouttières, leurs pattes roses et leurs ailes blanches. Mais plus Emma s’apercevait de son amour, plus elle le refoulait, afin qu’il ne parût pas, et pour le diminuer. Elle aurait voulu que Léon s’en doutât ; et elle imaginait des hasards, des catastrophes qui l’eussent facilité. Ce qui la retenait, sans doute, c’était la paresse ou l’épouvante, et la pudeur aussi. Elle songeait qu’elle l’avait repoussé trop loin, qu’il n’était plus temps, que tout était perdu. Puis l’orgueil, la joie de se dire : « je suis vertueuse », et de se regarder dans la glace en prenant des poses résignées, la consolait un peu du sacrifice qu’elle croyait faire. | León no sabía, cuando salía desesperado de casa de Emma, que ella se levantaba detrás de él para verle en la calle. Se preocupaba por sus idas y venidas; espiaba su rostro; inventó toda una historia a fin de encontrar un pretexto para visitar su habitación. La mujer del farmacéutico le parecía muy feliz por dormir bajo el mismo techo; y sus pensamientos iban a abatirse continuamente en aquella casa, como las palomas del «León de Oro» que iban a mojar allí, en los canalones, sus patas rosadas y sus alas blancas. Pero Emma, cuanto más se daba cuenta de su amor, más lo reprimía, para que no se notara y para disminuirlo. Hubiera querido que León lo sospechara; a imaginaba casualidades catástrofes que lo hubiesen facilitado. Lo que la retenía, sin duda, era la pereza o el miedo, y el pudor también. Pensaba que lo había alejado demasiado, que ya no había tiempo, que todo estaba perdido. Después el orgullo, la satisfacción de decirse a sí misma: «Soy virtuosa» y de mirarse al espejo adoptando posturas resignadas la consolaba un poco del sacrificio que creía hacer. |
Alors, les appétits de la chair, les convoitises d’argent et les mélancolies de la passion, tout se confondit dans une même souffrance ; — et, au lieu d’en détourner sa pensée, elle l’y attachait davantage, s’excitant à la douleur et en cherchant partout les occasions. Elle s’irritait d’un plat mal servi ou d’une porte entrebâillée, gémissait du velours qu’elle n’avait pas, du bonheur qui lui manquait, de ses rêves trop hauts, de sa maison trop étroite. | Entonces, los apetitos de la carne, las codicias del dinero y las melancolías de la pasión, todo se confundía en un mismo sufrimiento; y, en vez de desviar su pensamiento, lo fijaba más, excitándose al dolor y buscando para ello todas las ocasiones. Se irritaba por un plato mal servido o por una puerta entreabierta, se lamentaba del terciopelo que no tenía, de la felicidad que le faltaba, de sus sueños demasiado elevados, de su casa demasiado pequeña. |
Ce qui l’exaspérait, c’est que Charles n’avait pas l’air de se douter de son supplice. La conviction où il était de la rendre heureuse lui semblait une insulte imbécile, et sa sécurité : là-dessus de l’ingratitude. Pour qui donc était-elle sage ? N’était-il pas, lui, obstacle à toute félicité, la cause de toute misère, et comme l’ardillon pointu de cette courroie complexe qui la bouclait de tous côtés ? | Lo que la desesperaba era que Carlos no parecía ni sospechar su suplicio. La convicción que tenía el marido de que la hacía feliz le parecía un insulto imbécil, y su seguridad al respecto, ingratitud. Pues ¿:para quién era ella formal? ¿:No era él el obstáculo a toda felicidad, la causa de toda miseria, y como el hebijón puntiagudo de aquel complejo cinturón que la ataba por todas partes? |
Donc, elle reporta sur lui seul la haine nombreuse qui résultait de ses ennuis, et chaque effort pour l’amoindrir ne servait qu’à l’augmenter ; car cette peine inutile s’ajoutait aux autres motifs de désespoir et contribuait encore plus à l’écartement. Sa propre douceur à elle-même lui donnait des rébellions. La médiocrité domestique la poussait à des fantaisies luxueuses, la tendresse matrimoniale en des désirs adultères. Elle aurait voulu que Charles la battît, pour pouvoir plus justement le détester, s’en venger. Elle s’étonnait parfois des conjectures atroces qui lui arrivaient à la pensée ; et il fallait continuer à sourire, s’entendre répéter qu’elle était heureuse, faire semblant de l’être, le laisser croire ! | Así pues, cargó totalmente sobre él el enorme odio que resultaba de sus aburrimientos, y cada esfuerzo para disminuirlo no servía más que para aumentarlo, pues aquel empeño inútil se añadía a los otros motivos de desesperación y contribuía más al alejamiento. Hasta su propia dulzura de carácter le rebelaba. La mediocridad doméstica la impulsaba a fantasías lujosas, la ternura matrimonial, a deseos adúlteros. Hubiera querido que Carlos le pegase, para poder detestarlo con más razón, vengarse de él. A veces se extrañaba de las conjeturas atroces que le venían al pensamiento; y tenía que seguir sonriendo, oír cómo repetían que era feliz, fingir serlo, dejarlo creer. |
Elle avait des dégoûts, cependant, de cette hypocrisie. Des tentations la prenaient de s’enfuir avec Léon, quelque part, bien loin, pour essayer une destinée nouvelle ; mais aussitôt il s’ouvrait dans son âme un gouffre vague, plein d’obscurité. | Sin embargo, estaba asqueada de esta hipocresía. Le daban tentaciones de escapar con León a alguna parte, muy lejos, para probar una nueva vida; pero inmediatamente se abría en su alma un abismo vago lleno de oscuridad. |
— D’ailleurs, il ne m’aime plus, pensait-elle ; que devenir ? quel secours attendre, quelle consolation, quel allégement ? | Además, no me quiere pensaba ella ; ¿:qué va a ser de mí?, ¿:qué ayuda esperar, qué consuelo, qué alivio? |
Elle restait brisée, haletante, inerte, sanglotant à voix basse et avec des larmes qui coulaient. | Se quedaba destrozada, jadeante, inerte, sollozando en voz baja y bañada en lágrimas. |
— Pourquoi ne point le dire à Monsieur ? lui demandait la domestique, lorsqu’elle entrait pendant ces crises. | ¿:Por qué no se lo dice al señor? le preguntó la muchacha, cuando la encontraba en esta crisis. |
— Ce sont les nerfs, répondait Emma ; ne lui en parle pas, tu l’affligerais. | Son los nervios respondía Emma ; no le digas nada, le alarmarías. |
— Ah ! oui, reprenait Félicité, vous êtes justement comme la Guérine, la fille au père Guérin, le pêcheur du Pollet, que j’ai connue à Dieppe, avant de venir chez vous. Elle était si triste, si triste, qu’à la voir debout sur le seuil de sa maison, elle vous faisait l’effet d’un drap d’enterrement tendu devant la porte. Son mal, à ce qu’il paraît, était une manière de brouillard qu’elle avait dans la tête, et les médecins n’y pouvaient rien, ni le curé non plus. Quand ça la prenait trop fort, elle s’en allait toute seule sur le bord de la mer, si bien que le lieutenant de la douane, en faisant sa tournée, souvent la trouvait étendue à plat ventre et pleurant sur les galets. Puis, après son mariage, ça lui a passé, dit-on. | ¡Ah!, sí replicaba Felicidad , usted es igual que la Guérine, la hija del señor Guérin, el pescador del Pollet, que conocí en Dieppe antes de venir a casa de los señores. Estaba tan triste, tan triste, que viéndola de pie a la puerta de su casa, hacía el efecto de un paño fúnebre extendido delante de la puerta. Su enfermedad, según parece, era una especie de bruma que tenía en la cabeza, y los médicos no podían hacer nada, ni el cura tampoco. Cuando le daba muy fuerte, se iba completamente sola a la orilla del mar, de manera que el oficial de la aduana, al hacer la ronda, la encontraba a menudo tendida boca abajo y llorando sobre las piedras. Dicen que, después de casarse, se le pasó. |
— Mais, moi, reprenait Emma, c’est après le mariage que ça m’est venu. | Pero a mí replicaba Emma es después del casamiento cuando me ha venido. |
II - VI | II- CAPÍTULO V |
Un soir que la fenêtre était ouverte, et que, assise au bord, elle venait de regarder Lestiboudois, le bedeau, qui taillait le buis, elle entendit tout à coup sonner l’Angelus. | Una tarde en que sentada junto junto a la ventana abierta acababa de ver a Lestiboudis, el sacristán, que estaba podando el boj, oyó de pronto tocar al Ángelus. |
On était au commencement d’avril, quand les primevères sont écloses ; un vent tiède se roule sur les plates-bandes labourées, et les jardins, comme des femmes, semblent faire leur toilette pour les fêtes de l’été. Par les barreaux de la tonnelle et au delà tout alentour, on voyait la rivière dans la prairie, où elle dessinait sur l’herbe des sinuosités vagabondes. La vapeur du soir passait entre les peupliers sans feuilles, estompant leurs contours d’une teinte violette, plus pâle et plus transparente qu’une gaze subtile arrêtée sur leurs branchages. Au loin, des bestiaux marchaient ; on n’entendait ni leurs pas, ni leurs mugissements ; et la cloche, sonnant toujours, continuait dans les airs sa lamentation pacifique. | Era a principios de abril, cuando abren las primaveras; un aire tibio circulaba sobre los bancales labrados, y los jardines, como mujeres, parecían componerse para las fiestas de verano. Por los barrotes del cenador y más allá todo alrededor se veía el río en la pradera dibujando sobre la hierba sinuosidades vagabundas. El vapor de la tarde pasaba entre los álamos sin hojas, difuminando sus contornos con un tueste violeta, más pálido y más transparente que una gasa sutil, prendida de sus ramas. A lo lejos, caminaban unas reses, no se oían ni sus pasos, ni sus mugidos; y la campana, que seguía sonando, propagaba por los aires su lamento pacífico. |
À ce tintement répété, la pensée de la jeune femme s’égarait dans ses vieux souvenirs de jeunesse et de pension. Elle se rappela les grands chandeliers, qui dépassaient sur l’autel les vases pleins de fleurs et le tabernacle à colonnettes. Elle aurait voulu, comme autrefois, être encore confondue dans la longue ligne des voiles blancs, que marquaient de noir ça et là les capuchons raides des bonnes sœurs inclinées sur leur prie-Dieu ; le dimanche, à la messe, quand elle relevait sa tête, elle apercevait le doux visage de la Vierge parmi les tourbillons bleuâtres de l’encens qui montait. Alors un attendrissement la saisit ; elle se sentit molle et tout abandonnée, comme un duvet d’oiseau qui tournoie dans la tempête ; et ce fut sans en avoir conscience qu’elle s’achemina vers l’église, disposée à n’importe quelle dévotion, pourvu qu’elle y absorbât son âme et que l’existence entière y disparût. | Ante aquel tañido repetido, el pensamiento de la joven se perdía en sus viejos recuerdos de juventud y de internado. Recordó los grandes candelabros que se destacaban en el altar sobre los jarrones llenos de flores, y el sagrario de columnitas. Hubiera querido, como antaño, confundirse en la larga fila de velos blancos, que marcaban de negro acá y allá las tocas rígidas de las hermanitas inclinadas en sus reclintorios; los domingos, en la misa, cuando levantaba la cabeza, percibía el dulce rostro de la Virgen entre los remolinos azulados del incienso que subía. Entonces la sobrecogió un sentimiento de ternura; se sintió languidecer y completamente abandonada, como una pluma de ave que gira en la tormenta; a instintivamente se encaminó hacia la iglesia, dispuesta a cualquier devoción, con tal de entregarse a ella con toda el alma y de olvidarse por completo de su existencia. |
Elle rencontra, sur la place, Lestiboudois, qui s’en revenait ; car, pour ne pas rogner la journée, il préférait interrompre sa besogne puis la reprendre, si bien qu’il tintait l’Angelus selon sa commodité. D’ailleurs, la sonnerie, faite plus tôt, avertissait les gamins de l’heure du catéchisme. | Encontró en la plaza a Lestiboudis que volvía de la iglesia, pues, para no perder el tiempo, prefería interrumpir su tarea, después continuarla, de modo que tocaba al Ángelus cuando le convenía. Además, adelantando el toque, recordaba a los chiquillos la hora del catecismo. |
Déjà quelques-uns, qui se trouvaient arrivés, jouaient aux billes sur les dalles du cimetière. D’autres, à califourchon sur le mur, agitaient leurs jambes, en fauchant avec leurs sabots les grandes orties poussées entre la petite enceinte et les dernières tombes. C’était la seule place qui fût verte ; tout le reste n’était que pierres, et couvert continuellement d’une poudre fine, malgré le balai de la sacristie. | Algunos que ya habían llegado jugaban a las bolas sobre las losas del cementerio. Otros, a caballo sobre la tapia, movían sus piernas, segando con sus zuecos las grandes ortigas que crecían entre el pequeño recinto y las últimas tumbas. Era el único lugar verde; todo to demás no era más que piedras, y estaba siempre cubierto de un polvo fino, a pesar de la escoba de la sacristía. |
Les enfants en chaussons couraient là comme sur un parquet fait pour eux, et on entendait les éclats de leurs voix à travers le bourdonnement de la cloche. Il diminuait avec les oscillations de la grosse corde qui, tombant des hauteurs du clocher, traînait à terre par le bout. Des hirondelles passaient en poussant de petits cris, coupaient l’air au tranchant de leur vol, et rentraient vite dans leurs nids jaunes, sous les tuiles du larmier. Au fond de l’église, une lampe brûlait, c’est-à-dire une mèche de veilleuse dans un verre suspendu. Sa lumière, de loin, semblait une tache blanchâtre qui tremblait sur l’huile. Un long rayon de soleil traversait toute la nef et rendait plus sombres encore les bas-côtés et les angles. | Los niños en zapatillas corrían a11í como sobre un entarimado hecho para ellos, y se oían sus gritos a través del resonar de las campanas. Su eco disminuía con las oscilaciones de la gruesa cuerda que, cayendo de las alturas del campanario, arrastraba su punta por el suelo. Pasaban unas golondrinas dando pequeños gritos, cortando el aire con su vuelo, y volvían raudas a sus nidos amarillos bajo las tejas del alero. En el fondo de la iglesia ardía una lámpara, es decir, una mecha de mariposa en un vaso colgado. Su luz, de lejos, parecía una mancha blanquecina que temblaba en el aceite. Un largo rayo de sol atravesaba toda la nave y oscurecía más las naves laterales y los rincones. |
— Où est le curé ? demanda Mme Bovary à un jeune garçon qui s’amusait à secouer le tourniquet dans son trou trop lâche. | ¿:Dónde está el cura? preguntó Madame Bovary a un chiquillo que se entretenía en sacudir el torniquete de la puerta en su agujero demasiado holgado. |
— Il va venir, répondit-il. | Vendrá enseguida respondió. |
En effet, la porte du presbytère grinça, l’abbé Bournisien parut ; les enfants, pêle-mêle, s’enfuirent dans l’église. | En efecto, la puerta de la casa rectoral rechinó, apareció el padre Bournisien, los niños escaparon en pelotón a la iglesia. |
— Ces polissons-là ! murmura l’ecclésiastique, toujours les mêmes ! | ¡Esos granujas! murmuró el eclesiástico , siempre igual. |
Et, ramassant un catéchisme en lambeaux qu’il venait de heurter avec son pied : | Y recogiendo un catecismo todo hecho trizas que acababa de pisar: |
— Ça ne respecte rien ! | ¡Ésos no respetan nada! |
Mais, dès qu’il aperçut Mme Bovary : | Pero, tan pronto vio a Madame Bovary, dijo. |
— Excusez-moi, dit-il, je ne vous remettais pas. | Perdón, no la reconocía. |
Il fourra le catéchisme dans sa poche et s’arrêta, continuant à balancer entre deux doigts la lourde clef de la sacristie. | Metió el catecismo en el bolsillo y se paró mientras seguía moviendo entre dos dedos la pesada llave de la sacristía. |
La lueur du soleil couchant qui frappait, en plein son visage pâlissait le lasting de sa soutane, luisante sous les coudes, effiloquée par le bas. Des taches de graisse et de tabac suivaient sur sa poitrine large la ligne des petits boutons, et elles devenaient plus nombreuses en s’écartant de son rabat, où reposaient les plis abondants de sa peau rouge ; elle était semée de macules jaunes qui disparaissaient dans les poils rudes de sa barbe grisonnante. Il venait de dîner et respirait bruyamment. | El resplandor del sol poniente que le daba de lleno en la cara palidecía la tela de su sotana, brillante en los codos, deshilachada por abajo. Manchas de grasa y de tabaco seguían sobre su ancho pecho la línea de los pequeños botones, y aumentaban al alejarse de su alzacuello, en el que descansaban los pliegues abundantes de su piel roja; estaba salpicada de manchas amarillas que desaparecían entre los nudos de la barba entrecana. Acababa de cenar y respiraba ruidosamente. |
— Comment vous portez-vous ? ajouta-t-il. | ¿:Cómo está usted? le preguntó él. |
— Mal, répondit Emma ; je souffre. | Mal contesto Emma ; no me encuentro bien. |
— Eh bien, moi aussi, reprit l’ecclésiastique. Ces premières chaleurs, n’est-ce pas, vous amollissent étonnamment ? Enfin, que voulez-vous ! nous sommes nés pour souffrir, comme dit saint Paul. Mais, M. Bovary, qu’est-ce qu’il en pense ? | Bueno, yo tampoco replicó el eclesiástico . Estos primeros calores, ¿:verdad?, le dejan a uno aplanado de una manera extraña. ¿:En fin, qué quiere usted? Hemos nacido para sufrir, como dice San Pablo. Pero, ¿:qué piensa de esto el señor Bovary? |
— Lui ! fit-elle avec un geste de dédain. | ¡El! exclamó Emma con un gesto de desdén. |
— Quoi ! répliqua le bonhomme tout étonné, il ne vous ordonne pas quelque chose ? | ¡Cómo! replicó el buen hombre muy extrañado , ¿:no le receta algo? |
— Ah ! dit Emma, ce ne sont pas les remèdes de la terre qu’il me faudrait. | ¡Ah!, no son las medicinas de la tierra lo que necesitaría. |
Mais le curé, de temps à autre, regardait dans l’église, où tous les gamins agenouillés se poussaient de l’épaule, et tombaient comme des capucins de cartes. | Pero el cura, de vez en cuando, echaba una ojeada a la iglesia donde todos los chiquillos arrodillados se empujaban con el hombro y caían como castillos de naipes. |
— Je voudrais savoir…, reprit-elle. | Quisiera saber... continuó Emma. |
— Attends, attends, Riboudet, cria l’ecclésiastique d’une voix colère, je m’en vas aller te chauffer les oreilles, mauvais galopin ! | ¡Aguarda, aguarda, Riboudet gritó el eclesiástico con voz enfadada , te voy a calentar las orejas, tunante! |
Puis, se tournant vers Emma : | Después, volviéndose a Emma: |
— C’est le fils de Boudet le charpentier ; ses parents sont à leur aise et lui laissent faire ses fantaisies. Pourtant il apprendrait vite, s’il le voulait, car il est plein d’esprit. Et moi quelquefois, par plaisanterie, je l’appelle donc Riboudet (comme la côte que l’on prend pour aller à Maromme), et je dis même : mon Riboudet. Ah ! ah ! Mont-Riboudet ! L’autre jour, j’ai rapporté ce mot-là à Monseigneur, qui en a ri… il a daigné en rire. – Et M. Bovary, comment va-t-il ? | Es el hijo de Boudet, el encofrador; sus padres son acomodados y le consienten hacer sus caprichos. Sin embargo, aprendería pronto si quisiera, porque es muy inteligente. Y yo a veces, de broma, le llamo Riboudet, como la cuesta que se toma para ir a Maromme, a incluso le digo: mont Riboudet. ¡Ah! ¡Ah! ¡Mont Riboudet! El otro día le conté esto a monseñor, y se rió... se dignó reírse. Y el señor Bovary, ¿:cómo está? |
Elle semblait ne pas entendre. Il continua : | Ella parecía no oír. El cura continuó: |
— Toujours fort occupé, sans doute ? car nous sommes certainement, lui et moi, les deux personnes de la paroisse qui avons le plus à faire. Mais lui, il est le médecin des corps, ajouta-t-il avec un rire épais, et moi, je le suis des âmes ! | Sigue muy ocupado, sin duda. Porque él y yo somos ciertamente las dos personas de la parroquia que más trabajo tenemos. Pero él es el médico de los cuerpos, añadió con una risotada, y yo lo soy de las almas. |
Elle fixa sur le prêtre des yeux suppliants. | Sí... dijo , usted alivia todas las penas. |
— Oui…, dit-elle, vous soulagez toutes les misères. | ¡Ah, no me hable, Madame Bovary! |
— Ah ! ne m’en parlez pas, madame Bovary ! Ce matin même, il a fallu que j’aille dans le Bas-Diauville pour une vache qui avait l’enfle, ils croyaient que c’était un sort. Toutes leurs vaches, je ne sais comment… Mais, pardon ! Longuermarre et Boudet ! sac à papier ! voulez-vous bien finir ! | Esta misma mañana, tuve que it a Bas Dauville para una vaca que tenía la hinchazón; creían que era un maleficio. Todas sus vacas, no sé cómo... Pero, ¡perdón! ¡Longuemarre y Bondet!, ¡demonios! Haced el favor de terminar. ¿:Queréis estaros quietos de una vez? |
Et, d’un bond, il s’élança dans l’église. | Y, de un salto, se presentó en la iglesia. |
Les gamins, alors, se pressaient autour du grand pupitre, grimpaient sur le tabouret du chantre, ouvraient le missel ; et d’autres, à pas de loup, allaient se hasarder bientôt jusque dans le confessionnal. Mais le curé, soudain, distribua sur tous une grêle de soufflets. Les prenant par le collet de la veste, il les enlevait de terre et les reposait à deux genoux sur les pavés du chœur, fortement, comme s’il eût voulu les y planter. | Los chiquillos, entonces, se apretaban alrededor del gran atril, se subían al entarimado del chantre, abrían el misal; y otros, de puntillas iban a meterse en el confesonario. Pero el cura, de pronto, repartió entre todos una granizada de bofetadas. Agarrándolos por el cuello de la chaqueta, los levantaba del suelo y los volvía a poner de rodillas sobre el pavimento del coro, con fuerza, como si hubiera querido plantarlos a11í. |
— Allez, dit-il quand il fut revenu près d’Emma, et en déployant son large mouchoir d’indienne, dont il mit un angle entre ses dents, les cultivateurs sont bien à plaindre ! | Mire usted dijo volviendo junto a Emma, y desdoblando su gran pañuelo de algodón, una de cuyas puntas metió entre sus dientes , ¡los labradores son dignos de lástima! |
— Il y en a d’autres, répondit-elle. | Hay otros replicó ella. |
— Assurément ! les ouvriers des villes, par exemple. | Sin duda, los de las ciudades, por ejemplo. |
— Ce ne sont pas eux… | No son ellos... |
— Pardonnez-moi ! j’ai connu là de pauvres mères de famille, des femmes vertueuses, je vous assure, de véritables saintes, qui manquaient même de pain. | ¡Perdóneme!, he conocido a11í a pobres madres de familia, mujeres virtuosas, se lo aseguro, verdaderas santas, que ni siquiera tenían para pan. |
— Mais celles, reprit Emma (et les coins de sa bouche se tordaient en parlant), celles, monsieur le curé, qui ont du pain, et qui n’ont pas… | Pero, señor cura replicó Emma, retorciendo las comisuras de los labios al hablar , de las que tienen pan, y no tienen... |
— De feu l’hiver, dit le prêtre. | Para calentarse en invierno dijo el cura. |
— Eh ! qu’importe ? | ¡Bah!, ¿:qué importa eso? |
— Comment ! qu’importe ? Il me semble, à moi, que lorsqu’on est bien chauffé, bien nourri…, car enfin… | ¿:Cómo qué importa? A mí me parece que cuando se está bien caliente, bien alimentado, pues en fin... |
— Mon Dieu ! mon Dieu ! soupirait-elle. | ¡Dios mío! ¡Dios mío! suspiraba Emma. |
— Vous vous trouvez gênée ? fit-il, en s’avançant d’un air inquiet ; c’est la digestion, sans doute ? Il faut rentrer chez vous, madame Bovary, boire un peu de thé ; ça vous fortifiera, ou bien un verre d’eau fraîche avec de la cassonade. | ¿:Se encuentra mal¿: dijo el cura, adelantándose con aire preocupado ; ¿:la digestión, tal vez? Tiene que volver a casa, Madame Bovary, tomar un poco de té; eso la pondrá bien, o un vaso de agua fresca con azúcar terciado. |
— Pourquoi ? | ¿:Por qué? |
Et elle avait l’air de quelqu’un qui se réveille d’un songe. | Y Emma parecía que se despertaba de un sueño. |
— C’est que vous passiez la main sur votre front. J’ai cru qu’un étourdissement vous prenait. | Como se pasaba la mano por la frente, creí que le daba un mareo. |
Puis, se ravisant : | Luego cambiando de tema: |
— Mais vous me demandiez quelque chose ? Qu’est-ce donc ? Je ne sais plus. | Pero ¿:me preguntaba usted algo? ¿:Qué era? Ya no me acuerdo. |
— Moi ? Rien…, rien…, répétait Emma. | ¿:Yo? Nada..., nada... repetía Emma. |
Et son regard, qu’elle promenait autour d’elle, s’abaissa lentement sur le vieillard à soutane. Ils se considéraient tous les deux, face à face, sans parler. — Alors, madame Bovary, dit-il enfin, faites excuse, mais le devoir avant tout, vous savez ; il faut que j’expédie mes garnements. Voilà les premières communions qui vont venir. Nous serons encore surpris, j’en ai peur ! Aussi, à partir de l’Ascension, je les tiens recta tous les mercredis une heure de plus. Ces pauvres enfants ! on ne saurait les diriger trop tôt dans la voie du Seigneur, comme, du reste, il nous l’a recommandé lui-même par la bouche de son divin Fils… Bonne santé, madame ; mes respects à monsieur votre mari ! | Y su mirada, que dirigía a todo su alrededor, se paró lentamente en el anciano de sotana. Los dos se miraban, frente a frente, sin hablar. Entonces, Madame Bovary dijo por fin el cura , discúlpeme, pero ante todo, el deber, ya sabe usted; tengo que atender a mis granujillas. Ya se acercan las primeras comuniones. ¡Nos cogerán otra vez de sorpresa, me lo estoy temiendo! ¡Por eso, a partir de la Ascensión, los tengo aquí puntuales una hora más! ¡Pobres niños!, nunca sería demasiado pronto para llevarlos por el camino del Señor, como además nos lo recomendó El mismo por boca de su divino Hijo... Usted lo pase bien, señora; ¡saludos a su marido! |
Et il entra dans l’église, en faisant, dès la porte, une génuflexion. | Y entró en la iglesia, haciendo una genuflexión desde la puerta. |
Emma le vit qui disparaissait entre la double ligne des bancs, marchant à pas lourds, la tête un peu penchée sur l’épaule, et avec ses deux mains entrouvertes, qu’il portait en dehors. | Emma lo vio desaparecer entre la doble fila de bancos, con pesado andar, la cabeza un poco torcida, y con las dos grandes manos entreabiertas hacia afuera. |
Puis elle tourna sur ses talons, tout d’un bloc comme une statue sur un pivot, et prit le chemin de sa maison. Mais la grosse voix du curé, la voix claire des gamins arrivaient encore à son oreille et continuaient derrière elle : | Después, giró rápidamente sobre sus talones, rígido como una estatua sobre su soporte, y se encaminó hacia su casa. Pero le llegaban todavía al oído y le seguían la gruesa voz del cura y las claras voces de los chiquillos. |
— Êtes-vous chrétien ? | ¿:Sois cristianos? |
— Oui, je suis chrétien. | Sí, soy cristiano. |
— Qu’est-ce qu’un chrétien ? | ¿:Qué es un cristiano? |
— C’est celui qui, étant baptisé…, baptisé…, baptisé. | Es aquel que, estando bautizado..., bautizado..., bautizado. |
Elle monta les marches de son escalier en se tenant à la rampe, et, quand elle fut dans sa chambre, se laissa tomber dans un fauteuil. | Emma subió los peldaños de la escalera, y cuando llegó a su habitación, se dejó caer en un sillón. |
Le jour blanchâtre des carreaux s’abaissait doucement avec des ondulations. Les meubles à leur place semblaient devenus plus immobiles et se perdre dans l’ombre comme dans un océan ténébreux. La cheminée était éteinte, la pendule battait toujours, et Emma vaguement s’ébahissait à ce calme des choses, tandis qu’il y avait en elle-même tant de bouleversements. Mais, entre la fenêtre et la table à ouvrage, la petite Berthe était là, qui chancelait sur ses bottines de tricot, et essayait de se rapprocher de sa mère, pour lui saisir, par le bout, les rubans de son tablier. | La luz blanquecina de los cristales bajaba suavemente con ondulaciones. Los muebles en su sitio parecían haberse vuelto más inmóviles y perdidos en la sombra como en un océano tenebroso. La chimenea estaba , pagada, el péndulo seguía oscilando, y Emma se quedaba pasmada ante la calma de las cosas, mientras que dentro de ella se producían tantas conmociones. Pero entre la ventana y la mesa de labor estaba la pequeña Berta, tambaleándose sobre sus botines de punto y tratando de acercarse a su madre para cogerle las cintas de su delantal. |
— Laisse-moi ! dit celle-ci en l’écartant avec la main. | ¡Déjame! le dijo apartándola con la mano. |
La petite fille bientôt revint plus près encore contre ses genoux ; et, s’y appuyant des bras, elle levait vers elle son gros œil bleu, pendant qu’un filet de salive pure découlait de sa lèvre sur la soie du tablier. | La niña se acercó todavía más a sus rodillas y apoyando en ellas sus brazos, la miraba con sus grandes ojos azules mientras que un hilo de saliva pura caía de su labio sobre el delantal de seda. |
— Laisse-moi ! répéta la jeune femme tout irritée. | ¡Déjame! repitió Emma muy enfadada. |
Sa figure épouvanta l’enfant, qui se mit à crier. | Su cara asustó a la niña, que empezó a gritar. |
— Eh ! laisse-moi donc ! fit-elle en la repoussant du coude. | Bueno, ¡déjame ya! le dijo, empujándola con el codo. |
Berthe alla tomber au pied de la commode, contre la patère de cuivre ; elle s’y coupa la joue, le sang sortit. Mme Bovary se précipita pour la relever, cassa le cordon de la sonnette, appela la servante de toutes ses forces, et elle allait commencer à se maudire, lorsque Charles parut. C’était l’heure du dîner, il rentrait. | Berta fue a caer al pie de la cómoda contra la percha de cobre; se hizo un corte en la mejilla, y empezó a sangrar. Madame Bovary corrió a levantarla, rompió el cordón de la campana, llamó a la criada con todas sus fuerzas, a iba a empezar a maldecirse cuando apareció Carlos. Era la hora de la cena, él regresaba. |
— Regarde donc, cher ami, lui dit Emma d’une voix tranquille : voilà la petite qui, en jouant, vient de se blesser par terre. | Mira, querido le dijo Emma con voz tranquila : ahí tienes a la niña que, jugando, acaba de lastimarse en el suelo. |
Charles la rassura, le cas n’était point grave, et il alla chercher du diachylum. | Carlos la tranquilizó, la cosa no era grave, y fue a buscar diaquilón. |
Mme Bovary ne descendit pas dans la salle ; elle voulut demeurer seule à garder son enfant. Alors, en la contemplant dormir, ce qu’elle conservait d’inquiétude se dissipa par degrés, et elle se parut à elle-même bien sotte et bien bonne de s’être troublée tout à l’heure pour si peu de chose. Berthe, en effet, ne sanglotait plus. Sa respiration, maintenant, soulevait insensiblement la couverture de coton. De grosses larmes s’arrêtaient au coin de ses paupières à demi closes, qui laissaient voir entre les cils deux prunelles pâles, enfoncées ; le sparadrap, collé sur sa joue, en tirait obliquement la peau tendue. | Madame Bovary no bajó al comedor; quiso quedarse sola cuidando a su hija. Entonces, mirando cómo dormía, la preocupación que le quedaba fue poco a poco desapareciendo, y le pareció que era muy tonta y muy buena por haberse alterado hacía poco, por tan poca cosa. En efecto, Berta ya no sollozaba. Su respiración ahora levantaba insensiblemente la colcha de algodón. Unos lagrimones quedaban en los bordes de sus párpados entreabiertos, que dejaban ver entre las pestañas dos pupilas pálidas, hundidas; el esparadrapo, pegado en su mejilla, estiraba oblicuamente su piel tensa. |
— C’est une chose étrange, pensait Emma, comme cette enfant est laide ! | ¡Es una cosa extraña! pensaba Emma , ¡qué fea es esta niña! |
Quand Charles, à onze heures du soir, revint de la pharmacie (où il avait été remettre, après le dîner, ce qui lui restait du diachylum), il trouva sa femme debout auprès du berceau. | Cuando Carlos, a las once de la noche, volvió de la farmacia adonde había ido después de la cena, para devolver lo que sobraba del diaquilón, encontró a su mujer de pie al lado de la cuna. |
— Puisque je t’assure que ce ne sera rien, dit-il en la baisant au front ; ne te tourmente pas, pauvre chérie, tu te rendras malade ! | Te digo que esto no es nada le dijo besándola en la frente ; ¡no te preocupes, querida, te pondrás enferma! |
Il était resté longtemps chez l’apothicaire. Bien qu’il ne s’y fût pas montré fort ému, M. Homais, néanmoins, s’était efforcé de le raffermir, de lui remonter le moral. Alors on avait causé des dangers divers qui menaçaient l’enfance et de l’étourderie des domestiques. Mme Homais en savait quelque chose, ayant encore sur la poitrine les marques d’une écuellée de braise qu’une cuisinière, autrefois, avait laissée tomber dans son sarrau. Aussi ces bons parents prenaient-ils quantité de précautions. Les couteaux jamais n’étaient affilés, ni les appartements cirés. Il y avait aux fenêtres des grilles en fer et aux chambranles de fortes barres. Les petits Homais, malgré leur indépendance, ne pouvaient remuer sans un surveillant derrière eux ; au moindre rhume, leur père les bourrait de pectoraux, et jusqu’à plus de quatre ans ils portaient tous, impitoyablement, des bourrelets matelassés. C’était, il est vrai, une manie de Mme Homais ; son époux en était intérieurement affligé, redoutant pour les organes de l’intellect les résultats possibles d’une pareille compression, et il s’échappait jusqu’à lui dire : | Se había quedadó mucho tiempo en la botica. Aunque no se hubiese mostrado muy afectado, el señor Homais, sin embargo, se había esforzado en darle ánimos y subirle la moral. Hablaron entonces de los peligros diversos que amenazaban a la infancia y del descuido de las criadas. La señora Homais sabía algo de eso, pues aún conservaba sobre el pecho las huellas de una escudilla de brasas que una cocinera hacía tiempo le había dejado caer sobre la blusa. Por eso, estos buenos padres tomaban tantas precauciones. Los cuchillos nunca estaban afilados ni los pisos encerados. En las ventanas había rejas de hierro y en los marcos, fuertes barras. Los pequeños Homais, a pesar de su independencia, no podían moverse sin un vigilante detrás de ellos; al menor catarro, su padre les atiborraba de jarabes, y hasta que tenían más de cuatro años llevaban todos inexorablemente unas chichoneras acolchadas. Era, es cierto, una manía de la señora Homais; su esposo estaba interiormente preocupado por esto, temiendo los efectos que semejante opresión podría tener sobre los órganos del intelecto, y llegó a decirle: |
— Tu prétends donc en faire des Caraïbes ou des Botocudos ? | ¿:Pretendes hacer de ellos unos Caribes o unos Bocotudos? |
Charles, cependant, avait essayé plusieurs fois d’interrompre la conversation. | Carlos, por su parte, había intentado varias veces interrumpir la conversación. |
— J’aurais à vous entretenir, avait-il soufflé bas à l’oreille du clerc, qui se mit à marcher devant lui dans l’escalier. | Tengo que hablar con usted le dijo al oído al pasante, que empezó a caminar delante de él por la escalera. |
— Se douterait-il de quelque chose ? se demandait Léon. Il avait des battements de cœur et se perdait en conjectures. | ¿:Se sospechará algo? se preguntaba León. El corazón le latía apresuradamente y se perdía en conjeturas. |
Enfin Charles, ayant fermé la porte, le pria de voir lui-même à Rouen quels pouvaient être les prix d’un beau daguerréotype ; c’était une surprise sentimentale qu’il réservait à sa femme, une attention fine, son portrait en habit noir. Mais il voulait auparavant savoir à quoi s’en tenir ; ces démarches ne devaient pas embarrasser M. Léon, puisqu’il allait à la ville toutes les semaines, à peu près. | Por fin, Carlos, habiendo cerrado la puerta, le rogó que se enterase en Rouen de lo que podía costar un buen daguerrotipo(1); era una sorpresa sentimental que reservaba a su mujer, una atención fina, su retrato en traje negro. Pero antes quería saber a qué atenerse; estas gestiones no debían de molestar a León, puesto que iba a la ciudad casi todas las semanas. |
Dans quel but ? Homais soupçonnait là-dessous quelque histoire de jeune homme, une intrigue. Mais il se trompait ; Léon ne poursuivait aucune amourette. Plus que jamais il était triste, et Mme Lefrançois s’en apercevait bien à la quantité de nourriture qu’il laissait maintenant sur son assiette. Pour en savoir plus long, elle interrogea le percepteur ; Binet répliqua, d’un ton rogue, qu’il n’était point payé par la police. | ¿:A qué iba? Homais sospechaba a este propósito alguna aventura de joven, una intriga. Pero se equivocaba; León no buscaba ningún amorío. Estaba más triste que nunca, y la señora Lefrancois se daba bien cuenta de ello por la cantidad de comida que ahora dejaba en el plato. Para saber algo más, preguntó al recaudador; Binet contestó en tono altanero, que él no estaba pagado por la policía. |
Son camarade, toutefois, lui paraissait fort singulier ; car souvent Léon se renversait sur sa chaise en écartant les bras, et se plaignait vaguement de l’existence. | Su compañero, sin embargo, le parecía muy raro, pues a menudo León se tumbaba en su silla abriendo los brazos, y se quejaba vagamente de la existencia. |
— C’est que vous ne prenez point assez de distractions, disait le percepteur. | Es que usted no se distrae suficientemente decía el recaudador. |
— Lesquelles ? | ¿:Y cómo? |
— Moi, à votre place, j’aurais un tour ! | Yo, en su lugar, tendría un torno. |
— Mais je ne sais pas tourner, répondait le clerc. | Pero yo no sé tornear respondía el pasante. |
— Oh ! c’est vrai ! faisait l’autre en caressant sa mâchoire, avec un air de dédain mêlé de satisfaction. | ¡Oh!, ¡es cierto! decía el otro acariciando la mandíbula, con un aire de desdén mezclado de satisfacción. |
Léon était las d’aimer sans résultat ; puis il commençait à sentir cet accablement que vous cause la répétition de la même vie, lorsque aucun intérêt ne la dirige et qu’aucune espérance ne la soutient. Il était si ennuyé d’Yonville et des Yonvillais, que la vue de certaines gens, de certaines maisons l’irritait à n’y pouvoir tenir ; et le pharmacien, tout bonhomme qu’il était, lui devenait complètement insupportable. Cependant, la perspective d’une situation nouvelle l’effrayait autant qu’elle le séduisait. | León estaba cansado de amar sin resultado; después comenzaba a sentir ese agobio que causa la repetición de la misma vida, cuando ningún interés la dirige ni la sostiene ninguna esperanza. Estaba tan harto de Yonville y de sus habitantes, que ver a cierta gente, ciertas casas, le irritaba hasta más no poder; y el farmacéutico, con lo buena persona que era, se le hacía totalmente insoportable. Sin embargo, la perspectiva de una situación nueva le asustaba tanto como le seducía. |
Cette appréhension se tourna vite en impatience, et Paris alors agita pour lui, dans le lointain, la fanfare de ses bals masqués avec le rire de ses grisettes. Puisqu’il devait y terminer son droit, pourquoi ne partait-il pas ? qui l’empêchait ? Et il se mit à faire des préparatifs intérieurs : il arrangea d’avance ses occupations. Il se meubla, dans sa tête, un appartement. Il y mènerait une vie d’artiste ! Il y prendrait des leçons de guitare ! Il aurait une robe de chambre, un béret basque, des pantoufles de velours bleu ! Et même il admirait déjà sur sa cheminée deux fleurets en sautoir, avec une tête de mort et la guitare au-dessus. | Esta aprensión se convirtió pronto en impaciencia, y París entonces agitó para él, en la lejanía, la fanfarria de sus bailes de máscaras con la risa de sus modistillas. Puesto que debía terminar sus estudios de Derecho, ¿:por qué no se iba?, ¿:quién se lo impedía? Empezó a hacer mentalmente los preparativos: dispuso de antemano sus ocupaciones. Se amuebló, en su cabeza, un piso. Allí llevaría una vida de artista. ¡Tomaría lecciones de guitarra! ¡Tendría una bata de casa, una boina vasca, zapatillas de terciopelo azul! E incluso contemplaba en su chimenea dos floretes en forma de aspa, con calavera y la guitarra por encima. |
La chose difficile était le consentement de sa mère ; rien pourtant ne paraissait plus raisonnable. Son patron même l’engageait à visiter une autre étude, où il pût se développer davantage. Prenant donc un parti moyen, Léon chercha quelque place de second clerc à Rouen, n’en trouva pas, et écrivit enfin à sa mère une longue lettre détaillée, où il exposait les raisons d’aller habiter Paris immédiatement. Elle y consentit. | Lo difícil era el consentimiento de su madre; sin embargo, nada parecía más razonable. Su mismo patrón le aconsejaba visitar otro estudio de notario donde pudiese completar su formación. Tomando, pues, una decisión intermedia, León buscó un empleo de oficial segundo en Rouen, pero no lo encontró, y por fin escribió a su madre una larga carta detallada, en la que le exponía las razones de ir a vivir a París inmediatamente. Ella dio su consentimiento. |
Il ne se hâta point. Chaque jour, durant tout un mois, Hivert transporta pour lui d’Yonville à Rouen, de Rouen à Yonville, des coffres, des valises, des paquets ; et, quand Léon eut remonté sa garde-robe, fait rembourrer ses trois fauteuils, acheté une provision de foulards, pris en un mot plus de dispositions que pour un voyage autour du monde, il s’ajourna de semaine en semaine, jusqu’à ce qu’il reçût une seconde lettre maternelle où on le pressait de partir, puisqu’il désirait, avant les vacances passer son examen. | León no se dio prisa. Cada día, durance todo un mes, Hivert le transportó de Yonville a Rouen, de Rouen a Yonville, baúles, maletas, paquetes; y, cuando León hubo repuesto su guardarropa, rellenado sus tres butacas, comprado una provisión de pañuelos de cuello, en una palabra, hecho más preparativos que para un viaje alrededor del mundo, fue aplazándolo de una semana para otra, hasta que recibió una segunda carta de su madre en la que le daba prisa para marchar, puesto que él deseaba pasar su examen antes de las vacaciones. |
Lorsque le moment fut venu des embrassades, Mme Homais pleura ; Justin sanglotait ; Homais, en homme fort, dissimula son émotion ; il voulut lui-même porter le paletot de son ami jusqu’à la grille du notaire, qui emmenait Léon à Rouen dans sa voiture. Ce dernier avait juste le temps de faire ses adieux à M. Bovary. | Cuando llegó el momento de las despedidas, la señora Homais lloró; Justino sollozaba; Homais, como hombre fuerte, disimuló su emoción, quiso él mismo llevar el abrigo de su amigo hasta la verja del notario, quien llevaba a León a Rouen en su coche. Éste último tenía el tiempo justo de decir adiós al señor Bovary. |
Quand il fut au haut de l’escalier, il s’arrêta, tant il se sentait hors d’haleine. À son entrée, Mme Bovary se leva vivement. | Cuando llegó a lo alto de la escalera, se paró porque le faltaba el aliento. Al verle entrar, Madame Bovary se levantó con presteza. |
— C’est encore moi ! dit Léon. | ¡Soy yo otra vez! dijo León. |
— J’en étais sûre ! | ¡Estaba segura! |
Elle se mordit les lèvres, et un flot de sang lui courut sous la peau, qui se colora tout en rose, depuis la racine des cheveux jusqu’au bord de sa collerette. Elle restait debout, s’appuyant de l’épaule contre la boiserie. | Emma se mordió los labios, y una oleada de sangre le corrió bajo la piel, que se volvió completamente sonrosada, desde la raíz de los cabellos hasta el borde de su cuello de encaje. Permanecía de pie, apoyando el hombro en el zócalo de madera. |
— Monsieur n’est donc pas là ? reprit-il. | ¿:No está el señor? dijo él. |
— Il est absent. | Está ausente. |
Elle répéta : — Il est absent. | Está ausente repitió. |
Alors il y eut un silence. Ils se regardèrent ; et leurs pensées, confondues dans la même angoisse, s’étreignaient étroitement, comme deux poitrines palpitantes. | Entonces hubo un silencio. Se miraron; y sus pensamientos, confundidos en la misma angustia, se apretaban estrechamente, como dos pechos palpitantes. |
— Je voudrais bien embrasser Berthe, dit Léon. | Me gustaría besar a Berta dijo León. |
Emma descendit quelques marches, et elle appela Félicité. | Emma bajó algunos escalones y llamó a Felicidad. |
Il jeta vite autour de lui un large coup d’œil qui s’étala sur les murs, les étagères, la cheminée, comme pour pénétrer tout, emporter tout. | Él echó rápidamente una amplia ojeada a su alrededor, que se extendió a las paredes, a las estanterías, a la chimenea, como para penetrarlo todo, llevarlo todo. |
Mais elle rentra, et la servante amena Berthe, qui secouait au bout d’une ficelle un moulin à vent la tête en bas. | Pero ella volvió, y la criada trajo a Berta, que agitaba un molinillo de viento atado a un hilo, con la cabeza abajo. |
Léon la baisa sur le cou à plusieurs reprises. | León la besó en el cuello varias veces. |
— Adieu, pauvre enfant ! adieu, chère petite, adieu ! Et il la remit à sa mère. | ¡Adiós!, ¡pobre niña!, ¡adiós, nuerida pequeña, adiós! |
— Emmenez-la, dit celle-ci. | Y se la devolvió a su madre. |
Ils restèrent seuls. | Llévesela dijo ésta. |
Mme Bovary, le dos tourné, avait la figure posée contre un carreau ; Léon tenait sa casquette à la main et la battait doucement le long de sa cuisse. | Se quedaron solos, Madame Bovary, de espaldas, con la cara pegada a un cristal de la ventana; León tenía su gorra en la mano y la golpeaba suavemente a lo largo de su muslo. |
— Il va pleuvoir, dit Emma. | Va a llover dijo Emma. |
— J’ai un manteau, répondit-il. — Ah ! | ¡Ah!, tengo un abrigo dijo él. |
Elle se détourna, le menton baissé et le front en avant. La lumière y glissait comme sur un marbre, jusqu’à la courbe des sourcils, sans que l’on pût savoir ce qu’Emma regardait à l’horizon ni ce qu’elle pensait au fond d’elle-même. | Ella se volvió, barbilla baja y la frente hacia adelante. La luz le resbalaba como sobre un mármol, hasta la curva de las cejas, sin que se pudiese saber to que miraba. Emma miraba en el horizonte sin saber lo que pensaba en el fondo de sí misma. |
— Allons, adieu ! soupira-t-il. | ¡Adiós! suspiró él. |
Elle releva sa tête d’un mouvement brusque : | Emma levantó la cabeza con un movimiento brusco: |
— Oui, adieu…, partez ! | Sí, adiós..., ¡márchese! |
Ils s’avancèrent l’un vers l’autre ; il tendit la main, elle hésita. | Se adelantaron el uno hacia el otro; él tendió la mano, ella vaciló. |
— À l’anglaise donc, fit-elle abandonnant la sienne tout en s’efforçant de rire. | A la inglesa, pues dijo Emma ábandonando la suya, y esforzándose por reír. |
Léon la sentit entre ses doigts, et la substance même de tout son être lui semblait descendre dans cette paume humide. | León la sintió entre sus dedos, y la sustancia misma de todo su ser le parecía concentrarse en aquella palma de la mano húmeda. |
Puis il ouvrit la main ; leurs yeux se rencontrèrent encore, et il disparut. | Después abrió la mano; sus miradas volvieron a encontrarse, y desapareció. |
Quand il fut sous les halles, il s’arrêta, et il se cacha derrière un pilier, afin de contempler une dernière fois cette maison blanche avec ses quatre jalousies vertes. Il crut voir une ombre derrière la fenêtre, dans la chambre ; mais le rideau, se décrochant de la patère comme si personne n’y touchait, remua lentement ses longs plis obliques, qui d’un seul bond s’étalèrent tous, et il resta droit, plus immobile qu’un mur de plâtre. Léon se mit à courir. | Cuando llegó a la plaza del mercado, se detuvo, y se escondió detrás de un pilar, a fin de contemplar por última vez aquella casa blanca con sus cuatro celosías verdes. Creyó ver una sombra detrás de la ventana, en la habitación; pero la cortina, separándose del alzapaño como si nadie la tocara, movió lentamente sus largos pliegues oblicuos, que de un solo salto, se extendieron todos y quedó recta, más inmóvil que una pared de yeso. León echó a correr. |
Il aperçut de loin, sur la route, le cabriolet de son patron, et à côté un homme en serpillière qui tenait le cheval. Homais et M. Guillaumin causaient ensemble. On l’attendait. | Percibió de lejos, en la carretera, el cabriolé de su patrón y, al lado, a un hombre con delantal que sostenía el caballo. Homais y el señor Guillaumin charlaban entre sí. |
— Embrassez-moi, dit l’apothicaire les larmes aux yeux. Voilà votre paletot, mon bon ami ; prenez garde au froid ! Soignez-vous ! ménagez-vous ! | Abráceme dijo el boticario con lágrimas en los ojos . Tome su abrigo, mi buen amigo; tenga cuidado con el frío. ¡Cuídese, mire por su salud! |
— Allons, Léon, en voiture ! dit le notaire. | ¡Vamos, León, al coche! dijo el notario. |
Homais se pencha sur le garde-crotte, et d’une voix entrecoupée par les sanglots, laissa tomber ces deux mots tristes : | Homais se inclinó sobre el guardabarros y con una voz entrecortada por los sollozos, dejó caer estas dos palabras tristes: |
— Bon voyage ! | ¡Buen viaje! |
— Bonsoir, répondit M. Guillaumin. Lâchez tout ! Ils partirent, et Homais s’en retourna. | Buenas tardes, respondió el señor Guillaumin. ¡Afloje las riendas! Arrancaron y Homais se volvió. |
Mme Bovary avait ouvert sa fenêtre sur le jardin, et elle regardait les nuages. | Madame Bovary había abierto la ventana que daba al jardín, y miraba las nubes. |
Ils s’amoncelaient au couchant du côté de Rouen, et roulaient vite leurs volutes noires, d’où dépassaient par derrière les grandes lignes du soleil, comme les flèches d’or d’un trophée suspendu, tandis que le reste du ciel vide avait la blancheur d’une porcelaine. Mais une rafale de vent fit se courber les peupliers, et tout à coup la pluie tomba ; elle crépitait sur les feuilles vertes. Puis le soleil reparut, les poules chantèrent, des moineaux battaient des ailes dans les buissons humides, et les flaques d’eau sur le sable emportaient en s’écoulant les fleurs roses d’un acacia. | Se amontonaban al poniente del lado de Rouen, y rodaban rápidas sus voluras negras, de las que se destacaban por detrás las grandes líneas del sol como las flechas de oro de un trofeo suspendido, mientras que el resto del cielo vacío tenía la blancura de una porcelana. Pero una ráfaga de viento hizo doblegarse a los álamos, y de pronto empezó a llover; las gotas crepitaban sobre las hojas verdes. Después, reapareció el sol, cantaron las gallinas, los gorriones batían sus alas en los matorrales húmedos y los charcos de agua sobre la arena arrastraban en su curso las flores rosa de ,una acacia. |
— Ah ! qu’il doit être loin déjà ! pensa-t-elle. | ¡Ah!, ¡qué lejos debe estar ya! pensó ella. |
M. Homais, comme de coutume, vint à six heures et demie, pendant le dîner. | El señor Homais, como de costumbre, vino a las seis y media, durante la cena. |
— Eh bien, dit-il en s’asseyant, nous avons donc tantôt embarqué notre jeune homme ? | Bueno dijo sentándose , ¿:así es que acabamos de embarcar a nuestro joven? |
— Il paraît ! répondit le médecin. | ¡Eso parece! respondió el médico. |
Puis, se tournant sur sa chaise : | Después, volviéndose en su silla: |
— Et quoi de neuf chez vous ? | ¿:Y qué hay de nuevo por su casa? |
— Pas grand-chose. Ma femme, seulement, a été, cette après-midi, un peu émue. Vous savez, les femmes, un rien les trouble ! la mienne surtout ! Et l’on aurait tort de se révolter là contre, puisque leur organisation nerveuse est beaucoup plus malléable que la nôtre. | Poca cosa. Unicamente que mi mujer esta tarde ha estado un poco emocionada. Ya sabe, a las mujeres cualquier cosa les impresiona, ¡y a la mía sobre todo!, y no deberíamos ir en contra de ello, ya que su organización nerviosa es mucho más maleable que la nuestra. |
— Ce pauvre Léon ! disait Charles, comment va-t-il vivre à Paris ?… S’y accoutumera-t-il ? | ¡Ese pobre León! decía Carlos . ¿:Cómo va a vivir a París? ¿:Se acostumbrará a11í? |
Mme Bovary soupira. | Madame Bovary suspiró. |
— Allons donc ! dit le pharmacien en claquant de la langue, les parties fines chez le traiteur ! les bals masqués ! le champagne ! tout cela va rouler, je vous assure. | Ya lo creo dijo el farmacéutico, chasqueando la lengua , los platos finos en los restaurantes, los bailes de máscaras, el champán, todo eso va a rodar, se lo aseguro. |
— Je ne crois pas qu’il se dérange, objecta Bovary. | No creo que se eche a perder objetó Bovary. |
— Ni moi ! reprit vivement M. Homais, quoiqu’il lui faudra pourtant suivre les autres, au risque de passer pour un jésuite. Et vous ne savez pas la vie que mènent ces farceurs-là, dans le quartier Latin, avec les actrices ! Du reste, les étudiants sont fort bien vus à Paris. Pour peu qu’ils aient quelque talent d’agrément, on les reçoit dans les meilleures sociétés, et il y a même des dames du faubourg Saint-Germain qui en deviennent amoureuses, ce qui leur fournit, par la suite, les occasions de faire de très beaux mariages. | ¡Ni yo! replicó vivamcnte el señor Homais , aunque tendrá, no obstante, que alternar con los demás, si no quiere pasar por un jesuita; y no sabe usted la vida que llevan aquellos juerguistas en el barrio latino con las actrices. Por lo demás, los estudiantes están muy bien vistos en París. Por poco simpáticos que sean, los reciben en los círculos a incluso hay señoras del Faubourg Saint Germain que se enamoran de ellos, lo cual les proporciona luego ocasiones de hacer muy buenas bodas. |
— Mais, dit le médecin, j’ai peur pour lui que… là-bas… | Pero dijo el médico , temo que él... allá... |
— Vous avez raison, interrompit l’apothicaire, c’est le revers de la médaille ! et l’on y est obligé continuellement d’avoir la main posée sur son gousset. Ainsi, vous êtes dans un jardin public, je suppose ; un quidam se présente, bien mis, décoré même, et qu’on prendrait pour un diplomate ; il vous aborde ; vous causez ; il s’insinue, vous offre une prise ou vous ramasse votre chapeau. Puis on se lie davantage ; il vous mène au café, vous invite à venir dans sa maison de campagne, vous fait faire, entre deux vins, toutes sortes de connaissances, et, les trois quarts du temps ce n’est que pour flibuster votre bourse ou vous entraîner en des démarches pernicieuses. | Tiene usted razón interrumpió el boticario ; es el reverso de la medalla y es preciso tener continuamente la mano puesta sobre la cartera. Así, por ejemplo, está usted en un jardín público, supongamos que se le presenta un individuo, bien puesto, incluso condecorado, a quien podría tomar por un diplomático; le aborda; empiezan a hablar; se le insinúa, le invita a una toma de rapé o le recoge su sombrero. Luego intiman más, le lleva al café, le invita a su casa de campo, entre dos copas le presenta a toda clase de conocidos, y las tres cuartas partes de las veces no es más que para robarle su bolsa o para llevarle por malos pasos. |
— C’est vrai, répondit Charles ; mais je pensais surtout aux maladies, à la fièvre typhoïde, par exemple, qui attaque les étudiants de la province. | Es cierto respondió Carlos ; pero yo pensaba sobre todo en las enfermedades, en la fiebre tifoidea, por ejemplo, que ataca a los estudiantes de provincias. |
Emma tressaillit. | Emma se estremeció. |
— À cause du changement de régime, continua le pharmacien, et de la perturbation qui en résulte dans l’économie générale. Et puis, l’eau de Paris, voyez-vous ! les mets de restaurateurs, toutes ces nourritures épicées finissent par vous échauffer le sang et ne valent pas, quoi qu’on en dise, un bon pot-au-feu. J’ai toujours, quant à moi, préféré la cuisine bourgeoise, c’est plus sain ! Aussi, lorsque j’étudiais à Rouen la pharmacie, je m’étais mis en pension dans une pension ; je mangeais avec les professeurs. | A causa del cambio de régimen de vida continuó el farmacéutico , y del trastorno resultante en la economía general. Y además, el agua de París, ¿:cómprende usted?, las comidas de los restaurantes, todos esos alimentos condimentados acaban por calentar la sangre y no valen, digan lo que digan, un buen puchero. Por mi parte, siempre he preferido la cocina casera: ¡es más sana! Por eso, cuando estudiaba farmacia en Rouen, vivía en una pensión; comía con los profesores. |
Et il continua donc à exposer ses opinions générales et ses sympathies personnelles, jusqu’au moment où Justin vint le chercher pour un lait de poule qu’il fallait faire. | Y continuó exponiendo sus opiniones generales y sus simpatías personales, hasta el momento en que Justino vino a buscarlo para una yema mejida que había que preparar. |
— Pas un instant de répit ! s’écria-t-il, toujours à la chaîne ! Je ne peux sortir une minute ! Il faut, comme un cheval de labour, être à suer sang et eau ! Quel collier de misère ! | ¡Ni un instante de descanso! exclamó , siempre en el tajo. ¡No puedo salir un minuto! ¡Como un caballo de tiro, hay que sudar tinta! ¡Qué calvario! |
Puis, quand il fut sur la porte : | Después, ya en el umbral, dijo: |
— À propos, dit-il, savez-vous la nouvelle ? | A propósito, ¿:saben la noticia? |
— Quoi donc ? | ¿:Qué noticia? |
— C’est qu’il est fort probable, reprit Homais en dressant ses sourcils et en prenant une figure des plus sérieuses, que les comices agricoles de la Seine-Inférieure se tiendront cette année à Yonville-l’Abbaye. Le bruit, du moins, en circule. Ce matin, le journal en touchait quelque chose. Ce serait pour notre arrondissement de la dernière importance ! Mais nous en causerons plus tard. J’y vois, je vous remercie ; Justin a la lanterne. | Que es muy probable replicó Homais levantando sus cejas y adoptando un tono muy serio , que la exposición agrícola del Sena Inferior se celebre este año en Yonville l′Abbaye. Al menos circula el rumor. Esta mañana el periódico insinuaba algo de esto. Sería muy importante para nuestro distrito. Pero ya hablaremos de esto. Muchas gracias, ya veo; Justino tiene el farol. |
II - VII | II- CAPÍTULO VII |
Le lendemain fut, pour Emma, une journée funèbre. Tout lui parut enveloppé par une atmosphère noire qui flottait confusément sur l’extérieur des choses, et le chagrin s’engouffrait dans son âme avec des hurlements doux, comme fait le vent d’hiver dans les châteaux abandonnés. C’était cette rêverie que l’on a sur ce qui ne reviendra plus, la lassitude qui vous prend après chaque fait accompli, cette douleur enfin que vous apportent l’interruption de tout mouvement accoutumé, la cessation brusque d’une vibration prolongée. | El día siguiente fue para Emma un día fúnebre. Todo le pareció envuelto en una atmósfera negra que flotaba confusamente sobre el exterior de las cosas, y la pena se hundía en su alma con aullidos suaves, como hace el viento en los castillos abandonados. Era ese ensueño que nos hacemos sobre lo que ya no volverá, el cansancio que nos invade después de cada tarea realizada, ese dolor, en fin, que nos causa la interrupción de todo movimiento habitual, el cese brusco de una vibración prolongada. |
Comme au retour de la Vaubyessard, quand les quadrilles tourbillonnaient dans sa tête, elle avait une mélancolie morne, un désespoir engourdi. Léon réapparaissait plus grand, plus beau, plus suave, plus vague ; quoiqu’il fût séparé d’elle, il ne l’avait pas quittée, il était là, et les murailles de la maison semblaient garder son ombre. Elle ne pouvait détacher sa vue de ce tapis où il avait marché, de ces meubles vides où il s’était assis. La rivière coulait toujours, et poussait lentement ses petits flots le long de la berge glissante. Ils s’y étaient promenés bien des fois, à ce même murmure des ondes, sur les cailloux couverts de mousse. Quels bons soleils ils avaient eus ! quelles bonnes après-midi, seuls, à l’ombre, dans le fond du jardin ! Il lisait tout haut, tête nue, posé sur un tabouret de bâtons secs ; le vent frais de la prairie faisait trembler les pages du livre et les capucines de la tonnelle… Ah ! il était parti, le seul charme de sa vie, le seul espoir possible d’une félicité ! Comment n’avait-elle pas saisi ce bonheur-là, quand il se présentait ! Pourquoi ne l’avoir pas retenu à deux mains, à deux genoux, quand il voulait s’enfuir ? Et elle se maudit de n’avoir pas aimé Léon ; elle eut soif de ses lèvres. L’envie la prit de courir le rejoindre, de se jeter dans ses bras, de lui dire : « C’est moi, je suis à toi ! » Mais Emma s’embarrassait d’avance aux difficultés de l’entreprise, et ses désirs, s’augmentant d’un regret, n’en devenaient que plus actifs. | Como al regreso de la Vaubyessard, cuando las contradanzas le daban vueltas en la cabeza, tenía una melancolía taciturna, una desesperación adormecida. León se le volvía a aparecer más alto, más guapo, más suave, más difuso; aunque estuviese separado de ella, no la había abandonado, estaba a11í, y las paredes de la casa parecían su sombra. Emma no podía apartar su vista de aquella alfombra que él había pisado, de aquellos muebles vacíos donde se había sentado. El río seguía corriendo y hacía avanzar lentamente sus pequeñas olas a lo largo de la ribera resbaladiza. Por ella se habían paseado muchas veces, con aquel mismo murmullo del agua, sobre las piedras cubiertas de musgo. ¡Qué buenas jornadas de sol habían tenido!, ¡qué tardes más buenas, solos, a la sombra, al fondo del jardín! El leía en voz alta, descubierto, sentado en un taburete de palos secos; el viento fresco de la pradera hacía temblar las páginas del libro y las capuchinas del cenador... ¡Ah!, ¡se había ido el único encanto de su vida, la única esperanza posible de una felicidad! ¿:Cómo no se había apoderado de aquella ventura cuando se le presentó? ¿:Por qué no lo había retenido con las dos manos, con las dos rodillas, cuando quería escaparse? Y se maldijo por no haber amado a León; tuvo sed de sus labios. Le entraron ganas de correr a unirse con él, de echarse en sus brazos, de decirle: «¡Soy yo, soy tuya!» Pero las dificultades de la empresa la contenían, y sus deseos, aumentados con el disgusto, no hacían sino avivarse más. |
Dès lors, ce souvenir de Léon fut comme le centre de son ennui ; il y pétillait plus fort que, dans un steppe de Russie, un feu de voyageurs abandonné sur la neige. Elle se précipitait vers lui, elle se blottissait contre, elle remuait délicatement ce foyer près de s’éteindre, elle allait cherchant tout autour d’elle ce qui pouvait l’aviver davantage ; et les réminiscences les plus lointaines comme les plus immédiates occasions, ce qu’elle éprouvait avec ce qu’elle imaginait, ses envies de volupté qui se dispersaient, ses projets de bonheur qui craquaient au vent comme des branchages morts, sa vertu stérile, ses espérances tombées, la litière domestique, elle ramassait tout, prenait tout, et faisait servir tout à réchauffer sa tristesse. | Desde entonces aquel recuerdo de León fue como el centro de su hastío; chisporroteaba en él con más fuerza que, en una estepa de Rusia, un fuego de viajeros abandonado sobre la nieve. Se precipitaba sobre él, se acurrucaba contra él, removía delicadamente aquel fuego próximo a extinguirse, iba buscando en torno a ella to que podía avivarlo más; y las reminiscencias más lejanas como las más inmediatas ocasiones, lo que ella experimentaba con lo que se imaginaba, sus deseos de voluptuosidad que se dispersaban, sus proyectos de felicidad que estallaban al viento como ramas secas, su virtud estéril, sus esperanzas muertas, ella lo recogía todo y lo utilizaba todo para aumentar su tristeza. |
Cependant les flammes s’apaisèrent, soit que la provision d’elle-même s’épuisât, ou que l’entassement fût trop considérable. L’amour, peu à peu, s’éteignit par l’absence, le regret s’étouffa sous l’habitude ; et cette lueur d’incendie qui empourprait son ciel pâle se couvrit de plus d’ombre et s’effaça par degrés. Dans l’assoupissement de sa conscience, elle prit même les répugnances du mari pour des aspirations vers l’amant, les brûlures de la haine pour des réchauffements de la tendresse ; mais, comme l’ouragan soufflait toujours, et que la passion se consuma jusqu’aux cendres, et qu’aucun secours ne vint, qu’aucun soleil ne parut, il fut de tous côtés nuit complète, et elle demeura perdue dans un froid horrible qui la traversait. | Sin embargo, las llamas se apaciguaron, bien porque la provisión se agotase por sí misma, o porque su acumulación fuese excesiva. El amor, poco a poco, se fue apagando por la ausencia, la pena se ahogó por la costumbre; y aquel brillo de incendio que teñía de púrpura su cielo pálido fue llenándose de sombra y se borró gradualmente. En su conciencia adormecida, llegó a confundir las repugnancias hacia su marido con aspiraciones hacia el amante, los ardores del odio con los calores de la ternura; pero, como el huracán seguía soplando, y la pasión se consumió hasta las cenizas, y no acudió ningún socorro, no apareció ningún sol, se hizo noche oscura por todas partes, y Emma permaneció perdida en un frío horrible que la traspasaba. |
Alors les mauvais jours de Tostes recommencèrent. Elle s’estimait à présent beaucoup plus malheureuse : car elle avait l’expérience du chagrin, avec la certitude qu’il ne finirait pas. | Entonces volvieron los malos días de Tostes. Se creía ahora mucho más desgraciada, pues tenía la experiencia del sufrimiento, con la certeza de que no acabaría nunca. |
Une femme qui s’était imposé de si grands sacrifices pouvait bien se passer des fantaisies. Elle s’acheta un prie-Dieu gothique, et elle dépensa en un mois pour quatorze francs de citrons à se nettoyer les ongles ; elle écrivit à Rouen, afin d’avoir une robe en cachemire bleu ; elle choisit, chez Lheureux, la plus belle de ses écharpes ; elle se la nouait à la taille par-dessus sa robe de chambre ; et, les volets fermés, avec un livre à la main, elle restait étendue sur un canapé dans cet accoutrement. | Una mujer que se había impuesto tan grandes sacrificios, bien podía prescindir de caprichos. Se compró un reclinatorio gótico, y se gastó en un mes catorce francos en limones para limpiarse las uñas; escribió a Rouen para encargar un vestido de cachemir azul; escogió en casa de Lheureux el más bonito de sus echarpes; se lo ataba a la cintura por encima de su bata de casa; y, con los postigos cerrados, con un libro en la mano, permanecía tendida sobre un sofá con esta vestimenta. |
Souvent, elle variait sa coiffure : elle se mettait à la chinoise, en boucles molles, en nattes tressées ; elle se fit une raie sur le côté de la tête et roula ses cheveux en dessous, comme un homme. | A menudo variaba su peinado; se ponía a la china, en bucles flojos, en trenzas; se hizo una raya al lado y recogió el pelo por debajo, como un hombre. |
Elle voulut apprendre l’italien : elle acheta des dictionnaires, une grammaire, une provision de papier blanc. Elle essaya des lectures sérieuses, de l’histoire et de la philosophie. La nuit, quelquefois, Charles se réveillait en sursaut, croyant qu’on venait le chercher pour un malade : | Quiso aprender italiano: compró diccionarios, una gramática, una provisión de papel blanco. Ensayó lecturas serias, historia y filosofía. De noche, alguna vez, Carlos despertaba sobresaltado, creyendo que venían a buscarle para un enfermo: |
— J’y vais, balbutiait-il. | Ya voy balbuceaba. |
Et c’était le bruit d’une allumette qu’Emma frottait afin de rallumer la lampe. Mais il en était de ses lectures comme de ses tapisseries, qui, toutes commencées encombraient son armoire ; elle les prenait, les quittait, passait à d’autres. | Y era el ruido de una cerilla que Emma frotaba para encender de nuevo la lámpara. Pero ocurrió con sus lecturas lo mismo que con sus labores, que, una vez comenzadas todas, iban a parar al armario; las tomaba, las dejaba, pasaba a otras. |
Elle avait des accès, où on l’eût poussée facilement à des extravagances. Elle soutint un jour, contre son mari, qu’elle boirait bien un grand demi-verre d’eau-de-vie, et, comme Charles eut la bêtise de l’en défier, elle avala l’eau-de-vie jusqu’au bout. | Tenía arrebatos que la hubiesen llevado fácilmente a extravagancias. Un día sostuvo contra su marido que era capaz de beber la mitad de un gran vaso de aguardiente, y, como Carlos cometió la torpeza de retarla, ella se tragó el aguardiente hasta la última gota. |
Malgré ses airs évaporés (c’était le mot des bourgeoises d’Yonville), Emma pourtant ne paraissait pas joyeuse, et, d’habitude, elle gardait aux coins de la bouche cette immobile contraction qui plisse la figure des vieilles filles et celle des ambitieux déchus. Elle était pâle partout, blanche comme du linge ; la peau du nez se tirait vers les narines, ses yeux vous regardaient d’une manière vague. Pour s’être découvert trois cheveux gris sur les tempes, elle parla beaucoup de sa vieillesse. | A pesar de sus aires evaporados (ésta era la palabra de las señoras de Yonville), Emma, sin embargo, no parecía contenta, y habitualmente conservaba en las comisuras de sus labios esa inmóvil contracción que arruga la cara de las solteronas y la de las ambiciosas venidas a menos. Se la veía toda pálida, blanca como una sábana; la piel de la nariz se le estiraba hacia las aletas, sus ojos miraban de una manera vaga. Por haberse descubierto tres cabellos grises sobre las sienes habló mucho de su vejez. |
Souvent des défaillances la prenaient. Un jour même, elle eut un crachement de sang, et, comme Charles s’empressait, laissant apercevoir son inquiétude : | Frecuentemente le daban desmayos. Un día incluso escupió sangre, y, como Carlos se alarmara dejando ver su preocupación: |
— Ah bah ! répondit-elle, qu’est-ce que cela fait ? | ¡Bah! respondió ella , ¿:qué importa eso? |
Charles s’alla réfugier dans son cabinet ; et il pleura, les deux coudes sur la table, assis dans son fauteuil de bureau, sous la tête phrénologique. | Carlos fue a refugiarse a su despacho; y a11í lloró, de codos sobre la mesa, sentado en su sillón, debajo de la cabeza frenológica. |
Alors il écrivit à sa mère pour la prier de venir, et ils eurent ensemble de longues conférences au sujet d’Emma. | Entonces escribió a su madre para rogarle que viniese, y mantuvieron juntos largas conversaciones a propósito de Emma. |
À quoi se résoudre ? que faire, puisqu’elle se refusait à tout traitement ? | ¿:Qué decidir?, ¿:qué hacer, puesto que ella rechazaba todo tratamiento? |
— Sais-tu ce qu’il faudrait à ta femme ? reprenait la mère Bovary. Ce seraient des occupations forcées, des ouvrages manuels ! Si elle était comme tant d’autres, contrainte à gagner son pain, elle n’aurait pas ces vapeurs-là, qui lui viennent d’un tas d’idées qu’elle se fourre dans la tête, et du désœuvrement où elle vit. | ¿:Sabes lo que necesitaría tu mujer? decía mamá Bovary . ¡Serían unas obligaciones que atender, trabajos manuales! Si tuviera, como tantas otras, que ganarse la vida, no tendría esos trastornos, que le proceden de un montón de ideas que se mete en la cabeza y de la ociosidad en que vive. |
— Pourtant elle s’occupe, disait Charles. | Sin embargo, trabaja decía Carlos. |
— Ah ! elle s’occupe ! À quoi donc ? À lire des romans, de mauvais livres, des ouvrages qui sont contre la religion et dans lesquels on se moque des prêtres par des discours tirés de Voltaire. Mais tout cela va loin, mon pauvre enfant, et quelqu’un qui n’a pas de religion finit toujours par tourner mal. | ¡Ah!, ¡trabaja! ¿:Qué hace? Lee muchas novelas, libros, obras que van contra la religión, en las que se hace burla de los sacerdotes con discursos sacados de Voltaire. Pero todo esto trae sus consecuencias, ¡pobre hijo mío!, y el que no tiene religión acaba siempre mal. |
Donc, il fut résolu que l’on empêcherait Emma de lire des romans. L’entreprise ne semblait point facile. La bonne dame s’en chargea : elle devait quand elle passerait par Rouen, aller en personne chez le loueur de livres et lui représenter qu’Emma cessait ses abonnements. N’aurait-on pas le droit d’avertir la police, si le libraire persistait quand même dans son métier d’empoisonneur ? | Así pues, se tomó la resolución de impedir a Emma la lectura de novelas. El empeño no parecía nada fácil. La buena señora se encargó de ello: al pasar por Rouen, iría personalmente a ver al que alquilaba libros y le diría que Emma se daba de baja en sus suscripciones. No tendría derecho a denunciar a la policía si el librero persistía a pesar de todo en su oficio de envenenador. |
Les adieux de la belle-mère et de la bru furent secs. Pendant les trois semaines qu’elles étaient restées ensemble, elles n’avaient pas échangé quatre paroles, à part les informations et compliments quand elles se rencontraient à table, et le soir avant de se mettre au lit. | La despedida de suegra y nuera fue seca. Durante las tres semanas que habían estado juntas no habían intercambiado cuatro palabras, aparte de las novedades y de los cumplidos cuando se encontraban en la mesa, y por la noche antes de irse a la cama. |
Mme Bovary mère partit un mercredi, qui était jour de marché à Yonville. | La señora Bovary madre marchó un miércoles, que era día de mercado en Yonville. |
La place, dès le matin, était encombrée par une file de charrettes qui, toutes à cul et les brancards en l’air, s’étendaient le long des maisons depuis l’église, jusqu’à l’auberge. De l’autre côté, il y avait des baraques de toile où l’on vendait des cotonnades, des couvertures et des bas de laine, avec des licous pour les chevaux et des paquets de rubans bleus, qui par le bout s’envolaient au vent. De la grosse quincaillerie s’étalait par terre, entre les pyramides d’œufs et les bannettes de fromages, d’où sortaient des pailles gluantes ; près des machines à blé, des poules qui gloussaient dans des cages plates passaient leurs cous par les barreaux. La foule, s’encombrant au même endroit sans en vouloir bouger, menaçait quelquefois de rompre la devanture de la pharmacie. Les mercredis, elle ne désemplissait pas et l’on s’y poussait, moins pour acheter des médicaments que pour prendre des consultations, tant était fameuse la réputation du sieur Homais dans les villages circonvoisins. Son robuste aplomb avait fasciné les campagnards. Ils le regardaient comme un plus grand médecin que tous les médecins. | La plaza, desde la mañana, estaba ocupada por una fila de carretas que, todas aculadas y con los varales al aire, se alineaban a lo largo de las casas desde la iglesia hasta la fonda. Al otro lado, había barracas de lona donde se vendían telas de algodón, mantas y medias de lana, además de ronzales para los caballos y paquetes de cintas azules cuyas puntas se agitaban al viento. Por el suelo se extendía tosca chatarra entre las pirámides de huevos y las canastillas de quesos, de donde salían unas pajas pegajosas; cerca de las trilladoras del trigo, unas gallinas que cloqueaban en jaulas planas asomaban sus cuellos por los barrotes. La gente, apelotonándose en el mismo sitio sin querer moverse de a11í, amenazaba a veces con romper el escaparate de la farmacia. Los miércoles estaba siempre abarrotada de gente y se apretaban en ella, más para consultar que por comprar medicamentos, tanta fama tenía el señor Homais en los pueblos del contorno. Su sólido aplomo tenía fascinados a los campesinos. Le miraban como a un médico mejor que todos los médicos. |
Emma était accoudée à sa fenêtre (elle s’y mettait souvent : la fenêtre, en province, remplace les théâtres et la promenade), et elle s’amusait à considérer la cohue des rustres, lorsqu’elle aperçut un monsieur vêtu d’une redingote de velours vert. Il était ganté de gants jaunes, quoiqu’il fût chaussé de fortes guêtres ; et il se dirigeait vers la maison du médecin, suivi d’un paysan marchant la tête basse d’un air tout réfléchi. | Emma estaba asomada a la ventana (se asomaba a menudo: la ventana, en provincias, sustituye a los teatros y al paseo) y se entretenía en observar el barullo de los patanes, cuando vio a un señor vestido de levita de terciopelo verde. Llevaba guantes amarillos, aunque iba calzado con fuertes polainas, y se dirigía a la casa del médico, seguido de un campesino que caminaba cabizbajo y pensativo. |
— Puis-je voir Monsieur ? demanda-t-il à Justin, qui causait sur le seuil avec Félicité. | ¿:Puedo ver al señor? preguntó a Justino, que hablaba en la puerta con Felicidad. |
Et, le prenant pour le domestique de la maison : | Y tomándole por el criado de la casa: |
— Dites-lui que M. Rodolphe Boulanger de la Huchette est là. | Dígale que es el señor Rodolfo Boulanger de la Huchette. |
Ce n’était point par vanité territoriale que le nouvel arrivant avait ajouté à son nom la particule, mais afin de se faire mieux connaître. La Huchette, en effet, était un domaine près d’Yonville, dont il venait d’acquérir le château, avec deux fermes qu’il cultivait lui-même, sans trop se gêner cependant. Il vivait, en garçon, et passait pour avoir au moins quinze mille livres de rentes ! | No era por vanidad de terrateniente por lo que el recién llegado había añadido a su apellido la partícula, sino para darse mejor a conocer. La Huchette, en efecto, era una propiedad cerca de Yonville, cuyo castillo acababa de adquirir, con dos fincas que él mismo cultivaba personalmente, aunque sin esforzarse mucho. Era soltero, y pasaba por tener al menos quince mil libras de renta. |
Charles entra dans la salle. M. Boulanger lui présenta son homme, qui voulait être saigné parce qu’il éprouvait des fourmis le long du corps. | Carlos entró en la sala. El señor Boulanger le presentó a su criado, que quería que lo sangrasen porque sentía hormigas en todo el cuerpo. |
— Ça me purgera, objectait-il à tous les raisonnements. | Esto me limpiará objetaba a todos los razonamientos. |
Bovary commanda donc d’apporter une bande et une cuvette, et pria Justin de la soutenir. Puis, s’adressant au villageois déjà blême : | Bovary pidió, pues, que le trajeran una venda y una palangana, y rogó a Justino que la sostuviese. Después, dirigiéndose al aldeano, ya lívido: |
— N’ayez point peur, mon brave. | ¡No tenga miedo, amigo! |
— Non, non, répondit l’autre, marchez toujours ! | No, no respondió el otro , ¡siga adelante! |
Et, d’un air fanfaron, il tendit son gros bras. Sous la piqûre de la lancette, le sang jaillit et alla s’éclabousser contre la glace. | Y con un aire fanfarrón, tendió su grueso brazo. Al pinchazo de la lanceta, la sangre brotó y fue a salpicar el espejo. |
— Approche le vase ! exclama Charles. | ¡Acerca el recipiente! exclamó Carlos. |
— Guête ! disait le paysan, on jurerait une petite fontaine qui coule ! Comme j’ai le sang rouge ! ce doit être bon signe, n’est-ce pas ? | ¡Recontra! decía el paisano , ¡parece una fuentecica que corre! ¡Qué sangre roja tengo!, debe de ser buena señal, ¿:verdad? |
— Quelquefois, reprit l’officier de santé, l’on n’éprouve rien au commencement, puis la syncope se déclare, et plus particulièrement chez les gens bien constitués, comme celui-ci. | A veces replicó el practicante , no se siente nada al principio, después viene el desvanecimiento, y más particularmente en las personas bien constituidas, como éste. |
Le campagnard, à ces mots, lâcha l’étui qu’il tournait entre ses doigts. Une saccade de ses épaules fit craquer le dossier de la chaise. Son chapeau tomba. | El campesino, a estas palabras, soltó el estuche que hacía girar entre sus dedos. Una sacudida de sus hombros hizo estallar el respaldo de la silla. Se le cayó el sombrero. |
— Je m’en doutais, dit Bovary en appliquant son doigt sur la veine. | Me lo sospechaba dijo Bovary, aplicando su dedo sobre la vena. |
La cuvette commençait à trembler aux mains de Justin ; ses genoux chancelèrent, il devint pâle. | La palangana empezaba a temblar en las manos de Justino; sus rodillas vacilaron, se volvió pálido. |
— Ma femme ! ma femme ! appela Charles. | ¡Mi mujer!, ¡mi mujer! llamó Carlos. |
D’un bond, elle descendit l’escalier. | De un salto Emma bajó la escalera. |
— Du vinaigre ! cria-t-il. Ah ! mon Dieu, deux à la fois ! | ¡Vinagre! gritó él . ¡Ah! ¡Dios mío, dos a la vez! |
Et, dans son émotion, il avait peine à poser la compresse. | Y, con el susto, no acertaba a poner la compresa. |
— Ce n’est rien, disait tout tranquillement M. Boulanger, tandis qu’il prenait Justin entre ses bras. | No es nada decía muy tranquilamente el señor Boulanger, mientras sostenía a Justino en brazos. |
Et il l’assit sur la table, lui appuyant le dos contre la muraille. | Y lo sentó en la mesa, apoyándole la espalda en la pared. |
Mme Bovary se mit à lui retirer sa cravate. Il y avait un nœud aux cordons de la chemise ; elle resta quelques minutes à remuer ses doigts légers dans le cou du jeune garçon ; ensuite elle versa du vinaigre sur son mouchoir de batiste ; elle lui en mouillait les tempes à petits coups et elle soufflait dessus, délicatement. | Madame Bovary empezó a quitarle la corbata. Había un nudo en los cordones de la camisa; tardó algunos minutos en mover sus ligeros dedos en el cuello del joven; después echó vinagre en su pañuelo de batista; le mojaba con él las sienes a golpecitos y soplaba encima, delicadamente. |
Le charretier se réveilla ; mais la syncope de Justin durait encore, et ses prunelles disparaissaient dans leur sclérotique pâle, comme des fleurs bleues dans du lait. | El carretero se despertó; pero Justino seguía desmayado y sus pupilas desaparecían en su esclerótica pálida, como flores azules en leche. |
— Il faudrait, dit Charles, lui cacher cela. | Habría que ocultarle esto dijo Carlos. |
Mme Bovary prit la cuvette. Pour la mettre sous la table, dans le mouvement qu’elle fit en s’inclinant, sa robe (c’était une robe d’été à quatre volants, de couleur jaune, longue de taille, large de jupe), sa robe s’évasa autour d’elle sur les carreaux de la salle ; – et, comme Emma, baissée ; chancelait un peu en écartant les bras, le gonflement de l’étoffe se crevait de place en place, selon les inflexions de son corsage. Ensuite elle alla prendre une carafe d’eau, et elle faisait fondre des morceaux de sucre lorsque le pharmacien arriva. La servante l’avait été chercher dans l’algarade ; en apercevant son élève les yeux ouverts, il reprit haleine. Puis, tournant autour de lui, il le regardait de haut en bas. | Madame Bovary tomó la palangana. En el movimiento que hizo al inclinarse para ponerla bajo la mesa, su vestido (era un vestido de verano de cuatro volantes, de color amarillo, de talle bajo y ancho de falda) se extendió alrededor de ella sobre los baldosas de la sala; y como Emma, agachada, se tambaleaba un poco abriendo los brazos, los bullones de la tela se quebraban de trecho en trecho, según las inflexiones de su corpiño. Después se fue a coger una botella de agua, y estaba disolviendo trozos de azúcar cuando llegó el farmaceútico. La criada había ido a buscarlo durante la algarada; al ver a su alumno con los ojos abiertos, respiró. Después, dando vueltas alrededor de él, lo miraba de arriba abajo: |
— Sot ! disait-il ; petit sot, vraiment ! sot en trois lettres ! Grand-chose, après tout, qu’une phlébotomie ! et un gaillard qui n’a peur de rien ! une espèce d’écureuil, tel que vous le voyez, qui monte locher des noix à des hauteurs vertigineuses. Ah ! oui, parle, vante-toi ! voilà de belles dispositions à exercer plus tard la pharmacie ; car tu peux te trouver appelé en des circonstances graves, par-devant les tribunaux, afin d’y éclairer la conscience des magistrats ; et il faudra pourtant garder son sang-froid, raisonner, se montrer homme, ou bien passer pour un imbécile ! | ¡Tonto! decía ; ¡pedazo de tonto en cinco letras! IUna gran cosa, después de todo una flebotomía!, ¡y un mocetón que no tiene miedo a nada!, una especie de ardilla, tal como lo ve, que sube a sacudir nueces a alturas de vértigo. ¡Ah!, ¡sí, habla, presume! iVaya una disposición para ejercer luego la farmacia; pues puede ocurrir que lo llamen en circunstancias graves, ante los tribunales, para ilustrar la conciencia de los magistrados; y tendrás que conservar to sangre fría, razonar, portarte como un hombre, o bien pasar por un imbécil! |
Justin ne répondait pas. L’apothicaire continuait : | Justino no respondía. El boticario continuaba: |
— Qui t’a prié de venir ? Tu importunes toujours monsieur et madame ! Les mercredis, d’ailleurs, ta présence m’est plus indispensable. Il y a maintenant vingt personnes à la maison. J’ai tout quitté à cause de l’intérêt que je te porte. Allons, va-t’en ! cours ! attends-moi, et surveille les bocaux ! | ¿:Quién to mandó venir?, ¡siempre estás importunando al señor y a la señora! Además, los miércoles tu presencia me es indispensable. Hay ahora veinte personas en casa. He dejado todo por el interés que me tomo por ti. ¡Vamos!, ¡vete!, ¡corre!, ¡espérame, y vigila los botes! |
Quand Justin, qui se rhabillait, fut parti, l’on causa quelque peu des évanouissements. Mme Bovary n’en avait jamais eu. | Cuando Justino, que estaba vistiéndose, se marchó hablaron un poco de los desvanecimientos. Madame nunca había tenido. |
— C’est extraordinaire pour une dame ! dit M. Boulanger. Du reste, il y a des gens bien délicats. Ainsi j’ai vu, dans une rencontre, un témoin perdre connaissance rien qu’au bruit des pistolets que l’on chargeait. | ¡Es extraordinario para una señora! dijo el señor Boulanger . Por lo demás, hay gente muy delicada. Así, yo he visto, en un duelo, a un testigo perder el conocimiento, nada más que al ruido de las pistolas que estaban cargando. |
— Moi, dit l’apothicaire, la vue du sang des autres ne me fait rien du tout ; mais l’idée seulement du mien qui coule suffirait à me causer des défaillances, si j’y réfléchissais trop. | A mí dijo el boticario ver la sangre de los demás no me impresiona nada; pero sólo el imaginarme que la mía corre bastaría para causarme desmayos, si pensara demasiado en ello. |
Cependant M. Boulanger congédia son domestique, en l’engageant à se tranquilliser l’esprit, puisque sa fantaisie était passée. | Entretanto el señor Boulanger despidió a su criado aconsejándole que se tranquilizase, puesto que su capricho había sido satisfecho. |
— Elle m’a procuré l’avantage de votre connaissance, ajouta-t-il. | Me ha dado ocasión de conocerles a ustedes añadió. |
Et il regardait Emma durant cette phrase. | Y miraba a Emma al pronunciar esta frase. |
Puis il déposa trois francs sur le coin de la table, salua négligemment et s’en alla. | Después depositó tres francos en la esquina de la mesa, se despidió fríamente y se fue. |
Il fut bientôt de l’autre côté de la rivière (c’était son chemin pour s’en retourner à la Huchette) ; et Emma l’aperçut dans la prairie, qui marchait sous les peupliers, se ralentissant de temps à autre, comme quelqu’un qui réfléchit. | Pronto llegó al otro lado del río (era su camino para volver a la Huchette); y Emma lo vio en la pradera, caminando bajo los álamos, moderando la marcha, como alguien que reflexiona. |
— Elle est fort gentille ! se disait-il ; elle est fort gentille, cette femme du médecin ! De belles dents, les yeux noirs, le pied coquet, et de la tournure comme une Parisienne. D’où diable sort-elle ? Où donc l’a-t-il trouvée, ce gros garçon-là ? | ¡Es muy guapa! se decía ; es muy guapa esa mujer del médico. ¡Hermosos dientes, ojos negros, lindo pie, y el porte de una parisina! ¿:De dónde diablos habrá salido? ¿:Dónde la habrá encontrado ese patán? |
M. Rodolphe Boulanger avait trente-quatre ans ; il était de tempérament brutal et d’intelligence perspicace, ayant d’ailleurs beaucoup fréquenté les femmes, et s’y connaissant bien. Celle-là lui avait paru jolie ; il y rêvait donc, et à son mari. | El señor Rodolfo Boulanger tenía treinta y cuatro años; era de temperamento impetuoso y de inteligencia perspicaz; habiendo tratado mucho a las mujeres, conocía bien el paño. Aquélla le había parecido bonita; por eso pensaba en ella y en su marido. |
— Je le crois très bête. Elle en est fatiguée sans doute. Il porte des ongles sales et une barbe de trois jours. Tandis qu’il trottine à ses malades, elle reste à ravauder des chaussettes. Et on s’ennuie ! on voudrait habiter la ville, danser la polka tous les soirs ! Pauvre petite femme ! Ça bâille après l’amour, comme une carpe après l’eau sur une table de cuisine. Avec trois mots de galanterie, cela vous adorerait ; j’en suis sûr ! ce serait tendre ! charmant !… Oui, mais comment s’en débarrasser ensuite ? | Me parece muy tonto. Ella está cansada de él sin duda. Lleva unas uñas muy sucias y una barba de tres días. Mientras él va a visitar a sus enfermos, ella se queda zurciendo calcetines. Y se aburre, ¡quisiera vivir en la ciudad, bailar la polka todas las noches! ¡Pobre mujercita! Sueña con el amor, como una carpa con el agua en una mesa de cocina. Con tres palabritas galantes, se conquistaría, estoy seguro, ¡sería tierna, encantadora!... Sí, pero ¿:cómo deshacerse de ella después? |
Alors les encombrements du plaisir, entrevus en perspective, le firent, par contraste, songer à sa maîtresse. C’était une comédienne de Rouen, qu’il entretenait ; et, quand il se fut arrêté sur cette image, dont il avait, en souvenir même, des rassasiements : | Entonces las contrapartidas del placer, entrevistas en perspectiva, le hicieron, por contraste, pensar en su amante. Era una actriz de Rouen a la que él sostenía; y cuando se detuvo en esta imagen, de la que hasta en el recuerdo estaba hastiado, pensó: |
— Ah ! Mme Bovary, pensa-t-il, est bien plus jolie qu’elle, plus fraîche surtout. Virginie, décidément, commence à devenir trop grosse. Elle est si fastidieuse avec ses joies. Et, d’ailleurs, quelle manie de salicoques ! | ¡Ahl, Madame Bovary es mucho más bonita que ella, más fresca sobre todo. Virginia, decididamente, empieza a engordar demasiado. Se pone tan pesada con sus diversiones. Y, además, ¡qué manía con los camarones! |
La campagne était déserte, et Rodolphe n’entendait autour de lui que le battement régulier des herbes qui fouettaient sa chaussure, avec le cri des grillons tapis au loin sous les avoines ; il revoyait Emma dans la salle, habillée comme il l’avait vue, et il la déshabillait. | El campo estaba desierto, y Rodolfo no oía a su alrededor más que el leve temblor de las hierbas que rozaban su calzado junto con el canto de los grillos agazapados bajo las avenas; volvía a ver a Emma en la sala, vestida como la había visto, y la desnudaba. |
— Oh ! je l’aurai ! s’écria-t-il en écrasant, d’un coup de bâton, une motte de terre devant lui. | ¡Oh! exclamó, aplastando de un bastonazo un terrón que había delante de él. |
Et aussitôt il examina la partie politique de l’entreprise. Il se demandait : | Y enseguida examinó la parte política de la empresa. Se preguntaba: |
— Où se rencontrer ? par quel moyen ? On aura continuellement le marmot sur les épaules, et la bonne, les voisins, le mari, toute sorte de tracasseries considérables. Ah bah ! dit-il, on y perd trop de temps ! | ¿:Dónde encontrarse? ¿:Por qué medio? Tendremos continuamente al crío sobre los hombros, y a la criada, los vecinos, el marido, toda clase de estorbos considerables. ¡Ah, bah! dijo , ¡se pierde demasiado tiempo! |
Puis il recommença : | Después volvió a empezar: |
— C’est qu’elle a des yeux qui vous entrent au cœur comme des vrilles. Et ce teint pâle !… Moi, qui adore les femmes pâles ! | «¡Es que tiene unos ojos que penetran en el corazón como barrenas! ¡Y ese cutis pálido!... ¡Yo, que adoro las mujeres pálidas!» |
Au haut de la côte d’Argueil, sa résolution était prise. | En lo alto de la cuesta de Argueil, su resolución estaba tomada. |
— Il n’y a plus qu’à chercher les occasions. Eh bien, j’y passerai quelquefois, je leur enverrai du gibier, de la volaille ; je me ferai saigner, s’il le faut ; nous deviendrons amis, je les inviterai chez moi… Ah ! parbleu ! ajouta-t-il, voilà les comices bientôt ; elle y sera, je la verrai. Nous commencerons, et hardiment, car c’est le plus sûr. | No hay más que buscar las ocasiones. Bueno, pasaré por a11í alguna vez, les mandaré caza, aves; me haré sangrar si es preciso; nos haremos amigos, los invitaré a mi casa... ¡Ah! |
II - VIII | II- CAPÍTULO VIII |
Ils arrivèrent, en effet, ces fameux Comices ! Dès le matin de la solennité, tous les habitants, sur leurs portes, s’entretenaient des préparatifs ; on avait enguirlandé de lierres le fronton de la mairie ; une tente, dans un pré, était dressée pour le festin, et, au milieu de la Place, devant l’église, une espèce de bombarde devait signaler l’arrivée de M. le préfet et le nom des cultivateurs lauréats. La garde nationale de Buchy (il n’y en avait point à Yonville) était venue s’adjoindre au corps des pompiers, dont Binet était le capitaine. Il portait ce jour-là un col encore plus haut que de coutume ; et, sanglé dans sa tunique, il avait le buste si roide et immobile, que toute la partie vitale de sa personne semblait être descendue dans ses deux jambes, qui se levaient en cadence, à pas marqués, d’un seul mouvement. Comme une rivalité subsistait entre le percepteur et le colonel, l’un et l’autre, pour montrer leurs talents, faisaient à part manœuvrer leurs hommes. On voyait alternativement passer et repasser les épaulettes rouges et les plastrons noirs. Cela ne finissait pas et toujours recommençait ! Jamais il n’y avait eu pareil déploiement de pompe ! Plusieurs bourgeois, dès la veille, avaient lavé leurs maisons ; des drapeaux tricolores pendaient aux fenêtres entrouvertes ; tous les cabarets étaient pleins ; et, par le beau temps qu’il faisait, les bonnets empesés, les croix d’or et les fichus de couleur paraissaient plus blancs que neige, miroitaient au soleil clair, et relevaient de leur bigarrure éparpillée la sombre monotonie des redingotes et des bourgerons bleus. Les fermières des environs retiraient, en descendant de cheval, la grosse épingle qui leur serrait autour du corps leur robe retroussée de peur des taches ; et les maris, au contraire, afin de ménager leurs chapeaux, gardaient par-dessus des mouchoirs de poche, dont ils tenaient un angle entre les dents. | Por fin llegaron los famosos comiciosl. Desde la mañana de la solemnidad, todos los habitantes, en sus puertas, hablaban de preparativos; habían adornado con guirnaldas de hiedra el frontón del ayuntamiento; en un prado habían levantado una tienda para el banquete, y, en medio de la plaza, delante de la iglesia, una especie de trompeta debía señalar la Ilegada del señor prefecto y el nombre de los agricultores galardonados. La guardia nacional de Buchy (en Yonville no existía) había venido a unirse al cuerpo de bomberos, del que Binet era el capitán. Aquel día llevaba un cuello todavía más alto que de costumbre; y, ceñido en su uniforme, tenía el busto tan estirado a inmóvil, que toda la parte vital de su persona parecía haber bajado a sus dos piernas, que se levantaban cadenciosamente, a pasos marcados, con un solo movimiento. Como había una especie de rivalidad entre el recaudador y el coronel, el uno y el otro, para mostrar sus talentos, hacían maniobrar a sus hombres por separado. Se veían alternativamente pasar y volver a pasar las hombreras rojas y las pecheras negras. Aquello aún no terminaba y ya volvía a empezar. Nunca había habido semejante despliegue de pomposidad. Desde la víspera varios vecinos habían limpiado sus casas; banderas tricolores colgaban de las ventanas entreabiertas; todas las tabernas estaban llenas; y, como hacía buen tiempo, los gorros almidonados, las cruces doradas y las pañoletas de colores refulgían más que la nieve, relucían al sol claro, y realzaban con su abigarramiento disperso la oscura monotonía de las levitas y de las blusas azules. Las campesinas de los alrededores retiraban al bajar del caballo el gran alfiler que sujetaba su vestido alrededor del cuerpo, remangado por miedo a mancharlo; y los maridos, al contrario, a fin de no estropear sus sombreros, los cubrían por encima con pañuelos de bolsillo, cuyas puntas sostenían entre los dientes. |
La foule arrivait dans la grande rue par les deux bouts du village. Il s’en dégorgeait des ruelles, des allées, des maisons, et l’on entendait de temps à autre retomber le marteau des portes, derrière les bourgeoises en gants de fil, qui sortaient pour aller voir la fête. Ce que l’on admirait surtout, c’étaient deux longs ifs couverts de lampions qui flanquaient une estrade où s’allaient tenir les autorités ; et il y avait de plus, contre les quatre colonnes de la mairie, quatre manières de gaules, portant chacune un petit étendard de toile verdâtre, enrichi d’inscriptions en lettres d’or. On lisait sur l’un : « Au Commerce » ; sur l’autre : « À l’Agriculture » ; sur le troisième : « À l’Industrie » ; et sur le quatrième : « Aux Beaux-Arts ». | De los dos extremos del pueblo llegaba la muchedumbre a la calle principal, lo mismo que de las callejuelas, de las avenidas y de las casas, y se oía de vez en cuando abatirse el martillo de las puertas, detrás de las burguesas con guantes de hilo, que salían a ver la fiesta. Lo que se admiraba sobre todo eran dos largos tejos cubiertos de farolillos, que flanqueaban un estrado donde iban a situarse las autoridades; y había, además, junto a las cuatro columnas del ayuntamiento, cuatro especies de postes, cada uno de los cuales sostenía un pequeño estandarte de tela verdosa, con inscripciones en letras doradas. En uno se leía: «Al comercio»; en otro: «A la agricultura»; en el tercero: «A la Industria»; y en el cuarto: «A las Bellas Artes». |
Mais la jubilation qui épanouissait tous les visages paraissait assombrir Mme Lefrançois, l’ aubergiste. Debout sur les marches de sa cuisine, elle murmurait dans son menton : | Pero el regocijo que se manifestaba en todas las caras parecía entristecer a la señora Lefrançois, la hotelera. De pie sobre los escalones de su cocina, murmuraba para sus adentros: |
— Quelle bêtise ! quelle bêtise avec leur baraque de toile ! Croient-ils que le préfet sera bien aise de dîner là-bas, sous une tente, comme un saltimbanque ? Ils appellent ces embarras-là, faire le bien du pays ! Ce n’était pas la peine, alors, d’aller chercher un gargotier à Neufchâtel ! Et pour qui ? pour des vachers ! des va-nu-pieds !… | ¡Qué estupidez!, ¡qué estúpidez con esa barraca! Se creen que el prefecto estará muy a gusto cenando allí, bajo una tienda, como un saltimbanqui. Y a esos hacinamientos llaman procurar el bien del país, ¡para eso no valía la pena it a buscar un cocinero a Neufchâtel! ¿:Y para quién? ¿:Para unos vaqueros y unos descamisados?... |
L’apothicaire passa. Il portait un habit noir, un pantalon de nankin, des souliers de castor, et par extraordinaire un chapeau, – un chapeau bas de forme. | Pasó el boticario. Llevaba un traje negro, un pantalón de nankin(2), zapatos de castor, y, caso extraordinario, un sombrero de copa baja. |
— Serviteur ! dit-il ; excusez-moi, je suis pressé. | ¡Servidor! dijo , dispénseme, llevo prisa. |
Et comme la grosse veuve lui demanda où il allait : | Y como la gorda viuda le preguntara adónde iba: |
— Cela vous semble drôle, n’est-ce pas ? moi qui reste toujours plus confiné dans mon laboratoire que le rat du bonhomme dans son fromage. | Le parece raro, ¿:verdad?, y yo que permanezco más encerrado en mi laboratorio que el ratón de campo en su queso. |
— Quel fromage ? fit l’aubergiste. | ¿:Qué queso? dijo la mesonera. |
— Non, rien ! ce n’est rien ! reprit Homais. Je voulais vous exprimer seulement, madame Lefrançois, que je demeure d’habitude tout reclus chez moi. Aujourd’hui cependant, vu la circonstance, il faut bien que… | No, ¡nada!, ¡no es nada! replicó Homais . Sólo quería decirle, señora Lefrançois, que habitualmente permanezco totalmente recluido en mi casa. Hoy, sin embargo, en vista de la circunstancia, no tengo más remedio que... |
— Ah ! vous allez là-bas ? dit-elle avec un air de dédain. | ¡Ah!, ¿:va usted a11á? le dijo ella con aire de desdén. |
— Oui, j’y vais, répliqua l’apothicaire étonné ; ne fais-je point partie de la commission consultative ? | Sí, voy allá replicó el boticario asombrado ; ¿:acaso no formo parte de la comisión consultiva? |
La mère Lefrançois le considéra quelques minutes, et finit par répondre en souriant : | La señora Lefrançois le miró fijamente algunos minutos, y acabó por contestar sonriente: |
— C’est autre chose ! Mais qu’est-ce que la culture vous regarde ? vous vous y entendez donc ? | ¡Eso es otra cosa! ¿:Pero qué le importa a usted la agricultura?, ¿:entiende usted de eso? |
— Certainement, je m’y entends, puisque je suis pharmacien, c’est-à-dire chimiste ! et la chimie, madame Lefrançois, ayant pour objet la connaissance de l’action réciproque et moléculaire de tous les corps de la nature, il s’ensuit que l’agriculture se trouve comprise dans son domaine ! Et, en effet, composition des engrais, fermentation des liquides, analyse des gaz et influence des miasmes, qu’est-ce que tout cela, je vous le demande, si ce n’est de la chimie pure et simple ? | Ciertamente, entiendo de eso, puesto que soy farmacéutico, es decir, químico, y como la química, señora Lefrançois, tiene por objeto el conocimiento de la acción recíproca y molecular de todos los cuerpos de la naturaleza, se deduce de aquí que la agricultura se encuentra comprendida en su campo. Y, en efecto, composición de los abonos, fermentación de los líquidos, análisis de los gases a influencia de los mismos, ¿:qué es todo eso, dígame, sino química pura y simple? |
L’aubergiste ne répondit rien. Homais continua : | La mesonera no contestó nada. Homais continuó: |
— Croyez-vous qu’il faille, pour être agronome, avoir soi-même labouré la terre ou engraissé des volailles ? Mais il faut connaître plutôt la constitution des substances dont il s’agit, les gisements géologiques, les actions atmosphériques, la qualité des terrains, des minéraux, des eaux, la densité des différents corps et leur capillarité ! que sais-je ? Et il faut posséder à fond tous ses principes d’hygiène, pour diriger, critiquer la construction des bâtiments, le régime des animaux, l’alimentation des domestiques ! il faut encore, madame Lefrançois, posséder la botanique ; pouvoir discerner les plantes, entendez-vous, quelles sont les salutaires d’avec les délétères, quelles les improductives et quelles les nutritives, s’il est bon de les arracher par-ci et de les ressemer par-là, de propager les unes, de détruire les autres ; bref, il faut se tenir au courant de la science par les brochures et papiers publics, être toujours en haleine, afin d’indiquer les améliorations… | ¿:Cree usted que para ser agrónomo es necesario haber cultivado la tierra por sí mismo o engordado aves? Lo que hay que conocer, más bien, es la constitución de las sustancias de que se trata, los yacimientos geológicos, las acciones atmosféricas, la calidad de los terrenos, de los minerales, de las aguas, la densidad de los diferentes cuerpos y su capilaridad, ¿:qué sé yo? Y hay que conocer a fondo los principios de la higiene, para dirigir, criticar la construcción de las obras, el régimen de los animales, la alimentación de los criados, ¡es necesario, señora Lefrancois, dominar la botánica, poder distinguir las plantas!, ¿:me entiende?, cuáles son las saludables y las deletéreas, cuáles las improductivas y cuáles las nutritivas, si es bueno arrancar aquí y volver a plantar a11á, proteger unas y destruir otras; en resumen, hay que estar al corriente de la ciencia por folletos y publicaciones, estar siempre atentos para indicar las mejoras. |
L’aubergiste ne quittait point des yeux la porte du Café Français, et le pharmacien poursuivit : | La mesonera no apartaba la vista de la puerta del «Café Français», y el farmacéutico continuó: |
— Plût à Dieu que nos agriculteurs fussent des chimistes, ou que du moins ils écoutassent davantage les conseils de la science ! Ainsi, moi, j’ai dernièrement écrit un fort opuscule, un mémoire de plus de soixante et douze pages, intitulé : Du cidre, de sa fabrication et de ses effets ; suivi de quelques réflexions nouvelles à ce sujet, que j’ai envoyé à la Société agronomique de Rouen ; ce qui m’a même valu l’honneur d’être reçu parmi ses membres, section d’agriculture, classe de pomologie ; eh bien, si mon ouvrage avait été livré à la publicité… | ¡Ojalá nuestros agricultores fuesen químicos, o al menos hiciesen más caso de los consejos de la ciencia! Por ejemplo, he escrito recientemente un importante opúsculo, una memoria de más de setenta y dos páginas, titulado: De la sidra, su fabricación, y sus efectos; seguido de algunas reflexiones nuevas sobre el tema, que he enviado a la Sociedad Agronómica de Rouen, lo que me ha valido el honor de ser recibido entre sus miembros, sección de agricultura, clase de pomología; pues bien, si mi trabajo hubiese sido publicado... |
Mais l’apothicaire s’arrêta, tant Mme Lefrançois paraissait préoccupée. | Pero el boticario se paró, tan preocupada parecía la señora Lefrançois. |
— Voyez-les donc ! disait-elle, on n’y comprend rien ! une gargote semblable ! | ¡Ahí los tiene! decía ella , ¡no se comprende!, ¡una tarea semejante! |
Et, avec des haussements d’épaules qui tiraient sur sa poitrine les mailles de son tricot, elle montrait des deux mains le cabaret de son rival, d’où sortaient alors des chansons. | Y con unos movimientos de hombros que estiraban sobre su pecho las mallas de su chaqueta de punto, señalaba con las dos manos la taberna de su rival, de donde salían en aquel momento canciones. |
— Du reste, il n’en a pas pour longtemps, ajouta-t-elle ; avant huit jours, tout est fini. | Por lo demás, no va a durar mucho añadió ella ; antes de ocho días, todo habrá terminado. |
Homais se recula de stupéfaction. Elle descendit ses trois marches, et, lui parlant à l’oreille : | Homais se echó atrás estupefacto. Ella bajó sus tres escalones, y hablándole al oído: |
— Comment ! vous ne savez pas cela ? On va le saisir cette semaine. C’est Lheureux qui le fait vendre. Il l’a assassiné de billets. | ¡Cómo!, ¿:no sabe usted? Le van a embargar esta semana. Es Lheureux quien lo pone en venta. Le ha acribillado de pagarés. |
— Quelle épouvantable catastrophe ! s’écria l’apothicaire, qui avait toujours des expressions congruantes à toutes les circonstances imaginables. | ¡Qué espantosa catástrofe! exclamó el boticario, que siempre tenía palabras adecuadas para todas las circunstancias imaginables. |
L’hôtesse donc se mit à lui raconter cette histoire, qu’elle savait par Théodore, le domestique de M. Guillaumin, et, bien qu’elle exécrât Tellier, elle blâmait Lheureux. C’était un enjôleur, un rampant… | La mesonera se puso, pues, a contarle esta historia que había sabido por Teodoro, el criado del señor Guillaumin, y, aunque detestaba a Tellier, censuraba a Lheureux. Era un embaucador, un rastrero. |
— Ah ! tenez, dit-elle, le voilà sous les halles ; il salue Mme Bovary, qui a un chapeau vert. Elle est même au bras de M. Boulanger. | ¡Ah, fíjese! dijo ella , allí está en el mercado; saluda a Madame Bovary, que lleva un sombrero verde. Y va del brazo del señor Boulanger. |
— Mme Bovary ! fit Homais. Je m’empresse d’aller lui offrir mes hommages. Peut-être qu’elle sera bien aise d’avoir une place dans l’enceinte, sous le péristyle. | ¡Madame Bovary! dijo Homais . Voy enseguida a ofrecerle mis respetos. Quizás le gustará tener un sitio en el recinto, bajo el peristilo. |
Et, sans écouter la mère Lefrançois, qui le rappelait pour lui en conter plus long, le pharmacien s’éloigna d’un pas rapide, sourire aux lèvres et jarret tendu, distribuant de droite et de gauche quantité de salutations et emplissant beaucoup d’espace avec les grandes basques de son habit noir, qui flottaient au vent derrière lui. | Y sin escuchar a la señora Lefranrçois, que le llamaba de nuevo para contarle más cosas, el farmacéutico se alejó con paso rápido, la sonrisa en los labios y aire decidido, repartiendo a derecha a izquierda muchos saludos y ocupando mucho espacio con los grandes faldónes de su frac negro, que flotaban al viento detrás de él. |
Rodolphe, l’ayant aperçu de loin, avait pris un train rapide ; mais Mme Bovary s’essouffla ; il se ralentit donc et lui dit en souriant, d’un ton brutal : | Rodolfo, que lo había visto de lejos, aceleró el paso; pero Madame Bovary se quedó sin aliento; él entonces acortó la marcha, y le dijo sonriendo en un tono brutal: |
— C’est pour éviter ce gros homme : vous savez, l’apothicaire. | Es para no tropezar con el gordo ése. Ya comprende, el boticario. |
Elle lui donna un coup de coude. | Ella le dio un codazo. |
— Qu’est-ce que cela signifie ? se demanda-t-il. | «¿:Qué significa esto?, se preguntó él.» |
Et il la considéra du coin de l’œil, tout en continuant à marcher. | Y la contempló con el rabillo del ojo, sin dejar de caminar. |
Son profil était si calme, que l’on n’y devinait rien. Il se détachait en pleine lumière, dans l’ovale de sa capote qui avait des rubans pâles ressemblant à des feuilles de roseau. Ses yeux aux longs cils courbes regardaient devant elle, et, quoique bien ouverts, ils semblaient un peu bridés par les pommettes, à cause du sang, qui battait doucement sous sa peau fine. Une couleur rose traversait la cloison de son nez. Elle inclinait la tête sur l’épaule, et l’on voyait entre ses lèvres le bout nacré de ses dents blanches. | La expresión serena de su rostro no dejaba adivinar nada. Se destacaba en plena luz, en el óvalo de su capote, que tenía unas cintas pálidas semejantes a hojas de caña. Sus ojos de largas pestañas curvas miraban hacia delante, y, aunque bien abiertos, parecían un poco estirados hacia los pómulos, a causa de la sangre que latía suavemente bajo su fina piel. Un color rosa atravesaba el tabique de su nariz. Inclinaba la cabeza sobre el hombro y se veía entre sus labios la punta nacarada de sus dientes blancos. |
— Se moque-t-elle de moi ? songeait Rodolphe. | « ¿:Se burla de mí?, pensaba Rodolfo.» |
Ce geste d’Emma pourtant n’avait été qu’un avertissement ; car M. Lheureux les accompagnait, et il leur parlait de temps à autre, comme pour entrer en conversation : | Aquel gesto de Emma, sin embargo, no haba sido más que una advertencia; pues el señor Lheureux les acompañaba y les hablaba de vez en cuando, como para entrar en conversación: |
— Voici une journée superbe ! tout le monde est dehors ! les vents sont à l’est. | ¡Hace un día espléndido!, ¡todo el mundo está en la calle!, sopla Levante. |
Et Mme Bovary, non plus que Rodolphe, ne lui répondait guère, tandis qu’au moindre mouvement qu’ils faisaient, il se rapprochait en disant : « Plaît-il ? » et portait la main à son chapeau. | Y Madame Bovary, igual que Rodolfo, apenas le respondía, mientras que al menor movimiento que hacían, él se acercaba diciendo: «¿:Qué decía usted?», y llevaba la mano a su sombrero. |
Quand ils furent devant la maison du maréchal, au lieu de suivre la route jusqu’à la barrière, Rodolphe, brusquement, prit un sentier, entraînant Mme Bovary ; il cria : | Cuando llegaron a casa del herrador, en vez de seguir la carretera hasta la barrera, Rodolfo, bruscamente, tomó un sendero, llevándose a Madame; y exclamó: |
— Bonsoir, M. Lheureux ! au plaisir ! | ¡Buenas tardes, señor Lheureux! ¡Hasta la vista! |
— Comme vous l’avez congédié ! dit-elle en riant. | ¡Qué manera de despedirle! dijo ella riendo. |
— Pourquoi, reprit-il, se laisser envahir par les autres ? et, puisque, aujourd’hui, j’ai le bonheur d’être avec vous… | Por qué repuso él dejarse manejar por los demás, y ya que hoy tengo la suerte de estar con usted... |
Emma rougit. Il n’acheva point sa phrase. Alors il parla du beau temps et du plaisir de marcher sur l’herbe. Quelques marguerites étaient repoussées. | Emma se sonrojó. Rodolfo no terminó la frase. Entonces habló del buen tiempo y del placer de caminar sobre la hierba. Algunas margaritas habían retoñado. |
— Voici de gentilles pâquerettes, dit-il, et de quoi fournir bien des oracles à toutes les amoureuses du pays. | ¡Qué hèrmosas margaritas dijo él para proporcionar muchos oráculos a todas las enamoradas del país! |
Il ajouta : | Y añadió: |
— Si j’en cueillais. Qu’en pensez-vous ? | ¿:Si yo cogiera algunas? ¿:Qué piensa usted? |
— Est-ce que vous êtes amoureux ? fit-elle en toussant un peu. | ¿:Está usted enamorado? dijo ella tosiendo un poco. |
— Eh ! eh ! qui sait ? répondit Rodolphe. | ¡Eh!, ¡eh!, ¿:quién sabe? contestó Rodolfo. |
Le pré commençait à se remplir, et les ménagères vous heurtaient avec leurs grands parapluies, leurs paniers et leurs bambins. Souvent, il fallait se déranger devant une longue file de campagnardes, servantes en bas bleus, à souliers plats, à bagues d’argent, et qui sentaient le lait, quand on passait près d’elles. Elles marchaient en se tenant par la main, et se répandaient ainsi sur toute la longueur de la prairie, depuis la ligne des trembles jusqu’à la tente du banquet. Mais c’était le moment de l’examen, et les cultivateurs, les uns après les autres, entraient dans une manière d’hippodrome que formait une longue corde portée sur des bâtons. | El prado empezaba a llenarse, y las amas de casa tropezaban con sus grandes paraguas, sus cestos y sus chiquillos. A menudo había que apartarse delante de una larga fila de campesinas, criadas, con medias azules, zapatos bajos, sortijas de plata, y que olían a leche cuando se pasaba al lado de ellas. Caminaban cogidas de la mano, y se extendían a todo lo largo de la pradera, desde la línea de los álamos temblones hasta la tienda del banquete. Pero era el momento del concurso, y los agricultores, unos detrás de otros, entraban en una especie de hipódromo formado por una larga cuerda sostenida por unos palos. |
Les bêtes étaient là, le nez tourné vers la ficelle, et alignant confusément leurs croupes inégales. Des porcs assoupis enfonçaient en terre leur groin ; des veaux beuglaient ; des brebis bêlaient ; les vaches, un jarret replié, étalaient leur ventre sur le gazon, et, ruminant lentement, clignaient leurs paupières lourdes, sous les moucherons qui bourdonnaient autour d’elles. Des charretiers, les bras nus, retenaient par le licou des étalons cabrés, qui hennissaient à pleins naseaux du côté des juments. Elles restaient paisibles, allongeant la tête et la crinière pendante, tandis que leurs poulains se reposaient à leur ombre, ou venaient les téter quelquefois ; et, sur la longue ondulation de tous ces corps tassés, on voyait se lever au vent, comme un flot, quelque crinière blanche, ou bien saillir des cornes aiguës, et des têtes d’hommes qui couraient. À l’écart, en dehors des lices, cent pas plus loin, il y avait un grand taureau noir muselé, portant un cercle de fer à la narine, et qui ne bougeait pas plus qu’une bête de bronze. Un enfant en haillons le tenait par une corde. | Allí estaban los animales, con la cabeza vuelta hacia la cuerda, y alineando confusamente sus grupas desiguales. Había cerdos adormilados que hundían en la tierra sus hocicos; terneros que mugían; ovejas que balaban; las vacas, con una pata doblada, descansaban su panza sobre la hierba, y rumiando lentamente abrían y cerraban sus pesados párpados a causa de las moscas que zumbaban a su alrededor. Unos carreteros remangados sostenían por el ronzal caballos sementales encabritados que relinchaban con todas sus fuerzas hacia donde estaban las yeguas. Éstas permanecían sosegadas, alargando la cabeza y con las crines colgando, mientras que sus potros descansaban a su sombra o iban a mamar; y de vez en cuando, y sobre la larga ondulación de todos estos cuerpos amontonados, se veía alzarse el viento, como una ola, alguna crin blanca, o sobresalir unos cuernos puntiagudos, y cabezas de hombres que corrían. En lugar aparte, fuera del vallado, cien pasos más lejos, había un gran toro negro con bozal que llevaba un anillo de hierro en el morro, tan inmóvil como un animal de bronce. Un niño andrajoso lo sostenía por una cuerda. |
Cependant, entre les deux rangées, des messieurs s’avançaient d’un pas lourd, examinant chaque animal, puis se consultaient à voix basse. L’un d’eux, qui semblait plus considérable, prenait, tout en marchant, quelques notes sur un album. C’était le président du jury : M. Derozerays de la Panville. Sitôt qu’il reconnut Rodolphe, il s’avança vivement, et lui dit en souriant d’un air aimable : | Entretanto, entre las dos hileras, unos señores se acercaban con paso grave examinando cada animal y después se consultaban en voz baja. Uno de ellos, que parecía más importante, tomaba, al paso, notas en un cuaderno. Era el presidente del jurado: el señor Derozerays de la Panville. Tan pronto como reconoció a Rodolfo se adelantó rápidamente y le dijo sonriendo con un aire amable: |
— Comment, monsieur Boulanger, vous nous abandonnez ? | ¿:Cómo, señor Boulanger, nos abandona usted? |
Rodolphe protesta qu’il allait venir. Mais quand le président eut disparu : | Rodolfo aseguró que volvería. Pero cuando el presidente desapareció dijo: |
— Ma foi, non, reprit-il, je n’irai pas ; votre compagnie vaut bien la sienne. | Por supuesto que no iré; voy mejor acompañado con usted que con él. |
Et, tout en se moquant des comices, Rodolphe, pour circuler plus à l’aise, montrait au gendarme sa pancarte bleue, et même il s’arrêtait parfois devant quelque beau sujet, que Mme Bovary n’admirait guère. Il s’en aperçut, et alors se mit à faire des plaisanteries sur les dames d’Yonville, à propos de leur toilette ; puis il s’excusa lui-même du négligé de la sienne. Elle avait cette incohérence de choses communes et recherchées, où le vulgaire, d’habitude, croit entrevoir la révélation d’une existence excentrique, les désordres du sentiment, les tyrannies de l’art, et toujours un certain mépris des conventions sociales, ce qui le séduit ou l’exaspère. Ainsi sa chemise de batiste à manchettes plissées bouffait au hasard du vent, dans l’ouverture de son gilet, qui était de coutil gris, et son pantalon à larges raies découvrait aux chevilles ses bottines de nankin, claquées de cuir verni. Elles étaient si vernies, que l’herbe s’y reflétait. Il foulait avec elles les crottins de cheval, une main dans la poche de sa veste et son chapeau de paille mis de côté. | Y sin dejar de burlarse de la feria, Rodolfo, para circular más a gusto, mostraba su tarjeta azul al gendarme, y hasta se paraba a veces ante algún hermoso ejemplar que Madame Bovary apenas apreciaba. El se dio cuenta de esto, y entonces se puso a hacer bromas sobre las señoras de Yonville, a propósito de su indumentaria; después se disculpó a sí mismo por el descuido de la suya, la cual tenía esa incoherencia de cosas comunes y rebuscadas, en las que el vulgo habitualmente cree entrever la revelación de una existencia excéntrica, los desórdenes del sentimiento, las tiranías del arte, y siempre un cierto desprecio de las convenciones sociales, lo cual le seduce o le desespera. Por ejemplo, su camisa de batista con puños plisados se ahuecaba al soplo del viento, en el escote de su chaleco, que era de dril gris, y su pantalón de anchas rayas dejaba al descubierto en los tobillos sus botines de nankín, con palas de charol. Estaba tan reluciente que la hierba se reflejaba en él. Pisaba las deyecciones de caballo una mano en el bolsillo de su levita y su sombrero de paja ladeado. |
— D’ailleurs, ajouta-t-il, quand on habite la campagne… | Además añadió , cuando se vive en el campo... |
— Tout est peine perdue, dit Emma. | Es perder el tiempo dijo Emma. |
— C’est vrai ! répliqua Rodolphe. Songer que pas un seul de ces braves gens n’est capable de comprendre même la tournure d’un habit ! | ¡Es verdad! replicó Rodolfo . Pensar que nadie entre esas buenas gentes es capaz de apreciar siquiera el corte de una levita. |
Alors ils parlèrent de la médiocrité provinciale, des existences qu’elle étouffait, des illusions qui s’y perdaient. | Entonces hablaron de la mediocridad provinciana, de las vidas que se ahogaban, de las ilusiones que se perdían en ella. |
— Aussi, disait Rodolphe, je m’enfonce dans une tristesse… | Por eso decía Rodolfo yo me sumo en una tristeza... |
— Vous ! fit-elle avec étonnement. Mais je vous croyais très gai ? | ¡Usted! dijo ella con asombro . ¡Pero si yo le creía muy alegre! |
— Ah ! oui, d’apparence, parce qu’au milieu du monde je sais mettre sur mon visage un masque railleur ; et cependant que de fois, à la vue d’un cimetière, au clair de lune, je me suis demandé si je ne ferais pas mieux d’aller rejoindre ceux qui sont à dormir… | ¡Ah!, sí, en apariencia. Porque en medio del mundo sé poner sobre mi cara una máscara burlona; y sin embargo, cuántas veces a la vista de un cementerio, de un claro de luna, me he preguntado si no haría mejor yendo a reunirme con aquellos que están durmiendo... |
— Oh ! Et vos amis ? dit-elle. Vous n’y pensez pas. | ¡Oh! ¿:Y sus amigos? dijo ella . Usted no piensa en eso. |
— Mes amis ? lesquels donc ? en ai-je ? Qui s’inquiète de moi ? | ¿:Mis amigos? ¿:Cuáles? ¿:Acaso tengo yo amigos? ¿:Quién se preocupa de mi? |
Et il accompagna ces derniers mots d’une sorte de sifflement entre ses lèvres. | Y acompañó estas últimas palabras con una especie de silbido entre sus labios. |
Mais ils furent obligés de s’écarter l’un de l’autre, à cause d’un grand échafaudage de chaises qu’un homme portait derrière eux. Il en était si surchargé, que l’on apercevait seulement la pointe de ses sabots, avec le bout de ses deux bras, écartés droit. C’était Lestiboudois, le fossoyeur, qui charriait dans la multitude les chaises de l’église. Plein d’imagination pour tout ce qui concernait ses intérêts, il avait découvert ce moyen de tirer parti des comices ; et son idée lui réussissait, car il ne savait plus auquel, entendre. En effet, les villageois, qui avaient chaud, se disputaient ces sièges dont la paille sentait l’encens, et s’appuyaient contre leurs gros dossiers salis par la cire des cierges, avec une certaine vénération. | Pero tuvieron que separarse uno del otro a causa de una pila de sillas que un hombre llevaba detrás de ellos. Iba tan cargado que sólo se le veía la punta de los zapatos y el extremo de sus dos brazos abiertos. Era Lestiboudis, el enterrador, que transportaba entre la muchedumbre las sillas de la iglesia. Con gran imaginación para todo lo relativo a sus intereses había descubierto aquel medio de sacar partido de los «comicios»; y su idea estaba dando resultado, pues no sabía ya a quién escuchar. En efecto, los aldeanos, que tenían calor, se disputaban aquellas sillas cuya paja olía a incienso, y se apoyaban contra sus gruesos respaldos, sucios de la cera de las velas, con una cierta veneración. |
Mme Bovary reprit le bras de Rodolphe ; il continua comme se parlant à lui-même : | Madame Bovary volvió a tomar el brazo de Rodolfo; él continuó como hablándose a sí mismo: |
— Oui ! tant de choses m’ont manqué ! toujours seul ! Ah ! si j’avais eu un but dans la vie, si j’eusse rencontré une affection, si j’avais trouvé quelqu’un… Oh ! comme j’aurais dépensé toute l’énergie dont je suis capable, j’aurais surmonté tout, brisé tout ! | ¡Sí!, ¡tantas cosas me han faltado!, ¡siempre solo! ¡Ah!, si hubiese tenido una meta en la vida, si hubiese encontrado un afecto, si hubiese hallado a alguien... ¡Oh!, ¡cómo habría empleado toda la energía de que soy capaz, lo habría superado todo, roto todos los obstáculos! |
— Il me semble pourtant, dit Emma, que vous n’êtes guère à plaindre. | Me parece, sin embargo dijo Emma , que no tiene de qué quejarse. |
— Ah ! vous trouvez ? fit Rodolphe. | ¡Ah!, ¿:cree usted? dijo Rodolfo. |
— Car enfin…, reprit-elle, vous êtes libre. | Pues al fin y al cabo replicó ella , es usted libre. |
Elle hésita : | Emma vaciló: |
— Riche. | Rico. |
— Ne vous moquez pas de moi, répondit-il. | No se burle de mí contestó él. |
Et elle jurait qu’elle ne se moquait pas, quand un coup de canon retentit ; aussitôt, on se poussa, pêle-mêle, vers le village. | Y ella le estaba jurando que no se burlaba, cuando sonó un cañonazo; inmediatamente la gente echó a correr en tropel hacia el pueblo. |
C’était une fausse alerte. M. le préfet n’arrivait pas ; et les membres du jury se trouvaient fort embarrassés, ne sachant s’il fallait commencer la séance ou bien attendre encore. | Era una falsa alarma. El señor no acababa de llegar y los miembros del jurado se encontraban muy apurados sin saber si había que comenzar la sesión o bien seguir esperando. |
Enfin, au fond de la Place, parut un grand landau de louage, traîné par deux chevaux maigres, que fouettait à tour de bras un cocher en chapeau blanc. Binet n’eut que le temps de crier : « Aux armes ! » et le colonel de l’imiter. On courut vers les faisceaux. On se précipita. Quelques-uns même oublièrent leur col. Mais l’équipage préfectoral sembla deviner cet embarras, et les deux rosses accouplées, se dandinant sur leur chaînette, arrivèrent au petit trot devant le péristyle de la mairie, juste au moment où la garde nationale et les pompiers s’y déployaient, tambour battant, et marquant le pas. | Por fin, al fondo de la plaza, apareció un gran landó de alquiler, tirado por dos caballos flacos, a los que daba latigazos con todas sus fuerzas un cochero con sombrero blanco. Binet sólo tuvo tiempo para gritar: «A formar», y el coronel lo imitó. Corrieron hacia los pabellones. Se precipitaron. Algunos incluso olvidaron el cuello. Pero el séquito del prefecto pareció darse cuenta de aquel apuro, y los dos rocines emparejados, contoneándose sobre la cadeneta del bocado, llegaron a trote corto ante el peristilo del ayuntamiento justo en el momento en que la guardia nacional y los bomberos se desplegaban al redoble del tambor, y marcando el paso. |
— Balancez ! cria Binet. | ¡Paso! gritó Binet. |
— Halte ! cria le colonel. Par file à gauche ! | ¡Alto! gritó el coronel , ¡alineación izquierda! |
Et, après, un port d’armes où le cliquetis des capucines, se déroulant, sonna comme un chaudron de cuivre qui dégringole les escaliers, tous les fusils retombèrent. | Y después de un «presenten armas» en que se oyó el ruido de las abrazaderas, semejante al de un caldero de cobre que rueda por las escaleras, todos los fusiles volvieron a su posición. |
Alors on vit descendre du carrosse un monsieur vêtu d’un habit court à broderie d’argent, chauve sur le front, portant toupet à l’occiput, ayant le teint blafard et l’apparence des plus bénignes. Ses deux yeux, fort gros et couverts de paupières épaisses, se fermaient à demi pour considérer la multitude, en même temps qu’il levait son nez pointu et faisait sourire sa bouche rentrée. Il reconnut le maire à son écharpe, et lui exposa que M. le préfet n’avait pu venir. Il était, lui, un conseiller de préfecture ; puis il ajouta quelques excuses. Tuvache y répondit par des civilités, l’autre s’avoua confus ; et ils restaient ainsi, face à face, et leurs fronts se touchant presque, avec les membres du jury tout alentour, le conseil municipal, les notables, la garde nationale et la foule. M. le Conseiller, appuyant contre sa poitrine son petit tricorne noir, réitérait ses salutations, tandis que Tuvache, courbé comme un arc, souriait aussi, bégayait, cherchait ses phrases, protestait de son dévouement à la monarchie, et de l’honneur que l’on faisait à Yonville. | Entonces se vio bajar de la carroza a un señor vestido de chaqué con bordado de plata, calvo por delante, con tupé en el occipucio, de tez pálida y aspecto bonachón. Sus dos ojos, muy abultados y cubiertos de gruesos párpados, se entornaban para contemplar la multitud, al mismo tiempo que levantaba su nariz puntiaguda y hacía sonreír su boca hundida. Reconoció al alcalde por la banda, y le comunicó que el señor prefecto no había podido venir. El era consejero de la prefectura, luego añadió algunas excusas. Tuvache contestó con cortesías, el otro se mostró confuso y así permanecieron frente a frente, con sus cabezas casi tocándose, rodeados por los miembros del jurado en pleno, el consejo municipal, los notables, la guardia nacional y el público. El señor consejero, apoyando contra su pecho su pequeño tricornio negro, reiteraba sus saludos, mientras que Tuvache, inclinado como un arco, sonreía también, tartamudeaba, rebuscaba sus frases, proclamaba su fidelidad a la monarquía, y el honor que se le hacía a Yonville. |
Hippolyte, le garçon de l’auberge, vint prendre par la bride les chevaux du cocher, et tout en boitant de son pied bot, il les conduisit sous le porche du Lion d’or, où beaucoup de paysans s’amassèrent à regarder la voiture. Le tambour battit, l’obusier tonna, et les messieurs à la file montèrent s’asseoir sur l’estrade, dans les fauteuils en utrecht rouge qu’avait prêtés Mme Tuvache. | Hipólito, el mozo del mesón, fue a tomar por las riendas los caballos del cochero, y cojeando con su pie zopo, los llevó bajo el porche del «Lion d′Or», donde muchos campesinos se amontonaron para ver el coche. Redobló el tambor, tronó el cañón, y los señores en fila subieron a sentarse en el estrado, en los sillones de terciopelo rojo que había prestado la señora Tuvache. |
Tous ces gens-là se ressemblaient. Leurs molles figures blondes, un peu hâlées par le soleil, avaient la couleur du cidre doux, et leurs favoris bouffants s’échappaient de grands cols roides, que maintenaient des cravates blanches à rosette bien étalée. Tous les gilets étaient de velours à châle ; toutes les montres portaient au bout d’un long ruban quelque cachet ovale en cornaline ; et l’on appuyait ses deux mains sur ses deux cuisses, en écartant avec soin la fourche du pantalon, dont le drap non décati reluisait plus brillamment que le cuir des fortes bottes. | Todas aquellas gentes se parecían. Sus fofas caras rubias, un poco tostadas por el sol, tenían el color de la sidra dulce, y sus patillas ahuecadas salían de grandes cuellos duros sujetos por corbatas blancas con el nudo bien hecho. Todos los chalecos eran de terciopelo y de solapas; todos los relojes llevaban en el extremo de una larga cinta un colgante ovalado de cornalina; y apoyaban sus dos manos sobre sus dos muslos, separando cuidadosamente la cruz del pantalón, cuyo paño no ajado brillaba más que la piel de las fuertes botas. |
Les dames de la société se tenaient derrière, sous le vestibule, entre les colonnes, tandis que le commun de la foule était en face, debout, ou bien assis sur des chaises. En effet, Lestiboudois avait apporté là toutes celles qu’il avait déménagées de la prairie, et même il courait à chaque minute en chercher d’autres dans l’église, et causait un tel encombrement par son commerce, que l’on avait grand-peine à parvenir jusqu’au petit escalier de l’estrade. | Las damas de la sociedad estaban situadas detrás, bajo el vestíbulo, entre las columnas, mientras que el público estaba en frente, de pie, o sentado en sillas. En efecto, Lestiboudis había llevado a11í todas las que había trasladado de la pradera, e incluso corría cada minuto a buscar más a la iglesia, y ocasionaba tal atasco con su comercio que era difícil llegar hasta la escalerilla del estrado. |
— Moi, je trouve, dit M. Lheureux (s’adressant au pharmacien, qui passait pour gagner sa place), que l’on aurait dû planter là deux mâts vénitiens : avec quelque chose d’un peu sévère et de riche comme nouveautés, c’eût été d’un fort joli coup d’œil. | Creo dijo el señor Lheureux, dirigiéndose al farmacéutico que pasaba para ocupar su puesto que deberían haber puesto allí dos mástiles venecianos: con alguna cosa un poco severa y rica como novedad, hubiese sido de un efecto muy bonito. |
— Certes, répondit Homais. Mais, que voulez-vous ! c’est le maire qui a tout pris sous son bonnet. Il n’a pas grand goût, ce pauvre Tuvache, et il est même complètement dénué de ce qui s’appelle le génie des arts. | Ciertamente respondió Homais , pero, ¡qué quiere usted!, es el alcalde quien se ha encargado de todo. No tiene mucho gusto este pobre Tuvache, a incluso carece de lo que se llama talento artístico. |
Cependant Rodolphe, avec madame Bovary, était monté au premier étage de la mairie, dans la salle des délibérations, et, comme elle était vide, il avait déclaré que l’on y serait bien pour jouir du spectacle plus à son aise. Il prit trois tabourets autour de la table ovale, sous le buste du monarque, et, les ayant approchés de l’une des fenêtres, ils s’assirent l’un près de l’autre. | Entretanto, Rodolfo, con Madame Bovary, subió al primer piso del ayuntamiento, al salón de sesiones, y como estaba vacío, dijo que allí estarían bien para gozar del espectáculo a sus anchas. Tomó tres taburetes de alrededor de la mesa oval, bajo el busto del monarca, y, acercándolos a una de las ventanas, se sentaron el uno al lado del otro. |
Il y eut une agitation sur l’estrade, de longs chuchotements, des pourparlers. Enfin, M. le Conseiller se leva. On savait maintenant qu’il s’appelait Lieuvain, et l’on se répétait son nom de l’un à l’autre, dans la foule. Quand il eut donc collationné quelques feuilles et appliqué dessus son œil pour y mieux voir, il commença : | Hubo un hormigueo en el estrado, largos murmullos, conversaciones. Por fin se levantó el señor consejero. Se sabía ahora que se llamaba Lieuvain, y corría su nombre de boca en boca entre el público. Después de haber ordenado varias hojas y mirado por encima para ver mejor, comenzó. |
« Messieurs, | «Señores: |
« Qu’il me soit permis d’abord (avant de vous entretenir de l’objet de cette réunion d’aujourd’hui, et ce sentiment, j’en suis sûr, sera partagé par vous tous), qu’il me soit permis, dis-je de rendre justice à l’administration supérieure ; au gouvernement, au monarque, messieurs, à notre souverain, à ce roi bien-aimé à qui aucune branche de la prospérité publique ou particulière n’est indifférente, et qui dirige à la fois d’une main si ferme et si sage le char de l’État parmi les périls incessants d’une mer orageuse, sachant d’ailleurs faire respecter la paix comme la guerre, l’industrie, le commerce, l’agriculture et les beaux-arts. » | Permítanme en primer lugar, antes de hablarles del motivo de esta reunión de hoy, y estoy seguro de que este sentir será compartido por todos ustedes, permítanme, digo, hacer justicia a la administración superior, al gobierno, al monarca, señores, a nuestro soberano, a ese rey bien amado a quien ninguna rama de la prosperidad pública o privada le es indiferente, y que dirige a la vez con mano tan firme y tan prudente el carro del estado en medio de los peligros incesantes de un mar tempestuoso, sabiendo, además, hacer respetar la paz como la guerra, la industria, el comercio, la agricultura y las bellas artes.» |
— Je devrais, dit Rodolphe, me reculer un peu. | Debería dijo Rodolfo , echarme un poco hacia atrás. |
— Pourquoi ? dit Emma. | ¿:Por qué? dijo Emma. |
Mais, à ce moment, la voix du Conseiller s’éleva d’un ton extraordinaire. Il déclamait : | Pero en este momento la voz del consejero, elevando el tono de un modo extraordinario, declaraba: |
« Le temps n’est plus, messieurs, où la discorde civile ensanglantait nos places publiques, où le propriétaire, le négociant, l’ouvrier lui-même, en s’endormant le soir d’un sommeil paisible, tremblaient de se voir réveillés tout à coup au bruit des tocsins incendiaires, où les maximes les plus subversives sapaient audacieusement les bases… » | «Ya no es el tiempo, señores, en que la discordia civil ensangrentaba nuestras plazas públicas, en que el propietario, el negociante, el mismo obrero, que se dormía de noche con un sueño apacible, temblaban al verse despertar de pronto al ruido del toque de rebato, en que las máximas más subversivas minaban audazmente las bases...» |
— C’est qu’on pourrait, reprit Rodolphe, m’apercevoir d’en bas ; puis j’en aurais pour quinze jours à donner des excuses, et, avec ma mauvaise réputation… | Es que podrían dijo Rodolfo verme desde abajo; luego tendría durante quince días que dar explicaciones, y con mi mala fama... |
— Oh ! vous vous calomniez, dit Emma. | ¡Oh!, usted se calumnia dijo Emma. |
— Non, non, elle est exécrable, je vous jure. | No, no, es execrable, se lo juro. |
« Mais, Messieurs, poursuivait le Conseiller, que si, écartant de mon souvenir ces sombres tableaux, je reporte mes yeux sur la situation actuelle de notre belle patrie : qu’y vois-je ? Partout fleurissent le commerce et les arts ; partout des voies nouvelles de communication, comme autant d’artères nouvelles dans le corps de l’État, y établissent des rapports nouveaux ; nos grands centres manufacturiers ont repris leur activité ; la religion, plus affermie, sourit à tous les cœurs ; nos ports sont pleins, la confiance renaît, et enfin la France respire !… » | «Pero, señores, continuaba el consejero, si, alejando de mi recuerdo aquellos sombríos cuadros, vuelvo mis ojos a la situación actual de nuestra hermosa patria: ¿:qué veo en ella? Por todas partes florecen el comercio y las artes; por todas partes nuevas vías de comunicación, como otras tantas arterias nuevas en el cuerpo del Estado establecen en él nuevas relaciones; nuestros grandes centros manufactureros han reanudado su actividad; la religión, más afianzada, sonríe a todos los corazones; nuestros puertos están llenos, la confianza renace, y, por fin, Francia respira.» |
— Du reste, ajouta Rodolphe, peut-être, au point de vue du monde, a-t-on raison ? | Por lo demás añadió Rodolfo , quizás, desde el punto de vista de la gente, ¿:tienen razón? |
— Comment cela ? fit-elle. | ¿:Cómo es eso? dijo ella. |
— Eh quoi ! dit-il, ne savez-vous pas qu’il y a des âmes sans cesse tourmentées ? Il leur faut tour à tour le rêve et l’action, les passions les plus pures, les jouissances les plus furieuses, et l’on se jette ainsi dans toutes sortes de fantaisies, de folies. | ¿:Y cómo ha de ser? dijo él , ¿:no sabe usted que hay almas continuamente atormentadas? Necesitan alternativamente el sueño y la acción, las pasiones más puras, los goces más furiosos, y se precipitan así en toda clase de fantasías, de locuras. |
Alors elle le regarda comme on contemple un voyageur qui a passé par des pays extraordinaires, et elle reprit : | Entonces ella lo miró como quien contempla a un viajero que ha pasado por países extraordinarios, y replicó: |
— Nous n’avons pas même cette distraction, nous autres pauvres femmes ! | Nosotras, las pobres mujeres, ni siquiera tenemos esa distracción. |
— Triste distraction car on n’y trouve pas le bonheur. | Triste distracción, pues ahí no se encuentra la felicidad. |
— Mais le trouve-t-on jamais ? demanda-t-elle. | ¿:Pero acaso la felicidad se encuentra alguna vez? preguntó ella. |
— Oui, il se rencontre un jour, répondit-il. | Sí, un día se encuentra respondió él. |
« Et c’est là ce que vous avez compris, disait le Conseiller. Vous, agriculteurs et ouvriers des campagnes ; vous, pionniers pacifiques d’une œuvre toute de civilisation ! vous, hommes de progrès et de moralité ! vous avez compris, dis-je, que les orages politiques sont encore plus redoutables vraiment que les désordres de l’atmosphère… » | «Y esto lo han comprendido ustedes, decía el consejero; ¡ustedes, agricultores, trabajadores del campo; ustedes, pioneros pacíficos de toda una obra de civilización!, ¡ustedes, hombres de progreso y de moralidad!, ustedes han comprendido, digo, que las tormentas políticas son todavía más temibles ciertamente que las perturbaciones atmosféricas...» |
— Il se rencontre un jour, répéta Rodolphe, un jour, tout à coup, et quand on en désespérait. Alors des horizons s’entrouvrent, c’est comme une voix qui crie : « Le voilà ! » Vous sentez le besoin de faire à cette personne la confidence de votre vie ; de lui donner tout, de lui sacrifier tout ! On ne s’explique pas, on se devine. On s’est entrevu dans ses rêves. (Et il la regardait.) Enfin, il est là, ce trésor que l’on a tant cherché, là, devant vous ; il brille, il étincelle. Cependant on en doute encore, on n’ose y croire ; on en reste ébloui, comme si l’on sortait des ténèbres à la lumière. | Sí, llega un día repitió Rodolfo , un día, de pronto, y cuando ya se había perdido la esperanza. Entonces se entreabren horizontes, es como una voz que grita: «¡Aquí está!» Uno siente la necesidad de hacer a esa persona la confidencia de su vida, de darle todo, de sacrificarle todo. No nos explicamos, nos adivinamos. Nos hemos vislumbrado en sueños (y él la miraba). Por fin, está ahí, ese tesoro que tanto se ha buscado, ahí, delante de nosotros; brilla, resplandece. Sin embargo, seguimos dudando, no nos atrevemos a creer en él; nos quedamos deslumbrados, como si saliéramos de las tinieblas a la luz. |
Et, en achevant ces mots, Rodolphe ajouta la pantomime a sa phrase. Il se passa la main sur le visage, tel qu’un homme pris d’étourdissement ; puis il la laissa retomber sur celle d’Emma. Elle retira la sienne. Mais le Conseiller lisait toujours : | Y al terminar estas palabras Rodolfo añadió la pantomima a su frase. Pasó la mano por la cara como un hombre a quien le da un mareo; después la dejó caer sobre la de Emma. Ella retiró la suya. Pero el consejero seguía leyendo: |
« Et qui s’en étonnerait, Messieurs ? Celui-là seul qui serait assez aveugle, assez plongé (je ne crains pas de le dire), assez plongé dans les préjugés d’un autre âge pour méconnaître encore l’esprit des populations agricoles. Où trouver, en effet, plus de patriotisme que dans les campagnes, plus de dévouement à la cause publique, plus d’intelligence en un mot ? Et je n’entends pas, Messieurs, cette intelligence superficielle, vain ornement des esprits oisifs, mais plus de cette intelligence profonde et modérée, qui s’applique par-dessus toute chose à poursuivre des buts utiles, contribuant ainsi au bien de chacun, à l’amélioration commune et au soutien des États, fruit du respect des lois et de la pratique des devoirs… » | « ¿:Y quien se extrañaría de ello, señores? Sólo aquél que fuese tan ciego y tan esclavo (no temo decirlo), de los prejuicios de otra época para seguir desconociendo el espíritu de los pueblos agrícolas. ¿:Dónde encontrar, en efecto, más patriotismo que en el campo, más entrega a la causa pública, más inteligencia, en una palabra? Y no hablo, señores, de esa inteligencia superficial, vano ornamento de las mentes ociosas, sino de esa inteligencia profunda y moderada que se aplica por encima de todo a perseguir fines útiles, contribuyendo así al bien de cada uno, fruto del respeto a las leyes y la práctica de los deberes...» |
— Ah ! encore, dit Rodolphe. Toujours les devoirs, je suis assommé de ces mots-là. Ils sont un tas de vieilles ganaches en gilet de flanelle, et de bigotes à chaufferette et à chapelet, qui continuellement nous chantent aux oreilles : « Le devoir ! le devoir ! » Eh ! parbleu ! le devoir, c’est de sentir ce qui est grand, de chérir ce qui est beau, et non pas d’accepter toutes les conventions de la société, avec les ignominies qu’elle nous impose. | ¡Y dale! dijo Rodolfo , siempre los deberes. Estoy harto de esas palabras. Son un montón de zopencos con chaleco de franela y de beatas de estufa y rosario que continuamente nos cantan a los oídos: «¡El deber!, ¡el deber!» ¡Qué diablos!, el deber, es sentir lo que es grande, amar lo que es bello, y no aceptar todos los convencionalismos de la sociedad, con las ignominias que ella nos impone. |
— Cependant…, cependant…, objectait Mme Bovary. | Sin embargo..., sin embargo objetaba Madame Bovary. |
— Eh non ! pourquoi déclamer contre les passions ? Ne sont-elles pas la seule belle chose qu’il y ait sur la terre, la source de l’héroïsme, de l’enthousiasme, de la poésie, de la musique, des arts, de tout enfin ? | ¡Pues no! ¿:Por qué predicar contra las pasiones? ¿:No son la única cosa hermosa que hay sobre la tierra, la fuente del heroísmo, del entusiasmo, de la poesía, de la música, de las artes, en fin, de todo? |
— Mais il faut bien, dit Emma, suivre un peu l’opinion du monde et obéir à sa morale. | Pero es preciso dijo Emma seguir un poco la opinión del mundo y obedecer su moral. |
— Ah ! c’est qu’il y en a deux, répliqua-t-il. La petite, la convenue, celle des hommes, celle qui varie sans cesse et qui braille si fort, s’agite en bas, terre à terre, comme ce rassemblement d’imbéciles que vous voyez. Mais l’autre, l’éternelle, elle est tout autour et au-dessus, comme le paysage qui nous environne et le ciel bleu qui nous éclaire. | ¡Ah!, es que hay dos replicó él . La pequeña, la convencional, la de los hombres, la que varía sin cesar y que chilla tan fuerte, se agita abajo a ras de tierra, como ese hato de imbéciles que usted ve. Pero la otra, la eterna, está alrededor y por encima, como el paisaje que nos rodea y el cielo azul que nos alumbra. |
M. Lieuvain venait de s’essuyer la bouche avec son mouchoir de poche. Il reprit : | El señor Lieuvain acababa de limpiarse la boca con su pañuelo de bolsillo. Y continuó: |
« Et qu’aurais-je à faire, messieurs, de vous démontrer ici l’utilité de l’agriculture ? Qui donc pourvoit à nos besoins ? qui donc fournit à notre subsistance ? N’est-ce pas l’agriculteur ? L’agriculteur, messieurs, qui, ensemençant d’une main laborieuse les sillons féconds des campagnes, fait naître le blé, lequel broyé est mis en poudre au moyen d’ingénieux appareils, en sort sous le nom de farine, et, de là, transporté dans les cités, est bientôt rendu chez le boulanger, qui en confectionne un aliment pour le pauvre comme pour le riche. N’est-ce pas l’agriculteur encore qui engraisse, pour nos vêtements, ses abondants troupeaux dans les pâturages ? Car comment nous vêtirions-nous, car comment nous nourririons-nous sans l’agriculteur ? Et même, messieurs, est-il besoin d’aller si loin chercher des exemples ? Qui n’a souvent réfléchi à toute l’importance que l’on retire de ce modeste animal, ornement de nos basses-cours, qui fournit à la fois un oreiller moelleux pour nos couches, sa chair succulente pour nos tables, et des œufs ? Mais je n’en finirais pas, s’il fallait énumérer les uns après les autres les différents produits que la terre bien cultivée, telle qu’une mère généreuse, prodigue à ses enfants. Ici, c’est la vigne ; ailleurs, ce sont les pommiers à cidre ; là, le colza ; plus loin, les fromages ; et le lin ; messieurs, n’oublions pas le lin ! qui a pris dans ces dernières années un accroissement considérable et sur lequel j’appellerai plus particulièrement votre attention. » | «¿:Y para qué hablarles aquí a ustedes de la utilidad de la agricultura? ¿:Quién subviene a nuestras necesidades?, ¿:quién provee a nuestra subsistencia? ¿:No es el agricultor? El agricultor, señores, quien sembrando con mano laboriosa los surcos fecundos de nuestros campos hace nacer el trigo, el cual, triturado, es transformado en polvo por medio de ingeniosos aparatos, de donde sale con el nombre de harina, y transportado de a11í a las ciudades llega a manos del panadero que hace con ella un alimento tanto para el pobre como para el rico. ¿:No es también el agricultor quién, para vestirnos, engorda sus numerosos rebaños en los pastos? ¿:Y cómo nos vestiríamos, cómo nos alimentaríamos sin el agricultor? Pero, señores, ¿:hay necesidad de ir a buscar ejemplos tan lejos? ¿:Quién no ha pensado muchas veces en todo el provecho que se obtiene de ese modesto animal, adorno de nuestros corrales, que proporciona a la vez una almohada blanda para nuestras camas, su carne suculenta para nuestras mesas, y huevos? Pero no terminaría, si tuviera que enumerar unos detrás de otros los diferentes productos que la tierra bien cultivada, como una madre generosa, prodiga a sus hijos. Aquí, es la viña; en otro lugar, son las manzanas de sidra; a11á, la colza; más lejos, los quesos; y el lino; ¡señores, no olvidemos el lino!, que ha alcanzado estos últimos años un crecimiento considerable y sobre el cual llamaré particularmente la atención de ustedes.» |
Il n’avait pas besoin de l’appeler : car toutes les bouches de la multitude se tenaient ouvertes, comme pour boire ses paroles. Tuvache, à côté de lui, l’écoutait en écarquillant les yeux ; M. Derozerays, de temps à autre, fermait doucement les paupières ; et, plus loin, le pharmacien, avec son fils Napoléon entre ses jambes, bombait sa main contre son oreille pour ne pas perdre une seule syllabe. Les autres membres du jury balançaient lentement leur menton dans leur gilet, en signe d’approbation. Les pompiers, au bas de l’estrade, se reposaient sur leurs baïonnettes ; et Binet, immobile, restait le coude en dehors, avec la pointe du sabre en l’air. Il entendait peut-être, mais il ne devait rien apercevoir, à cause de la visière de son casque qui lui descendait sur le nez. Son lieutenant, le fils cadet du sieur Tuvache, avait encore exagéré le sien ; car il en portait un énorme et qui lui vacillait sur la tête, en laissant dépasser un bout de son foulard d’indienne. Il souriait là-dessous avec une douceur tout enfantine, et sa petite figure pâle, où des gouttes ruisselaient, avait une expression de jouissance, d’accablement et de sommeil | No era necesario llamar la atención, pues todas las bocas de la muchedumbre se mantenían abiertas, como para beber sus palabras. Tuvache, a su lado, lo escuchaba con los ojos abiertos de par en par; el señor Derozerays de vez en cuando cerraba suavemente los párpados; y más lejos, el farmacéutico, con su hijo Napoleón entre sus rodillas, se llevaba la mano a la oreja para no perder una sola sílaba. Los otros miembros del jurado lentamente movían la cabeza en señal de aprobación. Los bomberos, debajo del estrado, estaban «en su lugar descanso» sobre sus bayonetas; y Binet, inmóvil, permanecía con el codo atrás, con la punta del sable al aire. Quizás oía, pero no debía de ver nada, a causa de la visera de su casco que le bajaba hasta la nariz. Su lugarteniente, el hijo menor del tío Tuvache, había agrandado el suyo; pues llevaba uno enorme que se le movía en la cabeza, dejando asomar una punta de su pañuelo estampado. Sonreía debajo de él con una dulzura muy infantil, y su carita pálida, por la que resbalaban unas gotas de sudor, tenía una expresión de satisfacción, de cansancio y de sueño. |
La place jusqu’aux maisons était comble de monde. On voyait des gens accoudés à toutes les fenêtres, d’autres debout sur toutes les portes, et Justin, devant la devanture de la pharmacie, paraissait tout fixé dans la contemplation de ce qu’il regardait. Malgré le silence, la voix de M. Lieuvain se perdait dans l’air. Elle vous arrivait par lambeaux de phrases, qu’interrompait, çà et là le bruit des chaises dans la foule ; puis on entendait, tout à coup, partir derrière soi un long mugissement de bœuf, ou bien les bêlements des agneaux qui se répondaient au coin des rues. En effet, les vachers et les bergers avaient poussé leurs bêtes jusque-là, et elles beuglaient de temps à autre, tout en arrachant avec leur langue quelque bribe de feuillage qui leur pendait sur le museau. | La plaza, hasta las casas, estaba llena de gente. Se veían personas asomadas a las ventanas, otras de pie en las puertas, y Justino, delante del escaparate de la farmacia, parecía completamente absorto en la contemplación de lo que miraba. A pesar del silencio, la voz del señor Lieuvain se perdía en el aire. Llegaba por trozos de frases, interrumpidas aquí y allí por el ruido de las sillas entre la muchedumbre; luego se oía de pronto, por detrás, el prolongado mugido de un buey, o bien los balidos de los corderos que se contestaban en la esquina de las calles. En efecto, los vaqueros y los pastores habían llevado allí sus animales que berreaban de vez en cuando, mientras arrancaban con su lengua un trocito de follaje que les colgaba del morro. |
Rodolphe s’était rapproché d’Emma, et il disait d’une voix basse, en parlant vite : | Rodolfo se había acercado a Emma, y decía en voz baja y deprisa: |
— Est-ce que cette conjuration du monde ne vous révolte pas ? Est-il un seul sentiment qu’il ne condamne ? Les instincts les plus nobles, les sympathies les plus pures sont persécutés, calomniés, et, s’il se rencontre enfin deux pauvres âmes, tout est organisé pour qu’elles ne puissent se joindre. Elles essayeront cependant, elles battront des ailes, elles s’appelleront. Oh ! n’importe, tôt ou tard, dans six mois, dix ans, elles se réuniront, s’aimeront, parce que la fatalité l’exige et qu’elles sont nées l’une pour l’autre. | ¿:Es que no le subleva a usted esta conspiración de la sociedad? ¿:Hay algún sentimiento que no condene? Los instintos más nobles, las simpatías más puras son perseguidas, calumniadas, y si, por fin, dos pobres almas se encuentran, todo está organizado para que no puedan unirse. Sin embargo, ellas lo intentarán, moverán las alas, se llamarán. ¡Oh!, no importa, tarde o temprano, dentro de seis meses, diez años, se reunirán, se amarán, porque el destino lo exige y porque han nacido la una para la otra. |
Il se tenait les bras croisés sur ses genoux, et, ainsi levant la figure vers Emma, il la regardait de près, fixement. Elle distinguait dans ses yeux des petits rayons d’or s’irradiant tout autour de ses pupilles noires, et même elle sentait le parfum de la pommade qui lustrait sa chevelure. Alors une mollesse la saisit, elle se rappela ce vicomte qui l’avait fait valser à la Vaubyessard, et dont la barbe exhalait, comme ces cheveux-là, cette odeur de vanille et de citron ; et, machinalement, elle entreferma les paupières pour la mieux respirer : Mais, dans ce geste qu’elle fit en se cambrant sur sa chaise, elle aperçut au loin, tout au fond de l’horizon, la vieille diligence l’Hirondelle, qui descendait lentement la côte des Leux, en traînant après soi un long panache de poussière. C’était dans cette voiture jaune que Léon, si souvent, était revenu vers elle ; et par cette route là-bas qu’il était parti pour toujours ! Elle crut le voir en face, à sa fenêtre ; puis tout se confondit, des nuages passèrent ; il lui sembla qu’elle tournait encore dans la valse, sous le feu des lustres, au bras du vicomte, et que Léon n’était pas loin, qui allait venir… et cependant elle sentait toujours la tête de Rodolphe à côté d’elle. La douceur de cette sensation pénétrait ainsi ses désirs d’autrefois, et comme des grains de sable sous un coup de vent, ils tourbillonnaient dans la bouffée subtile du parfum qui se répandait sur son âme. Elle ouvrit les narines à plusieurs reprises, fortement, pour aspirer la fraîcheur des lierres autour des chapiteaux. Elle retira ses gants, elle s’essuya les mains ; puis, avec son mouchoir, elle s’éventait la figure, tandis qu’à travers le battement de ses tempes elle entendait la rumeur de la foule et la voix du Conseiller qui psalmodiait ses phrases. | Estaba con los brazos cruzados sobre las rodillas y, levantando la cara hacia Emma, la miraba de cerca, fijamente. Ella distinguía en sus ojos unos rayitos de oro que se irradiaban todo alrededor de sus pupilas negras a incluso percibía el perfume de la pomada que le abrillantaba el cabello. Entonces entró en un estado de languidez, recordó al vizconde que la había invitado a valsear en la Vaubyessard, y cuya barba exhalaba, como los cabellos de Rodolfo, aquel olor a vainilla y a limón; y, maquinalmente, entornó los párpados para respirarlo mejor. Pero en el movimiento que hizo, retrepándose en su silla, vio a lo lejos, al fondo del horizonte, la vieja diligencia, «La Golondrina», que bajaba lentamente la cuesta de los Leux, dejando detrás de ella un largo penacho de polvo. Era en aquel coche amarillo donde León tantas veces había venido hacia ella; y por aquella carretera por donde se había ido para siempre. Creyó verlo de frente, en su ventana; después todo se confundió, pasaron unas nubes; le pareció estar aún bailando un vals, a la luz de las lámparas, en brazos del vizconde, y que León no estaba lejos, que iba a venir... y entretanto seguía sintiendo la cabeza de Rodolfo al lado de ella. La dulzura de esa sensación penetraba así sus deseos de antaño, y como granos de arena bajo ráfaga de viento, se arremolinaban en la bocanada sutil del perfume que se derramaba sobre su alma. Abrió las aletas de la nariz varias veces, fuertemente, para aspirar la frescura de las hiedras alrededor de los capiteles. Se quitó los guantes, se secó las manos, después, con su pañuelo, se abanicaba la cara, mientras que a través del latido de sus sienes oía el rumor de la muchedumbre y la voz del consejero, que salmodiaba sus frases. |
Il disait : | Decía: |
« Continuez ! persévérez ! n’écoutez ni les suggestions de la routine, ni les conseils trop hâtifs d’un empirisme téméraire ! Appliquez-vous surtout à l’amélioration du sol, aux bons engrais, au développement des races chevalines, bovines, ovines et porcines ! Que ces comices soient pour vous comme des arènes pacifiques où le vainqueur, en en sortant, tendra la main au vaincu et fraternisera avec lui, dans l’espoir d’un succès meilleur ! Et vous, vénérables serviteurs ! humbles domestiques, dont aucun gouvernement jusqu’à ce jour n’avait pris en considération les pénibles labeurs, venez recevoir la récompense de vos vertus silencieuses, et soyez convaincus que l’état, désormais, a les yeux fixés sur vous, qu’il vous encourage, qu’il vous protège, qu’il fera droit à vos justes réclamations et allégera, autant qu’il est en lui, le fardeau de vos pénibles sacrifices ! » | «¡Continuad!, ¡perseverad!, ¡no escuchéis ni las sugerencias de la rutina ni los consejos demasiado apresurados de un empirismo temerario! ¡Aplicaos sobre todo a la mejora del suelo, a los buenos abonos, al desarrollo de las razas caballar, bovina, ovina y porcina! ¡Que estos comicios sean para vosotros como lides pacíficas en donde el vencedor, al salir de aquí, tenderá la mano al vencido y fraternizará con él, en la esperanza de una victoria mejor! ¡Y vosotros, venerables servidores!, humildes criados, cuyos penosos trabajos ningún gobierno había reconocido hasta hoy, venid a recibir la recompensa de vuestras virtudes silenciosas, y tened la convicción de que el Estado, en lo sucesivo, tiene los ojos puestos en vosotros, que os alienta, que os protege, que hará justicia a vuestras justas reclamaciones y aliviará en cuanto de él dependa la carga de vuestros penosos sacrificios.» |
M. Lieuvain se rassit alors ; M. Derozerays se leva, commençant un autre discours. Le sien, peut-être, ne fut point aussi fleuri que celui du Conseiller ; mais il se recommandait par un caractère de style plus positif, c’est-à-dire par des connaissances plus spéciales et des considérations plus relevées. Ainsi, l’éloge du gouvernement y tenait moins de place ; la religion et l’agriculture en occupaient davantage. On y voyait le rapport de l’une et de l’autre, et comment elles avaient concouru toujours à la civilisation. Rodolphe, avec Mme Bovary, causait rêves, pressentiments, magnétisme. Remontant au berceau des sociétés, l’orateur vous dépeignait ces temps farouches où les hommes vivaient de glands, au fond des bois. Puis ils avaient quitté la dépouille des bêtes ; endossé le drap, creusé des sillons, planté la vigne. Etait-ce un bien, et n’y avait-il pas dans cette découverte plus d’inconvénients que d’avantages ? M. Derozerays se posait ce problème. Du magnétisme, peu à peu, Rodolphe en était venu aux affinités, et, tandis que M. le président citait Cincinnatus à sa charrue, Dioclétien plantant ses choux, et les empereurs de la Chine inaugurant l’année par des semailles, le jeune homme expliquait à la jeune femme que ces attractions irrésistibles tiraient leur cause de quelque existence antérieure. | El señor Lieuvain se volvió a sentar; el señor Derozerays se levantó y comenzó otro discurso. El suyo quizás no fue tan florido como el del consejero; pero se destacaba por su estilo más positivo, es decir, por conocimientos más especializados y consideraciones más elevadas. Así, el elogio al gobierno era mucho más corto; por el contrario, hablaba más de la religión y de la agricultura. Se ponía de relieve la relación de una y otra, y cómo habían colaborado siempre a la civilización. Rodolfo hablaba con Madame Bovary de sueños, de presentimientos, de magnetismo. Remontándose al origen de las sociedades, el orador describía aquellos tiempos duros en que los hombres alimentábanse de bellotas en el fondo de los bosques, después abandonaron las pieles de animales, se cubrieron con telas, labraron la tierra, plantaron la viña. ¿:Era esto un bien, y no habría en este descubrimiento más inconvenientes que ventajas? El señor Derozerays se planteaba este problema. Del magnetismo, poco a poco, Rodolfo pasó a las afinidades, y mientras que el señor presidente citaba a Cincinato con su arado, a Diocleciano plantando coles, y a los emperadores de la China inaugurando el año con siembras, el joven explicaba a Emma que estas atracciones irresistibles tenían su origen en alguna existencia anterior. |
— Ainsi, nous, disait-il, pourquoi nous sommes-nous connus ? quel hasard l’a voulu ? C’est qu’à travers l’éloignement, sans doute, comme deux fleuves qui coulent pour se rejoindre, nos pentes particulières nous avaient poussés l’un vers l’autre. | Por ejemplo, nosotros decía él , ¿:por ,qué nos hemos conocido?, ¿:qué azar lo ha querido? Es que a través del alejamiento, sin duda, como dos ríos que corren para reunirse, nuestras inclinaciones particulares nos habían empujado el uno hacia el otro. |
Et il saisit sa main ; elle ne la retira pas. | Y le cogió la mano. Ella no la retiró. |
« Ensemble de bonnes cultures ! » cria le président. | «¡Conjunto de buenos cultivos!» exclamó el presidente. |
— Tantôt, par exemple, quand je suis venu chez vous… | Hace poco, por ejemplo, cuando fui a su casa... |
« À M. Bizet, de Quincampoix. » | «Al señor Bizet, de Quincampoix.» |
— Savais-je que je vous accompagnerais ? | ¿:Sabía que os acompañaría? |
« Soixante et dix francs ! » | «iSetenta francos!» |
— Cent fois même j’ai voulu partir, et je vous ai suivie, je suis resté. | Cien veces quise marcharme y la seguí, me quedé. |
« Fumiers. » | «Estiércoles.» |
— Comme je resterais ce soir, demain, les autres jours, toute ma vie ! | ¡Cómo me quedaría esta tarde, mañana, los demás días, toda mi vida! |
« À M. Caron, d’Argueil, une médaille d’or ! » | «Al señor Carón, de Argueil medalla de oro.» |
— Car jamais je n’ai trouvé dans la société de personne un charme aussi complet. | Porque nunca he encontrado en el trato con la gente una persona tan encantadora como usted. |
« À M. Bain, de Givry-Saint-Martin ! » | «lAl señor Bain, de Givry Saint Martin!» |
— Aussi, moi, j’emporterai votre souvenir. | Por eso yo guardaré su recuerdo. |
« Pour un bélier mérinos… » | «Por un carnero merino...» |
— Mais vous m’oublierez, j’aurai passé comme une ombre. | Pero usted me olvidará, habré pasado como una sombra. |
« À M. Belot, de Notre-Dame… » | «¡Al señor Belot, de Notre Dame!...» |
— Oh ! non, n’est-ce pas, je serai quelque chose dans votre pensée, dans votre vie ? | ¡Oh!, no, verdad, ¿:seré alguien en su pensamiento, en su vida? |
« Race porcine, prix ex aequo : à MM. Lehérissé et Cullembourg ; soixante francs ! » | «¡Raza porcina, premio ex aeguo: a los señores Lehérissé y Cullembourg, sesenta francos!» |
Rodolphe lui serrait la main, et il la sentait toute chaude et frémissante comme une tourterelle captive qui veut reprendre sa volée ; mais, soit qu’elle essayât de la dégager ou bien qu’elle répondît à cette pression, elle fit un mouvement des doigts ; il s’écria : | Rodolfo le apretaba la mano, y la sentía completamente caliente y temblorosa como una tórtola cautiva que quiere reemprender su vuelo; pero fuera que ella tratase de liberarla, soltarla, o bien que respondiese a aquella presión, hizo un movimiento con los dedos; él exclamó: |
— Oh ! merci ! Vous ne me repoussez pas ! Vous êtes bonne ! Vous comprenez que je suis à vous ! Laissez que je vous voie, que je vous contemple ! | ¡Oh, graciasl, ¡no me rechaza!, ¡es usted buena!, ¡comprende que soy suyo! ¡Déjeme que la vea, que la contemple! |
Un coup de vent qui arriva par les fenêtres fronça le tapis de la table, et, sur la place, en bas, tous les grands bonnets des paysannes se soulevèrent, comme des ailes de papillons blancs qui s’agitent. | Una ráfaga de viento que llegó por las ventanas arrugó el paño de la mesa, y en la plaza, abajo, todos los grandes gorros de las campesinas se levantaron como alas de mariposas blancas que se agitan. |
« Emploi de tourteaux de graines oléagineuses », continua le président. | «Aprovechamiento de piensos de semillas oleaginosas», continuó el presidente. |
Il se hâtait : | Y se daba prisa. |
« Engrais flamand, – culture du lin, – drainage, – baux à longs termes, – services de domestiques. » | «Abono flamenco, cultivo del lino, drenaje, arrendamiento a largo plazo, servicios de criados.» |
Rodolphe ne parlait plus. Ils se regardaient. Un désir suprême faisait frissonner leurs lèvres sèches ; et mollement, sans effort, leurs doigts se confondirent. | Rodolfo no hablaba. Se miraban. Un deseo supremo hacía temblar sus labios secos; y blandamente, sin esfuerzo, sus dedos se entrelazaron. |
« Catherine-Nicaise-Élisabeth Leroux, de Sassetot-la-Guerrière, pour cinquante-quatre ans de service dans la même ferme, une médaille d’argent – du prix de vingt-cinq francs ! » | «¡Catalina Nicasia Isabel Leroux, de Sassetot la Guerrière, por cincuenta y cuatro años de servicio en la misma granja, medalla de plata premio de veinticinco francos!» |
« Où est-elle, Catherine Leroux ? » répéta le Conseiller. | ¿:Dónde está, Catalina Leroux? repitió el consejero. |
Elle ne se présentait pas, et l’on entendait des voix qui chuchotaient : | No se presentaba, y se oían voces que murmuraban. |
— Vas-y ! | Vete a11í. |
— Non. | No. |
— À gauche ! | ¡A la izquierda! |
— N’aie pas peur ! | ¡No tengas miedo! |
— Ah ! qu’elle est bête ! | ¡Ah,, ¡qué tonta es! |
— Enfin y est-elle ? s’écria Tuvache. | ¿:por fin está? gritó Tuvache. |
— Oui !… la voilà ! | iSí... ahí va! |
— Qu’elle approche donc ! | ¡Que se acerque, pues! |
Alors on vit s’avancer sur l’estrade une petite vieille femme de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner dans ses pauvres vêtements. Elle avait aux pieds de grosses galoches de bois, et, le long des hanches, un grand tablier bleu. Son visage maigre, entouré d’un béguin sans bordure, était plus plissé de rides qu’une pomme de reinette flétrie, et des manches de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains, à articulations noueuses. La poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des laines les avaient si bien encroûtées, éraillées, durcies, qu’elles semblaient sales quoiqu’elles fussent rincées d’eau claire ; et, à force d’avoir servi, elles restaient entrouvertes, comme pour présenter d’elles-mêmes l’humble témoignage de tant de souffrances subies. Quelque chose d’une rigidité monacale relevait l’expression de sa figure. Rien de triste ou d’attendri n’amollissait ce regard pâle. Dans la fréquentation des animaux, elle avait pris leur mutisme et leur placidité. C’était la première fois qu’elle se voyait au milieu d’une compagnie si nombreuse ; et, intérieurement effarouchée par les drapeaux, par les tambours, par les messieurs en habit noir et par la croix d’honneur du Conseiller, elle demeurait tout immobile, ne sachant s’il fallait s’avancer ou s’enfuir, ni pourquoi la foule la poussait et pourquoi les examinateurs lui souriaient. Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude. | Entonces vieron adelantarse al estrado a una mujer viejecita, de aspecto tímido, y que parecía encogerse en sus pobres vestidos. Iba calzada con unos grandes zuecos de madera, y llevaba ceñido a las caderas un gran delantal azul. Su cara delgada, rodeada de una toca sin ribete, estaba más llena de arrugas que una manzana reineta pasada, y de las mangas de su blusa roja salían dos largas manos de articulaciones nudosas. El polvo de los graneros, la potasa de las coladas y la grasa de las lanas las habían puesto tan costrosas, tan rozadas y endurecidas que parecían sucias aunque estuviesen lavadas con agua clara; y, a fuerza de haber servido, seguían entreabiertas como para ofrecer por sí mismas el humilde homenaje de tantos sufrimientos pasados. Una especie de rigidez monacal realzaba la expresión de su cara. Ni el menor gesto de tristeza o de ternura suavizaba aquella mirada pálida. En el trato con los animales, había tomado su mutismo y su placidez. Era la primera vez que se veía en medio de tanta gente; y asustada interiormente por las banderas, por los tambores, por los señores de traje negro y por la cruz de honor del consejero, permanecía completamente inmóvil, sin saber si adelantarse o escapar, ni por qué el público la empujaba y por qué los miembros del jurado le sonreían. Así se mantenía, delante de aquellos burgueses eufóricos, aquel medio siglo de servidumbre. |
— Approchez, vénérable Catherine-Nicaise-Élisabeth Leroux ! dit M. le Conseiller, qui avait pris des mains du président la liste des lauréats. | ¡Acérquese, venerable Catalina Nicasia Isabel Leroux! dijo el señor consejero, que había tomado de las manos del presidente la lista de los galardonados. |
Et tour à tour examinant la feuille de papier, puis la vieille femme, il répétait d’un ton paternel : | Y mirando alternativamente el papel y a la vieja señora, repetía con tono paternal: |
— Approchez, approchez ! | ¡Acérquese, acérquese! |
— Etes-vous sourde ? dit Tuvache, en bondissant sur son fauteuil. | ¿:Es usted sorda? dijo Tuvache, saltando en su sillón. |
Et il se mit là lui crier dans l’oreille : | Y empezó a gritarle al oído: |
— Cinquante-quatre ans de service ! Une médaille d’argent ! Vingt-cinq francs ! C’est pour vous. | ¡Cincuenta y cuatro años de servicio! ¡Una medalla de plata! ¡Veinticinco francos! Es para usted. |
Puis, quand elle eut sa médaille, elle la considéra. Alors un sourire de béatitude se répandit sur sa figure, et on l’entendit qui marmottait en s’en allant : | Después, cuando tuvo su medalla, la contempló. Entonces una sonrisa de felicidad se extendió por su cara, y se le oyó mascullar al marcharse: |
— Je la donnerai au curé de chez nous, pour qu’il me dise des messes. | Se la daré al cura del pueblo para que me diga misas. |
— Quel fanatisme ! exclama le pharmacien, en se penchant vers le notaire. | ¡Qué fanatismo! exclamó el farmacéutico, inclinándose hacia el notario. |
La séance était finie ; la foule se dispersa ; et, maintenant que les discours étaient lus, chacun reprenait son rang et tout rentrait dans la coutume : les maîtres rudoyaient les domestiques, et ceux-ci frappaient les animaux, triomphateurs indolents qui s’en retournaient à l’étable, une couronne verte entre les cornes. | La sesión había terminado; la gente se dispersó; y ahora que se habían leído los discursos, cada cual volvía a su puesto y todo volvía a la rutina; los amos maltrataban a los criados, y éstos golpeaban a los animales, triunfadores indolentes que se volvían al establo, con una corona verde entre los cuernos. |
Cependant les gardes nationaux étaient montés au premier étage de la mairie, avec des brioches embrochées à leurs baïonnettes, et le tambour du bataillon qui portait un panier de bouteilles. Mme Bovary prit le bras de Rodolphe ; il la reconduisit chez elle ; ils se séparèrent devant sa porte ; puis il se promena seul dans la prairie, tout en attendant l’heure du banquet. | Entretanto, los guardias nacionales habían subido al primer piso del ayuntamiento, con bollos ensartados en sus bayonetas, y el tambor del batallón con una cesta de botellas. Madame Bovary cogió del brazo a Rodolfo; él la acompañó a su casa; se separaron ante la puerta; después Rodolfo se paseó solo por la pradera, esperando la hora del banquete. |
Le festin fut long, bruyant, mal servi ; l’on était si tassé, que l’on avait peine à remuer les coudes, et les planches étroites qui servaient de bancs faillirent se rompre sous le poids des convives. Ils mangeaient abondamment. Chacun s’en donnait pour sa quote-part. La sueur coulait sur tous les fronts ; et une vapeur blanchâtre, comme la buée d’un fleuve par un matin d’automne, flottait au-dessus de la table, entre les quinquets suspendus. Rodolphe, le dos appuyé contre le calicot de la tente, pensait si fort à Emma, qu’il n’entendait rien. Derrière lui, sur le gazon, des domestiques empilaient des assiettes sales ; ses voisins parlaient, il ne leur répondait pas ; on lui emplissait son verre, et un silence s’établissait dans sa pensée, malgré les accroissements de la rumeur. Il rêvait à ce qu’elle avait dit et à la forme de ses lèvres ; sa figure, comme en un miroir magique, brillait sur la plaque des shakos ; les plis de sa robe descendaient le long des murs, et des journées d’amour se déroulaient à l’infini dans les perspectives de l’avenir. | El festín fue largo, ruidoso, mal servido; estaban tan amontonados que apenas podían mover los codos, y las estrechas tablas que servían de bancos estuvieron a punto de romper bajo el peso de los comensales. Comían con abundancia. Cada cual se tomaba por lo largo su ración. El sudor corría por todas las frentes; y un vapor blanco, como la neblina de un río en una mañana de otoño, flotaba por encima de la mesa, entre los quinqués colgados. Rodolfo, con la espalda apoyada en el calicó de la tienda, pensaba tanto en Emrna que no oía nada. Detrás de él, sobre el césped, unos criados apilaban platos sucios; los vecinos le hablaban; él no les contestaba; le llenaban su vaso, y en su pensamiento se hacía un silencio, a pesar de que el rumor aumentaba. Pensaba en lo que ella había dicho y en la forma de sus labios; su cara, como en un espejo mágico, brillaba sobre la placa de los chacós; los pliegues de su vestido bajaban a to largo de las paredes, en las perspectivas del porvenir se sucedían hasta el infinito jornadas de amor. |
Il la revit le soir, pendant le feu d’artifice ; mais elle était avec son mari, Mme Homais et le pharmacien, lequel se tourmentait beaucoup sur le danger des fusées perdues ; et, à chaque moment, il quittait la compagnie pour aller faire à Binet des recommandations. | Volvió a verla de noche, durante los fuegos artificiales; pero estaba con su marido, la señora Homais y el farmacéutico, el cual se preocupaba mucho por el peligro de los cohetes perdidos; y a cada momento dejaba a sus acompañantes para ir a hacer recomendaciones a Binet. |
Les pièces pyrotechniques envoyées à l’adresse du sieur Tuvache avaient, par excès de précaution, été enfermées dans sa cave ; aussi la poudre humide ne s’enflammait guère, et le morceau principal, qui devait figurer un dragon se mordant la queue, rata complètement. De temps à autre, il partait une pauvre chandelle romaine ; alors la foule béante poussait une clameur où se mêlait le cri des femmes à qui l’on chatouillait la taille pendant l’obscurité. Emma, silencieuse, se blottissait doucement contre l’épaule de Charles ; puis, le menton levé, elle suivait dans le ciel noir le jet lumineux des fusées. Rodolphe la contemplait à la lueur des lampions qui brûlaient. | Las piezas pirotécnicas enviadas a la dirección del señor Tuvache habían sido encerradas en su bodega por exceso de precaución; por eso la pólvora húmeda apenas se inflamaba, y el número principal, que debía figurar un dragón mordiéndose la cola, falló completamente. De vez en cuando salía una pobre candela romana; entonces la muchedumbre con la boca abierta, lanzaba un clamor en el que se mezclaba el grito de las mujeres, a las que hacían cosquillas en la cintura aprovechando la oscuridad. Emma, silenciosa, se inclinaba suavemente sobre el hombro de Carlos; luego, levantando la cara, seguía en el cielo oscuro la estela luminosa de los cohetes. Rodolfo la contemplaba a la luz de los faroles encendidos. |
Ils s’éteignirent peu à peu. Les étoiles s’allumèrent. Quelques gouttes de pluie vinrent à tomber. Elle noua son fichu sur sa tête nue. | Poco a poco se fueron apagando. Las estrellas se encendieron. Empezaron a caer unas gotas de lluvia. Ella ató la pañoleta sobre su cabeza descubierta. |
À ce moment, le fiacre du Conseiller sortit de l’auberge. Son cocher, qui était ivre, s’assoupit tout à coup ; et l’on apercevait de loin, par-dessus la capote, entre les deux lanternes, la masse de son corps qui se balançait de droite et de gauche selon le tangage des soupentes. | En aquel momento el coche del consejero salió del mesón. Su cochero, que estaba borracho, se adormeció de pronto; y de lejos se veía por encima de la capota, entre las dos linternas, la masa de su cuerpo que se balanceaba de derecha a izquierda según los vaivenes del coche. |
— En vérité, dit l’apothicaire, on devrait bien sévir contre l’ivresse ! Je voudrais que l’on inscrivît, hebdomadairement, à la porte de la mairie, sur un tableau ad hoc, les noms de tous ceux qui, durant la semaine, se seraient intoxiqués avec des alcools. D’ailleurs, sous le rapport de la statistique, on aurait là comme des annales patentes qu’on irait au besoin… Mais excusez. | ¡En verdad dijo el boticario , deberíamos ser severos contra la embriaguez! Yo quisiera que se anotasen semanalmente en la puerta del ayuntamiento, en una pizarra ad hoc, los nombres de todos aquellos que durante la semana se hubieran intoxicado de alcohol. Además, para las estadísticas, tendríamos allí como unos anales patentes a los que se acudiría si fuera preciso... Pero perdonen. |
Et il courut encore vers le capitaine. | Y corrió de nuevo hacia el capitán. |
Celui-ci rentrait à sa maison. Il allait revoir son tour. | Éste regresaba a su casa. Iba a revisar su torno. |
— Peut-être ne feriez-vous pas mal, lui dit Homais, d’envoyer un de vos hommes ou d’aller vous-même… | Quizás no sería malo le dijo Homais que enviase a uno de sus hombres o que fuese usted mismo... |
— Laissez-moi donc tranquille, répondit le percepteur, puisqu’il n’y a rien ! | ¡Déjeme ya tranquilo! contestó el recaudador`, ¡si no pasa nada! |
— Rassurez-vous, dit l’apothicaire, quand il fut revenu près de ses amis. M. Binet m’a certifié que les mesures étaient prises. Nulle flammèche ne sera tombée. Les pompes sont pleines. Allons dormir. | Tranquilícense dijo el boticario, cuando volvió junto a sus amigos. El señor Binet me ha asegurado que se habían tomado las medidas. No caerá ninguna pavesa. Las bombas están llenas. Vámonos a dormir. |
— Ma foi ! j’en ai besoin, fit Mme Homais qui bâillait considérablement ; mais, n’importe, nous avons eu pour notre fête une bien belle journée. | En verdad, me hace falta dijo la señora Homais, que bostezaba notablemente ; pero no importa, hemos tenido un buen día para nuestra fiesta. |
Rodolphe répéta d’une voix basse et avec un regard tendre : | Rodolfo repitió en voz baja y con mirada tierna: |
— Oh ! oui, bien belle ! | ¡Oh, sí, muy bueno! |
Et, s’étant salués, on se tourna le dos. | Y después de despedirse, se dieron la espalda. |
Deux jours après, dans le Fanal de Rouen, il y avait un grand article sur les comices. Homais l’avait composé, de verve, dès le lendemain : | Dos días después, en Le Fanal de Rouen salió un gran artículo sobre los comicios. Homais lo había compuesto, inspirado, al día siguiente: |
« Pourquoi ces festons, ces fleurs, ces guirlandes ? Où courait cette foule comme les flots d’une mer en furie, sous les torrents d’un soleil tropical qui répandait sa chaleur sur nos guérets ? » | «¿:Por qué esos arcos, esas flores, esas guirnaldas? Adónde corría aquel gentío, como las olas de un mar embravecido, bajo los torrentes de un sol tropical que extendía su calor sobre nuestros barbechos.» |
Ensuite, il parlait de la condition des paysans. Certes, le gouvernement faisait beaucoup, mais, pas assez ! « Du courage ! lui criait-il ; mille réformes sont indispensables, accomplissons-les. » Puis, abordant l’entrée du Conseiller, il n’oubliait point « l’air martial de notre milice », ni « nos plus sémillantes villageoises », ni « les vieillards à tête chauve, sorte de patriarches qui étaient là, et dont quelques-uns, débris de nos immortelles phalanges, sentaient encore battre leurs cœurs au son mâle des tambours. » Il se citait des premiers parmi les membres du jury, et même il rappelait, dans une note, que M. Homais, pharmacien, avait envoyé un mémoire sur le cidre à la Société d’agriculture. Quand il arrivait à la distribution des récompenses, il dépeignait la joie des lauréats en traits dithyrambiques. « Le père embrassait son fils, le frère le frère, l’époux l’épouse. Plus d’un montrait avec orgueil son humble médaille, et sans doute, revenu chez lui, près de sa bonne ménagère, il l’aura suspendue en pleurant aux murs discrets de sa chaumine. | Después hablaba de la condición de los campesinos. Ciertamente, el gobierno hacía mucho, pero no bastante. «¡Ánimo!, le decía; son indispensables mil reformas, llevémoslas a cabo.» Después, hablando de la llegada del consejero, no olvidaba «el aire marcial de nuestra milicia», ni «nuestras más vivarachas aldeanas», ni «los ancianos calvos, especie de patriarcas que estaban a11í, y algunos de los cuales, restos de nuestras inmortales fuerzas, sentían todavía latir sus corazones al varonil redoble del tambor». Él se nombraba de los primeros entre los miembros del jurado, a incluso recordaba en una nota que el señor Homais, farmacéutico, había enviado una memoria sobre la sidra a la Sociedad de Agricultores. Cuando llegaba a la distribución de las recompensas, describía en tono ditirámbico la alegría de los galardonados: «El padre abrazaba a su hijo, el hermano al hermano, el esposo a la esposa. Más de uno mostraba con orgullo su humilde medalla y, sin duda, ya en su casa junto a una buena esposa, la habrá colgado, llorando, de la modesta pared de su choza. |
« Vers six heures, un banquet, dressé dans l’herbage de M. Liégeard, a réuni les principaux assistants de la fête. La plus grande cordialité n’a cessé d’y régner. Divers toasts ont été portés : M. Lieuvain, au monarque ! M. Tuvache, au préfet ! M. Derozerays, à l’agriculture ! M. Homais, à l’industrie et aux beaux-arts, ces deux sœurs ! M. Leplichey, aux améliorations ! Le soir, un brillant feu d’artifice a tout à coup illuminé les airs. On eût dit un véritable kaléidoscope, un vrai décor d’Opéra, et un moment notre petite localité, a pu se croire transportée au milieu d’un rêve des Mille et une nuits. | Hacia las seis, en el prado del señor Liégeard, se reunieron en un banquete los principales asistentes a la fiesta. En él no dejó de reinar la mayor cordialidad. Se hicieron diversos brindis: el señor Lieuvain, ¡al monarca!; el señor Tuvache, ¡al prefecto!; el señor Derozerays, ¡a la agricultura!; el señor Homais, ¡a la industria y a las Bellas artes, esas dos hermanasl; el señor Leplichey, ¡a las mejoras! Por la noche, un brillante fuego de artificio iluminó de pronto los aires. Se diría un verdadero calidoscopio, un verdadero decorado de ópera, y por un momento nuestra pequeña localidad pudo sentirse transportada en medio de un sueño de las Mil y una noches. |
« Constatons qu’aucun événement fâcheux n’est venu troubler cette réunion de famille. » | Hagamos constar que ningún incidente enojoso vino a alterar aquella reunión de familia.» |
Et il ajoutait : « On y a seulement remarqué l’absence du clergé. Sans doute les sacristies entendent le progrès d’une autre manière. Libre à vous, messieurs de Loyola ! » | Y añadía: «Sólo se notó la ausencia del clero. Sin duda la sacristía entiende el progreso de otra manera. ¡Allá ustedes, señores de Loyola! |
II - IX | II- CAPÍTULO IX |
Six semaines s’écoulèrent. Rodolphe ne revint pas. Un soir, enfin, il parut. | Pasaron seis semanas. Rodolfo no volvió. Por fin, una tarde apareció. |
Il s’était dit, le lendemain des comices : | Se había dicho, al día siguiente de los comicios: |
— N’y retournons pas de sitôt, ce serait une faute. | «No volvamos tan pronto, sería un error.» |
Et, au bout de la semaine, il était parti pour la chasse. Après la chasse, il avait songé qu’il était trop tard, puis il fit ce raisonnement : | Y al final de la semana se fue de caza. Después de la cacería, pensó que era demasiado tarde, luego se hizo este razonamiento: |
— Mais, si du premier jour elle m’a aimé, elle doit, par l’impatience de me revoir, m’aimer davantage. Continuons donc ! | «Pero si desde el primer día me ha amado, por la impaciencia de volver a verme, tiene que quererme más. Sigamos, pues.» |
Et il comprit que son calcul avait été bon lorsque, en entrant dans la salle, il aperçut Emma pâlir. | Y comprendió que había calculado bien cuando, al entrar en la sala, vio que Emma palidecía. |
Elle était seule. Le jour tombait. Les petits rideaux de mousseline, le long des vitres, épaississaient le crépuscule, et la dorure du baromètre, sur qui frappait un rayon de soleil, étalait des feux dans la glace, entre les découpures du polypier. | Estaba sola. Anochecía. Los visillos de muselina, a lo largo de los cristales, oscurecían la luz del crepúsculo, y el dorado del barómetro, sobre el que daba un rayo de sol, proyectaba luces en el espejo, entre los festones del polípero. |
Rodolphe resta debout ; et à peine si Emma répondit à ses premières phrases de politesse. | Rodolfo permaneció de pie, y Emma apenas contestó a sus primeras frases de cortesía. |
— Moi, dit-il, j’ai eu des affaires. J’ai été malade. | Yo dijo he tenido ocupaciones. He estado enfermo. |
— Gravement ? s’écria-t-elle. | ¿:Grave? exclamó ella. |
— Eh bien, fit Rodolphe en s’asseyant à ses côtés sur un tabouret, non !… C’est que je n’ai pas voulu revenir. | ¡Bueno dijo Rodolfo sentándose a su lado sobre un taburete , no! ... Es que no he querido volver. |
— Pourquoi ? | ¿:Por qué? |
— Vous ne devinez pas ? | ¿:No adivina usted? |
Il la regarda encore une fois, mais d’une façon si violente qu’elle baissa la tête en rougissant. Il reprit : | La volvió a mirar, pero de un modo tan violento que ella bajó la cabeza sonrojándose. Rodolfo continuó. |
— Emma… | ¡Emma! |
— Monsieur ! fit-elle en s’écartant un peu. | ¡Señor! dijo ella, separándose un poco. |
— Ah ! vous voyez bien, répliqua-t-il d’une voix mélancolique, que j’avais raison de vouloir ne pas revenir ; car ce nom, ce nom qui remplit mon âme et qui m’est échappé, vous me l’interdisez ! Madame Bovary !… Eh ! tout le monde vous appelle comme cela !… Ce n’est pas votre nom, d’ailleurs ; c’est le nom d’un autre ! | ¡Ah!, ya ve usted replicó él con voz melancólica que yo tenía razón de no querer volver; pues este nombre este nombre que llena mi alma y que se me ha escapado, usted me lo prohíbe, ¡Madame Bovary! ...¡Eh!, ¡todo el mundo la llama así!... Ese no es su nombre, además; ¡es el nombre de otro! |
Il répéta : | Y repitió: |
— D’un autre ! | ¡De otro! |
Et il se cacha la figure entre les mains. | Y se ocultó la cara entre las manos. |
— Oui, je pense à vous continuellement !… Votre souvenir me désespère ! Ah ! pardon !… Je vous quitte… Adieu !… J’irai loin…, si loin, que vous n’entendrez plus parler de moi !… Et cependant…, aujourd’hui…, je ne sais quelle force encore m’a poussé vers vous ! Car on ne lutte pas contre le ciel, on ne résiste point au sourire des anges ! on se laisse entraîner par ce qui est beau, charmant, adorable ! | ¡Sí, pienso en usted continuamente!... Su recuerdo me desespera ¡Ah!, ¡perdón!... La dejo... ¡Adiós!... ¡Me iré lejos, tan lejos que usted ya no volverá a oír hablar de mí! Y sin embargo..., hoy..., ¡no sé qué fuerza me ha empujado de nuevo hacia usted! ¡Pues no se lucha contra el cielo, no se resiste a la sonrisa de los ángeles!, ¡uno se deja arrastrar por lo que es bello, encantador, adorable! |
C’était la première fois qu’Emma s’entendait dire ces choses ; et son orgueil, comme quelqu’un qui se délasse dans une étuve, s’étirait mollement et tout entier à la chaleur de ce langage. | Era la primera vez que Emma oía decir estas cosas; y su orgullo, como alguien que se solaza en un baño caliente, se satisfacia suavemente y por completo al calor de aquel lenguaje. |
— Mais, si je ne suis pas venu, continua-t-il, si je n’ai pu vous voir, ah ! du moins j’ai bien contemplé ce qui vous entoure. La nuit, toutes les nuits, je me relevais, j’arrivais jusqu’ici, je regardais votre maison, le toit qui brillait sous la lune, les arbres du jardin qui se balançaient à votre fenêtre, et une petite lampe, une lueur, qui brillait à travers les carreaux, dans l’ombre. Ah ! vous ne saviez guère qu’il y avait là, si près et si loin, un pauvre misérable… | Pero si no he venido continuó , si no he podido verla, ¡ah!, por lo menos he contemplado detenidamente lo que le rodea. De noche, todas las noches, me levantaba, llegaba hasta aquí, miraba su casa, el tejado que brillaba bajo la luna, los árboles del jardín que se columpiaban en su ventana, y una lamparita, un resplandor, que brillaba a través de los cristales, en la sombra. ¡Ah!, usted no podía imaginarse que a11í estaba, tan cerca y tan lejos, un pobre infeliz... |
Elle se tourna vers lui avec un sanglot. | Emma, sollozando, se volvió hacia él. |
— Oh ! vous êtes bon ! dit-elle. | ¡Oh!, ¡qué bueno es usted! dijo ella. |
— Non, je vous aime, voilà tout ! Vous n’en doutez pas ! Dites-le-moi ; un mot ! un seul mot ! | ¡No, la quiero, eso es todo!, ¡usted no lo duda! Dígamelo; ¡una palabra!; ¡una sola palabra! |
Et Rodolphe, insensiblement, se laissa glisser du tabouret jusqu’à terre ; mais on entendit un bruit de sabots dans la cuisine, et la porte de la salle, il s’en aperçut, n’était pas fermée. | Y Rodolfo, insensiblemente, se dejó resbalar del taburete al suelo; pero se oyó un ruido de zuecos en la cocina, y él se dio cuenta de que la puerta de la sala no estaba cerrada. |
— Que vous seriez charitable, poursuivit-il en se relevant, de satisfaire une fantaisie ! | Qué caritativa sería prosiguió levantándose satisfaciendo un capricho mío. |
C’était de visiter sa maison ; il désirait la connaître ; et, Mme Bovary n’y voyant point d’inconvénient, ils se levaient tous les deux, quand Charles entra. | Quería que le enseñase su casa; deseaba conocerla, y como Madame Bovary no vio ningún inconveniente, se estaban levantando los dos cuando entró Carlos. |
— Bonjour, docteur, lui dit Rodolphe. | Buenas tardes, doctor le dijo Rodolfo. |
Le médecin, flatté de ce titre inattendu, se répandit en obséquiosités, et l’autre en profita pour se remettre un peu. | El médico, halagado por ese título inesperado, se deshizo en obsequiosidades, y el otro aprovechó para reponerse un poco. |
— Madame m’entretenait, fit-il donc, de sa santé… | La señora me hablaba dijo él entonces de su salud... |
Charles l’interrompit : il avait mille inquiétudes, en effet ; les oppressions de sa femme recommençaient. Alors Rodolphe demanda si l’exercice du cheval ne serait pas bon. | Carlos le interrumpió, tenía mil preocupaciones, en efecto; las opresiones que sufría su mujer volvían a presentarse. Entonces Rodolfo preguntó si no le sería bueno montar a caballo. |
— Certes ! excellent, parfait !… Voilà une idée ! Tu devrais la suivre. | ¡Desde luego!, ¡excelente, perfecto!... ¡Es una gran idea! Debería ponerla en práctica. |
Et, comme elle objectait qu’elle n’avait point de cheval, M. Rodolphe en offrit un ; elle refusa ses offres ; il n’insista pas ; puis, afin de motiver sa visite, il conta que son charretier, l’homme à la saignée, éprouvait toujours des étourdissements. | Y como ella objetaba que no tenía caballo, el señor Rodolfo le ofreció uno; ella rehusó su ofrecimiento; él no insistió; después, para justificar su visita, contó que su carretero, el hombre de la sangría, seguía teniendo mareos. |
— J’y passerai, dit Bovary. | Pasaré por a11í dijo Bovary. |
— Non, non, je vous l’enverrai ; nous viendrons, ce sera plus commode pour vous. | No, no, se lo mandaré; vendremos aquí, será más cómodo para usted. |
— Ah ! fort bien. Je vous remercie. | ¡Ah! Muy bien, se lo agradezco. |
Et, dès qu’ils furent seuls : | Y cuando se quedaron solos: |
— Pourquoi n’acceptes-tu pas les propositions de M. Boulanger, qui sont si gracieuses ? | ¿:Por qué no aceptas las propuestas del señor Boulanger, que son tan amables? |
Elle prit un air boudeur, chercha mille excuses, et déclara finalement que cela peut-être semblerait drôle. | Ella puso mala cara, buscó mil excusas, y acabó diciendo que «aquello parecería un poco raro. |
— Ah ! je m’en moque pas mal ! dit Charles en faisant une pirouette. La santé avant tout ! Tu as tort ! | ¡Ah!, ¡a mí me trae sin cuidado! dijo Carlos, haciendo una pirueta . ¡La salud ante todo! ¡Haces mal! |
— Eh ! comment veux-tu que je monte à cheval, puisque je n’ai pas d’amazone ? | ¿:Y cómo quieres que monte a caballo si no tengo traje de amazona? |
— Il faut t’en commander une ! répondit-il. | ¡Hay que encargarte uno! contestó él. |
L’amazone la décida. | Lo del traje la decidió. |
Quand le costume fut prêt, Charles écrivit à M. Boulanger que sa femme était à sa disposition, et qu’ils comptaient sur sa complaisance. | Cuando tuvo el traje, Carlos escribió al señor Boulanger diciéndole que su mujer estaba dispuesta, y que contaban con su complacencia. |
Le lendemain, à midi, Rodolphe arriva devant la porte de Charles avec deux chevaux de maître. L’un portait des pompons roses aux oreilles et une selle de femme en peau de daim. | Al día siguiente a mediodía Rodolfo llegó a la puerta de Carlos con dos caballos soberbios. Uno de ellos llevaba borlas rojas en las orejas y una silla de mujer de piel de ante. |
Rodolphe avait mis de longues bottes molles, se disant que sans doute elle n’en avait jamais vu de pareilles ; en effet, Emma fut charmée, de sa tournure, lorsqu’il apparut sur le palier avec son grand habit de velours et sa culotte de tricot blanc. Elle était prête, elle l’attendait. | Rodolfo calzaba botas altas, flexibles, pensando que sin duda ella nunca las había visto semejantes; en efecto, Emma quedó encantada de su porte, cuando él apareció sobre el rellano con su gran levita de terciopelo y su pantalón de punto blanco. Ella estaba preparada, le esperaba. |
Justin s’échappa de la pharmacie pour la voir, et l’apothicaire aussi se dérangea. Il faisait à M. Boulanger des recommandations : | Justino se escapó de la farmacia para verla, y el boticario también salió. Hizo unas recomendaciones al señor Boulanger: |
— Un malheur arrive si vite ! Prenez garde ! Vos chevaux peut-être sont fougueux ! | ¡Pronto llega una desgracia! ¡Tenga cuidado! ¡Sus caballos quizás son fogosos! |
Elle entendit du bruit au-dessus de sa tête : c’était Félicité qui tambourinait contre les carreaux pour divertir la petite Berthe. L’enfant envoya de loin un baiser ; sa mère lui répondit d’un signe avec le pommeau de sa cravache. | Ella oyó ruido por encima de la cabeza: era Felicidad que repiqueteaba en los cristales para entretener a la pequeña Berta. La niña le envió de lejos un beso; su madre le respondió con un gesto de la empuñadura de su fusta. |
— Bonne promenade ! cria M. Homais. De la prudence, surtout ! de la prudence ! | ¡Buen paseo! dijo el señor Homais . ¡Prudencia, sobre todo prudencia! |
Et il agita son journal en les regardant s’éloigner. | Y agitó su periódico viéndoles alejarse. |
Dès qu’il sentit la terre, le cheval d’Emma prit le galop. Rodolphe galopait à côté d’elle. Par moments ils échangeaient une parole. La figure un peu baissée, la main haute et le bras droit déployé, elle s’abandonnait à la cadence du mouvement qui la berçait sur la selle. | En cuanto sintió tierra, el caballo de Emma emprendió el galope. Rodolfo galopaba a su lado. A intervalos cambiaban una palabra. La cara un poco inclinada, la mano en alto y el brazo derecho desplegado, se abandonaba a la cadencia del movimiento que la mecía en su silla. |
Au bas de la côte, Rodolphe lâcha les rênes ; ils partirent ensemble, d’un seul bond ; puis, en haut, tout à coup, les chevaux s’arrêtèrent, et son grand voile bleu retomba. | Al pie de la cuesta Rodolfo soltó las riendas; salieron juntos, de un solo salto; después, en lo alto, de pronto los caballos se pararon y el gran velo azul de Emma se cayó. |
On était aux premiers jours d’octobre. Il y avait du brouillard sur la campagne. Des vapeurs s’allongeaient à l’horizon, entre le contour des collines ; et d’autres, se déchirant, montaient, se perdaient. Quelquefois, dans un écartement des nuées, sous un rayon de soleil, on apercevait au loin les toits d’Yonville, avec les jardins au bord de l’eau, les cours, les murs, et le clocher de l’église. Emma fermait à demi les paupières pour reconnaître sa maison, et jamais ce pauvre village où elle vivait ne lui avait semblé si petit. De la hauteur où ils étaient, toute la vallée paraissait un immense lac pâle, s’évaporant à l’air. Les massifs d’arbres, de place en place, saillissaient comme des rochers noirs ; et les hautes lignes des peupliers, qui dépassaient la brume, figuraient des grèves que le vent remuait. | Era a primeros de octubre. Había niebla en el campo. Por el horizonte se extendían unos vapores entre el contorno de las colinas; y otros, deshilachándose, subían, se perdían. A veces, en una rasgadura de las nubes, bajo un rayo de sol, se veían a to lejos los tejados de Yonville, con las cuestas a la orilla del agua, los corrales, las paredes y el campanario de la iglesia. Emma entornaba los párpados para reconocer su casa, y nunca aquel pobre pueblo le había parecido tan pequeño. Desde la altura en que estaban, todo el valle parecía un inmenso lago pálido que se evaporaba en el aire. Los macizos de árboles, de trecho en trecho, sobresalían como rocas negras; y las altas líneas de los álamos, que sobresalían entre la bruma, parecían arenales movidos por el viento. |
À côté, sur la pelouse, entre les sapins, une lumière brune circulait dans l’atmosphère tiède. La terre, roussâtre comme de la poudre de tabac, amortissait le bruit des pas ; et, du bout de leurs fers, en marchant, les chevaux poussaient devant eux des pommes de pin tombées. | Al lado, sobre el césped, entre los abetos, una tenue luz iluminaba la tibia atmósfera. La tierra, rojiza como polvo de tabaco, amortiguaba el ruido de los pasos, y con la punta de sus herraduras, al caminar, los caballos se llevaban por delante las piñas caídas. |
Rodolphe et Emma suivirent ainsi la lisière du bois. Elle se détournait de temps à autre afin d’éviter son regard, et alors elle ne voyait que les troncs des sapins alignés, dont la succession continue l’étourdissait un peu. Les chevaux soufflaient. Le cuir des selles craquait. | Rodolfo y Ernma siguieron así el lindero del bosque. Ella se volvía de vez en cuando a fin de evitar su mirada, y entonces no veía más que los troncos de los abetos alineados, cuya sucesión continuada le aturdía un poco. Los caballos resoplaban. El cuero de las sillas crujía. |
Au moment où ils entrèrent dans la forêt, le soleil parut. | En el momento en que entraron en el bosque salió el sol. |
— Dieu nous protège ! dit Rodolphe. | ¡Dios nos protege! dijo Rodolfo. |
— Vous croyez ? fit-elle. | ¿:Usted cree? dijo ella. |
— Avançons ! avançons ! reprit-il. | ¡Avancemos!, ¡avancemos! replicó él. |
Il claqua de la langue. Les deux bêtes couraient. | Chasqueó la lengua. Los dos animales corrían. |
De longues fougères, au bord du chemin, se prenaient dans l’étrier d’Emma. Rodolphe, tout en allant, se penchait et il les retirait à mesure. D’autres fois, pour écarter les branches, il passait près d’elle, et Emma sentait son genou lui frôler la jambe. Le ciel était devenu bleu. Les feuilles ne remuaient pas. Il y avait de grands espaces pleins de bruyères tout en fleurs ; et des nappes de violettes s’alternaient avec le fouillis des arbres, qui étaient gris, fauves ou dorés, selon la diversité des feuillages. Souvent on entendait, sous les buissons, glisser un petit battement d’ailes, ou bien le cri rauque et doux des corbeaux, qui s’envolaient dans les chênes. | Largos helechos a orilla del camino prendían en el estribo de Emma. Rodolfo, sin pararse, se inclinaba y los retiraba al mismo tiempo. Otras veces, para apartar las ramas, pasaba cerca de ella, y Emma sentía su rodilla rozarle la pierna. El cielo se había vuelto azul. No se movía una hoja. Había grandes espacios llenos de brezos completamente floridos, y mantos de violetas alternaban con el revoltijo de los árboles, que eran grises, leonados o dorados, según la diversidad de los follajes. A menudo se oía bajo los matorrales deslizarse un leve batir de alas, o bien el graznido ronco y suave de los cuervos, que levantaban el vuelo entre los robles. |
Ils descendirent. Rodolphe attacha les chevaux. Elle allait devant, sur la mousse, entre les ornières. | Se apearon. Rodolfo ató los caballos. Ella iba delante, sobre el musgo, entre las rodadas. |
Mais sa robe trop longue l’embarrassait, bien qu’elle la portât relevée par la queue, et Rodolphe, marchant derrière elle, contemplait entre ce drap noir et la bottine noire, la délicatesse de son bas blanc, qui lui semblait quelque chose de sa nudité. | Pero su vestido demasiado largo la estorbaba aunque lo llevaba levantado por la cola, y Rodolfo, caminando detrás de ella, contemplaba entre aquella tela negra y la botina negra, la delicadeza de su media blanca, que le parecía algo de su desnudez. |
Elle s’arrêta. | Emma se paró. |
— Je suis fatiguée, dit-elle. | Estoy cansada dijo. |
— Allons, essayez encore ! reprit-il. Du courage ! | ¡Vamos, siga intentando! repuso él . ¡Ánimo! |
Puis, cent pas plus loin, elle s’arrêta de nouveau ; et, à travers son voile, qui de son chapeau d’homme descendait obliquement sur ses hanches, on distinguait son visage dans une transparence bleuâtre, comme si elle eût nagé sous des flots d’azur. | Después, cien pasos más adelante, se paró de nuevo; y a través de su velo, que desde su sombrero de hombre bajaba oblicuamente sobre sus caderas, se distinguía su cara en una transparencia azulada, como si nadara bajo olas de azul. |
— Où allons-nous donc ? | ¿:Pero adónde vamos? |
Il ne répondit rien. Elle respirait d’une façon saccadée. Rodolphe jetait les yeux autour de lui et il se mordait la moustache. | Él no contestó nada. Ella respiraba de una forma entrecortada. Rodolfo miraba alrededor de él y se mordía el bigote. |
Ils arrivèrent à un endroit plus large, où l’on avait abattu des baliveaux. Ils s’assirent sur un tronc d’arbre renversé, et Rodolphe se mit à lui parler de son amour. Il ne l’effraya point d’abord par des compliments. Il fut calme, sérieux, mélancolique. | Llegaron a un sitio más despejado donde habían hecho cortas de árboles. Se sentaron sobre un tronco, y Rodolfo empezó a hablarle de su amor. No la asustó nada al principio con cumplidos. Estuvo tranquilo, serio, melancólico. |
Emma l’écoutait la tête basse, et tout en remuant, avec la pointe de son pied, des copeaux par terre. | Emma le escuchaba con la cabeza baja, mientras que con la punta de su pie removía unas virutas en el suelo. |
Mais, à cette phrase : | Pero en esta frase: |
— Est-ce que nos destinées maintenant ne sont pas communes. | ¿:Acaso nuestros destinos no son ya comunes? |
— Eh non ! répondit-elle. Vous le savez bien. C’est impossible. | ¡Pues no! respondió ella . Usted lo sabe bien. Es imposible. |
Elle se leva pour partir. Il la saisit au poignet. Elle s’arrêta. Puis, l’ayant considéré quelques minutes d’un œil amoureux et tout humide, elle dit vivement : | Emma se levantó para marchar. Él la cogió por la muñeca. Ella se paró. Después, habiéndole contemplado unos minutos con ojos enamorados y completamente húmedos, le dijo vivamente: |
— Ah ! tenez, n’en parlons plus… Où sont les chevaux ? Retournons. | ¡Vaya!, no hablemos más de esto... ¿:dónde están los caballos? ¡Volvámonos! |
Il eut un geste de colère et d’ennui. Elle répéta : | Él tuvo un gesto de cólera y de fastidio. Ella repitió: |
— Où sont les chevaux ? où sont les chevaux ? | ¿:Dónde están los caballos?, ¿:dónde están los caballos? |
Alors, souriant d’un sourire étrange et la prunelle fixe, les dents serrées, il s’avança en écartant les bras. Elle se recula tremblante. Elle balbutiait : | Entonces Rodolfo, con una extraña sonrisa y con la mirada fija, los dientes apretados, se adelantó abriendo los brazos. Ella retrocedió temblando. Balbuceaba: |
— Oh ! vous me faites peur ! vous me faites mal ! Partons. | ¡Oh! ¡Usted me da miedo! ¡Me hace daño! Vámonos. |
— Puisqu’il le faut, reprit-il en changeant de visage. | Ya que no hay más remedio replicó él, cambiando de talante. |
Et il redevint aussitôt respectueux, caressant, timide. Elle lui donna son bras. Ils s’en retournèrent. Il disait : | Y él se volvió enseguida respetuoso, acariciador, tímido. Emma le ofreció su brazo. Dieron vuelta. Él decía: |
— Qu’aviez-vous donc ? Pourquoi ? Je n’ai pas compris ! Vous vous méprenez, sans doute ? Vous êtes dans mon âme comme une madone sur un piédestal, à une place haute, solide et immaculée. Mais j’ai besoin de vous pour vivre ! J’ai besoin de vos yeux, de votre voix, de votre pensée. Soyez mon amie, ma sœur, mon ange ! | ¿:Qué le pasaba? ¿:Por qué? No la he entendido. Usted se equivoca conmigo sin duda. Usted está en mi alma como una madona sobre un pedestal, en un lugar elevado, sólido a inmaculado. Pero la necesito para vivir. ¡Necesito sus ojos, su voz, su pensamiento! ¡Sea mi amiga, mi hermana, mi ángel! |
Et il allongeait son bras et lui en entourait la taille. Elle tâchait de se dégager mollement. Il la soutenait ainsi, en marchant. | Y alargaba el brazo y le estrechaba la cintura. Ella trataba débilmente de desprenderse. Él la retenía así, caminando. |
Mais ils entendirent les deux chevaux qui broutaient le feuillage. | Pero oyeron los dos caballos que ramoneaban el follaje. |
— Oh ! encore, dit Rodolphe. Ne partons pas ! Restez ! | ¡Oh!, un poco más dijo Rodolfo . ¡No nos vayamos!, ¡quédese! |
Il l’entraîna plus loin, autour d’un petit étang, où des lentilles d’eau faisaient une verdure sur les ondes. Des nénuphars flétris se tenaient immobiles entre les joncs. Au bruit de leurs pas dans l’herbe, des grenouilles sautaient pour se cacher. | La llevó más lejos, alrededor de un pequeño estanque, donde las lentejas de agua formaban una capa verde sobre las ondas. Unos nenúfares marchitos se mantenían inmóviles entre los juncos. Al ruido de sus pasos en la hierba, unas ranas saltaban para esconderse. |
— J’ai tort, j’ai tort, disait-elle. Je suis folle de vous entendre. | Hago mal, hago mal decía ella . Soy una loca haciéndole caso. |
— Pourquoi ?… Emma ! Emma ! | ¿:Por qué?... ¡Emma! ¡Emma! |
— Oh ! Rodolphe !… fit lentement la jeune femme en se penchant sur son épaule. | ¡Oh, Rodolfo!... dijo lentamente la joven mujer apoyándose en su hombro. |
Le drap de sa robe s’accrochait au velours de l’habit. Elle renversa son cou blanc, qui se gonflait d’un soupir ; et, défaillante, tout en pleurs, avec un long frémissement et se cachant la figure, elle s’abandonna. | La tela de su vestido se prendía en el terciopelo de la levita de Rodolfo; inclinó hacia atrás su blanco cuello, que dilataba con un suspiro; y desfallecida, deshecha en llanto, con un largo estremecimiento y tapándose la cara, se entregó. |
Les ombres du soir descendaient ; le soleil horizontal, passant entre les branches, lui éblouissait les yeux. Çà et là, tout autour d’elle, dans les feuilles ou par terre, des taches lumineuses tremblaient, comme si des colibris, en volant, eussent éparpillé leurs plumes. Le silence était partout ; quelque chose de doux semblait sortir des arbres ; elle sentait son cœur, dont les battements recommençaient, et le sang circuler dans sa chair comme un fleuve de lait. Alors, elle entendit tout au loin, au delà du bois, sur les autres collines, un cri vague et prolongé, une voix qui se traînait, et elle l’écoutait silencieusement, se mêlant comme une musique aux dernières vibrations de ses nerfs émus. Rodolphe, le cigare aux dents, raccommodait avec son canif une des deux brides cassée. | Caían las sombras de la tarde, el sol horizontal que pasaba entre las ramas le deslumbraba los ojos. Por un lado y por otro, en torno a ella, en las hojas o en el suelo, temblaban unas manchas luminosas, como si unos colibríes al volar hubiesen esparcido sus plumas. El silencio era total; algo suave parecía salir de los árboles; Emma se sentía el corazón, cuyos latidos recomenzaban, y la sangre que corría por su carne como un río de leche. Entonces oyó a lo lejos, más a11á del bosque, sobre las otras colinas, un grito vago y prolongado, una voz que se perdía y ella la escuchaba en silencio, mezclándose como una música a las últimas vibraciones de sus nervios alterados. Rodolfo, con el cigarro entre los dientes, recomponía con su navaja una de las riendas que se había roto. |
Ils s’en revinrent à Yonville, par le même chemin. Ils revirent sur la boue les traces de leurs chevaux, côte à côte, et les mêmes buissons, les mêmes cailloux dans l’herbe. Rien autour d’eux n’avait changé ; et pour elle, cependant, quelque chose était survenu de plus considérable que si les montagnes se fussent déplacées. Rodolphe, de temps à autre, se penchait et lui prenait sa main pour la baiser. | Regresaron a Yonville por el mismo camino, volvieron a ver sobre el barro las huellas de sus caballos, unas al lado de las otras, y los mismos matorrales, las mismas piedras en la hierba. Nada había cambiado en torno a ellos; y sin embargo, para ella había ocurrido algo más importante que si las montañas se hubiesen desplazado. Rodolfo de vez en cuando se inclinaba y le tomaba la mano para besársela. |
Elle était charmante, à cheval ! Droite, avec sa taille mince, le genou plié sur la crinière de sa bête et un peu colorée par le grand air, dans la rougeur du soir. | ¡Estaba encantadora a caballo! Erguida, con su talle fino, la rodilla doblada sobre las crines del animal y ligeramente coloreada por el aire libre sobre el fondo rojizo de la tarde. |
En entrant dans Yonville, elle caracola sur les pavés. On la regardait des fenêtres. | Al entrar en Yonville caracoleó sobre el pavimento. |
Son mari, au dîner, lui trouva bonne mine ; mais elle eut l’air de ne pas l’entendre lorsqu’il s’informa de sa promenade ; et elle restait le coude au bord de son assiette, entre les deux bougies qui brûlaient. | Desde las ventanas la miraban. Su marido en la cena le encontró buen aspecto; pero ella pareció no oírlo cuando le preguntó sobre su paseo; y siguió con el codo al borde de su plato, entre las dos velas encendidas. |
— Emma ! dit-il. | ¡Emma! dijo él. |
— Quoi ? | ¿:Qué? |
— Eh bien, j’ai passé cette après-midi chez M. Alexandre ; il a une ancienne pouliche encore fort belle, un peu couronnée seulement, et qu’on aurait, je suis sûr, pour une centaine d’écus… | Bueno, he pasado esta tarde por casa del señor Alexandre; tiene una vieja potranca todavía muy buena, con una pequeña herida en la rodilla solamente, y que nos dejarían, estoy seguro, por unos cien escudos... |
Il ajouta : | Y añadió: |
— Pensant même que cela te serait agréable, je l’ai retenue…, je l’ai achetée… Ai-je bien fait ? Dis-moi donc. | Incluso pensando que te gustaría, la he apalabrado..., la he comprado... ¿:He hecho bien? ¡Dímelo! |
Elle remua la tête en signe d’assentiment ; puis, un quart d’heure après : | Ella movió la cabeza en señal de asentimiento; luego, un cuarto de hora después: |
— Sors-tu ce soir ? demanda-t-elle. | Sales esta noche? preguntó ella. |
— Oui. Pourquoi ? | Sí, ¿:por qué? |
— Oh ! rien, rien, mon ami. | ¡Oh!, nada, nada, querido. |
Et, dès qu’elle fut débarrassée de Charles, elle monta s’enfermer dans sa chambre. | Y cuando quedó libre de Carlos, Emma subió a encerrarse en su habitación. |
D’abord, ce fut comme un étourdissement ; elle voyait les arbres, les chemins, les fossés, Rodolphe, et elle sentait encore l’étreinte de ses bras, tandis que le feuillage frémissait et que les joncs sifflaient. | Al principio sintió como un mareo; veía los árboles, los caminos, las cunetas, a Rodolfo, y se sentía todavía estrechada entre sus brazos, mientras que se estremecía el follaje y silbaban los juncos. |
Mais, en s’apercevant dans la glace, elle s’étonna de son visage. Jamais elle n’avait eu les yeux si grands, si noirs, ni d’une telle profondeur. Quelque chose de subtil épandu sur sa personne la transfigurait. | Pero al verse en el espejo se asustó de su cara. Nunca había tenido los ojos tan grandes, tan negros ni tan profundos. Algo sutil esparcido sobre su persona la transfiguraba. |
Elle se répétait : « J’ai un amant ! un amant ! » se délectant à cette idée comme à celle d’une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase, délire ; une immensité bleuâtre l’entourait, les sommets du sentiment étincelaient sous sa pensée, et l’existence ordinaire n’apparaissait qu’au loin, tout en bas, dans l’ombre, entre les intervalles de ces hauteurs. | Se repetía: «¡Tengo un amante!, ¡un amante!», deleitándose en esta idea, como si sintiese renacer en ella otra pubertad. Iba, pues, a poseer por fin esos goces del amor, esa fiebre de felicidad que tanto había ansiado. Penetraba en algo maravilloso donde todo sería pasión, éxtasis, delirio; una azul inmensidad la envolvía, las cumbres del sentimiento resplandecían bajo su imaginación, y la existencia ordinaria no aparecía sino a to lejos, muy abajo, en la sombra, entre los intervalos de aquellas alturas. |
Alors elle se rappela les héroïnes des livres qu’elle avait lus, et la légion lyrique de ces femmes adultères se mit à chanter dans sa mémoire avec des voix de sœurs qui la charmaient. Elle devenait elle-même comme une partie véritable de ces imaginations et réalisait la longue rêverie de sa jeunesse, en se considérant dans ce type d’amoureuse qu’elle avait tant envié. D’ailleurs, Emma éprouvait une satisfaction de vengeance. N’avait-elle pas assez souffert ! Mais elle triomphait maintenant, et l’amour, si longtemps contenu, jaillissait tout entier avec des bouillonnements joyeux. Elle le savourait sans remords, sans inquiétude, sans trouble. | Entonces recordó a las heroínas de los libros que había leído y la legión lírica de esas mujeres adúlteras empezó a cantar en su memoria con voces de hermanas que la fascinaban. Ella venía a ser como una parte verdadera de aquellas imaginaciones y realizaba el largo sueño de su juventud, contemplándose en ese tipo de enamorada que tanto había deseado. Además, Emma experimentaba una satisfacción de venganza. ¡Bastante había sufrido! Pero ahora triunfaba, y el amor, tanto tiempo contenido, brotaba todo entero a gozosos borbotones. Lo saboreaba sin remordimiento, sin preocupación, sin turbación alguna. |
La journée du lendemain se passa dans une douceur nouvelle. Ils se firent des serments. Elle lui raconta ses tristesses. Rodolphe l’interrompait par ses baisers ; et elle lui demandait, en le contemplant les paupières à demi closes, de l’appeler encore par son nom et de répéter qu’il l’aimait. C’était dans la forêt, comme la veille, sous une hutte de sabotiers. Les murs en étaient de paille et le toit descendait si bas, qu’il fallait se tenir courbé. Ils étaient assis l’un contre l’autre, sur un lit de feuilles sèches. | El día siguiente pasó en una calma nueva. Se hicieron juramentos. Ella le contó sus tristezas. Rodolfo le interrumpía con sus besos; y ella le contemplaba con los párpados entornados, le pedía que siguiera llamándola por su nombre y que repitiera que la amaba. Esto era en el bosque, como la víspera, en una cabaña de almadreñeros. Sus paredes eran de paja y el tejado era tan bajo que había que agacharse. Estaban sentados, uno junto al otro, en un lecho de hojas secas. |
À partir de ce jour-là, ils s’écrivirent régulièrement tous les soirs. Emma portait sa lettre au bout du jardin, près de la rivière, dans une fissure de la terrasse. Rodolphe venait l’y chercher et en plaçait une autre, qu’elle accusait toujours d’être trop courte. | A partir de aquel día se escribieron regularmente todas las tardes. Emma llevaba su carta al fondo de la huerta, cerca del río, en una grieta de la terraza. Rodolfo iba a buscarla a11í y colocaba otra, que ella tildaba siempre de muy corta. |
Un matin, que Charles était sorti dès avant l’aube, elle fut prise par la fantaisie de voir Rodolphe à l’instant. On pouvait arriver promptement à la Huchette, y rester une heure et être rentré dans Yonville que tout le monde encore serait endormi. Cette idée la fit haleter de convoitise, et elle se trouva bientôt au milieu de la prairie, où elle marchait à pas rapides, sans regarder derrière elle. | Una mañana en que Carlos había salido antes del amanecer, a Emma se le antojó ver a Rodolfo al instante. Se podía llegar pronto a la Huchette, permanecer a11í una hora y estar de vuelta en Yonville cuando todo el mundo estuviese aún durmiendo. Esta idea la hizo jadear de ansia, y pronto se encontró en medio de la pradera, donde caminaba a pasos rápidos sin mirar hacia atrás. |
Le jour commençait à paraître. Emma, de loin, reconnut la maison de son amant, dont les deux girouettes à queue-d’aronde se découpaient en noir sur le crépuscule pâle. | Empezaba a apuntar el día. Emma, de lejos, reconoció la casa de su amante, cuyas dos veletas en cola de milano se recortaban en negro sobre el pálido crepúsculo. |
Après la cour de la ferme, il y avait un corps de logis qui devait être le château. Elle y entra, comme si les murs, à son approche, se fussent écartés d’eux-mêmes. Un grand escalier droit montait vers un corridor. Emma tourna la clenche d’une porte, et tout à coup, au fond de la chambre, elle aperçut un homme qui dormait. C’était Rodolphe. Elle poussa un cri. | Pasado el corral de la granja había un cuerpo de edificio que debía de ser el palacio. Ella entró como si las paredes, al acercarse ella, se hubieran separado por sí solas. Una gran escalera recta subía hacia el corredor. Emma giró el pestillo de una puerta, y de pronto, en el fondo de la habitación, vio a un hombre que dormía. Era Rodolfo. Ella lanzó un grito. |
— Te voilà ! te voilà ! répétait-il. Comment as-tu fait pour venir ?… Ah ! ta robe est mouillée ! | ¡Tú aquí! ¡Tú aqul! repetía él . ¿:Cómo has hecho para venir?... ¡Ah!, ¡tu vestido está mojado! |
— Je t’aime ! répondit-elle en lui passant les bras autour du cou. | ¡Te quiero! respondió ella pasándole los brazos alrededor del cuello. |
Cette première audace lui ayant réussi, chaque fois maintenant que Charles sortait de bonne heure, Emma s’habillait vite et descendait à pas de loup le perron qui conduisait au bord de l’eau. | Como esta primera audacia le había salido bien, ahora cada vez que Carlos salía temprano, Emma se vestía deprisa y bajaba de puntillas la escalera que llevaba hasta la orilla del agua. |
Mais, quand la planche aux vaches était levée, il fallait suivre les murs qui longeaient la rivière ; la berge était glissante ; elle s’accrochait de la main, pour ne pas tomber, aux bouquets de ravenelles flétries. Puis elle prenait à travers des champs en labour, où elle enfonçait, trébuchait et empêtrait ses bottines minces. Son foulard, noué sur sa tête, s’agitait au vent dans les herbages ; elle avait peur des bœufs, elle se mettait à courir ; elle arrivait essoufflée, les joues roses, et exhalant de toute sa personne un frais parfum de sève, de verdure et de grand air. Rodolphe, à cette heure-là, dormait encore. C’était comme une matinée de printemps qui entrait dans sa chambre. | Pero cuando la pasarela de las vacas estaba levantada, había que seguir las paredes que se extendían a lo largo del río; la orilla era resbaladiza; ella, para no caer, se agarraba con la mano a los matojos de alhelíes marchitos. Después atravesaba los terrenos labrados donde se hundía, se tambaleaba y se le enredaban sus finas botas. Su pañoleta, atada a la cabeza, se agitaba al viento en los pastizales; tenía miedo a los bueyes, echaba a correr; llegaba sin aliento, con las mejillas rosadas y exhalando un fresco perfume de savia, de verdor y de aire libre. Rodolfo a aquella hora aún estaba durmiendo. Era como una mañana de primavera que entraba en su habitación. |
Les rideaux jaunes, le long des fenêtres laissaient passer doucement une lourde lumière blonde. Emma tâtonnait en clignant des yeux, tandis que les gouttes de rosée suspendues à ses bandeaux faisaient comme une auréole de topazes tout autour de sa figure. Rodolphe, en riant, l’attirait à lui et il la prenait sur son cœur. | Las cortinas amarillas a lo largo de las ventanas dejaban pasar suavemente una pesada luz dorada. Emma caminaba a tientas, abriendo y cerrando los ojos, mientras que las gotas de rocío prendidas en su pelo hacían como una aureola de topacios alrededor de su cara. Rodolfo, riendo, la atraía hacia él y la estrechaba contra su pecho. |
Ensuite, elle examinait l’appartement, elle ouvrait les tiroirs des meubles, elle se peignait avec son peigne et se regardait dans le miroir à barbe. Souvent même, elle mettait entre ses dents le tuyau d’une grosse pipe qui était sur la table de nuit, parmi des citrons et des morceaux de sucre, près d’une carafe d’eau. | Después, ella examinaba el piso, abría los cajones de los muebles, se peinaba con el peine de Rodolfo y se miraba en el espejo de afeitarse. A veces, incluso, metía entre sus dientes el tubo de una gran pipa que estaba sobre la mesa de noche, entre limones y terrones de azúcar, al lado de una botella de agua. |
Il leur fallait un bon quart d’heure pour les adieux. Alors Emma pleurait ; elle aurait voulu ne jamais abandonner Rodolphe. Quelque chose de plus fort qu’elle la poussait vers lui, si bien qu’un jour, la voyant survenir à l’improviste, il fronça le visage comme quelqu’un de contrarié. | Necesitaban un buen cuarto de hora para despedirse. Entonces Emma lloraba; hubiera querido no abandonar nunca a Rodolfo. Algo más fuerte que ella la empujaba hacia él, de tal modo que un día, viéndola aparecer de improviso, él frunció el ceño como alguien que está contrariado. |
— Qu’as-tu donc ? dit-elle. Souffres-tu ? Parle-moi ! | ¿:Qué tienes? dijo ella . ¿:Estás malo? ¡Háblame! |
Enfin il déclara, d’un air sérieux, que ses visites devenaient imprudentes et qu’elle se compromettait. | Por fin, él declaró, en tono serio, que sus visitas iban siendo imprudentes y que ella se comprometía. |
II - X | II- CAPÍTULO X |
Peu à peu, ces craintes de Rodolphe la gagnèrent. L’amour l’avait enivrée d’abord, et elle n’avait songé à rien au delà. Mais, à présent qu’il était indispensable à sa vie, elle craignait d’en perdre quelque chose, ou même qu’il ne fût troublé. Quand elle s’en revenait de chez lui, elle jetait tout alentour des regards inquiets, épiant chaque forme qui passait à l’horizon et chaque lucarne du village d’où l’on pouvait l’apercevoir. Elle écoutait les pas, les cris, le bruit des charrues ; et elle s’arrêtait plus blême et plus tremblante que les feuilles des peupliers qui se balançaient sur sa tête. | Poco a poco, estos temores de Rodolfo se apoderaron también de ella. Al principio el amor la había embriagado y nunca había pensado más allá. Pero ahora que le era indispensable en su vida, temía perder algo de este amor, o incluso que se viese perturbado. Cuando volvía de casa de Rodolfo echaba miradas inquietas alrededor, espiando cada forma que pasaba por el horizonte y cada buhardilla del pueblo desde donde pudieran verla. Escuchaba los pasos, los gritos, el ruido de los arados; y se paraba más pálida y más trémula que las hojas de los álamos que se balanceaban sobre su cabeza. |
Un matin, qu’elle s’en retournait ainsi, elle crut distinguer tout à coup le long canon d’une carabine qui semblait la tenir en joue. Il dépassait obliquement le bord d’un petit tonneau, à demi enfoui entre les herbes, sur la marge d’un fossé. Emma, prête à défaillir de terreur, avança cependant, et un homme sortit du tonneau, comme ces diables à boudin qui se dressent du fond des boîtes. Il avait des guêtres bouclées jusqu’aux genoux, sa casquette enfoncée jusqu’aux yeux, les lèvres grelottantes et le nez rouge. C’était le capitaine Binet, à l’affût des canards sauvages. | Una mañana que regresaba de esta manera, creyó distinguir de pronto el largo cañón de una carabina que parecía apuntarle. Sobresalía oblicuamente de un pequeño tonel, medio hundido entre la hierba a orilla de una cuneta. Emma, a punto de desfallecer de terror, siguió adelante a pesar de todo, y un hombre salió del tonel como esos diablos que salen del fondo de las cajitas disparados por un muelle. Llevaba unas polainas sujetas hasta las rodillas, la gorra hundida hasta los ojos, sus labios tiritaban de frío y tenía la nariz roja. Era el capitán Binet al acecho de los patos salvajes. |
— Vous auriez dû parler de loin ! s’écria-t-il. Quand on aperçoit un fusil, il faut toujours avertir. | ¡Tenía usted que haber hablado de lejos! exclamó él . Cuando se ve una escopeta siempre hay que avisar. |
Le percepteur, par là, tâchait de dissimuler la crainte qu’il venait d’avoir ; car, un arrêté préfectoral ayant interdit la chasse aux canards autrement qu’en bateau, M. Binet, malgré son respect pour les lois, se trouvait en contravention. Aussi croyait-il à chaque minute entendre arriver le garde champêtre. Mais cette inquiétude irritait son plaisir, et, tout seul dans son tonneau, il s’applaudissait de son bonheur et de sa malice. | El recaudador con esto trataba de disimular el miedo que acababa de pasar; pues como una orden gubernativa prohibía cazar patos si no era en barca, el señor Binet, a pesar de su respeto a las leyes, se encontraba en infracción. Por eso a cada instante le parecía oír los pasos del guarda rural. Pero esta preocupación excitaba su placer, y, completamente solo en su tonel, se congratulaba de su felicidad y de su malicia. |
À la vue d’Emma, il parut soulagé d’un grand poids, et aussitôt, entamant la conversation : | Al ver a Enmma, pareció aliviado de un gran peso, y enseguida entabló conversación: |
— Il ne fait pas chaud, ça pique ! | No hace calor que digamos, ¡pica! |
Emma ne répondit rien. Il poursuivit : | Emma no contestó nada. Binet conrinuó: |
— Et vous voilà sortie de bien bonne heure ? | ¿:Ha salido usted muy temprano? |
— Oui, dit-elle en balbutiant ; je viens de chez la nourrice où est mon enfant. | Sí dijo ella balbuceando ; vengo de casa de la nodriza que cría a mi hija. |
— Ah ! fort bien ! fort bien ! Quant à moi, tel que vous me voyez, dès la pointe du jour je suis là ; mais le temps est si crassineux, qu’à moins d’avoir la plume juste au bout… | ¡Ah!, ¡muy bien!, ¡muy bien! Yo, tal como me ve, desde el amanecer estoy aquí; pero el tiempo está tan sucio que a menos de tener la caza justo en la misma punta de la nariz... |
— Bonsoir, monsieur Binet, interrompit-elle en lui tournant les talons. | Buenas noches, señor Binet interrumpió ella dando media vuelta. |
— Serviteur, madame, reprit-il d’un ton sec. | Servidor, señora respondió él en tono seco. |
Et il rentra dans son tonneau. | Y volvió a su tonel. |
Emma se repentit d’avoir quitté si brusquement le percepteur. Sans doute, il allait faire des conjectures défavorables. L’histoire de la nourrice était la pire excuse, tout le monde sachant bien à Yonville que la petite Bovary, depuis un an, était revenue chez ses parents. D’ailleurs, personne n’habitait aux environs ; ce chemin ne conduisait qu’à la Huchette ; Binet donc avait deviné d’où elle venait, et il ne se tairait pas, il bavarderait, c’était certain ! Elle resta jusqu’au soir à se torturer l’esprit dans tous les projets de mensonges imaginables, et ayant sans cesse devant les yeux cet imbécile à carnassière. | Emma se arrepintió de haber dejado tan bruscamente al recaudador. Sin duda, él iba a hacer conjeturas desfavorables. El cuento de la nodriza era la peor excusa, pues todo el mundo sabía bien en Yonville que la pequeña Bovary desde hacía un año había vuelto a casa de sus padres. Además, nadie vivía en los alrededores; aquel camino sólo llevaba a la Huchette; Binet había adivinado, pues, de dónde venía, y no callaría, hablaría, estaba segura. Ella permaneció hasta la noche torturándose la mente con todos los proyectos de mentiras imaginables, y teniendo sin cesar delante de sus ojos a aquel imbécil con morral. |
Charles, après le dîner, la voyant soucieuse, voulut, par distraction, la conduire chez le pharmacien ; et la première personne qu’elle aperçut dans la pharmacie, ce fut encore lui, le percepteur ! Il était debout devant le comptoir, éclairé par la lumière du bocal rouge, et il disait : | Carlos, después de la cena, viéndola preocupada, quiso, para distraerla, llevarla a casa del farmacéutico; y la primera persona que vio en la farmacia fue precisamente al recaudador. Estaba de pie delante del mostrador, alumbrado por la luz del bocal rojo, y decía: |
— Donnez-moi, je vous prie, une demi-once de vitriol. | Déme, por favor, media onza de vitriolo. |
— Justin, cria l’apothicaire, apporte-nous l’acide sulfurique. | Justino dijo el boticario , tráenos el ácido sulfúrico. |
Puis, à Emma, qui voulait monter dans l’appartement de Mme Homais : | Después, a Emma, que quería subir al piso de la señora Homais: |
— Non, restez, ce n’est pas la peine, elle va descendre. Chauffez-vous au poêle en attendant… Excusez-moi… Bonjour, docteur (car le pharmacien se plaisait beaucoup a prononcer ce mot docteur, comme si en l’adressant à un autre, il eût fait rejaillir sur lui-même quelque chose de la pompe qu’il y trouvait)… Mais prends garde de renverser les mortiers ! va plutôt chercher les chaises de la petite salle ; tu sais bien qu’on ne dérange pas les fauteuils du salon. | No, quédese, no vale la pena, ella va a bajar. Caliéntese en la estufa entretanto... Dispénseme... Buenas tardes, doctor pues el farmacéutico se complacía en pronunciar esta palabra «doctor», como si, dirigiéndose a otro, hubiese hecho recaer sobre sí mismo algo de la pompa que encontraba en ello ... Pero ¡cuidado con volcar los morteros!, es mejor que vayas a buscar las sillas de la salita; ya sabes que hay que mover los sillones del salón. |
Et, pour remettre en place son fauteuil, Homais se précipitait hors du comptoir, quand Binet lui demanda une demi-once d’acide de sucre. | Y para volver a poner la butaca en su sitio, Homais se precipitaba fuera del mostrador, cuando Binet le pidió media onza de ácido de azúcar. |
— Acide de sucre ? fit le pharmacien dédaigneusement. Je ne connais pas, j’ignore ! Vous voulez peut-être de l’acide oxalique ? C’est oxalique, n’est-il pas vrai ? | ¿:Ácido de azúcar? dijo el farmacéutico desdeñosamente . ¡No conozco, no sé! ¿:Usted quiere quizá ácido oxálico? ¿:Es oxálico, no es cierto? |
Binet expliqua qu’il avait besoin d’un mordant pour composer lui-même une eau de cuivre avec quoi dérouiller diverses garnitures de chasse. Emma tressaillit. Le pharmacien se mit à dire : | Binet explicó que necesitaba un cáustico para preparar él mismo un agua de cobre con que desoxidar diversos utensilios de caza. Emma se estremeció. El farmacéutico empezó a decir. |
— En effet, le temps n’est pas propice, à cause de l’humidité. | En efecto, el tiempo no está propicio a causa de la humedad. |
— Cependant, reprit le percepteur d’un air finaud, il y a des personnes qui s’en arrangent. | Sin embargo replicó el recaudador con aire maficioso , hay quien no se asusta. |
Elle étouffait. | Emma estaba sofocada. |
— Donnez-moi encore… | Déme también. |
— Il ne s’en ira donc jamais ! pensait-elle. | «¿:No se marchará de una vez?, pensaba ella.» |
— Une demi-once d’arcanson et de térébenthine, quatre onces de cire jaune, et trois demi-onces de noir animal, s’il vous plaît, pour nettoyer les cuirs vernis de mon équipement. | Media onza de colofonia y de trementina o cuatro onzas de cera amarilla, y tres medias onzas de negro animal, por favor, para limpiar los cueros charolados de mi equipo. |
L’apothicaire commençait à tailler de la cire, quand Mme Homais parut avec Irma dans ses bras, Napoléon à ses côtés et Athalie qui la suivait. Elle alla s’asseoir sur le banc de velours contre la fenêtre, et le gamin s’accroupit sur un tabouret, tandis que sa sœur aînée rôdait autour de la boîte à jujube, près de son petit papa. Celui-ci emplissait des entonnoirs et bouchait des flacons, il collait des étiquettes, il confectionnait des paquets. On se taisait autour de lui ; et l’on entendait seulement de temps à autre tinter les poids dans les balances, avec quelques paroles basses du pharmacien donnant des conseils à son élève. | El boticario empezaba a cortar cera, cuando la señora Homais apareció con Irma en brazos, Napoleón a su lado y Atalía detrás. Fue a sentarse en el banco de terciopelo, al lado de la ventana, y el chico se acurrucó sobre un taburete, mientras que su hermana mayor rondaba la caja de azufaifas cerca de su papaíto. Éste llenaba embudos y tapaba frascos, pegaba etiquetas, hacía paquetes. Todos callaban a su alrededor; y se oía solamente de vez en cuando sonar los pesos en las balanzas, con algunas palabras en voz baja del farmacéutico dando consejos a su discípulo. |
— Comment va votre jeune personne ? demanda tout à coup Mme Homais. | ¿:Cómo está su pequeña? preguntó de pronto la señora Homais. |
— Silence ! exclama son mari, qui écrivait des chiffres sur le cahier de brouillons. | ¡Silencio! exclamó su marido, que estaba anotando unas cifras en el cuaderno borrador. |
— Pourquoi ne l’avez-vous pas amenée ? reprit-elle à demi-voix. | ¿:Por qué no la ha traído? replicó a media voz. |
— Chut ! chut ! fit Emma en désignant du doigt l’apothicaire. | ¡Chut!, ¡chut! dijo Emma señalando con el dedo al boticario. |
Mais Binet, tout entier à la lecture de l’addition, n’avait rien entendu probablement. Enfin il sortit. Alors Emma, débarrassée, poussa un grand soupir. | Pero Binet, absorto por completo en la lectura de la suma, no había oído nada probablemente. Por fin, salió. Entonces Emma, ya liberada, suspiró hondamente. |
— Comme vous respirez fort ! dit Mme Homais. | ¡Qué fuerte respira! dijo la señora Homais. |
— Ah ! c’est qu’il fait un peu chaud, répondit-elle. | ¡Ah!, es que hace un poco de calor respondió ella. |
Ils avisèrent donc, le lendemain, à organiser leurs rendez-vous ; Emma voulait corrompre sa servante par un cadeau ; mais il eût mieux valu découvrir à Yonville quelque maison discrète. Rodolphe promit d’en chercher une. | Al día siguiente pensaron en organizar sus citas; Emma quería sobornar a su criada con un regalo; pero habría sido mejor descubrir en Yonville alguna casa discreta. Rodolfo prometió buscar una. |
Pendant tout l’hiver, trois ou quatre fois la semaine, à la nuit noire, il arrivait dans le jardin. Emma, tout exprès, avait retiré la clef de la barrière, que Charles crut perdue. | Durante todo el invierno, tres o cuatro veces por semana, de noche cerrada, él llegaba a la huerta. Emma, con toda intención, había retirado la llave de la barrera que Carlos creyó perdida. |
Pour l’avertir, Rodolphe jetait contre les persiennes une poignée de sable. Elle se levait en sursaut ; mais quelquefois il lui fallait attendre, car Charles avait la manie de bavarder au coin du feu, et il n’en finissait pas. Elle se dévorait d’impatience ; si ses yeux l’avaient pu, ils l’eussent fait sauter par les fenêtres. Enfin, elle commençait sa toilette de nuit ; puis, elle prenait un livre et continuait à lire fort tranquillement, comme si la lecture l’eût amusée. Mais Charles, qui était au lit, l’appelait pour se coucher. | Para avisarla, Rodolfo tiraba a la persiana un puñado de arena. Ella se levantaba sobresaltada; pero a veces tenía que esperar, pues Carlos tenía la manía de charlar al lado del fuego y no acababa nunca. Ella se consumía de irnpaciencia; si sus ojos hubieran podido le habría hecho saltar por las ventanas. Por fin, comenzaba su aseo nocturno; después, tomaba un libro y seguía leyendo muy tranquilamente, como si la lectura la entretuviese. Pero Carlos, que estaba en la cama, la llamaba para acostarse. |
— Viens donc, Emma, disait-il, il est temps. | Emma, ven le decía , es hora. |
— Oui, j’y vais ! répondait-elle. | ¡Sí, ya voy! respondía ella. |
Cependant, comme les bougies l’éblouissaient, il se tournait vers le mur et s’endormait. Elle s’échappait en retenant son haleine, souriante, palpitante, déshabillée. | Entretanto como las velas le deslumbraban, él se volvía hacia la pared y se quedaba dormido. Ella se escapaba conteniendo la respiración, sonriente, palpitante, sin vestirse. |
Rodolphe avait un grand manteau ; il l’en enveloppait tout entière, et, passant le bras autour de sa taille, il l’entraînait sans parler jusqu’au fond du jardin. | Rodolfo llevaba un gran abrigo; la envolvía por completo, y, pasándole el brazo por la cintura, la llevaba sin hablar hasta el fondo del jardín. |
C’était sous la tonnelle, sur ce même banc de bâtons pourris où autrefois Léon la regardait si amoureusement, durant les soirs d’été. Elle ne pensait guère à lui maintenant. | Era bajo el cenador, en el mismo banco de palos podridos donde antaño León la miraba tan enamorado en las noches de verano. Emma ahora apenas pensaba en él. |
Les étoiles brillaient à travers les branches du jasmin sans feuilles. Ils entendaient derrière eux la rivière qui coulait, et, de temps à autre, sur la berge, le claquement des roseaux secs. Des massifs d’ombre, çà et là, se bombaient dans l’obscurité, et parfois, frissonnant tous d’un seul mouvement, ils se dressaient et se penchaient comme d’immenses vagues noires qui se fussent avancées pour les recouvrir. Le froid de la nuit les faisait s’étreindre davantage ; les soupirs de leurs lèvres leur semblaient plus forts ; leurs yeux, qu’ils entrevoyaient à peine, leur paraissaient plus grands, et, au milieu du silence, il y avait des paroles dites tout bas qui tombaient sur leur âme avec une sonorité cristalline et qui s’y répercutaient en vibrations multipliées. | Las estrellas brillaban a través de las ramas del jazmín sin hojas. Detrás de ellos oían correr el río, y, de vez en cuando, en la orilla, el chasquido de las cañas secas. Masas de sombra, aquí y a11í, se ensanchaban en la oscuridad, y a veces, movidas todas al unísono, se levantaban y se inclinaban como inmensas olas negras que se hubiesen adelantado para volver a cubrirlos. El frío de la noche les hacía juntarse más; los suspiros de sus labios les parecían más fuertes; sus ojos, que apenas entreveían, les parecían más grandes, y, en medio del silencio, había palabras pronunciadas tan bajo que caían sobre su alma con una sonoridad cristalina y que se reproducían, en vibraciones multiplicadas. |
Lorsque la nuit était pluvieuse, ils s’allaient réfugier dans le cabinet aux consultations, entre le hangar et l’écurie. Elle allumait un des flambeaux de la cuisine, qu’elle avait caché derrière les livres. Rodolphe s’installait là comme chez lui. La vue de la bibliothèque et du bureau, de tout l’appartement enfin, excitait sa gaieté ; et il ne pouvait se retenir de faire sur Charles quantité de plaisanteries qui embarrassaient Emma. Elle eût désiré le voir plus sérieux, et même plus dramatique à l’occasion, comme cette fois où elle crut entendre dans l’allée un bruit de pas qui s’approchaient. | Cuando la noche estaba lluviosa iban a refugiarse al consultorio, entre la cochera y la caballeriza. Ella encendía uno de los candelabros de la cocina que había escondido detrás de los libros. Rodolfo se instalaba a11í como en su casa. La vista de la biblioteca y del despacho, de todo el departamento finalmente, excitaba su alegría; y no podía contenerse sin bromear a costa de Carlos, lo cual molestaba a Emma. Ella hubiese deseado verle más serio, a incluso más dramático, llegado el caso, como aquella vez en que creyó oír en el paseo de la huerta un ruido de pasos que se acercaban. |
— On vient ! dit-elle. | Alguien viene dijo ella. |
Il souffla la lumière. | Rodolfo apagó la luz. |
— As-tu tes pistolets ? | ¿:Tienes tus pistolas? |
— Pourquoi ? | ¿:Para qué? |
— Mais… pour te défendre, reprit Emma. | Pues... para defenderte replicó Emma. |
— Est-ce de ton mari Ah ! le pauvre garçon ! | ¿:De tu marido? ¡Ah!, ¡pobre chico! |
Et Rodolphe acheva sa phrase avec un geste qui signifiait : « Je l’écraserais d’une chiquenaude. » | Y Rodolfo remató la frase con un gesto que significaba: « Lo aplastaría de un papirotazo.» |
Elle fut ébahie de sa bravoure, bien qu’elle y sentît une sorte d’indélicatesse et de grossièreté naïve qui la scandalisa. | Emma se quedó pasmada de su valentía, aunque notara una especie de falta de delicadeza y de grosería ingenua que le escandalizó. |
Rodolphe réfléchit beaucoup à cette histoire de pistolets. Si elle avait parlé sérieusement, cela était fort ridicule, pensait-il, odieux même, car il n’avait, lui, aucune raison de haïr ce bon Charles, n’étant pas ce qui s’appelle dévoré de jalousie ; — et, à ce propos, Emma lui avait fait un grand serment qu’il ne trouvait pas non plus du meilleur goût. | Rodolfo pensó mucho en aquella historia de pistolas. Si Emma había hablado en serio, resultaría muy ridículo, pensaba él, incluso odioso, pues no tenía ninguna razón para odiar al buenazo de Carlos, no estando lo que se dice consumido por los celos; y, a este propósito, Emma le había hecho un gran juramento que él no encontraba tampoco del mejor gusto. |
D’ailleurs, elle devenait bien sentimentale. Il avait fallu échanger des miniatures, on s’était coupé des poignées de cheveux, et elle demandait à présent une bague, un véritable anneau de mariage, en signe d’alliance éternelle. Souvent elle lui parlait des cloches du soir ou des voix de la nature ; puis elle l’entretenait de sa mère, à elle, et de sa mère, à lui. Rodolphe l’avait perdue depuis vingt ans. Emma, néanmoins, l’en consolait avec des mièvreries de langage, comme on eût fait à un marmot abandonné, et même lui disait quelquefois, en regardant la lune : | Por otra parte, se estaba poniendo muy sentimental. Habían tenido que intercambiarse retratos, se habían cortado mechones de cabello, y Emma pedía ahora un anillo, un verdadero anillo de matrimonio en señal de alianza eterna. A menudo le hablaba de las campanas del atardecer o de las «voces de la naturaleza»; después, de su madre y de la de él. Rodolfo la había perdido hacía veinte años. Emma, sin embargo, le consolaba con remilgos de lenguaje, como se hubiera hecho con un niño abandonado, a incluso le decía a veces, mirando la luna: |
— Je suis sûre que là-haut, ensemble, elles approuvent notre amour. | Estoy segura que desde a11á arriba, las dos juntas aprueban nuestro amor. |
Mais elle était si jolie ! il en avait possédé si peu d’une candeur pareille ! Cet amour sans libertinage était pour lui quelque chose de nouveau, et qui, le sortant de ses habitudes faciles, caressait à la fois son orgueil et sa sensualité. L’exaltation d’Emma, que son bon sens bourgeois dédaignait, lui semblait au fond du cœur charmante, puisqu’elle s’adressait à sa personne. Alors, sûr d’être aimé, il ne se gêna pas, et insensiblement ses façons changèrent. | ¡Pero era tan bonita!, ¡había poseído tan pocas mujeres con semejante candor! Este amor sin desenfreno era para él algo nuevo, y sacándole de sus costumbres fáciles, halagaba a la vez su orgullo y su sensualidad. La exaltación de Emma, que su buen sentido burgués desdeñaba, le parecía en el fondo del corazón encantadora, puesto que se dirigía a su persona. Entonces, seguro de ser amado, no se molestó, a insensiblemente sus maneras cambiaron. |
Il n’avait plus, comme autrefois, de ces mots si doux qui la faisaient pleurer, ni de ces véhémentes caresses qui la rendaient folle ; si bien que leur grand amour, où elle vivait plongée, parut se diminuer sous elle, comme l’eau d’un fleuve qui s’absorberait dans son lit, et elle aperçut la vase. Elle n’y voulut pas croire ; elle redoubla de tendresse ; et Rodolphe, de moins en moins, cacha son indifférence. | Ya no empleaba como antes aquellas palabras tan dulces que la hacían llorar, ni aquellas vehementes caricias que la enloquecían; de modo que su gran amor en el que vivía inmersa le pareció que iba descendiendo bajo sus pies, como el agua de un río que se absorbiera en su cauce, y percibió el fango. No quería creerlo; redobló su ternura; y Rodolfo, cada vez menos, ocultó su indiferencia. |
Elle ne savait pas si elle regrettait de lui avoir cédé, ou si elle ne souhaitait point, au contraire, le chérir davantage. L’humiliation de se sentir faible se tournait en une rancune que les voluptés tempéraient. Ce n’était pas de l’attachement, c’était comme une séduction permanente. Il la subjuguait. Elle en avait presque peur. | Emma no sabía si le pesaba haber cedido o, por el contrario, si deseaba amarle más. La humillación de sentirse débil se tornaba en rencor que los placeres atemperaban. No era cariño, era como una seducción permanente. Rodolfo la subyugaba. Ella casi le tenía miedo. |
Les apparences, néanmoins, étaient plus calmes que jamais, Rodolphe ayant réussi à conduire l’adultère selon sa fantaisie ; et, au bout de six mois, quand le printemps arriva, ils se trouvaient, l’un vis-à-vis de l’autre, comme deux mariés qui entretiennent tranquillement une flamme domestique. | Las apariencias, sin embargo, eran más tranquilas que nunca, pues Rodolfo había acertado a llevar el adulterio según su capricho; y al cabo de seis meses, cuando llegó la primavera, se encontraban, el uno frente al otro, como dos casados que mantienen tranquilamente una llama doméstica. |
C’était l’époque où le père Rouault envoyait son dinde, en souvenir de sa jambe remise. Le cadeau arrivait toujours avec une lettre. Emma coupa la corde qui la retenait au panier, et lut les lignes suivantes : | Era la época en que el tío Rouault mandaba su pavo en recuerdo de su pierna recompuesta. El regalo llegaba siempre con una carta. Emma cortó la cuerda que la ataba al cesto, y leyó las siguientes líneas: |
« MES CHERS ENFANTS, | «Mis queridos hijos: |
« J’espère que la présente vous trouvera en bonne santé et que celui-là vaudra bien les autres ; car il me semble un peu plus mollet, si j’ose dire, et plus massif. Mais, la prochaine fois, par changement, je vous donnerai un coq, à moins que vous ne teniez de préférence aux picots ; et renvoyez-moi la bourriche, s’il vous plaît, avec les deux anciennes. J’ai eu un malheur à ma charretterie, dont la couverture, une nuit qu’il ventait fort, s’est envolée dans les arbres. La récolte non plus n’a pas été trop fameuse. Enfin ; je ne sais pas quand j’irai vous voir. Ça m’est tellement difficile de quitter maintenant la maison, depuis que je suis seul, ma pauvre Emma ! » | Espero que la presente os encuentre con buena salud y que éste resulte tan bueno como los otros; parece un poco más tiernecito, y me atrevo a decir que más lleno. Pero la próxima vez, para cambiar, os mandaré un gallo, a no ser que prefiráis pavos; y devolvedme la cesta, por favor, con las otras dos anteriores. He tenido una desgracia en la carretería, cuya cubierta, una noche de fuerte viento, se echó a volar entre los árboles. La cosecha tampoco ha sido muy buena que digamos. En fin, no sé cuándo iré a veros. ¡Me es tan difícil ahora dejar la casa, desde que estoy solo, mi pobre Emma!» |
Et il y avait ici un intervalle entre les lignes, comme si le bonhomme eût laissé tomber sa plume pour rêver quelque temps. | Y aquí había un intervalo entre líneas, como si el buen hombre hubiese dejado caer su pluma para pensar un rato. |
« Quant à moi, je vais bien, sauf un rhume que j’ai attrapé l’autre jour à la foire d’Yvetot, où j’étais parti pour retenir un berger, ayant mis le mien dehors, par suite de sa trop grande délicatesse de bouche. Comme on est à plaindre avec tous ces brigands-là ! Du reste, c’était aussi un malhonnête. | «Yo estoy bien, salvo un catarro que atrapé el otro día en la feria de Yvetot, adonde había ido para apalabrar a un pastor, pues despedí al mío porque era de boca muy fina. ¡Cuánto nos hacen sufrir todos estos bandidos! Además, no era honrado. |
« J’ai appris d’un colporteur qui, voyageant cet hiver par votre pays, s’est fait arracher une dent, que Bovary travaillait toujours dur. Ça ne m’étonne pas, et il m’a montré sa dent ; nous avons pris un café ensemble. Je lui ai demandé s’il t’avait vue, il m’a dit que non, mais qu’il avait vu dans l’écurie deux animaux, d’où je conclus que le métier roule. Tant mieux, mes chers enfants, et que le bon Dieu vous envoie tout le bonheur imaginable. | He sabido por un vendedor ambulante que, viajando este invierno por vuestra tierra, tuvo que sacarse una muela, que Bovary seguía trabajando mucho. No me extrañó, y me enseñó su muela; tomamos café juntos. Le pregunté si te había visto, me dijo que no, pero que había visto en la caballeriza dos animales, de donde deduzco que la cosa marcha bien. Mejor, queridos hijos, y que Dios os conceda toda la felicidad imaginable. |
« Il me fait deuil de ne pas connaître encore ma bien-aimée petite-fille Berthe Bovary. J’ai planté pour elle, dans le jardin, sous ta chambre, un prunier de prunes d’avoine, et je ne veux pas qu’on y touche, si ce n’est pour lui faire plus tard des compotes, que je garderai dans l’armoire, à son intention, quand elle viendra. | Siento mucho no conocer todavía a mi querida nietecita Berta Bovary. He plantado para ella, en la huerta, debajo de tu cuarto, un ciruelo de ciruelas de cascabelillo, y no quiero que lo toquen si no es para hacerle después compotas, que guardaré en el armario para cuando ella venga. |
« Adieu, mes chers enfants. Je t’embrasse, ma fille ; vous aussi, mon gendre, et la petite, sur les deux joues. | Adiós, queridos hijos. Un beso para ti, hija mía; otro para usted, mi yerno, y para la niña en las dos mejillas: |
« Je suis, avec bien des compliments, « Votre tendre père, | Con muchos recuerdos, vuestro amante padre. |
« THEODORE ROUAULT. » | Teodoro Rouault.» |
Elle resta quelques minutes à tenir entre ses doigts ce gros papier. Les fautes d’orthographe s’y enlaçaient les unes aux autres, et Emma poursuivait la pensée douce qui caquetait tout au travers comme une poule à demi cachée dans une haie d’épines. On avait séché l’écriture avec les cendres du foyer, car un peu de poussière grise glissa de la lettre sur sa robe, et elle crut presque apercevoir son père se courbant vers l’âtre pour saisir les pincettes. Comme il y avait longtemps qu’elle n’était plus auprès de lui, sur l’escabeau, dans la cheminée, quand elle faisait brûler le bout d’un bâton à la grande flamme des joncs marins qui pétillaient !… Elle se rappela des soirs d’été tout pleins de soleil. Les poulains hennissaient quand on passait, et galopaient, galopaient… Il y avait sous sa fenêtre une ruche à miel, et quelquefois les abeilles, tournoyant dans la lumière, frappaient contre les carreaux comme des balles d’or rebondissantes. Quel bonheur dans ce temps-là ! quelle liberté ! quel espoir ! quelle abondance d’illusions ! Il n’en restait plus maintenant ! Elle en avait dépensé à toutes les aventures de son âme, par toutes les conditions successives, dans la virginité, dans le mariage et dans l’amour ; — les perdant ainsi continuellement le long de sa vie, comme un voyageur qui laisse quelque chose de sa richesse à toutes les auberges de la route. | Emma se quedó unos minutos con aquel grueso papel entre sus dedos. Las faltas de ortografía enlazaban unas con otras, y Emma estaba absorbida por el dulce pensamiento que cacareaba por todas partes como una gallina medio escondida en un seto de espinos. Habían secado la tinta con las cenizas del las, pues un poco de polvo gris resbaló de la carta a su vestido y ella casi creyó ver a su padre inclinándose hacia el fogón para coger las tenazas. ¡Cuánto tiempo hacía que ella no estaba a su lado, en el taburete, en la chimenea, quemando la punta de un palo en la gran llama de los juncos marinos que chisporroteaban!... Recordó las tardes de verano todas llenas de sol. Los potros relinchaban cuando se pasaba junto a ellos, y galopaban, galopaban... Bajo su ventana había una colmena, y a veces las abejas, revoloteando alrededor de la luz, golpeaban contra los cristales como balas de oro que rebotaban. ¡Qué felicidad en aquellos tiempos!, ¡qué libertad!, ¡qué esperanza!, ¡cuántas ilusiones! ¡Ya no quedaba nada de aquello ahora! Lo había gastado en todas las aventuras de su alma, en todas las situaciones sucesivas, en la virginidad, en el matrimonio y en el amor, habiéndolas perdido continuamente a lo largo de su vida, como un viajero que deja algo de su riqueza en todas las posadas del camino. |
Mais qui donc la rendait si malheureuse ? où était la catastrophe extraordinaire qui l’avait bouleversée ? Et elle releva la tête, regardant autour d’elle, comme pour chercher la cause de ce qui la faisait souffrir. | ¿:Pero quién la hacía tan desgraciada?, ¿:dónde estaba la catástrofe extraordinaria que la había trastornado? Y levantó la cabeza, mirando a su alrededor, como para buscar la causa de lo que le hacía sufrir. |
Un rayon d’avril chatoyait sur les porcelaines de l’étagère ; le feu brûlait ; elle sentait sous ses pantoufles la douceur du tapis ; le jour était blanc, l’atmosphère tiède, et elle entendit son enfant qui poussait des éclats de rire. | Un rayo de abril tornasolaba las porcelanas de la estantería; el fuego ardía; ella sentía bajo sus zapatillas la suavidad de la alfombra; el día estaba claro, la atmósfera tibia, y oyó a su hija que se reía a carcajadas. |
En effet, la petite fille se roulait alors sur le gazon, au milieu de l’herbe qu’on fanait. Elle était couchée à plat ventre, au haut d’une meule. Sa bonne la retenait par la jupe. Lestiboudois ratissait à côté, et, chaque fois qu’il s’approchait, elle se penchait en battant l’air de ses deux bras. | En efecto, la niña se estaba revolcando en el prado, en medio de la hierba que segaban. Estaba echada boca abajo, en lo alto de un almiar. Su muchacha la sostenía por la falda. Lestiboudis rastrillaba al lado, y cada vez que se acercaba, la niña se inclinaba haciendo esfuerzos inútiles con sus bracitos. |
— Amenez-la-moi ! dit sa mère se précipitant pour l’embrasser. Comme je t’aime, ma pauvre enfant ! comme je t’aime ! | ¡Tráigamela! dijo su madre, precipitándose para besarla . ¡Cuánto te quiero, pobre hija mía! ¡Cuánto te quiero! |
Puis, s’apercevant qu’elle avait le bout des oreilles un peu sale, elle sonna vite pour avoir de l’eau chaude, et la nettoya, la changea de linge, de bas, de souliers, fit mille questions sur sa santé, comme au retour d’un voyage, et enfin, la baisant encore et pleurant un peu, elle la remit aux mains de la domestique, qui restait fort ébahie devant cet excès de tendresse. | Después, dándose cuenta de que tenía la punta de las orejas un poco sucias, llamó enseguida para que le trajesen agua caliente, y la limpió, le cambió de ropa interior, medias, zapatos, hizo mil preguntas sobre su salud, como si regresara de viaje, y, por fin, volviendo a besarla y lloriqueando, la dejó en brazos de la criada, que permanecía boquiabierta ante estos excesos de ternura. |
Rodolphe, le soir, la trouva plus sérieuse que d’habitude. | Por la noche, Rodolfo la encontró más seria que de costumbre. |
— Cela se passera, jugea-t-il, c’est un caprice. | Ya le pasará pensó él , es un capricho. |
Et il manqua consécutivement à trois rendez-vous. Quand il revint, elle se montra froide et presque dédaigneuse. | Y faltó consecutivamente a tres citas. Cuando volvió, ella se mostró fría y casi desdeñosa. |
— Ah ! tu perds ton temps, ma mignonne… | ¡Ah!, ¡pierdes el tiempo, rica! |
Et il eut l’air de ne point remarquer ses soupirs mélancoliques, ni le mouchoir qu’elle tirait. | Y fingió no notar sus suspiros melancólicos, ni el pañuelo que sacaba. |
C’est alors qu’Emma se repentit ! | Fue entonces cuando Emma se arrepintió. |
Elle se demanda même pourquoi donc elle exécrait Charles, et s’il n’eût pas été meilleur de le pouvoir aimer. Mais il n’offrait pas grande prise à ces retours du sentiment, si bien qu’elle demeurait fort embarrassée dans sa velléité de sacrifice, lorsque l’apothicaire vint à propos lui fournir une occasion. | Incluso se preguntó por qué detestaba a Carlos, y si no hubiera sido mejor poder amarle. Pero él no daba mucho pie a estos renuevos sentimentales, de modo que ella no acababa de decidirse por hacer un sacrificio, cuando el boticario vino muy a punto a proporcionarle una ocasión. |
II - IX | II- CAPÍTULO XI |
Il avait lu dernièrement l’éloge d’une nouvelle méthode pour la cure des pieds-bots ; et comme il était partisan du progrès, il conçut cette idée patriotique que Yonville, pour se mettre au niveau, devait avoir des opérations de stréphopodie. | Homais había leído recientemente el elogio de un nuevo método para curar a los patizambos; y, como era partidario del progreso, concibió esta idea patriótica de que Yonville, para «ponerse a nivel», debía hacer operaciones de estrefopodia. |
— Car, disait-il à Emma, que risque-t-on ? Examinez (et il énumérait, sur ses doigts, les avantages de la tentative) ; succès presque certain, soulagement et embellissement du malade, célébrité vite acquise à l’opérateur. Pourquoi votre mari, par exemple, ne voudrait-il pas débarrasser ce pauvre Hippolyte, du Lion d’or ? Notez qu’il ne manquerait pas de raconter sa guérison à tous les voyageurs, et puis (Homais baissait la voix et regardait autour de lui) qui donc m’empêcherait d’envoyer au journal une petite note là-dessus ? Eh ! mon Dieu ! un article circule…, on en parle…, cela finit par faire la boule de neige ! Et qui sait ? qui sait ? | Porque le decía a Emma ¿:qué se arriesga? Fíjese bien y enumeraba con los dedos las ventajas de la tentativa ; éxito casi seguro, alivio y embellecimiento del enfermo, inmediato renombre para el operador. Por qué su marido, por ejemplo, no intenta aliviar a ese pobre Hipólito del «Lion d′Or». Tenga en cuenta que él contaría su curación a todos los viajeros, y además (Homais bajaba la voz y miraba a su alrededor), ¿:quién me impediría enviar al periódico una notita al respecto? ¡Dios mío! ¡Como se propague la noticia!, se hable del caso..., ¡acaba por hacer bola de nieve! ¿:Y quién sabe? |
En effet, Bovary pouvait réussir ; rien n’affirmait à Emma qu’il ne fût pas habile, et quelle satisfaction pour elle que de l’avoir engagé à une démarche d’où sa réputation et sa fortune se trouveraient accrues ? Elle ne demandait qu’à s’appuyer sur quelque chose de plus solide que l’amour. | En efecto, Bovary podía triunfar; nadie le decía a Emma que su marido no fuese hábil, y qué satisfacción para ella haberlo comprometido en una empresa de la que su fama y su fortuna saldrían acrecentadas. Ella no pedía otra cosa que apoyarse en algo más sólido que el amor. |
Charles, sollicité par l’apothicaire et par elle, se laissa convaincre. Il fit venir de Rouen le volume du docteur Duval, et, tous les soirs, se prenant la tête entre les mains, il s’enfonçait dans cette lecture. | Carlos, solicitado por el boticario y por ella, se dejó convencer. Pidió a Rouen el volumen del doctor Duval, y todas las noches, con la cabeza entre las manos, se sumía en aquella lectura. |
Tandis qu’il étudiait les équins, les varus et les valgus, c’est-à-dire la stréphocatopodie, la stréphendopodie et la stréphexopodie (ou, pour parler mieux, les différentes déviations du pied, soit en bas, en dedans ou en dehors), avec la stréphypopodie et la stréphanopodie (autrement dit torsion en dessous et redressement en haut), M. Homais par toute sorte de raisonnements, exhortait le garçon d’auberge à se faire opérer. | Mientras que estudiaba los equinos, los varus, los valgus, es decir la estrefocatopodia, la estrefendopodia, la estrefexopodia y la estrefanopodia (o, para hablar claro, las diferentes desviaciones del pie, ya por debajo, por dentro o por fuera) con la estrefipopodia y la estrefanopodia (dicho de otro modo, torsión por encima y enderezamiento hacia arriba), el señor Homais, con toda clase de razonamientos, animaba al mozo de la posada a operarse. |
— À peine sentiras-tu, peut-être, une légère douleur ; c’est une simple piqûre comme une petite saignée, moins que l’extirpation de certains cors. | Apenas sentirás, si acaso, un ligero dolor; es un simple pinchazo como una pequeña sangría, menos que la extirpación de algunos callos. |
Hippolyte, réfléchissant, roulait des yeux stupides. | Hipólito, reflexionando, hacía un gesto de estupidez. |
— Du reste, reprenait le pharmacien, ça ne me regarde pas ! c’est pour toi ! par humanité pure ! Je voudrais te voir, mon ami, débarrassé de ta hideuse claudication, avec ce balancement de la région lombaire, qui, bien que tu prétendes, doit te nuire considérablement dans l’exercice de ton métier. | Por lo demás, continuaba el farmacéutico, ¿:a mí qué me importa?, ¡es por ti!, ¡por pura humanidad! Quisiera verte, amigo mío, liberado de tu horrible cojera, con ese balanceo de la región lumbar, que, por mucho que digas, tiene que perjudicarte considerablemente eñ el ejercicio de to oficio. |
Alors Homais lui représentait combien il se sentirait ensuite plus gaillard et plus ingambe, et même lui donnait à entendre qu’il s’en trouverait mieux pour plaire aux femmes ; et le valet d’écurie se prenait à sourire lourdement. Puis il l’attaquait par la vanité : | Entonces, Homais le hacía ver cómo se encontraría después mejor mozo, y más ligero de piernas, a incluso llegó a darle a entender que se encontraría mejor para gustar a las mujeres, y el mozo de cuadra empezaba a reír torpemente. Después le atacaba por el lado de la vanidad: |
— N’es-tu pas un homme, saprelotte ? Que serait-ce donc, s’il t’avait fallu servir, aller combattre sous les drapeaux ?… Ah ! Hippolyte ! | No eres un hombre, ¡pardiez! ¿:Qué pasaría si hubieras tenido que hacer el servicio, combatir por la patria...? ¡Ah, Hipólito! |
Et Homais s’éloignait, déclarant qu’il ne comprenait pas cet entêtement, cet aveuglement à se refuser aux bienfaits de la science. | Y Homais se alejaba, diciendo que no entendía aquella tozudez, aquella ceguera en rechazar los beneficios de la ciencia. |
Le malheureux céda, car ce fut comme une conjuration. Binet, qui ne se mêlait jamais des affaires d’autrui, Mme Lefrançois, Artémise, les voisins, et jusqu’au maire, M. Tuvache, tout le monde l’engagea, le sermonna, lui faisait honte ; mais ce qui acheva de le décider, c’est que ça ne lui coûterait rien. Bovary se chargeait même de fournir la machine pour l’opération. Emma avait eu l’idée de cette générosité ; et Charles y consentit, se disant au fond du cœur que sa femme était un ange. | El infeliz cedió, pues aquello fue como una conjuración; Binet, que jamás se mezclaba en los asuntos ajenos, la señora Lefrançois, Artemisa, los vecinos, y hasta el alcalde, señor Tuvache, todo el mundo le aconsejó, le sermoneó, le avergonzó; pero lo que acabó por decidirle, «es que eso no le costaría nada». Bovary se encargaba incluso de proporcionar la máquina para la operación. Emma había tenido esta idea generosa; y Carlos accedió a ello, diciéndose en el fondo del corazón que su mujer era un ángel. |
Avec les conseils du pharmacien, et en recommençant trois fois, il fit donc construire par le menuisier, aidé du serrurier, une manière de boîte pesant huit livres environ, et où le fer, le bois, la tôle, le cuir, les vis et les écrous ne se trouvaient point épargnés. | Con los consejos del farmacéutico, y volviendo a empezar tres veces, mandó hacer al carpintero, ayudado por el cerrajero, una especie de caja que pesaba cerca de ocho libras, y en la cual el hierro, la madera, la chapa, el cuero, los tornillos y las tuercas no se habían escatimado. |
Cependant, pour savoir quel tendon couper à Hippolyte, il fallait connaître d’abord quelle espèce de pied-bot il avait. | Sin embargo, para saber qué tendón cortar a Hipólito, había que conocer primeramente qué clase de pie zambo era el suyo. |
Il avait un pied faisant avec la jambe une ligne presque droite, ce qui ne l’empêchait pas d’être tourné en dedans, de sorte que c’était un équin mêlé d’un peu de varus, ou bien un léger varus fortement accusé d’équin. Mais, avec cet équin, large en effet comme un pied de cheval, à peau rugueuse, à tendons secs, à gros orteils, et où les ongles noirs figuraient les clous d’un fer, le stréphopode, depuis le matin jusqu’à la nuit, galopait comme un cerf. On le voyait continuellement sur la place, sautiller tout autour des charrettes, en jetant en avant son support inégal. Il semblait même plus vigoureux de cette jambe-là que de l’autre. À force d’avoir servi, elle avait contracté comme des qualités morales de patience et d’énergie, et quand on lui donnait quelque gros ouvrage, il s’écorait dessus, préférablement. | Tenía un pie que formaba con la pierna una línea casi recta, to cual no le impedía estar vuelto hacia dentro, de suerte que ¿:era un equino con mezcla de un poco de varus o bien un ligero varus fuertemente marcado de equino? Pero, con este equino, ancho, en efecto, como un pie de caballo, de piel rugosa, de tendones secos, gruesos dedos, y en el que las uñas negras figuraban los clavos de una herradura, el estrefópodo galopaba como un ciervo desde la mañana a la noche. Se le veía continuamente en la plaza, brincando alrededor de las carretas, echando adelante su soporte desigual. Incluso parecía más fuerte de aquella pierna que de la otra. A fuerza de haber servido, había adquirido como unas cualidades morales de paciencia y de energía, y cuando le daban algún trabajo pesado, se apoyaba preferentemente en ella. |
Or, puisque c’était un équin, il fallait couper le tendon d’Achille, quitte à s’en prendre plus tard au muscle tibial antérieur pour se débarrasser du varus ; car le médecin n’osait d’un seul coup risquer deux opérations, et même il tremblait déjà, dans la peur d’attaquer quelque région importante qu’il ne connaissait pas. | Ahora bien, puesto que era un equino, había que cortar el tendón de Aquiles, aunque luego hubiera que meterse con el músculo tibial anterior a fin de deshacerse del varus, pues el médico no se atrevía de una sola vez a las dos operaciones, e incluso ya estaba temblando, con el miedo de atacar alguna región importante que no conocía. |
Ni Ambroise Paré, appliquant pour la première fois depuis Celse, après quinze siècles d’intervalle, la ligature immédiate d’une artère ; ni Dupuytren allant ouvrir un abcès à travers une couche épaisse d’encéphale ; ni Gensoul, quand il fit la première ablation de maxillaire supérieur, n’avaient certes le cœur si palpitant, la main si frémissante, l’intellect aussi tendu que M. Bovary quand il approcha d’Hippolyte, son ténotome entre les doigts. Et, comme dans les hôpitaux, on voyait à côté, sur une table, un tas de charpie, des fils cirés, beaucoup de bandes, une pyramide de bandes, tout ce qu’il y avait de bandes chez l’apothicaire. C’était M. Homais qui avait organisé dès le matin tous ces préparatifs, autant pour éblouir la multitude que pour s’illusionner lui-même. Charles piqua la peau ; on entendit un craquement sec. Le tendon était coupé, l’opération était finie. Hippolyte n’en revenait pas de surprise ; il se penchait sur les mains de Bovary pour les couvrir de baisers. | Ni Ambrosio Paré(1) aplicando por primera vez desde Celso(2), con quince siglos de intervalo, la ligadura inmediata de una arteria; ni Dupuytren(3) cuando hizo la primera ablación de maxilar superior tenían, de seguro, el corazón tan palpitante, la mano tan temblorosa, ni la mente en tanta tensión como el señor Bovary cuando se acercó a Hipólito, con su tenótomo entre los dedos, Y, como en los hospitales, se veían al lado, sobre una mesa, un montón de hilas, hilos encerados, muchas vendas, una pirámide de vendas, todas las vendas que había en la botica. Era el señor Homais quien había organizado desde la mañana todos estos preparativos, tanto para deslumbrar a la muchedumbre como para ilusionarse a sí mismo. Carlos pinchó la piel; se oyó un crujido seco. El tendón estaba cortado, la operación había terminado. Hipólito no volvía de su asombro; se inclinaba sobre las manos de Bovary para cubrirlas de besos. |
— Allons, calme-toi, disait l’apothicaire, tu témoigneras plus tard ta reconnaissance envers ton bienfaiteur ! | ¡Vamos, cálmate decía el boticario , ya demostrarás después tu reconocimiento a tu bienhechor! |
Et il descendit conter le résultat à cinq ou six curieux qui stationnaient dans la cour, et qui s’imaginaient qu’Hippolyte allait reparaître marchant droit. Puis Charles, ayant bouclé son malade dans le moteur mécanique, s’en retourna chez lui, où Emma, tout anxieuse, l’attendait sur la porte. Elle lui sauta au cou ; ils se mirent à table ; il mangea beaucoup, et même il voulut, au dessert, prendre une tasse de café, débauche qu’il ne se permettait que le dimanche lorsqu’il y avait du monde. | Y bajó a contar el resultado a cinco o seis curiosos que estaban en el patio, y que se imaginaban que Hipólito iba a reaparecer caminando normal. Después Carlos, una vez encajada la pierna del enfermo en el motor mecánico, se volvió a su casa, donde Emma, toda ansiosa, le esperaba a la puerta. Se le echó al cuello; se sentaron a la mesa; él comió mucho, a incluso quiso, a los postres, tomar una taza de café, exceso que únicamente se permitía los domingos cuando había invitados. |
La soirée fut charmante, pleine de causeries, de rêves en commun. Ils parlèrent de leur fortune future, d’améliorations à introduire dans leur ménage, il voyait sa considération s’étendant, son bien-être s’augmentant, sa femme l’aimant toujours ; et elle se trouvait heureuse de se rafraîchir dans un sentiment nouveau, plus sain, meilleur, enfin d’éprouver quelque tendresse pour ce pauvre garçon qui la chérissait. L’idée de Rodolphe, un moment, lui passa par la tête ; mais ses yeux se reportèrent sur Charles : elle remarqua même avec surprise qu’il n’avait point les dents vilaines. | Pasaron una velada encantadora, en animada conversación, haciendo proyectos comunes. Hablaron de su fortuna futura, de mejoras que introducir en su casa; él veía extender su reputación, aumentar su bienestar, teniendo siempre el cariño de su mujer; y en ella se encontraba feliz de renovarse con un sentimiento nuevo, más sano, mejor, en fin, de sentir, alguna ternura por aquel pobre chico que la quería con locura. La idea de Rodolfo se le pasó un momento por la cabeza; pero sus ojos se pusieron sobre Carlos; ella notó incluso con sorpresa que no tenía los dientes feos. |
Ils étaient au lit lorsque M. Homais, malgré la cuisinière, entra tout à coup dans la chambre, en tenant à la main une feuille de papier fraîche écrite. C’était la réclame qu’il destinait au Fanal de Rouen. Il la leur apportait à lire. | Estaban en la cama cuando el señor Homais, sin hacer caso de la cocinera, entró de pronto decidido en la habitación, llevando en la mano un papel recién escrito. Era la noticia que destinaba al Fanal de Rouen. Se la traía para leérsela. |
— Lisez vous-même, dit Bovary. | Lea usted mismo, señor Bovary. |
Il lut : | Él leyó: |
— « Malgré les préjugés qui recouvrent encore une partie de la face de l’Europe comme un réseau, la lumière cependant commence à pénétrer dans nos campagnes. C’est ainsi que, mardi, notre petite cité d’Yonville s’est vue le théâtre d’une expérience chirurgicale qui est en même temps un acte de haute philanthropie. M. Bovary, un de nos praticiens les plus distingués… » | «A pesar de los prejuicios que cubren todavía una parte de la faz de Europa como una red, la luz comienza, no obstante, a penetrar en nuestros campos. Así el martes, nuestra pequeña ciudad de Yonville fue escenario de una experiencia quirúrgica, que es al mismo tiempo un acto de alta filantropía. El señor Bovary, uno de nuestros más distinguidos cirujanos...» |
— Ah ! c’est trop ! c’est trop ! disait Charles, que l’émotion suffoquait. | ¡Ah!, ieso es demasiado! decía Carlos, sofocado por la emoción. |
— Mais non, pas du tout ! comment donc !… « A opéré d’un pied-bot… » Je n’ai pas mis le terme scientifique, parce que, vous savez, dans un journal…, tout le monde peut-être ne comprendrait pas ; il faut que les masses… | ¡En absoluto! ¡Pues cómo!... Operó un pie zambo... No he puesto el término científico, porque, ¿:comprende?, en un periódico..., todo el mundo quizás no entendería, es preciso que las masas... |
— En effet, dit Bovary. Continuez. | En efecto dijo Bovary . Siga. |
— Je reprends, dit le pharmacien. « M. Bovary, un de nos praticiens les plus distingués, a opéré d’un pied-bot le nommé Hippolyte Tautain, garçon d’écurie depuis vingt-cinq ans à l’hôtel du Lion d’or, tenu par Mme veuve Lefrançois, sur la place d’Armes. La nouveauté de la tentative et l’intérêt qui s’attachait au sujet avaient attiré un tel concours de population, qu’il y avait véritablement encombrement au seuil de l’établissement. L’opération, du reste, s’est pratiquée comme par enchantement, et à peine si quelques gouttes de sang sont venues sur la peau, comme pour dire que le tendon rebelle venait enfin de céder sous les efforts de l’art. Le malade, chose étrange (nous l’affirmons de visu) n’accusa point de douleur. Son état, jusqu’à présent, ne laisse rien à désirer. Tout porte à croire que la convalescence sera courte ; et qui sait même si, à la prochaine fête villageoise, nous ne verrons pas notre brave Hippolyte figurer dans des danses bachiques, au milieu d’un chœur de joyeux drilles, et ainsi prouver à tous les yeux, par sa verve et ses entrechats, sa complète guérison ? Honneur donc aux savants généreux ! honneur à ces esprits infatigables qui consacrent leurs veilles à l’amélioration ou bien au soulagement de leur espèce ! Honneur ! trois fois honneur ! N’est-ce pas le cas de s’écrier que les aveugles verront, les sourds entendront et les boiteux marcheront ! Mais ce que le fanatisme autrefois promettait à ses élus, la science maintenant l’accomplit pour tous les hommes ! Nous tiendrons nos lecteurs au courant des phases successives de cette cure si remarquable. » | Continúo dijo el farmacéutico : «El señor Bovary, uno de nuestros facultativos más distinguidos, ha operado de un pie zambo al llamado Hipólito Tautin, mozo de cuadra desde hace veinticinco años en el hotel «Lion d′Or», regido por la señora viuda de Lefrançois, en la plaza de Armas. La novedad del intento y el interés que despertaba atrajeron tal concurrencia de gente, que llegaba hasta la puerta del establecimiento. Por lo demás, la operación se practicó como por encanto, y apenas unas gotas de sangre se derramaron sobre la piel, como para decir que el tendón rebelde acababa por fin de ceder a los esfuerzos del arte. El enfermo, cosa extraña (lo afirmamos por haberlo visto), no acusó ningún dolor. Su estado, hasta el momento, no deja nada que desear. Todo hace creer que la convalecencia será corta; ¿:y quién sabe incluso si, en la primera fiesta del pueblo, no veremos a nuestro buen hombre participar en las danzas báquicas, en medio de un coro de graciosos, demostrando así, a los ojos de todos, por su locuacidad y sus cabriolas, su completa curación? ¡Honor, pues, a los sabios generosos!, ¡honor a esas mentes infatigables que dedican sus vigilias al mejoramiento o al alivio de sus semejantes! ¡Honor!, ¡tres veces honor! ¡No es ocasión de proclamar que los ciegos verán, los sordos oirán y los cojos andarán! ¡Pero lo que el fanatismo de antaño prometía a sus elegidos, la ciencia lo lleva a cabo ahora para todos los hombres! Tendremos a nuestros lectores al corriente de las fases sucesivas de esta tan notable curación.» |
Ce qui n’empêcha pas que, cinq jours après, la mère Lefrançois n’arrivât tout effarée en s’écriant : | Lo cual no impidió que, cinco días después, la tía Lefrançois llegase toda asustada gritando: |
— Au secours ! il se meurt !… J’en perds la tête ! | ¡Socorro! ¡Se muere! ¡Me voy a volver loca! |
Charles se précipita vers le Lion d’or, et le pharmacien qui l’aperçut passant sur la place, sans chapeau, abandonna la pharmacie. Il parut lui-même, haletant, rouge, inquiet, et demandant à tous ceux qui montaient l’escalier : | Carlos se precipitó al «Lion d′On>, y el farmacéutico que le vio pasar por la plaza, sin sombrero, abandonó la farmacia. Él mismo se presentó a11í, jadeante, rojo, preocupado. si preguntando a todos los que subían la escalera: |
— Qu’a donc notre intéressant stréphopode ? | ¿:Qué le pasa a nuestro interesante estrefópodo? |
Il se tordait, le stréphopode, dans des convulsions atroces, si bien que le moteur mécanique où était enfermée sa jambe frappait contre la muraille à la défoncer. | El estrefópodo se retorcía con atroces convulsiones, de tal modo que el motor mecánico en que estaba encerrada su pierna golpeaba contra la pared hasta hundirla. |
Avec beaucoup de précautions, pour ne pas déranger la position du membre, on retira donc la boîte, et l’on vit un spectacle affreux. Les formes du pied disparaissaient dans une telle bouffissure, que la peau tout entière semblait près de se rompre, et elle était couverte d’ecchymoses occasionnées par la fameuse machine. Hippolyte déjà s’était plaint d’en souffrir ; on n’y avait pris garde ; il fallut reconnaître qu’il n’avait pas eu tort complètement ; et on le laissa libre quelques heures. Mais à peine l’œdème eut-il un peu disparu, que les deux savants jugèrent à propos de rétablir le membre dans l’appareil, et en l’y serrant davantage, pour accélérer les choses. Enfin, trois jours après, Hippolyte n’y pouvant plus tenir, ils retirèrent encore une fois la mécanique, tout en s’étonnant beaucoup du résultat qu’ils aperçurent. Une tuméfaction livide s’étendait sur la jambe, et avec des phlyctènes de place en place, par où suintait un liquide noir. Cela prenait une tournure sérieuse. Hippolyte commençait à s’ennuyer, et la mère Lefrançois l’installa dans la petite salle, près de la cuisine, pour qu’il eût au moins quelque distraction. | Con muchas precauciones, para no perturbar la posición del miembro, le retiraron la caja y apareció un espectáculo horroroso. Las formas del pie desaparecían en una hinchazón tal que toda la piel parecía que iba a reventar y estaba cubierta de equimosis ocasionadas por la famosa máquina. Hipólito ya se había quejado de los dolores; no le habían hecho caso; hubo que reconocer que no estaba equivocado del todo; y le dejaron libre algunas horas. Pero apenas desapareció un poco el edema, los dos sabios juzgaron conveniente volver a meter el miembro en el aparato, y apretándolo más para acelerar las cosas. Por fin, al cabo de tres días, como Hipólito ya no podía aguantar más, le quitaron de nuevo el aparato y se asombraron del resultado que vieron. Una tumefacción lívida se extendía por toda la pierna, con flictenas, acá y a11á, de las que salía un líquido negro. Aquello tomaba un cariz serio. Hipólito comenzaba a preocuparse, y la tía Lefrançois le instaló en una salita, cerca de la cocina, para que al menos tuviese alguna distracción. |
Mais le percepteur, qui tous les jours y dînait, se plaignit avec amertume d’un tel voisinage. Alors on transporta Hippolyte dans la salle de billard. | Pero el recaudador, que cenaba a11í todas las noches, se quejó amargamente de semejante vecindad. Entonces trasladaron a Hipólito a la sala de billar.+ |
Il était là, geignant sous ses grosses couvertures, pâle, la barbe longue, les yeux caves, et, de temps à autre, tournant sa tête en sueur sur le sale oreiller où s’abattaient les mouches. Mme Bovary le venait voir. Elle lui apportait des linges pour ses cataplasmes, et le consolait, l’encourageait. Du reste, il ne manquait pas de compagnie, les jours de marché surtout, lorsque les paysans autour de lui poussaient les billes du billard, escrimaient avec les queues, fumaient, buvaient, chantaient, braillaient. | Y a11í estaba, gimiendo bajo sus gruesas mantas, pálido, la barba crecida, los ojos hundidos, volviendo de vez en cuando su cabeza sudorosa sobre la sucia almohada donde se posaban las moscas. La señora Bovary venía a verle. Le traía lienzos para sus cataplasmas, y le consolaba, le animaba. Por lo demás, no le faltaba compañía, sobre todo, los días de mercado, cuando los campesinos alrededor de él empujaban las bolas de billar, esgrimían los tacos, fumaban, bebían, cantaban, bailaban. |
— Comment vas-tu ? disaient-ils en lui frappant sur l’épaule. Ah ! tu n’es pas fier, à ce qu’il paraît ! mais c’est ta faute. Il faudrait faire ceci, faire cela. | ¿:Cómo estás? le decían golpeándole la espalda . iAh!; parece que no las tienes todas contigo, pero tú tienes la culpa. Había que hacer esto, hacer aquello. |
Et on lui racontait des histoires de gens qui avaient tous été guéris par d’autres remèdes que les siens ; puis, en manière de consolation, ils ajoutaient : | Y le contaban casos de personas que se habían curado totalmente con otros remedios distintos de los suyos; después, para consolarle, añadían: |
— C’est que tu t’écoutes trop ! lève-toi donc ! tu te dorlotes comme un roi ! Ah ! n’importe, vieux farceur ! tu ne sens pas bon ! | Es que lo escuchas demasiado, ¡levántate ya! Te cuidas como un rey. iAh!, eso no tiene importancia, ¡viejo farsante!, ¡pero no hueles bien! |
La gangrène, en effet, montait de plus en plus. Bovary en était malade lui-même. Il venait à chaque heure, à tout moment. Hippolyte le regardait avec des yeux pleins d’épouvante et balbutiait en sanglotant : | La gangrena, en efecto, avanzaba deprisa. A Bovary aquello le ponía enfermo. Venía a todas horas, a cada instante. Hipólito lo miraba con los ojos llenos de espanto y balbuceaba sollozando: |
— Quand est-ce que je serai guéri ?… Ah ! sauvez-moi !… Que je suis malheureux ! que je suis malheureux ! | ¿:Cuándo estaré curado? ¡Ah!, ¡sálveme!..., ¡qué desgraciado soy!, ¡qué desgraciado soy! |
Et le médecin s’en allait, toujours en lui recommandant la diète. | Y el médico se iba, recomendándole siempre la dieta. |
— Ne l’écoute point, mon garçon, reprenait la mère Lefrançois ; ils t’ont déjà bien assez martyrisé ? tu vas t’affaiblir encore. Tiens, avale ! | No le hagas caso, hijo mío replicaba la señora Lefrançois ; ya lo han martirizado bastante. ¿:Vas a seguir debilitándote? ¡Toma, come! |
Et elle lui présentait quelque bon bouillon, quelque tranche de gigot, quelque morceau de lard, et parfois des petits verres d’eau-de-vie, qu’il n’avait pas le courage de porter à ses lèvres. | Y le ofrecía algún buen caldo, alguna tajada de pierna de cordero, algún trozo de tocino, y a veces unas copitas de aguardiente, que Hipólito no tenía valor para llevar a sus labios. |
L’abbé Bournisien, apprenant qu’il empirait, fit demander à le voir. Il commença par le plaindre de son mal, tout en déclarant qu’il fallait s’en réjouir, puisque c’était la volonté du Seigneur, et profiter vite de l’occasion pour se réconcilier avec le ciel. | El abate Bournisien, al saber que empeoraba, pidió verlo. Empezó por compadecerle de su enfermedad, al tiempo que declaraba que había que alegrarse puesto que era la voluntad del Señor, y aprovechar pronto la ocasión para reconciliarse con el cielo. |
— Car, disait l’ecclésiastique d’un ton paterne, tu négligeais un peu tes devoirs ; on te voyait rarement à l’office divin ; combien y a-t-il d’années que tu ne t’es approché de la sainte table ? Je comprends que tes occupations, que le tourbillon du monde aient pu t’écarter du soin de ton salut. Mais à présent, c’est l’heure d’y réfléchir. Ne désespère pas cependant ; j’ai connu de grands coupables qui, près de comparaître devant Dieu (tu n’en es point encore là, je le sais bien), avaient imploré sa miséricorde, et qui certainement sont morts dans les meilleures dispositions. Espérons que, tout comme eux, tu nous donneras de bons exemples ! Ainsi, par précaution, qui donc t’empêcherait de réciter matin et soir un « Je vous salue, Marie, pleine de grâce », et un « Notre Père, qui êtes aux cieux » ? Oui fais cela ! pour moi, pour m’obliger. Qu’est-ce que ça coûte ?… Me le promets-tu ? | Pues decía el eclesiástico en un tono paterno descuidabas un poco tus deberes; raramente se te veía en el oficio divino; ¿:cuántos años hace que no to acercas a la sagrada mesa? Comprendo que tus ocupaciones, que el torbellino del mundo hayan podido apartarte de la preocupación de tu salvación. Pero ahora es el momento de pensar en ella. No desesperes a pesar de todo; he conocido grandes pecadores que, próximos a comparecer ante Dios, tú no lo estás todavía, estoy seguro, imploraban sus misericordias y que ciertamente murieron en las mejores disposiciones. Esperemos que, igual que ellos, tú nos des buenos ejemplos. Así, por precaución, quién lo impedirá rezar mañana y noche un «Ave María» y un «Padre nuestro». ¡Sí, hazlo por mí, por complacerme! ¿:Qué te cuesta?... ¿:Me lo prometes? |
Le pauvre diable promit. Le curé revint les jours suivants. Il causait avec l’aubergiste et même racontait des anecdotes entremêlées de plaisanteries, de calembours qu’Hippolyte ne comprenait pas. Puis, dès que la circonstance le permettait, il retombait sur les matières de religion, en prenant une figure convenable. | El pobre diablo lo prometió. El cura volvió los días siguientes. Charlaba con la posadera a incluso contaba anécdotas entremezcladas con bromas, con juegos de palabras que Hipólito no comprendía. Después, cuando la circunstancia lo permitía, volvía a insistir sobre los temas de religión, poniendo una cara de circunstancias. |
Son zèle parut réussir ; car bientôt le stréphopode témoigna l’envie d’aller en pèlerinage à Bon-Secours, s’il se guérissait : à quoi M. Bournisien répondit qu’il ne voyait pas d’inconvénient ; deux précautions valaient mieux qu’une. On ne risquait rien. | Su celo pareció dar resultado, porque pronto el estrefópodo manifestó propósito de ir en peregrinación al Buen Socorro, si se curaba: a lo cual el señor Bournisien respondió que no veía inconveniente: dos precauciones valían más que una. «No se arriesgaba nada.» |
L’apothicaire s’indigna contre ce qu’il appelait les manœuvres du prêtre ; elles nuisaient, prétendait-il, à la convalescence d’Hippolyte, et il répétait à Mme Lefrançois : | El boticario se indignó contra lo que él llamaba «maniobras del cura»; perjudicaban, según él, la convalecencia de Hipólito y repetía a la señora Lefrançois: |
— Laissez-le ! Laissez-le ! vous lui perturbez le moral avec votre mysticisme ! | ¡Déjele!, ¡déjele! ¡Usted le está perturbando la moral con su misticismo! |
Mais la bonne femme ne voulait plus l’entendre. Il était la cause de tout. Par esprit de contradiction, elle accrocha même au chevet du malade un bénitier tout plein, avec une branche de buis. | Pero la buena señora ya no quería seguir escuchándole. El era «la causa de todo». Por espíritu de contradicción, incluso colgó una pila llena de agua bendita, con una ramita de boj. |
Cependant la religion pas plus que la chirurgie ne paraissait le secourir, et l’invincible pourriture allait montant toujours des extrémités vers le ventre. On avait beau varier les potions et changer les cataplasmes, les muscles chaque jour se décollaient davantage, et enfin Charles répondit par un signe de tête affirmatif quand la mère Lefrançois lui demanda si elle ne pourrait point, en désespoir de cause, faire venir M. Canivet, de Neufchâtel, qui était une célébrité. | Sin embargo, ni la religión ni tampoco la cirugía parecían aliviarle, y la invencible gangrena seguía subiendo desde las extremidades hasta el vientre. Por más que variaban las pociones y se cambiaban las cataplasmas, los músculos se iban despegando cada día más, y por fin Carlos contestó con una señal de cabeza afirmativa cuando la señora Lefrançois le preguntó si no podría, como último recurso, hacer venir de Neufchâtel al señor Canivet, que era una celebridad. |
Docteur en médecine, âgé de cinquante ans, jouissant d’une bonne position et sûr de lui-même, le confrère ne se gêna pas pour rire dédaigneusement lorsqu’il découvrit cette jambe gangrenée jusqu’au genou. Puis, ayant déclaré net qu’il la fallait amputer, il s’en alla chez le pharmacien déblatérer contre les ânes qui avaient pu réduire un malheureux homme en un tel état. Secouant M. Homais par le bouton de sa redingote, il vociférait dans la pharmacie : | Doctor en medicina, de cincuenta años, en buena posición y seguro de sí mismo, el colega no se recató para reírse desdeñosamente cuando destapó aquella pierna gangrenada hasta la rodilla. Después, habiendo dictaminado claramente que había que amputar, se fue a la farmacia a despotricar contra los animales que habían reducido a tal estado a aquel pobre hombre. Sacudiendo al señor Homais por el botón de la levita, vociferaba en la farmacia. |
— Ce sont là des inventions de Paris ! Voilà les idées de ces messieurs de la Capitale ! c’est comme le strabisme, le chloroforme et la lithotritie, un tas de monstruosités que le gouvernement devrait défendre ! Mais on veut faire le malin, et l’on vous fourre des remèdes sans s’inquiéter des conséquences. Nous ne sommes pas si forts que cela, nous autres ; nous ne sommes pas des savants, des mirliflores, des jolis cœurs ; nous sommes des praticiens, des guérisseurs, et nous n’imaginerions pas d’opérer quelqu’un qui se porte à merveille ! Redresser des pieds bots ! est-ce qu’on peut redresser les pieds-bots ? c’est comme si l’on voulait, par exemple, rendre droit un bossu ! | ¡Esos son inventos de París! ¡Ahí están las ideas de esos señores de la capital!, ¡es como el estrabismo, el cloroformo y la litotricia, un montón de monstruosidades que el gobierno debería prohibir! Quieren dárselas de listos, y les atiborran de medicamentos sin preocuparse de sus consecuencias. Nosotros no estamos tan capacitados como todo eso; no sómos unos sabios, unos pisaverdes, unos currutacos; somos facultativos prácticos, nosotros curamos, y no se nos pasaría por la imaginación operar a alguien que se encuentra perfectamente bien. ¡Enderezar pies zambos!, ¿:se pueden enderezar pies zambos?, ¡es como si se quisiera, por ejemplo, poner derecho a un jorobado! |
Homais souffrait en écoutant ce discours, et il dissimulait son malaise sous un sourire de courtisan, ayant besoin de ménager M. Canivet, dont les ordonnances quelquefois arrivaient jusqu’à Yonville ; aussi ne prit-il pas la défense de Bovary, ne fit-il même aucune observation, et, abandonnant ses principes, il sacrifia sa dignité aux intérêts plus sérieux de son négoce. | Homais sufría escuchando este discurso, y disimulaba su desasosiego bajo una sonrisa de cortesano, poniendo cuidado en tratar bien al señor Canivet, cuyas recetas llegaban a veces hasta Yonville;. por eso no salió en defensa de Bovary, ni siquiera hizo observación alguna, y, dejando a un lado sus principios, sacrificó su dignidad a los intereses más serios de su negocio. |
Ce fut dans le village un événement considérable que cette amputation de cuisse par le docteur Canivet ! Tous les habitants, ce jour-là, s’étaient levés de meilleure heure, et la Grande-Rue, bien que pleine de monde, avait quelque chose de lugubre comme s’il se fût agi d’une exécution capitale. On discutait chez l’épicier sur la maladie d’Hippolyte ; les boutiques ne vendaient rien, et Mme Tuvache, la femme du maire, ne bougeait pas de sa fenêtre, par l’impatience où elle était de voir venir l’opérateur. | Fue un acontecimiento importante en el pueblo aquella amputación de pierna por el doctor Canivet. Todos los habitantes, aquel día, se habían levantado más temprano y la Calle Mayor, aunque llena de gente, tenía algo lúgubre como si se tratara de una ejecución capital. Se discutía en la tienda de comestibles sobre la enfermedad de Hipólito; los comercios no vendían nada, y la señora Tuvache, la mujer del alcalde, no se movía de la ventana, por lo impaciente que estaba de ver llegar al operador. |
Il arriva dans son cabriolet, qu’il conduisait lui-même. Mais, le ressort du côté droit s’étant à la longue affaissé sous le poids de sa corpulence, il se faisait que la voiture penchait un peu tout en allant, et l’on apercevait sur l’autre coussin près de lui une vaste boîte, recouverte de basane rouge, dont les trois fermoirs de cuivre brillaient magistralement. | Llegó en su cabriolet, conducido por él mismo. Pero como la ballesta del lado derecho había cedido a todo lo largo, bajo el peso de su corpulencia, resultó que el coche se inclinaba un poco al correr, y sobre el otro cojín, al lado del doctor, se veía una gran caja forrada de badana roja, cuyos tres cierres de cobre resplandecían de brillo. |
Quand il fut entré comme un tourbillon sous le porche du Lion d’or, le docteur, criant très haut, ordonna de dételer son cheval, puis il alla dans l’écurie voir s’il mangeait bien l’avoine ; car, en arrivant chez ses malades, il s’occupait d’abord de sa jument et de son cabriolet. On disait même à ce propos : « Ah ! M. Canivet, c’est un original ! » Et on l’estimait davantage pour cet inébranlable aplomb. L’univers aurait pu crever jusqu’au dernier homme, qu’il n’eût pas failli à la moindre de ses habitudes. | Cuando entró como un torbellino en el portal del «Lion d′Or», el doctor, gritando muy fuerte, mandó desenganchar su caballo, después fue a la caballeriza a ver si comía bien la avena; pues, cuando llegaba a casa de sus enfermos, se preocupaba ante todo de su yegua y de su cabriolet. Se decía incluso a este propósito: «¡Ah!, ¡el señor Canivet es un extravagante!» Y será más estimado por este inquebrantable aplomo. Ya podía hundirse el mundo, que él no alteraría el menor de sus hábitos. |
Homais se présenta. | Homais se presentó. |
— Je compte sur vous, fit le docteur. Sommes-nous prêts ? En marche ! | Cuento con usted dijo el doctor . ¿:Estamos preparados? ¡Adelante! |
Mais l’apothicaire, en rougissant, avoua qu’il était trop sensible pour assister à une pareille opération. | Pero el boticario, sonrojándose, confesó que él era muy sensible para asistir a semejante operación. |
— Quand on est simple spectateur, disait-il, l’imagination, vous savez, se frappe ! Et puis j’ai le système nerveux tellement… | Cuando se es simple espectador decía , la imaginación, comprende, se impresiona. Y además tengo el sistema nervioso tan... |
— Ah bah ! interrompit Canivet, vous me paraissez, au contraire, porté à l’apoplexie. Et, d’ailleurs, cela ne m’étonne pas ; car, vous autres, messieurs les pharmaciens, vous êtes continuellement fourrés dans votre cuisine, ce qui doit finir par altérer votre tempérament. Regardez-moi, plutôt : tous les jours, je me lève à quatre heures, je fais ma barbe à l’eau froide (je n’ai jamais froid), et je ne porte pas de flanelle, je n’attrape aucun rhume, le coffre est bon ! Je vis tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, en philosophe, au hasard de la fourchette. C’est pourquoi je ne suis point délicat comme vous, et il m’est aussi parfaitement égal de découper un chrétien que la première volaille venue. Après ça, direz-vous, l’habitude… ! l’habitude !… | ¡Bah! interrumpió Canivet , usted me parece, por el contrario, propenso a la apoplejía. Y, además, no me extraña, porque ustedes, los señores farmacéuticos, están continuamente metidos en sus cocinas, lo cual debe de terminar alterando su temperamento. Míreme a mí, por ejemplo: todos los días me levanto a las cuatro, me afeito con agua fría, nunca tengo frío, y no llevo ropa de franela, no pesco ningún catarro, la caja es resistente. Vivo a veces de una manera, otras de otra, como filósofo, a lo que salga. Por eso no soy tan delicado como usted, y me da exactamente lo mismo descuartizar a un cristiano que la primer ave que se presente. A eso, dirá usted, ¡la costumbre!..., ¡la costumbre! .... |
Alors, sans aucun égard pour Hippolyte, qui suait d’angoisse entre ses draps, ces messieurs engagèrent une conversation où l’apothicaire compara le sang-froid d’un chirurgien à celui d’un général ; et ce rapprochement fut agréable à Canivet, qui se répandit en paroles sur les exigences de son art. Il le considérait comme un sacerdoce, bien que les officiers de santé le déshonorassent. Enfin, revenant au malade, il examina les bandes apportées par Homais, les mêmes qui avaient comparu lors du pied-bot, et demanda quelqu’un pour lui tenir le membre. On envoya chercher Lestiboudois, et M. Canivet, ayant retroussé ses manches, passa dans la salle de billard, tandis que l’apothicaire restait avec Artémise et l’aubergiste, plus pâles toutes les deux que leur tablier, et l’oreille tendue contre la porte. | Entonces, sin ningún miramiento para Hipólito, que sudaba entre las sábanas, aquellos señores emprendieron una conversación en la que el boticario comparó la sangre fría de un cirujano a la de un general; y esta comparación agradó a Canivet, que se extendió en consideraciones sobre las exigencias de su arte. Lo consideraba como un sacerdocio, aunque los oficiales de Sanidad lo deshonrasen. Por fin, volviendo al enfermo, examinó las vendas que había traído Homais, las mismas que habían utilizado en la operación del pie zambo, y pidió a alguien que le sostuviese la pierna. Mandaron a buscar a Lestiboudis, y el señor Canivet, después de haberse remangado, pasó a la sala de billar, mientras que el boticario se quedaba con Artemisa y con la mesonera, las dos más pálidas que un delantal, y con el oído pegado a la puerta. |
Bovary, pendant ce temps-là, n’osait bouger de sa maison. Il se tenait en bas, dans la salle, assis au coin de la cheminée sans feu, le menton sur sa poitrine, les mains jointes, les yeux fixes. Quelle mésaventure ! pensait-il, quel désappointement ! Il avait pris pourtant toutes les précautions imaginables. La fatalité s’en était mêlée. N’importe ! si Hippolyte plus tard venait à mourir, c’est lui qui l’aurait assassiné. Et puis, quelle raison donnerait-il dans les visites, quand on l’interrogerait ? Peut-être, cependant, s’était-il trompé en quelque chose ? Il cherchait, ne trouvait pas. Mais les plus fameux chirurgiens se trompaient bien. Voilà ce qu’on ne voudrait jamais croire ! on allait rire, au contraire, clabauder ! Cela se répandrait jusqu’à Forges ! jusqu’à Neufchâtel ! jusqu’à Rouen ! partout ! Qui sait si des confrères n’écriraient pas contre lui ? Une polémique s’ensuivrait, il faudrait répondre dans les journaux. Hippolyte même pouvait lui faire un procès. Il se voyait déshonoré, ruiné, perdu ! Et son imagination, assaillie par une multitude d’hypothèses, ballottait au milieu d’elles comme un tonneau vide emporté à la mer et qui roule sur les flots. | Bovary, durante aquel momento, no se atrevió a moverse de su casa. Permanecía abajo, en la sala, sentado junto a la chimenea apagada, con la cabeza baja, las manos juntas, los ojos fijos. ¡Qué desgracia!, pensaba, ¡qué contrariedad! Sin embargo, él había tomado todas las precauciones imaginables. Era cosa de la fatalidad. ¡No importa!, si Hipólito llegara a morir, sería él quien lo habría asesinado. Y además, ¿:qué razón daría en las visitas cuando le preguntaran? Quizás, a pesar de todo, ¿:se había equivocado en algo? ÉI reflexionaba, no encontraba nada. Pero también los más famosos cirujanos se equivocan. Esto era to que nunca se querría reconocer, al contrario, se iban a reír, a chillar. Los comentarios llegarían hasta Forges, ¡hasta Neufchätel!, ¡hasta Rouen!, ¡a todas partes! ¡Quién sabe si los colegas no escribirían contra él! Se originaría una polémica, habría que contestar en los periódicos. El propio Hipólito podía procesarle. ¡Se veía deshonrado, arruinado, perdido! Y su imaginación, asaltada por una multitud de hipótesis, se agitaba en medio de ellas como un tonel vacío arrastrado al mar y que flota sobre las olas. |
Emma, en face de lui, le regardait ; elle ne partageait pas son humiliation, elle en éprouvait une autre : c’était de s’être imaginé qu’un pareil homme pût valoir quelque chose, comme si vingt fois déjà elle n’avait pas suffisamment aperçu sa médiocrité. | Emma, frente a él, le miraba; no compartía su humillación, ella sentía otra: era la de haberse imaginado que un hombre semejante pudiese valer algo, como si veinte veces no se hubiese ya dado cuenta de su mediocridad. |
Charles se promenait de long en large, dans la chambre. Ses bottes craquaient sur le parquet. | Carlos se paseaba de un lado a otro de la habitación. Sus botas crujían sobre el piso. |
— Assieds-toi, dit-elle, tu m’agaces ! | ¡Siéntate! dijo ella , me pones nerviosa. |
Il se rassit. | Él se volvió a sentar. |
Comment donc avait-elle fait (elle qui était si intelligente !) pour se méprendre encore une fois ? Du reste, par quelle déplorable manie avoir ainsi abîmé son existence en sacrifices continuels ? Elle se rappela tous ses instincts de luxe, toutes les privations de son âme, les bassesses du mariage, du ménage, ses rêves tombant dans la boue comme des hirondelles blessées, tout ce qu’elle avait désiré, tout ce qu’elle s’était refusé, tout ce qu’elle aurait pu avoir ! et pourquoi ? pourquoi ? | ¿:Cómo era posible que ella, tan inteligente, se hubiera equivocado una vez más? Por lo demás, ¿:por qué deplorable manía había destrozado su existencia en continuos sacrificios? Recordó todos sus instintos de lujo, todas las privaciones de su alma, las bajezas del matrimonio, del gobierno de la casa, sus sueños caídos en el barro, como golondrinas heridas, todo lo que había deseado, todas las privaciones pasadas, todo lo que hubiera podido tener, y ¿:por qué?, ¿:por qué? |
Au milieu du silence qui emplissait le village, un cri déchirant traversa l’air. Bovary devint pâle à s’évanouir. Elle fronça les sourcils d’un geste nerveux, puis continua. C’était pour lui cependant, pour cet être, pour cet homme qui ne comprenait rien, qui ne sentait rien ! car il était là, tout tranquillement, et sans même se douter que le ridicule de son nom allait désormais la salir comme lui. Elle avait fait des efforts pour l’aimer, et elle s’était repentie en pleurant d’avoir cédé à un autre. | En medio del silencio que llenaba el pueblo, un grito desgarrador atravesó el aire. Bovary palideció como si fuera a desmayarse. Emma frunció el ceño con un gesto nervioso, después continuó. Era por él, sin embargo, por aquel ser, por aquel hombre que no entendía nada, que no sentía nada, pues estaba a11í, muy tranquilamente, y sin siquiera sospechar que el ridículo de su nombre iba en to sucesivo a humillarla como a él. Había hecho esfuerzos por amarle, y se había arrepentido llorando por haberse entregado a otro. |
— Mais c’était peut-être un valgus ! exclama soudain Bovary, qui méditait. | Pero puede que fuera un valgus exclamó de repente Bovary que estaba meditando. |
Au choc imprévu de cette phrase tombant sur sa pensée comme une balle de plomb dans un plat d’argent, Emma tressaillant leva la tête pour deviner ce qu’il voulait dire ; et ils se regardèrent silencieusement, presque ébahis de se voir, tant ils étaient par leur conscience éloignés l’un de l’autre. Charles la considérait avec le regard trouble d’un homme ivre, tout en écoutant, immobile, les derniers cris de l’amputé qui se suivaient en modulations traînantes, coupées de saccades aiguës, comme le hurlement lointain de quelque bête qu’on égorge. Emma mordait ses lèvres blêmes, et, roulant entre ses doigts un des brins du polypier qu’elle avait cassé, elle fixait sur Charles la pointe ardente de ses prunelles, comme deux flèches de feu prêtes à partir. Tout en lui l’irritait maintenant, sa figure, son costume, ce qu’il ne disait pas, sa personne entière, son existence enfin. Elle se repentait, comme d’un crime, de sa vertu passée, et ce qui en restait encore s’écroulait sous les coups furieux de son orgueil. Elle se délectait dans toutes les ironies mauvaises de l’adultère triomphant. Le souvenir de son amant revenait à elle avec des attractions vertigineuses : elle y jetait son âme, emportée vers cette image par un enthousiasme nouveau ; et Charles lui semblait aussi détaché de sa vie, aussi absent pour toujours, aussi impossible et anéanti, que s’il allait mourir et qu’il eût agonisé sous ses yeux. | Al choque imprevisto de esta frase que caía sobre su pensamiento como una bala de plomo en una bandeja de plata, Emma, sobresaltada, levantó la cabeza para adivinar to que él quería decir; y se miraron silenciosamente, casi pasmados de verse, tan alejados estaban en su conciencia el uno del otro. Carlos la contemplaba con la mirada turbia de un hombre borracho, al tiempo que escuchaba, inmóvil, los últimos gritos del amputado que se prolongaban en modulaciones lánguidas entrecortadas por gritos agudos, como alarido lejano de algún animal que están degollando. Emma mordía sus labios pálidos, y dando vueltas entre sus dedos a una ramita del polípero que había roto, clavaba sobre Carlos la punta ardiente de sus pupilas, como dos flechas de fuego dispuestas para disparar. Todo en él le irritaba ahora, su cara, su traje, to que no decía, su persona entera, en fin, su existencia. Se arrepentía como de un crimen, de su virtud pasada, y lo que aún le quedaba se derrumbaba bajo los golpes furiosos de su orgullo. Se deleitaba en todas las perversas ironías del adulterio triunfante. El recuerdo de su amante se renovaba en ella con atracciones de vértigo; arrojaba allí su alma, arrastrada hacia aquella imagen por un entusiasmo nuevo; y Carlos le parecía tan despegado de su vida, tan ausente para siempre, tan imposible y aniquilado, como si fuera a morir y hubiera agonizado ante sus ojos. |
Il se fit un bruit de pas sur le trottoir. Charles regarda ; et, à travers la jalousie baissée, il aperçut au bord des halles, en plein soleil, le docteur Canivet qui s’essuyait le front avec son foulard. Homais, derrière lui, portait à la main une grande boîte rouge, et ils se dirigeaient tous les deux du côté de la pharmacie. | Se oyó un ruido de pasos en la acera. Carlos miró, y, a través de la persiana bajada, vio junto al mercado, en pleno sol, al doctor Canivet que se secaba la frente con su pañuelo. Homais, detrás de él, llevaba en la mano una gran caja roja, y los dos se dirigían a la farmacia. |
Alors, par tendresse subite et découragement, Charles se tourna vers sa femme en lui disant : | Entonces Carlos, presa de una súbita ternura y de desaliento, se volvió hacia su mujer diciéndole: |
— Embrasse-moi donc, ma bonne ! | ¡Abrázame, cariño! |
— Laisse-moi ! fit-elle, toute rouge de colère. | ¡Déjame! dijo ella, toda roja de cólera. |
— Qu’as-tu ? qu’as-tu ? répétait-il stupéfait. Calme-toi ! reprends-toi !… Tu sais bien que je t’aime ! … viens ! | ¿:Qué tienes? ¿:Qué tienes? repetía él estupefacto . ¡Cálmate! ¡Bien sabes que lo quiero!..., ¡ven! |
— Assez ! s’écria-t-elle d’un air terrible. | ¡Basta! exclamó ella con aire terrible. |
Et s’échappant de la salle, Emma ferma la porte si fort, que le baromètre bondit de la muraille et s’écrasa par terre. | Y escapando de la sala, Emma cerró la puerta con tanta fuerza, que el barómetro saltó de la pared y se aplastó en el suelo. |
Charles s’affaissa dans son fauteuil, bouleversé, cherchant ce qu’elle pouvait avoir, imaginant une maladie nerveuse, pleurant, et sentant vaguement circuler autour de lui quelque chose de funeste et d’incompréhensible. | Carlos se derrumbó en su sillón, descompuesto, preguntándose lo que le pasaba a su mujer, imaginando una enfermedad nerviosa, llorando y sintiendo vagamente circular alrededor de él algo funesto a incomprensible. |
Quand Rodolphe, le soir, arriva dans le jardin, il trouva sa maîtresse qui l’attendait au bas du perron, sur la première marche. Ils s’étreignirent, et toute leur rancune se fondit comme une neige sous la chaleur de ce baiser. | Cuando de noche Rodolfo llegó al jardín, encontró a su amante que le esperaba al pie de la escalera, en el primer escalón. Se abrazaron y todo su rencor se derritió como la nieve bajo el calor de aquel beso. |
II - XII | II- CAPÍTULO XII |
ILS recommencèrent à s’aimer. Souvent même, au milieu de la journée, Emma lui écrivait tout à coup ; puis, à travers les carreaux, faisait un signe à Justin, qui, dénouant vite sa serpillière, s’envolait à la Huchette. Rodolphe arrivait ; c’était pour lui dire qu’elle s’ennuyait, que son mari était odieux et son existence affreuse ! | Comenzaron de nuevo a amarse. Incluso, a menudo, en medio del día, Emma le escribía de pronto; luego, a través de los cristales, hacía una señal a Justino, quien, desatando rápido su delantal, volaba hacia la Huchette. Rodolfo venía; era para decirle que ella se aburría, que su marido era odioso y su existencia espantosa. |
— Est-ce que j’y peux quelque chose ? s’écria-t-il un jour, impatienté. | ¿:Qué puedo hacer yo? exclamó él un día impacientado. |
— Ah ! si tu voulais !… | ¡Ah!, ¡si tú quisieras!... |
Elle était assise par terre, entre ses genoux, les bandeaux dénoués, le regard perdu. | Estaba sentada en el suelo, entre sus rodillas, con el pelo suelto y la mirada perdida. |
— Quoi donc ? fit Rodolphe. | ¿:Y qué? dijo Rodolfo. |
Elle soupira. | Ella suspiró. |
— Nous irions vivre ailleurs…, quelque part… | Iríamos a vivir a otro lugar..., a alguna parte... |
— Tu es folle, vraiment ! dit-il en riant. Est-ce possible ? | ¡Estás loca, la verdad! dijo él riéndose . ¿:Es posible? |
Elle revint là-dessus ; il eut l’air de ne pas comprendre et détourna la conversation. | Emma insistió; Rodolfo pareció no entender nada y cambió de conversación. |
Ce qu’il ne comprenait pas, c’était tout ce trouble dans une chose aussi simple que l’amour. Elle avait un motif, une raison, et comme un auxiliaire à son attachement. | Lo que él no comprendía era toda aquella complicación en una cosa tan sencilla como el amor. Emma tenía un motivo, una razón, y como una especie de apoyo para amarle. |
Cette tendresse, en effet, chaque jour s’accroissait davantage sous la répulsion du mari. Plus elle se livrait à l’un, plus elle exécrait l’autre ; jamais Charles ne lui paraissait aussi désagréable, avoir les doigts aussi carrés, l’esprit aussi lourd, les façons si communes qu’après ses rendez-vous avec Rodolphe, quand ils se trouvaient ensemble. Alors, tout en faisant l’épouse et la vertueuse, elle s’enflammait à l’idée de cette tête dont les cheveux noirs se tournaient en une boucle vers le front hâlé, de cette taille à la fois si robuste et si élégante, de cet homme enfin qui possédait tant d’expérience dans la raison, tant d’emportement dans le désir ! C’était pour lui qu’elle se limait les ongles avec un soin de ciseleur, et qu’il n’y avait jamais assez de cold-cream sur sa peau, ni de patchouli dans ses mouchoirs. Elle se chargeait de bracelets, de bagues, de colliers. Quand il devait venir, elle emplissait de roses ses deux grands vases de verre bleu, et disposait son appartement et sa personne comme une courtisane qui attend un prince. Il fallait que la domestique fût sans cesse à blanchir du linge ; et, de toute la journée, Félicité ne bougeait de la cuisine, où le petit Justin, qui souvent lui tenait compagnie, la regardait travailler. | En efecto, aquella ternura crecía de día en día, a medida que aumentaba el rechazo de su marido. Cuanto más se entregaba a uno, más detestaba al otro; jamás Carlos le había parecido tan desagradable, con unas manos tan toscas, una mente tan torpe, unos modales tan vulgares como después de sus citas con Rodolfo, cuando se encontraban juntos. Entonces, haciéndose la esposa y la virtuosa, se inflamaba ante el recuerdo de aquella cabeza cuyo pelo negro se enroscaba en un rizo hacia la frente bronceada, de aquel talle a la vez robusto y elegante, de aquel hombre, en fin, que poseía tanta experiencia en la razón, tanto arrebato en el deseo. Para él se limpiaba ella las uñas, con un esmero de cincelador, y se maquillaba con tanto cuidado y se ponía pachulíl en sus pañuelos. Se cargaba de pulseras, de sortijas, de collares. Cuando él iba a venir, llenaba de rosas sus dos grandes jarrones de cristal azul, y arreglaba su casa y su persona como una cortesana que espera a un príncipe. La criada tenía que estar continuamente lavando ropa; y, en toda la jornada, Felicidad no se movía de la cocina, donde el pequeño Justino a menudo le hacía compañía, la miraba trabajar. |
Le coude sur la longue planche où elle repassait, il considérait avidement toutes ces affaires de femmes étalées autour de lui : les jupons de basin, les fichus, les collerettes, et les pantalons à coulisse, vastes de hanches et qui se rétrécissaient par le bas. | Con el codo sobre la larga mesa donde planchaba, observaba ávidamente todas aquellas prendas femeninas extendidas a su alrededor: las enaguas de bombasí, las pañoletas, los cuellos, y los pantalones abiertos, anchos en las caderas y estrechos por abajo. |
— À quoi cela sert-il ? demandait le jeune garçon en passant sa main sur la crinoline ou les agrafes. | ¿:Para qué sirve eso? preguntaba el joven pasando la mano por el miriñaque o los corchetes. |
— Tu n’as donc jamais rien vu ? répondait en riant Félicité ; comme si ta patronne, Mme Homais, n’en portait pas de pareils. | ¿:Pero nunca has visto nada de esto? respondía riendo Felicidad , como si lo patrona, la señora Homais, no los llevara iguales. |
— Ah bien oui ! Mme Homais ! | ¡Ah sí!, ¡la señora Homais! |
Et il ajoutait d’un ton méditatif : | Y añadía con un tono meditabundo: |
— Est-ce que c’est une dame comme Madame ? | ¿:Pero es una señora como la tuya? |
Mais Félicité s’impatientait de le voir tourner ainsi tout autour d’elle. Elle avait six ans de plus, et Théodore, le domestique de M. Guillaumin, commençait à lui faire la cour. | Felicidad se impacientaba viéndole dar vueltas a su alrededor. Ella tenía seis años más que él, y Teodoro, el criado del señor Guillaumin, empezaba a hacerle la corte. |
— Laisse-moi tranquille ! disait-elle en déplaçant son pot d’empois. Va-t’en plutôt piler des amandes ; tu es toujours à fourrager du côté des femmes ; attends pour te mêler de ça, méchant mioche, que tu aies de la barbe au menton. | ¡Déjame en paz! le decía apartando el tarro de almidón . Vete a machacar almendras; siempre estás husmeando alrededor de las mujeres; para meterte en eso, aguarda a que te salga la barba, travieso chaval. |
— Allons, ne vous fâchez pas, je m’en vais vous faire ses bottines. | Vamos, no se enfade, voy a limpiarle sus botines. |
Et aussitôt, il atteignait sur le chambranle les chaussures d’Emma, tout empâtées de crotte – la crotte des rendez-vous – qui se détachait en poudre sous ses doigts, et qu’il regardait monter doucement dans un rayon de soleil. | E inmediatamente alcanzaba sobre la chambrana los zapatos de Emma, todos llenos de barro, el barro de las citas que se deshacía en polvo entre sus dedos y que veía subir suavemente en un rayo de sol. |
— Comme tu as peur de les abîmer ! disait la cuisinière, qui n’y mettait pas tant de façons quand elle les nettoyait elle-même, parce que Madame, dès que l’étoffe n’était plus fraîche, les lui abandonnait. | ¡Qué miedo tienes de estropearlos! decía la cocinera, que no se esmeraba tanto cuando los limpiaba ella misma, porque la señora, cuando la tela ya no estaba nueva, se los dejaba. |
Emma en avait une quantité dans son armoire, et qu’elle gaspillait à mesure, sans que jamais Charles se permît la moindre observation. | Emma tenía muchos en su armario y los iba gastando poco a poco, sin que nunca Carlos se permitiese hacerle la menor observación. |
C’est ainsi qu’il déboursa trois cents francs pour une jambe de bois dont elle jugea convenable de faire cadeau à Hippolyte. Le pilon en était garni de liège, et il y avait des articulations à ressort, une mécanique compliquée recouverte d’un pantalon noir, que terminait une botte vernie. Mais Hippolyte, n’osant à tous les jours se servir d’une si belle jambe, supplia Mme Bovary de lui en procurer une autre plus commode. Le médecin, bien entendu, fit encore les frais de cette acquisition. | Así es que él pagó trescientos francos por una pierna de madera que Emma creyó oportuno regalar a Hipólito. La pata de palo estaba rellena de corcho, y tenía articulaciones de muelle, una mecánica complicada cubierta de un pantalón negro, y terminaba en una bota brillante. Pero Hipólito, no atreviéndose a usar todos los días una pierna tan bonita, supliçó a la señora Bovary que le procurase otra más cómoda. El médico, desde luego, volvió a pagar los gastos de esta adquisición. |
Donc, le garçon d’écurie peu à peu recommença son métier. On le voyait comme autrefois parcourir le village, et quand Charles entendait de loin, sur les pavés, le bruit sec de son bâton, il prenait bien vite une autre route. | Así pues, el mozo de cuadra poco a poco volvió a su oficio. Se le veía como antes recorrer el pueblo, y cuando Carlos oía de lejos, sobre los adoquines, el ruido seco de su palo, tomaba rápidamente otro camino. |
C’était M. Lheureux, le marchand, qui s’était chargé de la commande ; cela lui fournit l’occasion de fréquenter Emma. Il causait avec elle des nouveaux déballages de Paris, de mille curiosités féminines, se montrait fort complaisant, et jamais ne réclamait d’argent. Emma s’abandonnait à cette facilité de satisfaire tous ses caprices. Ainsi, elle voulut avoir, pour la donner à Rodolphe, une fort belle cravache qui se trouvait à Rouen dans un magasin de parapluies. M. Lheureux, la semaine d’après, la lui posa sur sa table. | Fue el señor Lheureux, el comerciante, quien se encargó del pedido; esto le dio ocasión de tratar a Emma. Hablaba con ella de las nuevas mercancías de París, de mil curiosidades femeninas, se mostraba muy complaciente, y nunca reclamaba dinero. Emma se entregaba a esa facilidad de satisfacer todos sus caprichos. Así, quiso adquirir, para regalársela a Rodolfo, una fusta muy bonita que había en Rouen en una tienda de paraguas. El señor Lheureux, a la semana siguiente, se la puso sobre la mesa. |
Mais le lendemain il se présenta chez elle avec une facture de deux cent soixante et dix francs, sans compter les centimes. Emma fut très embarrassée : tous les tiroirs du secrétaire étaient vides ; on devait plus de quinze jours à Lestiboudois, deux trimestres à la servante, quantité d’autres choses encore, et Bovary attendait impatiemment l’envoi de M. Derozerays, qui avait coutume, chaque année, de le payer vers la Saint-Pierre. | Pero al día siguiente se presentó en su casa con una factura de doscientos setenta francos sin contar los céntimos. Emma se vio muy apurada: todos los cajones del escritorio estaban vacíos, se debían más de quince días a Lestiboudis, dos trimestres a la criada, muchas otras cosas más, y Bovary esperaba con impaciencia el envío del señor Derozerays, que tenía costumbre, cada año, de pagarle por San Pedro. |
Elle réussit d’abord à éconduire Lheureux ; enfin il perdit patience ; on le poursuivait, ses capitaux étaient absents, et, s’il ne rentrait dans quelques-uns, il serait forcé de lui reprendre toutes les marchandises qu’elle avait. | Al principio Emma consiguió liberarse de Lheureux; por fin éste perdió la paciencia: le perseguían, todo el mundo le debía, y, si no recuperaba algo, se vería obligado a retirarle todas las mercancías que la señora tenía. |
— Eh ! reprenez-les ! dit Emma. | ¡Bueno, lléveselas! dijo Emma. |
— Oh ! c’est pour rire ! répliqua-t-il. Seulement, je ne regrette que la cravache. Ma foi ! je la redemanderai à Monsieur. | ¡Oh!, ¡es de broma! replicó él . Sólo la fusta. Pero bueno, le diré al señor que me la devuelva. |
— Non ! non ! fit-elle. | ¡No!, ¡no! dijo ella. |
— Ah ! je te tiens ! pensa Lheureux. | iAh!, ¡te he cogido! pensó Lheureux. |
Et, sûr de sa découverte, il sortit en répétant à demi-voix et avec son petit sifflement habituel : | Y, seguro de su descubrimiento, salió repitiendo a media voz, y con su pequeño silbido habitual: |
— Soit ! nous verrons ! nous verrons ! | ¡Está bien!, ¡ya veremos!, ¡ya veremos! |
Elle rêvait comment se tirer de là, quand la cuisinière entrant, déposa sur la cheminée un petit rouleau de papier bleu, de la part de M. Derozerays. Emma sauta dessus, l’ouvrit. Il y avait quinze napoléons. C’était le compte. Elle entendit Charles dans l’escalier ; elle jeta l’or au fond de son tiroir et prit la clef. | Emma estaba pensando cómo salir del apuro, cuando la cocinera que entraba dejó sobre la chimenea un rollito de papel azul, de parte del señor Derozerays. Emma saltó encima, lo abrió. Había quince napoleones(2). Era el importe de la cuenta. Oyó a Carlos por la escalera; echó el oro en el fondo de su cajón y cogió la llave. |
Trois jours après, Lheureux reparut. | Tres días después, Lheureux se presentó de nuevo. |
— J’ai un arrangement à vous proposer, dit-il ; si, au lieu de la somme convenue, vous vouliez prendre… | Voy a proponerle un arreglo dijo él ; si en vez de la cantidad convenida, usted quisiera tomar... |
— La voilà, fit-elle en lui plaçant dans la main quatorze napoléons. | ¡Aquí la tiene! dijo ella poniéndole en la mano catorce napoleones. |
Le marchand fut stupéfait. Alors, pour dissimuler son désappointement, il se répandit en excuses et en offres de service qu’Emma refusa toutes ; puis elle resta quelques minutes palpant dans la poche de son tablier les deux pièces de cent sous qu’il lui avait rendues. Elle se promettait d’économiser, afin de rendre plus tard… | El tendero quedó estupefacto. Entonces, para disimular su desencanto, se extendió en excusas y en ofrecimientos de servicios que Emma rechazó totalmente; después ella se quedó unos minutos palpando en el bolsillo de su delantal las dos monedas de cien sueldos que le había devuelto. Prometía economizar, para devolver después... |
— Ah bah ! songea-t-elle, il n’y pensera plus. | «¡Ah, bah! pensó ella , ya no se acordará más de esto.» |
Outre la cravache à pommeau de vermeil, Rodolphe avait reçu un cachet avec cette devise : Amor nel cor ; de plus, une écharpe pour se faire un cache-nez, et enfin un porte-cigares tout pareil à celui du vicomte, que Charles avait autrefois ramassé sur la route et qu’Emma conservait. Cependant ces cadeaux l’humiliaient. Il en refusa plusieurs ; elle insista, et Rodolphe finit par obéir, la trouvant tyrannique et trop envahissante. | Además de la fusta con empuñadura roja, Rodolfo había recibido un sello con esta divisa: Amor nel cor además, un echarpe para hacerse una bufanda y, finalmente, una petaca muy parecida a la del vizconde, que Carlos había recogido hacía tiempo en la carretera y que Emma conservaba. Sin embargo, estos regalos le humillaban. Rechazó varios; ella insistió, y Rodolfo acabó obedeciendo, encontrándola tiránica y muy dominante. |
Puis elle avait d’étranges idées : | Además, Emma tenía ideas extravagantes. |
— Quand minuit sonnera, disait-elle, tu penseras à moi ! | Cuando den las doce de la noche decía ella , pensarás en mí. |
Et, s’il avouait n’y avoir point songé, c’étaient des reproches en abondance, et qui se terminaient toujours par l’éternel mot : | Y si él confesaba que no había pensado, había una serie de reproches, que terminaban siempre por la eterna pregunta. |
— M’aimes-tu ? | ¿:Me quieres? |
— Mais oui, je t’aime ! répondait-il. | ¡Claro que sí, te quiero! le respondía él. |
— Beaucoup ? | ¿:Mucho? |
— Certainement ! | ¡Desde luego! |
— Tu n’en as pas aimé d’autres, hein ? | ¿:No has tenido otros amores, eh? |
— Crois-tu m’avoir pris vierge ? exclamait-il en riant. | ¿:Crees que me has cogido virgen? exclamaba él riendo. |
Emma pleurait, et il s’efforçait de la consoler, enjolivant de calembours ses protestations. | Emma lloraba, y él se esforzaba por consolarla adornando con retruécanos sus protestas amorosas. |
— Oh ! c’est que je t’aime ! reprenait-elle, je t’aime à ne pouvoir me passer de toi, sais-tu bien ? J’ai quelquefois des envies de te revoir où toutes les colères de l’amour me déchirent. Je me demande : « Où est-il ? Peut-être il parle à d’autres femmes ? Elles lui sourient, il s’approche… » Oh ! non, n’est-ce pas, aucune ne te plaît ? Il y en a de plus belles ; mais, moi, je sais mieux aimer ! Je suis ta servante et ta concubine ! Tu es mon roi, mon idole ! tu es bon ! tu es beau ! tu es intelligent ! tu es fort ! | ¡Oh!, ¡es que te quiero! replicaba ella , te quiero tanto que no puedo pasar sin ti, ¿:lo sabes bien? A veces tengo ganas de volver a verte y todas las cóleras del amor me desgarran. Me pregunto: ¿:Dónde está? ¿:Acaso está hablando con otras mujeres? Ellas le sonríen, él se acerca. ¡Oh, no!, ¿:verdad que ninguna te gusta? Las hay más bonitas; ¡pero yo sé amar mejor! ¡Soy tu esclava y tu concubina! ¡Tú eres mi rey, mi ídolo! ¡Eres bueno! ¡Eres guapo! ¡Eres inteligente! ¡Eres fuerte! |
Il s’était tant de fois entendu dire ces choses, qu’elles n’avaient pour lui rien d’original. Emma ressemblait à toutes les maîtresses ; et le charme de la nouveauté, peu à peu tombant comme un vêtement, laissait voir à nu l’éternelle monotonie de la passion, qui a toujours les mêmes formes et le même langage. Il ne distinguait pas, cet homme si plein de pratique, la dissemblance des sentiments sous la parité des expressions. Parce que des lèvres libertines ou vénales lui avaient murmuré des phrases pareilles, il ne croyait que faiblement à la candeur de celles-là ; on en devait rabattre, pensait-il, les discours exagérés cachant les affections médiocres ; comme si la plénitude de l’âme ne débordait pas quelquefois par les métaphores les plus vides, puisque personne, jamais, ne peut donner l’exacte mesure de ses besoins, ni de ses conceptions, ni de ses douleurs, et que la parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. | Tantas veces le había oído decir estas cosas, que no tenían ninguna novedad para él. Emma se parecía a todas las amantes; y el encanto de la novedad, cayendo poco a poco como un vestido, dejaba al desnudo la eterna monotonía de la pasión que tiene siempre las mismas formas y el mismo lenguaje. Aquel hombre con tanta práctica no distinguía la diferencia de los sentimientos bajo la igualdad de las expresiones. Porque labios libertinos o venales le habían murmurado frases semejantes, no creía sino débilmente en el candor de las mismas; había que rebajar, pensaba él, los discursos exagerados que ocultan afectos mediocres; como si la plenitud del alma no se desbordara a veces por las metáforas más vacías, puesto que nadie puede jamás dar la exacta medida de sus necesidades, ni de sus conceptos, ni de sus dolores, y la palabra humana es como un caldero cascado en el que tocamos melodías para hacer bailar a los osos, cuando quisiéramos conmover a las estrellas. |
Mais, avec cette supériorité de critique appartenant à celui qui, dans n’importe quel engagement, se tient en arrière, Rodolphe aperçut en cet amour d’autres jouissances à exploiter. Il jugea toute pudeur incommode. Il la traita sans façon. Il en fit quelque chose de souple et de corrompu. C’était une sorte d’attachement idiot plein d’admiration pour lui, de voluptés pour elle, une béatitude qui l’engourdissait ; et son âme s’enfonçait en cette ivresse et s’y noyait, ratatinée, comme le duc de Clarence dans son tonneau de malvoisie. | Pero, con esta superioridad de crítica propia del que en cualquier compromiso se mantiene en reserva, Rodolfo percibió en este amor otros gozos que explotar. Juzgó incómodo todo pudor. La trató sin miramientos. Hizo de ella algo flexible y corrompido. Era una especie de sumisión idiota llena de admiración para él, de voluptuosidades para ella., una placidez que la embotaba, y su alma se hundía en aquella embriaguez y se ahogaba en ella, empequeñecida como el duque de Clarence en su tonel de malvasía. |
Par l’effet seul de ses habitudes amoureuses, Mme Bovary changea d’allures. Ses regards devinrent plus hardis, ses discours plus libres ; elle eut même l’inconvenance de se promener avec M. Rodolphe, une cigarette à la bouche, comme pour narguer le monde ; enfin, ceux qui doutaient encore ne doutèrent plus quand on la vit, un jour, descendre de l’Hirondelle, la taille serrée dans un gilet, à la façon d’un homme ; et Mme Bovary mère, qui, après une épouvantable scène avec son mari, était venue se réfugier chez son fils, ne fut pas la bourgeoise la moins scandalisée. Bien d’autres choses lui déplurent : d’abord Charles n’avait point écouté ses conseils pour l’interdiction des romans ; puis, le genre de la maison lui déplaisait ; elle se permit des observations, et l’on se fâcha, une fois surtout, à propos de Félicité. | Sólo por el efecto de sus hábitos amorosos, Madame Bovary cambió de conducta. Sus miradas se hicieron más atrevidas, sus conversaciones, más libres; tuvo incluso la inconveniencia de pasearse con Rodolfo, con un cigarrillo en la boca, como para « burlarse del mundo»; en fin, los que todavía dudaban ya no dudaron cuando la vieron un día bajar de «La Golondrina», el talle ceñido por un chaleco, como si fuera un hombre; y la señora Bovary madre, que después de una espantosa escena con su marido había venido a refugiarse a casa de su hijo, no fue la burguesa menos escandalizada. Muchas otras cosas le escandalizaron; en primer lugar, Carlos no había escuchado sus consejos sobre la prohibición de las novelas; después, «el estilo de la casa» le desagradaba; se permitió hacerle algunas observaciones, y se enfadaron, sobre todo una vez a propósito de Felicidad. |
Mme Bovary mère, la veille au soir, en traversant le corridor, l’avait surprise dans la compagnie d’un homme, un homme à collier brun, d’environ quarante ans, et qui, au bruit de ses pas, s’était vite échappé de la cuisine. Alors Emma se prit à rire ; mais la bonne dame s’emporta, déclarant qu’à moins de se moquer des mœurs, on devait surveiller celles des domestiques. | La señora Bovary madre, la noche anterior, atravesando el corredor, la había sorprendido en compañía de un hombre, un hombre de barba oscura, de unos cuarenta años, y que, al ruido de sus pasos, se había escapado rápidamente de la cocina. Entonces Emma se echó a reír; pero la buena señora montó en cólera, declarando que, a no ser que se burlasen de las costumbres, debían vigilar las de los criados. |
— De quel monde êtes-vous ? dit la bru, avec un regard tellement impertinent que Mme Bovary lui demanda si elle ne défendait point sa propre cause. | ¿:De qué mundo es usted? dijo la nuera, con una mirada tan impertinente que la señora Bovary le preguntó si no defendía su propia causa. |
— Sortez ! fit la jeune femme se levant d’un bond. | ¡Salga de aquí! dijo la joven levantándose de un salto. |
— Emma !… maman !… s’écriait Charles pour les rapatrier. | ¡Emma!... ¡Mamá!... exclamaba Carlos para reconciliarlas. |
Mais elles s’étaient enfuies toutes les deux dans leur exaspération. Emma trépignait en répétant : | Pero las dos habían huido exasperadas. Emma pataleaba repitiendo: |
— Ah ! quel savoir-vivre ! quelle paysanne ! | ¡Ah!, ¡qué modales!, ¡qué aldeana! |
Il courut à sa mère ; elle était hors des gonds, elle balbutiait : | Carlos corrió hacia su madre; estaba fuera de sus casillas, y balbuceaba: |
— C’est une insolente ! une évaporée ! pire, peut-être ! | ¡Es una insolente!, ¡una alocada!, ¡quizás peor que eso! |
Et elle voulait partir immédiatement, si l’autre ne venait lui faire des excuses. Charles retourna donc vers sa femme et la conjura de céder ; il se mit à genoux ; elle finit par répondre : | Y quería marcharse inmediatamente, si su nuera no venía a presentarle excusas. Carlos se volvió entonces hacia su mujer y la conjuró a que cediera; se puso de rodillas; ella acabó respondiendo. |
— Soit ! j’y vais. | ¡Ea!, ya voy. |
En effet, elle tendit la main à sa belle-mère avec une dignité de marquise, en lui disant : | En efecto, tendió la mano a su suegra con una dignidad de marquesa, diciéndole: |
— Excusez-moi, madame. | ¡Dispénseme, señora! |
Puis, remontée chez elle, Emma se jeta tout à plat ventre sur son lit, et elle y pleura comme un enfant, la tête enfoncée dans l’oreiller. | Después, vuelta a su habitación, se echó en cama boca abajo, y lloró como una niña, con la cabeza hundida en la almohada. |
Ils étaient convenus, elle et Rodolphe, qu’en cas d’événement extraordinaire, elle attacherait à la persienne un petit chiffon de papier blanc, afin que, si par hasard il se trouvait à Yonville, il accourût dans la ruelle, derrière la maison. Emma fit le signal ; elle attendait depuis trois quarts d’heure, quand tout à coup elle aperçut Rodolphe au coin des halles. Elle fut tentée d’ouvrir la fenêtre, de l’appeler ; mais déjà il avait disparu. Elle retomba désespérée. | Habían convenido ella y Rodolfo, que en caso de que aconteciese algo extraordiario, ella ataría a la persiana un papelito blanco mojado, para que, si por casualidad él se encontraba en Yonville, acudiera a la callejuela, detrás de la casa. Emma hizo la señal; llevaba esperando tres cuartos de hora, cuando de pronto vio a Rodolfo en la esquina del mercado. Estuvo tentada de abrir la ventana para llamarle; pero él ya había desaparecido. Emma volvió a sumirse en la desesperación. |
Bientôt pourtant il lui sembla que l’on marchait sur le trottoir. C’était lui, sans doute ; elle descendit l’escalier, traversa la cour. Il était là, dehors. Elle se jeta dans ses bras. | Sin embargo, pronto le pareció que caminaban por la acera. Era él, sin duda; bajó la escalera, atravesó el patio. Allí, fuera, estaba Rodolfo. Emma se echó en sus brazos. |
— Prends donc garde, dit-il. | ¡Ten cuidado! dijo él. |
— Ah ! si tu savais ! reprit-elle. | ¡Ah!, ¡si supieras! replicó ella. |
Et elle se mit à lui raconter tout, à la hâte, sans suite, exagérant les faits, en inventant plusieurs, et prodiguant les parenthèses si abondamment qu’il n’y comprenait rien. | Y empezó a contarle todo, deprisa, sin orden, exagerando los hechos, inventando varios y prodigando tanto los paréntesis que él no entendía nada. |
— Allons, mon pauvre ange, du courage, console-toi, patience ! | ¡Vamos!, ¡pobre angel mío, ánimo, consuélate, paciencia! |
— Mais voilà quatre ans que je patiente et que je souffre !… Un amour comme le nôtre devrait s’avouer à la face du ciel ! Ils sont à me torturer. Je n’y tiens plus ! Sauve-moi ! | Pero hace cuatro años que aguanto y que sufro... Un amor como el nuestro tendrá que confesarse a la faz del cielo: ¡todos son a torturarme! ¡No aguanto más! ¡Sálvame! |
Elle se serrait contre Rodolphe. Ses yeux, pleins de larmes, étincelaient comme des flammes sous l’onde ; sa gorge haletait à coups rapides ; jamais il ne l’avait tant aimée ; si bien qu’il en perdit la tête et qu’il lui dit : | Y se apretaba contra Rodolfo; sus ojos, llenos de lágrimas, resplandecían como luces bajo el agua; su garganta jadeaba con sollozos entrecortados; jamás él la había querido tanto; de tal modo que perdió la cabeza y le dijo: |
— Que faut-il faire ? que veux-tu ? | ¿:Qué hay que hacer?, ¿:qué quieres? |
— Emmène-moi ! s’écria-t-elle. Enlève-moi !… Oh ! je t’en supplie ! | ¡Llévame! exclamó ella . ¡Ráptame!... ¡Oh!, ¡te to suplico! |
Et elle se précipita sur sa bouche, comme pour y saisir le consentement inattendu qui s’en exhalait dans un baiser. | Y se precipitó sobre su boca, como para arrancarle el consentimiento inesperado que de ella se exhalaba en un beso. |
— Mais…, reprit Rodolphe. | Pero... replicó Rodolfo. |
— Quoi donc ? | ¿:Qué? |
— Et ta fille ? | ¿:Y tu hija? |
Elle réfléchit quelques minutes, puis répondit : | Emma reflexionó unos minutos, después contestó: |
— Nous la prendrons, tant pis ! | Nos la llevaremos, ¡qué remedio! |
— Quelle femme ! se dit-il en la regardant s’éloigner. | ¡Qué mujer! dijo él viéndola alejarse, |
Car elle venait de s’échapper dans le jardin. On l’appelait. | pues acababa de irse por el jardín. La llamaban. |
La mère Bovary, les jours suivants, fut très étonnée de la métamorphose de sa bru. En effet, Emma se montra plus docile, et même poussa la déférence jusqu’à lui demander une recette pour faire mariner des cornichons. | La señora Bovary, los días siguientes, se extrañó mucho de la metamorfosis de su nuera. En efecto, Emma se mostró más dócil, a incluso llegó su deferencia hasta pedirle una receta para poner pepinillos en escabeche. |
Était-ce afin de les mieux duper l’un et l’autre ? ou bien voulait-elle, par une sorte de stoïcisme voluptueux, sentir plus profondément l’amertume des choses qu’elle allait abandonner ? Mais elle n’y prenait garde, au contraire ; elle vivait comme perdue dans la dégustation anticipée de son bonheur prochain. C’était avec Rodolphe un éternel sujet de causeries. Elle s’appuyait sur son épaule, elle murmurait : | ¿:Era para engañarlos mejor al uno y a la otra?, ¿:o bien quería, por una especie de estoicismo voluptuoso, sentir más profundamente la amargura de las cosas que iba a abandonar? Pero no reparaba en ello, al contrario; vivía como perdida en la degustación anticipada de su felicidad cercana. Era un tema inagotable de charlas con Rodolfo. Se apoyaba en su hombro, murmuraba: |
— Hein ! quand nous serons dans la malle-poste !… Y songes-tu ? Est-ce possible ? Il me semble qu’au moment où je sentirai la voiture s’élancer, ce sera comme si nous montions en ballon, comme si nous partions vers les nuages. Sais-tu que je compte les jours ?… Et toi ? | ¡Eh!, ¡cuando estemos en la diligencia! ¿:Piensas en ello? ¿:Es posible? Me parece que en el momento en que sienta arrancar el coche será como si subiéramos en globo, como si nos fuéramos a las nubes. ¿:Sabes que cuento los días?... ¿:Y tú?... |
Jamais Mme Bovary ne fut aussi belle qu’à cette époque ; elle avait cette indéfinissable beauté qui résulte de la joie, de l’enthousiasme, du succès, et qui n’est que l’harmonie du tempérament avec les circonstances. Ses convoitises, ses chagrins, l’expérience du plaisir et ses illusions toujours jeunes, comme font aux fleurs le fumier, la pluie, les vents et le soleil, l’avaient par gradations développée, et elle s’épanouissait enfin dans la plénitude de sa nature. Ses paupières semblaient taillées tout exprès pour ses longs regards amoureux où la prunelle se perdait, tandis qu’un souffle fort écartait ses narines minces et relevait le coin charnu de ses lèvres, qu’ombrageait à la lumière un peu de duvet noir. On eût dit qu’un artiste habile en corruptions avait disposé sur sa nuque la torsade de ses cheveux : ils s’enroulaient en une masse lourde, négligemment, et selon les hasards de l’adultère, qui les dénouait tous les jours. Sa voix maintenant prenait des inflexions plus molles, sa taille aussi ; quelque chose de subtil qui vous pénétrait se dégageait même des draperies de sa robe et de la cambrure de son pied. Charles, comme aux premiers temps de son mariage, la trouvait délicieuse et tout irrésistible. | Nunca Madame Bovary estuvo tan bella como en esta época: tenía esa indefinible belleza que resulta de la alegría, del entusiasmo, del éxito, y que no es más que la armonía del temperamento con las circunstancias. Sus ansias, sus penas, la experiencia del placer y sus ilusiones todavía jóvenes, igual que les ocurre a las flores, con el abono, la lluvia, los vientos y el sol, la habían ido desarrollando gradualmente y ella se mostraba, por fin, en la plenitud de su naturaleza. Sus párpados parecían recortados expresamente para sus largas miradas amorosas en las que se perdía la pupila, mientras que un aliento fuerte separaba las finas aletas de su nariz y elevaba la carnosa comisura de sus labios, sombreados a la luz por un leve bozo negro. Dijérase que un artista hábil en corrupciones había dispuesto sobre su nuca la trenzada mata de sus cabellos: se enroscaban en una masa espesa, descuidadamente, y según los azares del adulterio, que los soltaba todos los días. Su voz ahora tomaba unas inflexiones más suaves, su talle también; algo sutil y penetrante se desprendía incluso de sus vestidos y del arco de su pie. Carlos, como en los primeros tiempos de su matrimonio, la encontraba deliciosa y absolutamente irresistible. |
Quand il rentrait au milieu de la nuit, il n’osait pas la réveiller. La veilleuse de porcelaine arrondissait au plafond une clarté tremblante, et les rideaux fermés du petit berceau faisaient comme une hutte blanche qui se bombait dans l’ombre, au bord du lit. Charles les regardait. Il croyait entendre l’haleine légère de son enfant. Elle allait grandir maintenant ; chaque saison, vite, amènerait un progrès. Il la voyait déjà revenant de l’école à la tombée du jour, toute rieuse, avec sa brassière tachée d’encre, et portant au bras son panier ; puis il faudrait la mettre en pension, cela coûterait beaucoup ; comment faire ? Alors il réfléchissait. Il pensait à louer une petite ferme aux environs, et qu’il surveillerait lui-même, tous les matins, en allant voir ses malades. Il en économiserait le revenu, il le placerait à la caisse d’épargne ; ensuite il achèterait des actions, quelque part, n’importe où ; d’ailleurs, la clientèle augmenterait ; il y comptait, car il voulait que Berthe fût bien élevée, qu’elle eût des talents, qu’elle apprît le piano. Ah ! qu’elle serait jolie, plus tard, à quinze ans, quand, ressemblant à sa mère, elle porterait comme elle, dans l’été, de grands chapeaux de paille ! on les prendrait de loin pour les deux sœurs. Il se la figurait travaillant le soir auprès d’eux, sous la lumière de la lampe ; elle lui broderait des pantoufles ; elle s’occuperait du ménage ; elle emplirait toute la maison de sa gentillesse et de sa gaieté. Enfin, ils songeraient à son établissement : on lui trouverait quelque brave garçon ayant un état solide ; il la rendrait heureuse ; cela durerait toujours. | Cuando regresaba a medianoche no se atrevía a despertarla. La lamparilla de porcelana proyectaba en el techo un círculo de claridad trémula, y las cortinas de la cunita formaban como una choza blanca que se abombaba en la sombra al lado de la cama. Carlos las miraba. Creía oír la respiración ligera de su hija. Iba a crecer ahora; cada estación, rápidamente, traería un progreso. Ya la veía volver de la escuela a la caída de la tarde, toda contenta, con su blusita manchada de tinta, y su cestita colgada del brazo; después habría que ponerla interna, esto costaría mucho; ¿:cómo hacer? Entonces reflexionaba. Pensaba alquilar una pequeña granja en los alrededores y que él mismo vigilaría todas las mañanas al ir a visitar a sus enfermos. Ahorraría lo que le produjera, lo colocaría en la caja de ahorros; luego compraría acciones, en algún sitio, en cualquiera; por otra parte, la clientela aumentaría; contaba con eso, pues quería que Berta fuese bien educada, que tuviese talentos, que aprendiese el piano. ¡Ah!, ¡qué bonita sería, más adelante, a los quince años, cuando, pareciéndose a su madre, llevase como ella, en verano, grandes sombreros de paja!, las tomarían de lejos por dos hermanas. Ya la imaginaba trabajando de noche al lado de ellos, bajo la luz de la lámpara; le bordaría unas pantuflas; se ocuparía de la casa; la llenaría toda con su gracia y su alegría. Por fin, pensarían en casarla: le buscarían un buen chico que tuviese una situación sólida; la haría feliz; esto duraría siempre. |
Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d’être endormie ; et, tandis qu’il s’assoupissait à ses côtés, elle se réveillait en d’autres rêves. | Emma no dormía, parecía estar dormida; y mientras que él se amodorraba a su lado, ella se despertaba con otros sueños. |
Au galop de quatre chevaux, elle était emportée depuis huit jours vers un pays nouveau, d’où ils ne reviendraient plus. Ils allaient, ils allaient, les bras enlacés, sans parler. Souvent, du haut d’une montagne, ils apercevaient tout à coup quelque cité splendide avec des dômes, des ponts, des navires, des forêts de citronniers et des cathédrales de marbre blanc, dont les clochers aigus portaient des nids de cigogne. On marchait au pas, à cause des grandes dalles, et il y avait par terre des bouquets de fleurs que vous offraient des femmes habillées en corset rouge. On entendait sonner des cloches, hennir les mulets, avec le murmure des guitares et le bruit des fontaines, dont la vapeur s’envolant rafraîchissait des tas de fruits, disposés en pyramide au pied des statues pâles, qui souriaient sous les jets d’eau. Et puis ils arrivaient, un soir, dans un village de pêcheurs, où des filets bruns séchaient au vent, le long de la falaise et des cabanes. C’est là qu’ils s’arrêteraient pour vivre ; ils habiteraient une maison basse, à toit plat, ombragée d’un palmier, au fond d’un golfe, au bord de la mer. Ils se promèneraient en gondole, ils se balanceraient en hamac ; et leur existence serait facile et large comme leurs vêtements de soie, toute chaude et étoilée comme les nuits douces qu’ils contempleraient. Cependant, sur l’immensité de cet avenir qu’elle se faisait apparaître, rien de particulier ne surgissait ; les jours, tous magnifiques, se ressemblaient comme des flots ; et cela se balançait à l’horizon, infini, harmonieux, bleuâtre et couvert de soleil. Mais l’enfant se mettait à tousser dans son berceau, ou bien Bovary ronflait plus fort, et Emma ne s’endormait que le matin, quand l’aube blanchissait les carreaux et que déjà le petit Justin, sur la place, ouvrait les auvents de la pharmacie. | A1 galope de cuatro caballos, era transportada desde hacía ocho días hacia un país nuevo, de donde no volverían más. Caminaban, caminaban, con los brazos entrelazados, sin hablar. A menudo, desde lo alto de una montaña, divisaba de pronto una ciudad espléndida con cúpulas, puentes, barcos, bosques de limoneros y catedrales de mármol blanco, cuyos campanarios agudos albergaban nidos de cigüeñas. Caminaban al paso, a causa de las grandes losas, y había en el suelo ramos de flores que les ofrecían mujeres vestidas con corpiño rojo. El tañido de las campanas y los relinchos de los mulos se confundían con el murmullo de las guitarras y el ruido de las fuentes, cuyo vapor ascendente refrescaba pilas de frutas, dispuestas en pirámide al pie de las estatuas pálidas, que sonreían bajo los surtidores de agua. Y después, una tarde, llegaban a un pueblo de pescadores, donde se secaban al aire redes oscuras tendidas a lo largo del acantilado y de las chabolas. Allí es donde se quedarían a vivir; habitarían una casa baja, de tejado plano, a la sombra de una palmera, en el fondo de un golfo, a orilla del mar. Se pasearían en góndola, se columpiarían en hamaca; y su existencia sería fácil y holgada como sus vestidos de seda, toda cálida y estrellada como las noches suaves que contemplarían. En este tiempo, en la inmensidad de este porvenir que ella se hacía representar, nada de particular surgía; los días, todos magníficos, se parecían como olas; y aquello se columpiaba en el horizonte, infinito, armonioso, azulado a inundado de sol. Pero la niña empezaba a toser en la cuna, o bien Bovary roncaba más fuerte, y Emma no conciliaba el sueño hasta la madrugada, cuando el alba blanqueaba las baldosas y ya el pequeño Justino, en la plaza, abría los postigos de la farmacia. |
Elle avait fait venir M. Lheureux et lui avait dit : | Emma había llamado al señor Lheureux y le había dicho: |
— J’aurais besoin d’un manteau, un grand manteau, à long collet, doublé. | Necesitaría un abrigo, un gran abrigo, de cuello largo, forrado. |
— Vous partez en voyage ? demanda-t-il. | ¿:Se va de viaje? le preguntó él. |
— Non ! mais…, n’importe, je compte sur vous, n’est-ce pas ? et vivement ! | ¡No!, pero... no importa, ¿:cuento con usted, verdad?, ¡y rápidamente! |
Il s’inclina. | El asintió. |
— Il me faudrait encore, reprit-elle, une caisse…, pas trop lourde…, commode. | Necesitaría, además replicó ella , un arca..., no demasiado pesada, cómoda. |
— Oui, oui, j’entends, de quatre-vingt-douze centimètres environ sur cinquante, comme on les fait à présent. | Sí, sí, ya entiendo, de noventa y dos centímetros aproximadamente por cincuenta, como las hacen ahora. |
— Avec un sac de nuit. | Y un bolso de viaje. |
— Décidément, pensa Lheureux, il y a du grabuge là-dessous. | «Decididamente pensó Lheureux , aquí hay gato encerrado». |
— Et tenez, dit Mme Bovary en tirant sa montre de sa ceinture, prenez cela ; vous vous payerez dessus. | Y tenga esto dijo la señora Bovary sacando su reloj del cinturón ,tome esto: se cobrará de ahí. |
Mais le marchand s’écria qu’elle avait tort ; ils se connaissaient ; est-ce qu’il doutait d’elle ? Quel enfantillage ! Elle insista cependant pour qu’il prît au moins la chaîne, et déjà Lheureux l’avait mise dans sa poche et s’en allait, quand elle le rappela. | Pero el comerciante exclamó que de ninguna manera; se conocían; ¿:acaso podía dudar de ella? ¡Qué chiquillada! Ella insistió para que al menos se quedase con la cadena, y ya Lheureux la había metido en su bolsillo y se marchaba, cuando Emma volvió a llamarle. |
— Vous laisserez tout chez vous. Quant au manteau, – elle eut l’air de réfléchir, – ne l’apportez pas non plus ; seulement, vous me donnerez l’adresse de l’ouvrier et avertirez qu’on le tienne à ma disposition. | Déjelo todo en su casa. En cuanto al abrigo ella pareció reflexionar no lo traiga tampoco; solamente me dará la dirección del sastre y le dirá que me lo tenga preparado. |
C’était le mois prochain qu’ils devaient s’enfuir. Elle partirait d’Yonville comme pour aller faire des commissions à Rouen. Rodolphe aurait retenu les places, pris des passeports, et même écrit à Paris, afin d’avoir la malle entière jusqu’à Marseille, où ils achèteraient une calèche et, de là, continueraient sans s’arrêter, par la route de Gênes. Elle aurait eu soin d’envoyer chez Lheureux son bagage, qui serait directement porté à l’Hirondelle, de manière que personne ainsi n’aurait de soupçons ; et, dans tout cela, jamais il n’était question de son enfant. Rodolphe évitait d’en parler ; peut-être qu’elle n’y pensait pas. | Era el mes siguiente cuando iban a fugarse. Ella saldría de Yonvitlle como para ir a hacer compras a Rouen. Rodolfo habría reservado las plazas, tomado los pasaportes a incluso escrito a París, a fin de contar con la diligencia completa hasta Marsella, donde comprarían una calesa, y, de allí, continuarían sin parar camino de Génova. Ella se preocuparía de enviar a casa de Lheureux el equipaje, que sería llevado directamente a «La Golondrina», de manera que así no sospechara nadie; y, a todo esto, nunca se hablaba de la niña. Rodolfo evitaba hablar de ella; quizás ella misma ya no pensaba en esto. |
Il voulut avoir encore deux semaines devant lui, pour terminer quelques dispositions ; puis, au bout de huit jours, il en demanda quinze autres ; puis il se dit malade ; ensuite il fit un voyage ; le mois d’août se passa, et, après tous ces retards, ils arrêtèrent que ce serait irrévocablement pour le 4 septembre, un lundi. | Rodolfo quiso tener dos semanas más por delante para terminar algunos preparativos; después, al cabo de ocho días, pidió otros quince; después dijo que estaba enfermo; luego hizo un viaje; pasó el mes de agosto, y después de todos estos aplazamientos decidieron que sería irrevocablemente el cuatro de septiembre, un lunes. |
Enfin le samedi, l’avant-veille, arriva. | Por fin llegó el sábado, la antevíspera. |
Rodolphe vint le soir, plus tôt que de coutume. | Aquella noche Rodolfo vino más temprano que de costumbre. |
— Tout est-il prêt ? lui demanda-t-elle. | ¿:Todo está preparado? le preguntó ella. |
— Oui. | Sí. |
Alors ils firent le tour d’une plate-bande, et allèrent s’asseoir près de la terrasse, sur la margelle du mur. | Entonces dieron la vuelta a un arriate y fueron a sentarse cerca del terraplén, en la tapia. |
— Tu es triste, dit Emma. | Estás triste dijo Emma. |
— Non, pourquoi ? | No, ¿:por qué? |
Et cependant il la regardait singulièrement, d’une façon tendre. | Y entretanto él la miraba de un modo especial, con ternura. |
— Est-ce de t’en aller ? reprit-elle, de quitter tes affections, ta vie ? Ah ! je comprends… Mais, moi, je n’ai rien au monde ! tu es tout pour moi. Aussi je serai tout pour toi, je te serai une famille, une patrie ; je te soignerai, je t’aimerai. | ¿:Es por marcharte? replicó ella , ¿:por dejar tus amistades, tu vida? ¡Ah!, ya comprendo... ¡Pero yo no tengo a nadie en el mundo!, tú lo eres todo para mí. Por eso yo seré toda para ti, seré para ti tu familia, tu patria; te cuidaré, te amaré. |
— Que tu es charmante ! dit-il en la saisissant dans ses bras. | ¡Eres un encanto! le dijo él estrechándola entre sus brazos. |
— Vrai ? fit-elle avec un rire de volupté. M’aimes-tu ? Jure-le donc ! | ¿:Verdad? dijo ella con una risa voluptuosa . ¿:Me quieres? ¡júralo! |
— Si je t’aime ! si je t’aime ! mais je t’adore, mon amour ! | ¡Que si te quiero!, ¡que si to quiero!. ¡Si es que te adoro, amor mío! |
La lune, toute ronde et couleur de pourpre, se levait à ras de terre, au fond de la prairie. Elle montait vite entre les branches des peupliers, qui la cachaient de place en place, comme un rideau noir, troué. Puis elle parut, éclatante de blancheur, dans le ciel vide qu’elle éclairait ; et alors, se ralentissant, elle laissa tomber sur la rivière une grande tache, qui faisait une infinité d’étoiles ; et cette lueur d’argent semblait s’y tordre jusqu’au fond, à la manière d’un serpent sans tête couvert d’écailles lumineuses. Cela ressemblait aussi à quelque monstrueux candélabre, d’où ruisselaient, tout du long, des gouttes de diamant en fusion. La nuit douce s’étalait autour d’eux ; des nappes d’ombre emplissaient les feuillages. Emma, les yeux à demi clos, aspirait avec de grands soupirs le vent frais qui soufflait. Ils ne se parlaient pas, trop perdus qu’ils étaient dans l’envahissement de leur rêverie. La tendresse des anciens jours leur revenait au cœur, abondante et silencieuse comme la rivière qui coulait, avec autant de mollesse qu’en apportait le parfum des seringas, et projetait dans leur souvenir des ombres plus démesurées et plus mélancoliques que celles des saules immobiles qui s’allongeaient sur l’herbe. Souvent quelque bête nocturne, hérisson ou belette, se mettant en chasse, dérangeait les feuilles, ou bien on entendait par moments une pêche mûre qui tombait toute seule de l’espalier. | La luna, toda redonda y color de púrpura, asomaba a ras del suelo, al fondo de la pradera. Subía rápida entre las ramas de los álamos, que la ocultaban de vez en cuando, como una cortina negra, agujereada. Después apareció, resplandeciente de blancura, en el cielo limpio que alumbraba; y entonces, reduciendo su marcha, dejó caer sobre el río una gran mancha, que formaba infinidad de estrellas; y este brillo plateado parecía retorcerse hasta el fondo, a la manera de una serpiente sin cabeza cubierta de escamas luminosas. Aquello se parecía también a algún monstruoso candelabro, a lo largo del cual chorreaban gotas de diamante en fusión. En torno a ellos se extendía la noche suave; unas capas de sombra llenaban los follajes. Emma, con los ojos medio cerrados, aspiraba con grandes suspiros el viento fresco que soplaba. No se hablaban, de absortos que estaban por el ensueño que les dominaba. La ternura de otros tiempos les volvía a la memoria, abundante y silenciosa como el río que corría, con tanta suavidad como la que traía del jardín el perfume de las celindas, y proyectaba en su recuerdo sombras más desmesuradas y melancólicas que las de los sauces inmóviles que se inclinaban sobre la hierba. A menudo algún bicho nocturno, erizo o comadreja, dispuesto para cazar, movía las hojas, o se oía por momentos un melocotón maduro que caía, solo, del espaldar. |
— Ah ! la belle nuit ! dit Rodolphe. | ¡Ah!, ¡qué hermosa noche! dijo Rodolfo. |
— Nous en aurons d’autres ! reprit Emma. | ¡Tendremos otras! replicó Ernma. |
Et, comme se parlant à elle-même : | Y como hablándose a sí misma: |
— Oui, il fera bon voyager… Pourquoi ai-je le cœur triste, cependant ? Est-ce l’appréhension de l’inconnu…, l’effet des habitudes quittées…, ou plutôt… ? Non, c’est l’excès du bonheur ! Que je suis faible, n’est-ce pas ? Pardonne-moi ! | Sí, será bueno viajar... ¿:Por qué tengo el corazón triste, sin embargo? ¿:Es el miedo a lo desconocido..., el efecto de los hábitos abandonados o más bien...? No, es el exceso de felicidad. ¡Qué débil soy, verdad! ¡Perdóname! |
— Il est encore temps ! s’écria-t-il. Réfléchis, tu t’en repentiras peut-être. | Todavía estás a tiempo exclamó Rodolfo . Reflexiona, quizás te arrepentirás después. |
— Jamais ! fit-elle impétueusement. | ¡Jamás! dijo ella impetuosamente. |
Et, en se rapprochant de lui : | Y acercándose a él: |
— Quel malheur donc peut-il me survenir ? Il n’y a pas de désert, pas de précipice ni d’océan que je ne traverserais avec toi. À mesure que nous vivrons ensemble, ce sera comme une étreinte chaque jour plus serrée, plus complète ! Nous n’aurons rien qui nous trouble, pas de soucis, nul obstacle ! Nous serons seuls, tout à nous, éternellement… Parle donc, réponds-moi. | ¿:Pues qué desgracia puede sobrevenirme? No hay desierto, precipicio ni océano que no atravesara contigo. A medida que vivamos juntos, será como un abrazo cada día más apretado, más completo. No tendremos nada que nos turbe, ninguna preocupación, ningún obstáculo. Viviremos sólo para nosotros, el uno para el otro, eternamente... ¡Habla, contéstame! |
Il répondait à intervalles réguliers : « Oui… oui !… » Elle lui avait passé les mains dans ses cheveux, et elle répétait d’une voix enfantine, malgré de grosses larmes qui coulaient : | Rodolfo contestaba a intervalos regulares. «Sí... Sí. ..» Ella le había pasado las manos por los cabellos y repetía con voz infantil, a pesar de las gruesas lágrimas que le caían: |
— Rodolphe ! Rodolphe !… Ah ! Rodolphe, cher petit Rodolphe ! | ¡Rodolfo! ¡Rodolfo! ¡Ah, Rodolfo, querido Rodolfito mío! Sonaron las campanadas de medianoche. |
Minuit sonna. | ¡Las doce! exclamó Emma . |
— Minuit ! dit-elle. Allons, c’est demain ! encore un jour ! | ¡Vámonos, ya es mañana! ¡Un día más! |
Il se leva pour partir ; et, comme si ce geste qu’il faisait eût été le signal de leur fuite, Emma, tout à coup, prenant un air gai : | Rodolfo se levantó para marcharse; y como si aquel gesto fuese la señal de su fuga, Emma exclamó, de pronto, con aire jovial: |
— Tu as les passeports ? | ¿:Tienes los pasaportes? |
— Oui. | Sí. |
— Tu n’oublies rien ? | ¿:No olvidas nada? |
— Non. | No. |
— Tu en es sûr ? | ¿:Estás seguro? |
— Certainement. | Segurísimo. |
— C’est à l’hôtel de Provence, n’est-ce pas, que tu m’attendras ?… à midi ? | Es en el Hotel de Provence, donde me esperarás, ¿:verdad?... a mediodía... |
Il fit un signe de tête. | Rodolfo hizo un gesto de afirmación con la cabeza. |
— À demain, donc ! dit Emma dans une dernière caresse. | ¡Hasta mañana! dijo Emma en una última caricia. |
Et elle le regarda s’éloigner. | Y le miró alejarse. |
Il ne se détournait pas. Elle courut après lui, et, se penchant au bord de l’eau entre des broussailles : | Rodolfo no miraba hacia atrás, Emma corrió detrás de él inclinándose a la orilla del agua entre malezas: |
— À demain ! s’écria-t-elle. | ¡Hasta mañana! exclamó. |
Il était déjà de l’autre côté de la rivière et marchait vite dans la prairie. | Rodolfo estaba ya al otro lado del río y caminaba deprisa por la pradera. |
Au bout de quelques minutes, Rodolphe s’arrêta ; et, quand il la vit avec son vêtement blanc peu à peu s’évanouir dans l’ombre comme un fantôme, il fut pris d’un tel battement de cœur, qu’il s’appuya contre un arbre pour ne pas tomber. | Al cabo de unos minutos se detuvo; y cuando la vio con su vestido blanco evaporarse poco a poco en la sombra, como un fantasma, sintió latirle el corazón con tanta fuerza que tuvo que apoyarse en un árbol para no caer. |
— Quel imbécile je suis ! fit-il en jurant épouvantablement. N’importe, c’était une jolie maîtresse ! | ¡Qué imbécil soy! dijo lanzando un espantoso juramento . No importa, ¡era una hermosa amante! |
Et, aussitôt, la beauté d’Emma, avec tous les plaisirs de cet amour, lui réapparurent. D’abord il s’attendrit, puis il se révolta contre elle. | Y súbitamente se le reapareció la belleza de Emma, con todos los placeres de aquel amor. Primeramente se enterneció, después se rebeló contra ella. |
— Car enfin, exclamait-il en gesticulant, je ne peux pas m’expatrier, avoir la charge d’une enfant. | Porque, al fin y al cabo exclamaba gesticulando , yo no puedo expatriarme y cargar con una niña. |
Il se disait ces choses pour s’affermir davantage. | Y se decía estas cosas para reafirmarse en su decisión. |
— Et, d’ailleurs, les embarras, la dépense… Ah ! non, non, mille fois non ! cela eût été trop bête ! | Y, encima, las molestias, los gastos... ¡Ah!, ¡no, no, mil veces no! ¡Sería demasiado estúpido! |
II - XIII | II- CAPÍTULO XIII |
À peine arrivé chez lui, Rodolphe s’assit brusquement à son bureau, sous la tête de cerf faisant trophée contre la muraille. Mais, quand il eut la plume entre les doigts, il ne sut rien trouver, si bien que, s’appuyant sur les deux coudes, il se mit à réfléchir. Emma lui semblait être reculée dans un passé lointain, comme si la résolution qu’il avait prise venait de placer entre eux, tout à coup, un immense intervalle. | Apenas llegó a casa, Rodolfo se sentó bruscamente a su mesa de despacho, bajo la cabeza de ciervo que, como trofeo, colgaba de la pared. Pero, ya con la pluma entre los dedos, no se le ocurrió nada, de modo que, apoyándose en los dos codos, se puso a reflexionar. Emma le parecía alejada en un pasado remoto, como si la resolución que él había tomado acabase de poner entre los dos, de pronto, una inmensa distancia. |
Afin de ressaisir quelque chose d’elle, il alla chercher dans l’armoire, au chevet de son lit, une vieille boîte à biscuits de Reims où il enfermait d’habitude ses lettres de femmes, et il s’en échappa une odeur de poussière humide et de roses flétries. D’abord il aperçut un mouchoir de poche, couvert de gouttelettes pâles. C’était un mouchoir à elle, une fois qu’elle avait saigné du nez, en promenade ; il ne s’en souvenait plus. Il y avait auprès, se cognant à tous les angles, la miniature donnée par Emma ; sa toilette lui parut prétentieuse et son regard en coulisse du plus pitoyable effet ; puis, à force de considérer cette image et d’évoquer le souvenir du modèle, les traits d’Emma peu à peu se confondirent en sa mémoire, comme si la figure vivante et la figure peinte, se frottant l’une contre l’autre, se fussent réciproquement effacées. Enfin il lut de ses lettres ; elles étaient pleines d’explications relatives à leur voyage, courtes, techniques et pressantes comme des billets d’affaires. Il voulut revoir les longues, celles d’autrefois ; pour les trouver au fond de la boîte, Rodolphe dérangea toutes les autres ; et machinalement il se mit à fouiller dans ce tas de papiers et de choses, y retrouvant pêle-mêle des bouquets, une jarretière, un masque noir, des épingles et des cheveux — des cheveux ! de bruns, de blonds ; quelques-uns même, s’accrochant à la ferrure de la boîte, se cassaient quand on l’ouvrait. | A fin de volver a tener en sus manos algo de ella, fue a buscar al armario, en la cabecera de su cama, una vieja caja de galletas de Reims donde solía guardar sus cartas de mujeres, y salió de ella un olor a polvo húmedo y a rosas marchitas. Primero vio un pañuelo de bolsillo, cubierto de gotitas pálidas. Era un pañuelo de ella, de una vez que había sangrado por la nariz, yendo de paseo; él ya no se acordaba. Cerca, tropezando en todas las esquinas, estaba la miniatura que le había dado Emma; su atavío le pareció pretencioso y su mirada de soslayo, del más lastimoso efecto; después, a fuerza de contemplar aquella imagen y de evocar el recuerdo del modelo, los rasgos de Emma se confundieron poco a poco en su memoria, como si el rostro vivo y el rostro pintado, frotándose el uno contra el otro, se hubieran borrado recíprocamente. Por fin leyó cartas suyas; estaban llenas de explicaciones relativas a su viaje, cortas, técnicas y apremiantes como cartas de negocios. Quiso ver de nuevo las largas, las de antes; para encontrarlas en el fondo de la caja, Rodolfo revolvió todas las demás; y maquinalmente se puso a buscar en aquel montón de papeles y de cosas, y encontró mezclados ramilletes, una liga, un antifaz negro, alfileres y mechones de pelo, castaños, rubios; algunos, incluso, enredándose en el herraje de la caja, se rompían cuando se abría. |
Ainsi flânant parmi ses souvenirs, il examinait les écritures et le style des lettres, aussi variés que leurs orthographes. Elles étaient tendres ou joviales, facétieuses, mélancoliques ; il y en avait qui demandaient de l’amour et d’autres qui demandaient de l’argent. À propos d’un mot, il se rappelait des visages, de certains gestes, un son de voix ; quelquefois pourtant il ne se rappelait rien. | Vagando ast entre sus recuerdos, examinaba la letra y el estilo de las cartas, tan variadas como sus ortografías. Eran tiernas o joviales, chistosas, melancólicas; las había que pedían amor y otras que pedían dinero. A propósito de una palabra, recordaba caras, ciertos gestos, un tono de voz; algunas veces, sin embargo, no recordaba nada. |
En effet, ces femmes, accourant à la fois dans sa pensée, s’y gênaient les unes les autres et s’y rapetissaient, comme sous un même niveau d’amour qui les égalisait. Prenant donc à poignée les lettres confondues, il s’amusa pendant quelques minutes à les faire tomber en cascades, de sa main droite dans sa main gauche. Enfin, ennuyé, assoupi, Rodolphe alla reporter la boîte dans l’armoire en se disant : | En efecto, aquellas mujeres, que acudían a la vez a su pensamiento, se estorbaban las unas a las otras y se empequeñecían, como bajo un mismo nivel de amor que las igualaba. Cogiendo, pues, a puñados las cartas mezcladas, se divirtió durante unos minutos dejándolas caer en cascadas, de la mano derecha a la mano izquierda. Finalmente, aburrido, cansado, Rodolfo fue a colocar de nuevo la caja en el armario diciéndose: |
— Quel tas de blagues !… | ¡Qué cantidad de cuentos! |
Ce qui résumait son opinion ; car les plaisirs, comme des écoliers dans la cour d’un collège, avaient tellement piétiné sur son cœur, que rien de vert n’y poussait, et ce qui passait par là, plus étourdi que les enfants, n’y laissait pas même, comme eux, son nom gravé sur la muraille. | Lo cual resumía su opinión; porque los placeres como escolares en el patio de un colegio, habían pisoteado de tal modo su corazón, que en él no crecía nada tierno, y lo que pasaba por a11í, más distraído que los niños, ni siquiera dejaba, como ellos, su nombre grabado en la pared. |
— Allons, se dit-il, commençons ! | ¡Bueno se dijo , empecemos! |
Il écrivit : | Escribió: |
« Du courage, Emma ! du courage ! Je ne veux pas faire le malheur de votre existence… » | «¡Ánimo, Emma!, ¡ánimo! Yo no quiero causar la desgracia de su existencia...» |
— Après tout, c’est vrai, pensa Rodolphe ; j’agis dans son intérêt ; je suis honnête. | «Después de todo, es cierto, pensó Rodolfo; actúo por su bien; soy honrado.» |
« Avez-vous mûrement pesé votre détermination ? Savez-vous l’abîme où je vous entraînais, pauvre ange ? Non, n’est-ce pas ? Vous alliez confiante et folle, croyant au bonheur, à l’avenir… Ah ! malheureux que nous sommes ! insensés ! » | «¿:Ha sopesado detenidamente su determinación? ¿:Sabe el abismo al que la arrastraba, ángel mío? No, ¿:verdad? Iba confiada y loca, creyendo en la felicidad, en el porvenir... ¡ah!, ¡qué desgraciados somos!, ¡qué insensatos!» |
Rodolphe s’arrêta pour trouver ici quelque bonne excuse. | Rodolfo se paró aquí buscando una buena disculpa. |
— Si je lui disais que toute ma fortune est perdue ?… Ah ! non, et d’ailleurs, cela n’empêcherait rien. Ce serait à recommencer plus tard. Est-ce qu’on peut faire entendre raison à des femmes pareilles ! | «¿:Si le dijera que toda mi fortuna está perdida?... ¡Ah!, no, y además, esto no impediría nada. Esto serviría para volver a empezar. ¡Es que se puede hacer entrar en razón a tales mujeres!» |
Il réfléchit, puis ajouta : | Reflexionó, luego añadió: |
« Je ne vous oublierai pas, croyez-le bien, et j’aurai continuellement pour vous un dévouement profond ; mais, un jour, tôt ou tard, cette ardeur (c’est là le sort des choses humaines) se fût diminuée, sans doute ! Il nous serait venu des lassitudes, et qui sait même si je n’aurais pas eu l’atroce douleur d’assister à vos remords et d’y participer moi-même, puisque je les aurais causés. L’idée seule des chagrins qui vous arrivent me torture, Emma ! Oubliez-moi ! Pourquoi faut-il que je vous aie connue ? Pourquoi étiez-vous si belle ? Est-ce ma faute ? Ô mon Dieu ! non, non, n’en accusez que la fatalité ! » | «No la olvidaré, puede estar segura, y siempre le profesaré un profundo afecto; pero un dia, tarde o temprano, este ardor, tal es el destino de las cosas humanas, habría disminuido, sin duda. Nos habríamos hastiado, y quién sabe incluso si yo no hubiera tenido el tremendo dolor de asistir a sus remordimientos y de participar yo mismo en ellos, pues habría sido el responsable. Sólo pensar en sus sufrimientos me tortura. ¡Emma! ¡Olvídeme! ¿:Por qué tuve que conocerla? ¿:Es culpa mía? ¡Oh, Dios mío!, ¡no, no, no culpe de ello más que a la fatalidad!» |
— Voilà un mot qui fait toujours de l’effet, se dit-il. | «He aquí una palabra que siempre hace efecto se dijo.» |
« Ah ! si vous eussiez été une de ces femmes au cœur frivole comme on en voit, certes, j’aurais pu, par égoïsme, tenter une expérience alors sans danger pour vous. Mais cette exaltation délicieuse, qui fait à la fois votre charme et votre tourment, vous a empêchée de comprendre, adorable femme que vous êtes, la fausseté de notre position future. Moi non plus, je n’y avais pas réfléchi d’abord, et je me reposais à l’ombre de ce bonheur idéal, comme à celle du mancenillier, sans prévoir les conséquences. » | «¡Ah!, si hubiera sido una de esas mujeres de corazón frívolo como tantas se ven, yo habría podido, por egoísmo, intentar una experiencia entonces sin peligro para usted. Pero esta exaltación deliciosa, que es a la vez su encanto y su tormento, le ha impedido comprender, adorable mujer, la falsedad de nuestra posición futura. Yo tampoco había reflexionado al principio, y descansaba a la sombra de esa felicidad ideal, como a la del manzanillo, sin prever las consecuencias.» |
— Elle va peut-être croire que c’est par avarice que j’y renonce… Ah ! n’importe ! tant pis, il faut en finir ! | Va quizá a sospechar se dijo que es mi avaricia lo que me hace renunciar... ¡Ah!, ¡no importa!, ¡lo siento, hay que terminar!: |
« Le monde est cruel, Emma. Partout où nous eussions été, il nous aurait poursuivis. Il vous aurait fallu subir les questions indiscrètes, la calomnie, le dédain, l’outrage peut-être. L’outrage à vous ! Oh !… Et moi qui voudrais vous faire asseoir sur un trône ! moi qui emporte votre pensée comme un talisman ! Car je me punis par l’exil de tout le mal que je vous ai fait. Je pars. Où ? Je n’en sais rien, je suis fou ! Adieu ! Soyez toujours bonne ! Conservez le souvenir du malheureux qui vous a perdue. Apprenez mon nom à votre enfant, qu’il le redise dans ses prières. » | «El mundo es cruel, Emma. Donde quiera que estuviésemos nos habría perseguido. Tendría que soportar las preguntas indiscretas, la calumnia, el desdén, el ultraje tal vez. ¡Usted ultrajada!, ¡oh!... ¡Y yo que la quería sentar en un trono!, ¡yo que llevo su imagen como un talismán! Porque yo me castigo con el destierro por todo el mal que le he hecho. Me marcho. ¿:Adónde? No lo sé, ¡estoy loco! ¡Adiós! ¡Sea siempre buena! Guarde el recuerdo del desgraciado que la ha perdido. Enseñe mi nombre a su hija para que lo invoque en sus oraciones.» |
La mèche des deux bougies tremblait. Rodolphe se leva pour aller fermer la fenêtre, et, quand il se fut rassis : | El pábilo de las dos velas temblaba. Rodolfo se levantó para ir a cerrar la ventana, y cuando volvió a sentarse: |
— Il me semble que c’est tout. Ah ! encore ceci, de peur qu’elle ne vienne à me relancer : | Me parece que está todo. ¡Ah! Añadiré, para que no venga a reanimarme: |
« Je serai loin quand vous lirez ces tristes lignes ; car j’ai voulu m’enfuir au plus vite afin d’éviter la tentation de vous revoir. Pas de faiblesse ! Je reviendrai ; et peut-être que, plus tard, nous causerons ensemble très froidement de nos anciennes amours. Adieu ! » | «Estaré lejos cuando lea estas tristes líneas; pues he querido escaparme lo más pronto posible a fin de evitar la tentación de volver a verla. ¡No es debilidad! Volveré, y puede que más adelante hablemos juntos muy fríamente de nuestros antiguos amores. ¡Adiós!» |
Et il y avait un dernier adieu, séparé en deux mots : À Dieu ! ce qu’il jugeait d’un excellent goût. | Y había un último adiós, separado en dos palabras: «¡A Dios!», lo cual juzgaba de muy buen gusto. |
— Comment vais-je signer, maintenant ? se dit-il. Votre tout dévoué ?… Non. Votre ami ?… Oui, c’est cela. | ¿:Cómo voy a firmar, ahora? se dijo . ¿:Su siempre fíel? ¿:Su amigo? Sí, eso es: |
« Votre ami. » | «Su amigo.» |
Il relut sa lettre. Elle lui parut bonne. | Rodolfo releyó la carta. la encontró bien. |
— Pauvre petite femme ! pensa-t-il avec attendrissement. Elle va me croire plus insensible qu’un roc ; il eût fallu quelques larmes là-dessus ; mais, moi, je ne peux pas pleurer ; ce n’est pas ma faute. Alors, s’étant versé de l’eau dans un verre, Rodolphe y trempa son doigt et il laissa tomber de haut une grosse goutte, qui fit une tache pâle sur l’encre ; puis, cherchant à cacheter la lettre, le cachet Amor nel cor se rencontra. | «¡Pobrecilla chica! pensó enternecido . Va a creerse más insensible que una roca; habrían hecho falta aquí unas lágrimas; pero no puedo llorar; no es mía la culpa.» Y echando agua en un vaso, Rodolfo mojó en ella su dedo y dejó caer desde arriba una gruesa gota, que hizo una mancha pálida sobre la tinta; después, tratando de cerrar la carta, encontró el sello Amor nel cor. |
— Cela ne va guère à la circonstance… Ah bah ! n’importe ! | Esto no pega en este momento... ¡Bah!, ¡no importa! |
Après quoi, il fuma trois pipes et s’alla coucher. | Después de lo cual, fumó tres pipas y fue a acostarse. |
Le lendemain, quand il fut debout (vers deux heures environ, il avait dormi tard), Rodolphe se fit cueillir une corbeille d’abricots. Il disposa la lettre dans le fond, sous des feuilles de vigne, et ordonna tout de suite à Girard, son valet de charrue, de porter cela délicatement chez Mme Bovary. Il se servait de ce moyen pour correspondre avec elle, lui envoyant, selon la saison, des fruits ou du gibier. | Al día siguiente, cuando se levantó, alrededor de las dos (se había quedado dormido muy tarde), Rodolfo fue a recoger una cestilla de albaricoques, puso la carta en el fondo debajo de hojas de parra, y ordenó enseguida a Girard, su gañán, que la llevase delicadamente. Se servía de este medio para corresponder con ella, enviándole, según la temporada, fruta o caza. |
— Si elle te demande de mes nouvelles, dit-il, tu répondras que je suis parti en voyage. Il faut remettre le panier à elle-même, en mains propres… Va, et prends garde ! | Si le pide noticias mías le dijo , contestarás que he salido de viaje. Hay que entregarle el cestillo a ella misma, en sus propias manos... ¡Vete con cuidado! |
Girard passa sa blouse neuve, noua son mouchoir autour des abricots, et marchant à grands pas lourds dans ses grosses galoches ferrées, prit tranquillement le chemin d’Yonville. | Girard se puso su blusa nueva, ató su pañuelo alrededor de los albaricoques, y caminando a grandes pasos con sus grandes zuecos herrados, tomó tranquilamente el camino de Yonville. |
Mme Bovary, quand il arriva chez elle, arrangeait avec Félicité, sur la table de la cuisine, un paquet de linge. | Madame Bovary, cuando él llegó a casa, estaba preparando con Felicidad, en la mesa de la cocina, un paquete de ropa. |
— Voilà, dit le valet, ce que notre maître vous envoie. | Aquí tiene dijo el gañán lo que le manda nuestro amo. |
Elle fut saisie d’une appréhension, et, tout en cherchant quelque monnaie dans sa poche, elle considérait le paysan d’un œil hagard, tandis qu’il la regardait lui-même avec ébahissement, ne comprenant pas qu’un pareil cadeau pût tant émouvoir quelqu’un. Enfin il sortit. Félicité restait. Elle n’y tenait plus, elle courut dans la salle comme pour y porter les abricots, renversa le panier, arracha les feuilles, trouva la lettre, l’ouvrit, et, comme s’il y avait eu derrière elle un effroyable incendie, Emma se mit à fuir vers sa chambre, tout épouvantée. | Ella fue presa de una corazonada, y, al tiempo que buscaba una moneda en su bolsillo, miraba al campesino con ojos huraños, mientras que él mismo la miraba con estupefacción, no comprendiendo que semejante regalo pudiese conmocionar tanto a alguien. Por fin se marchó. Felicidad quedaba a11í. Emma no aguantaba más, corrió a la sala como para dejar a11í los albaricoques, vació el cestillo, arrancó las hojas, encontró la carta, la abrió y, como si hubiera habido detrás de ella un terrible incendio, Emma empezó a escapar hacia su habitación, toda asustada. |
Charles y était, elle l’aperçut ; il lui parla, elle n’entendit rien, et elle continua vivement à monter les marches ; haletante, éperdue, ivre, et toujours tenant cette horrible feuille de papier, qui lui claquait dans les doigts comme une plaque de tôle. Au second étage, elle s’arrêta devant la porte du grenier, qui était fermée. | Carlos estaba allí, ella se dio cuenta; él le habló, Emma no oía nada, y siguió deprisa subiendo las escaleras, jadeante, loca, y manteniendo aquella horrible hoja de papel, que le crujía entre los dedos como si fuese de hojalata. En el segundo piso se paró ante la puerta del desván que estaba cerrada. |
Alors elle voulut se calmer ; elle se rappela la lettre ; il fallait la finir, elle n’osait pas. D’ailleurs, où ? comment ? on la verrait. | Entonces quiso calmarse; se acordó de la carta, había que terminarla, no se atrevió. Además, ¿:dónde?, ¿:cómo?, la verían. |
— Ah ! non, ici, pensa-t-elle, je serai bien. | «¡Ah!, no, aquí pensó ella estaré bien.» |
Emma poussa la porte et entra. | Emma empujó la puerta y entró. |
Les ardoises laissaient tomber d’aplomb une chaleur lourde, qui lui serrait les tempes et l’étouffait ; elle se traîna jusqu’à la mansarde close, dont elle tira le verrou, et la lumière éblouissante jaillit d’un bond. | Las pizarras del tejado dejaban caer a plomo un calor pesado, que le apretaba las sienes y la ahogaba; se arrastró hasta la buhardilla cerrada, corrió el cerrojo y de golpe brotó una luz deslumbrante. |
En face, par-dessus les toits, la pleine campagne s’étalait à perte de vue. En bas, sous elle, la place du village était vide ; les cailloux du trottoir scintillaient, les girouettes des maisons se tenaient immobiles ; au coin de la rue, il partit d’un étage inférieur une sorte de ronflement à modulations stridentes. C’était Binet qui tournait. | Enfrente, por encima de los tejados, se extendía el campo libre hasta perderse de vista, las piedras de la acera brillaban, las veletas de las casas se mantenían inmóviles; en la esquina de la calle salía de un piso inferior una especie de ronquido con modulaciones estridentes. Era Binet que trabajaba con el torno. |
Elle s’était appuyée contre l’embrasure de la mansarde, et elle relisait la lettre avec des ricanements de colère. Mais plus elle y fixait d’attention, plus ses idées se confondaient. Elle le revoyait, elle l’entendait, elle l’entourait de ses deux bras ; et des battements de cœur, qui la frappaient sous la poitrine comme à grands coups de bélier, s’accéléraient l’un après l’autre, à intermittences inégales. Elle jetait les yeux tout autour d’elle avec l’envie que la terre croulât. Pourquoi n’en pas finir ? Qui la retenait donc ? Elle était libre. Et elle s’avança, elle regarda les pavés en se disant : | Emma, apoyada en el vano de la buhardilla, releía la carta con risas de cólera. Pero cuanta mayor atención ponía en ello, más se confundían sus ideas. Le volvía a ver, le escuchaba, le estrechaba con los dos brazos; y los latidos del corazón, que la golpeaban bajo el pecho como grandes golpes de ariete, se aceleraban sin parar, a intervalos desiguales. Miraba a su alrededor con el deseo de que se abriese la tierra. ¿:Por qué no acabar de una vez? ¿:Quién se lo impedía? Era libre. Y se adelantó, miró al pavimento diciéndose: |
— Allons ! allons ! | ¡Vamos!, ¡vamos! |
Le rayon lumineux qui montait d’en bas directement tirait vers l’abîme le poids de son corps. Il lui semblait que le sol de la place oscillant s’élevait le long des murs, et que le plancher s’inclinait par le bout, à la manière d’un vaisseau qui tangue. Elle se tenait tout au bord, presque suspendue, entourée d’un grand espace. Le bleu du ciel l’envahissait, l’air circulait dans sa tête creuse, elle n’avait qu’à céder, qu’à se laisser prendre ; et le ronflement du tour ne discontinuait pas, comme une voix furieuse qui l’appelait. | El rayo de luz que subía directamente arrastraba hacia el abismo el peso de su cuerpo. Le parecía que el suelo de la plaza, oscilante, se elevaba a lo largo de las paredes, y que el techo de la buhardilla se inclinaba por la punta, a la manera de un barco que cabecea. Ella se mantenía justo a la orilla, casi colgada, rodeada de un gran espacio. El azul del cielo la invadía, el aire circulaba en su cabeza hueca, sólo le faltaba ceder, dejarse llevar, y el ronquido del torno no cesaba, como una voz furiosa que la llamaba. |
— Ma femme ! ma femme ! cria Charles. | ¡Mujer!, ¡mujer! gritó Carlos. |
Elle s’arrêta. | Emma se paró. |
— Où es-tu donc ? Arrive ! | Pero ¿:dónde estás? ¡Vente! |
L’idée qu’elle venait d’échapper à la mort faillit la faire s’évanouir de terreur ; elle ferma les yeux ; puis elle tressaillit au contact d’une main sur sa manche : c’était Félicité. | La idea de que acababa de escapar a la muerte estuvo a punto de hacerle desvanecerse de terror; cerró los ojos; después se estremeció al contacto de una mano en su manga; era Felicidad. |
— Monsieur vous attend, Madame ; la soupe est servie. | El señor la espera, señora; la sopa está servida. |
Et il fallut descendre ! il fallut se mettre à table ! | ¡Y hubo que bajar!, ¡y hubo que sentarse a la mesa! |
Elle essaya de manger. Les morceaux l’étouffaient. Alors elle déplia sa serviette comme pour en examiner les reprises et voulut réellement s’appliquer à ce travail, compter les fils de la toile. Tout à coup, le souvenir de la lettre lui revint. L’avait-elle donc perdue ? Où la retrouver ? Mais elle éprouvait une telle lassitude dans l’esprit, que jamais elle ne put inventer un prétexte à sortir de table. Puis elle était devenue lâche ; elle avait peur de Charles ; il savait tout, c’était sûr ! En effet, il prononça ces mots, singulièrement : | Intentó comer. Los bocados le ahogaban. Entonces desplegó su servilleta como para examinar los zurcidos, y quiso realmente aplicarse a ese trabajo, contar los hilos de la tela. De pronto, le asaltó el recuerdo de la carta. ¿:La había perdido? ¿:Dónde encontrarla? Pero ella sentía tal cansancio en su espíritu que no fue capaz de inventar un pretexto para levantarse de la mesa. Además se había vuelto cobarde; tenía miedo a Carlos; él lo sabía todo, seguramente. En efecto, pronunció estas palabras, de un modo especial: |
— Nous ne sommes pas près, à ce qu’il paraît, de voir M. Rodolphe. | Según parece, tardaremos en volver a ver al señor Rodolfo. |
— Qui te l’a dit ? fit-elle en tressaillant. | ¿:Quién te lo ha dicho? dijo ella sobresaltada. |
— Qui me l’a dit ? répliqua-t-il un peu surpris de ce ton brusque ; c’est Girard, que j’ai rencontré tout à l’heure à la porte du Café Français. Il est parti en voyage, ou il doit partir. | ¿:Quién me lo ha dicho? replicó él, un poco sorprendido por este tono brusco ; Girard, a quien he encontrado hace un momento a la puerta del «Café Francés». Ha salido de viaje o va a salir. |
Elle eut un sanglot. | Ella dejó escapar un sollozo. |
— Quoi donc t’étonne ? Il s’absente ainsi de temps à autre pour se distraire, et, ma foi ! je l’approuve. Quand on a de la fortune et que l’on est garçon !… Du reste, il s’amuse joliment, notre ami ! c’est un farceur. M. Langlois m’a conté… | ¿:Qué es lo que te extraña? Se ausenta así de vez en cuando para distraerse, y, ¡a fe mía!, yo lo apruebo. ¡Cuando se tiene fortuna y se está soltero!... Por lo demás, nuestro amigo se divierte a sus anchas, es un bromista. El señor Langlois me ha contado... |
Il se tut par convenance, à cause de la domestique qui entrait. | Él se calló por discreción, pues entraba la criada. |
Celle-ci replaça dans la corbeille les abricots répandus sur l’étagère ; Charles, sans remarquer la rougeur de sa femme, se les fit apporter, en prit un et mordit à même. | Felicidad volvió a poner en el cesto los albaricoques esparcidos por el aparador; Carlos, sin notar el color rojo de la cara de su mujer, pidió que se los trajeran, tomó uno y to mordió. |
— Oh ! parfait ! disait-il. Tiens, goûte. | ¡Oh!, ¡perfecto! exclamó . Toma, prueba. |
Et il tendit la corbeille, qu’elle repoussa doucement. | Y le tendió la canastilla, que ella rechazó suavemente. |
— Sens donc : quelle odeur ! fit-il en la lui passant sous le nez à plusieurs reprises. | Huele: ¡qué olor! dijo él pasándosela delante de la nariz varias veces. |
— J’étouffe ! s’écria-t-elle en se levant d’un bond. | ¡Me ahogo! exclamó ella levantándose de un salto. |
Mais, par un effort de volonté, ce spasme disparut ; puis : | Pero, por un esfuerzo de voluntad, aquel espasmo desapareció; y después. |
— Ce n’est rien ! dit-elle, ce n’est rien ! c’est nerveux ! Assieds-toi, mange ! | ¡No es nada! dijo ella , ¡no es nada!, ¡son los nervios! ¡Siéntate, come! |
Car elle redoutait qu’on ne fût à la questionner, à la soigner, qu’on ne la quittât plus. | Porque ella temía que fuesen a interrogarla, a cuidarla, a no dejarla en paz. |
Charles, pour obéir, s’était rassis, et il crachait dans sa main les noyaux des abricots, qu’il déposait ensuite dans son assiette. | Carlos, por obedecer, se había vuelto a sentar, y echaba en su mano los huesos de los albaricoques que depositaba inmediatamente en su plato. |
Tout à coup, un tilbury bleu passa au grand trot sur la place. Emma poussa un cri et tomba roide par terre, à la renverse. | De pronto, un tilburi azul pasó a trote ligero por la plaza. Emma lanzó un grito y cayó rígida al suelo, de espalda. |
En effet, Rodolphe, après bien des réflexions, s’était décidé à partir pour Rouen. Or, comme il n’y a, de la Huchette à Buchy, pas d’autre chemin que celui d’Yonville, il lui avait fallu traverser le village, et Emma l’avait reconnu à la lueur des lanternes qui coupaient comme un éclair le crépuscule. | En efecto, Rodolfo, después de muchas reflexiones, se había decidido a marcharse para Rouen. Ahora bien, como no hay, desde la Muchette a Buchy, otro camino que el de Yonville, había tenido que atravesar el pueblo, y Emma lo había reconocido a la luz de los faroles, que cortaban el crepúsculo como un relámpago. |
Le pharmacien, au tumulte qui se faisait dans la maison, s’y précipita. La table, avec toutes les assiettes, était renversée ; de la sauce, de la viande, les couteaux, la salière et l’huilier jonchaient l’appartement ; Charles appelait au secours ; Berthe, effarée, criait ; et Félicité, dont les mains tremblaient, délaçait Madame, qui avait le long du corps des mouvements convulsifs. | El farmacéutico, al oír el barullo que había en casa, salió corriendo hacia ella. La mesa, con todos los platos, se había volcado; salsa, carne, los cuchillos, el salero y la aceitera llenaban la sala; Carlos pedía socorro; Berta, asustada, gritaba; y Felicidad cuyas manos temblaban, desabrochaba a la señora, que tenía convulsiones por todo el cuerpo. |
— Je cours, dit l’apothicaire, chercher dans mon laboratoire, un peu de vinaigre aromatique. | Voy corriendo dijo el boticario a buscar a mi laboratorio un poco de vinagre aromático. |
Puis, comme elle rouvrait les yeux en respirant le flacon : | Después, viendo que Emma volvía a abrir los ojos al respirar el frasco, dijo el boticario: |
— J’en étais sûr, fit-il ; cela vous réveillerait un mort. | Estaba seguro; esto resucitaría a un muerto. |
— Parle-nous ! disait Charles, parle-nous ! Remets-toi ! C’est moi, ton Charles qui t’aime ! Me reconnais-tu ? Tiens, voilà ta petite fille : embrasse-la donc ! | ¡Háblanos! decía Carlos , ¡háblanos! ¡Vuelve en ti! ¡Soy yo, tu Carlos que te quiere! ¿:Me reconoces? Mira, aquí tienes a tu hijita: ¡bésala! |
L’enfant avançait les bras vers sa mère pour se pendre à son cou. Mais, détournant la tête, Emma dit d’une voix saccadée : | La niña tendía los brazos hacia su madre para colgarse a su cuello. Pero, volviendo la cabeza, Emma dijo con una voz entrecortada: |
— Non, non… personne ! | No, no... ¡nadie! |
Elle s’évanouit encore. On la porta sur son lit. | Y volvió a desvanecerse. La llevaron a su cama. |
Elle restait étendue, la bouche ouverte, les paupières fermées, les mains à plat, immobile, et blanche comme une statue de cire. Il sortait de ses yeux deux ruisseaux de larmes qui coulaient lentement sur l’oreiller. | Allí seguía tendida, con la boca abierta, los párpados cerrados, las palmas de las manos extendidas, inmóvil, y blanca como una estatua de cera. De sus ojos salían dos amagos de lágrimas que corrían lentamente hacia la almohada. |
Charles, debout, se tenait au fond de l’alcôve, et le pharmacien, près de lui, gardait ce silence méditatif qu’il est convenable d’avoir dans les occasions sérieuses de la vie. | Carlos permanecía en el fondo de la alcoba, y el.farmacéutico, a su lado, guardaba ese silencio meditativo que conviene tener en las ocasiones serias de la vida. |
— Rassurez-vous, dit-il en lui poussant le coude, je crois que le paroxysme est passé. | Tranquilícese le dijo dándole con el codo , creo que el paroxismo ha pasado. |
— Oui, elle repose un peu maintenant ! répondit Charles, qui la regardait dormir. Pauvre femme !… pauvre femme !… la voilà retombée ! | Sí, ahora descansa un poco respondió Carlos, que miraba cómo dormía . ¡Pobre mujer!... ¡Pobre mujerl, ha recaído. |
Alors Homais demanda comment cet accident était survenu. Charles répondit que cela l’avait saisie tout à coup, pendant qu’elle mangeait des abricots. | Entonces Homais preguntó cómo había sobrevenido este accidente. Carlos respondió que le había dado de repente, mientras comía unos albaricoques. |
— Extraordinaire !… reprit le pharmacien. Mais il se pourrait que les abricots eussent occasionné la syncope ! Il y a des natures si impressionnables à l’encontre de certaines odeurs ! et ce serait même une belle question à étudier, tant sous le rapport pathologique que sous le rapport physiologique. Les prêtres en connaissaient l’importance, eux qui ont toujours mêlé des aromates à leurs cérémonies. C’est pour vous stupéfier l’ entendement et provoquer des extases, chose d’ailleurs facile à obtenir chez les personnes du sexe, qui sont plus délicates que les autres. On en cite qui s’évanouissent à l’odeur de la corne brûlée, du pain tendre… | ¡Qué raro!. replicó el farmacéutico . Pero es posible que los albaricoques fuesen la causa de este síncope ¡Hay naturalezas tan sensibles frente a ciertos olores!, a incluso sería un buen tema de estudio, tanto en el plano patológico como en el fisiológico. Los sacerdotes conocían su importancia, ellos que siempre han mezclado aromas a sus ceremonias. Es para entorpecer el entendimiento y provocar éxtasis, cosa por otro lado fácil de obtener en las personas del sexo débil, que son más delicadas. Se habla de quienes se desmayan al olor del cuero quemado, del pan tierno... |
— Prenez garde de l’éveiller ! dit à voix basse Bovary. | ¡Cuidado, que no se despierte! dijo en voz baja Bovary. |
— Et non seulement, continua l’apothicaire, les humains sont en butte à ces anomalies, mais encore les animaux. Ainsi, vous n’êtes pas sans savoir l’effet singulièrement aphrodisiaque que produit le nepeta cataria, vulgairement appelé herbe-au-chat, sur la gent féline ; et d’autre part, pour citer un exemple que je garantis authentique, Bridoux (un de mes anciens camarades, actuellement établi rue Malpalu) possède un chien qui tombe en convulsions dès qu’on lui présente une tabatière. Souvent même il en fait l’expérience devant ses amis, à son pavillon du bois Guillaume. Croirait-on qu’un simple sternutatoire pût exercer de tels ravages dans l’organisme d’un quadrupède ? C’est extrêmement curieux, n’est-il pas vrai ? | Y no sólo continuó el boticario los humanos están expuestos a estas anomalías, sino también los animales. Así, usted no ignora el efecto singularmente afrodisiaco que produce la nepeta cataria, vulgarmente llamada hierba de gato, en los felinos; y por otra parte, para citar un ejemplo cuya autenticidad garantizo, Bridoux (uno de mis antiguos compañeros, actualmente establecido en la calle Malpalu) posee un perro al que le dan convulsiones cuando le presentan una tabaquera. Incluso hace la experiencia delante de sus amigos, en su pabellón del bosque Guillaume. ¿:Se podría creer que un simple estornutario pudiese ejercer tales efectos en el organismo de un cuadrúpedo? Es sumamente curioso, ¿:no es cierto? |
— Oui, dit Charles, qui n’écoutait pas. | Sí dijo Carlos, que no escuchaba. |
— Cela nous prouve, reprit l’autre en souriant avec un air de suffisance bénigne, les irrégularités sans nombre du système nerveux. Pour ce qui est de Madame, elle m’a toujours paru, je l’avoue, une vraie sensitive. Aussi ne vous conseillerai-je point, mon bon ami, aucun de ces prétendus remèdes qui, sous prétexte d’attaquer les symptômes, attaquent le tempérament. Non, pas de médicamentation oiseuse ! du régime, voilà tout ! des sédatifs, des émollients, des dulcifiants. Puis, ne pensez-vous pas qu’il faudrait peut-être frapper l’imagination ? | Esto nos prueba replicó el otro, sonriendo con un aire de suficiencia las innumerables irregularidades del sistema nervioso. En cuanto a la señora, siempre me ha parecido, lo confieso, una verdadera sensitiva. Por tanto, no le aconsejaré, mi buen amigo, ninguno de esos pretendidos remedios que, bajo pretexto de curar los síntomas, atacan el temperamento. No, ¡nada de medicación ociosa!, ¡régimen nada más!, sedantes, emolientes, dulcificantes. Además, ¿:no piensa usted que quizás habría que impresionar la imaginación? |
— En quoi ? comment ? dit Bovary. | ¿:En qué?, ¿:cómo? dijo Bovary. |
— Ah ! c’est là la question ! Telle est effectivement la question : That is the question ! comme je lisais dernièrement dans le journal. | ¡Ah!, ¡esta es la cuestión! Efectivamente, esa es la cuestión:That it the question, como leía yo hace poco en el periódico. |
Mais Emma, se réveillant, s’écria : | Pero Emma, despertándose, exclamó. |
— Et la lettre ? et la lettre ? | ¿:Y la carta?, ¿:y la carta? |
On crut qu’elle avait le délire ; elle l’eut à partir de minuit : une fièvre cérébrale s’était déclarée. | Creyeron que deliraba; deliró a partir de medianoche: se le había declarado una fiebre cerebral. |
Pendant quarante-trois jours, Charles ne la quitta pas. Il abandonna tous ses malades ; il ne se couchait plus, il était continuellement à lui tâter le pouls, à lui poser des sinapismes, des compresses d’eau froide. Il envoyait Justin jusqu’à Neufchâtel chercher de la glace ; la glace se fondait en route ; il le renvoyait. Il appela M. Canivet en consultation ; il fit venir de Rouen le docteur Larivière, son ancien maître ; il était désespéré. Ce qui l’effrayait le plus, c’était l’abattement d’Emma ; car elle ne parlait pas, n’entendait rien et même semblait ne point souffrir, — comme si son corps et son âme se fussent ensemble reposés de toutes leurs agitations. | Durante cuarenta y tres días Carlos no se apartó de su lado. Abandonó a todos sus enfermos; ya no se acostaba, estaba continuamente tomándole el pulso, poniéndole sinapismos, compresas de agua fría. Enviaba a Justino hasta Neufchátel a buscar hielo; el hielo se derretía en el camino; volvía a enviarlo. Llamó al señor Canivet para consulta; hizo venir de Rouen al doctor Larivière, su antiguo maestro; estaba desesperado. Lo que más le asustaba era el abatimiento de Emmá; porque no hablaba, no oía nada a incluso parecía no sufrir, como si su cuerpo y su alma hubiesen descansado juntos de todas sus agitaciones. |
Vers le milieu d’octobre, elle put se tenir assise dans son lit, avec des oreillers derrière elle. Charles pleura quand il la vit manger sa première tartine de confitures. Les forces lui revinrent ; elle se levait quelques heures pendant l’après-midi, et, un jour qu’elle se sentait mieux, il essaya de lui faire faire, à son bras, un tour de promenade dans le jardin. Le sable des allées disparaissait sous les feuilles mortes ; elle marchait pas à pas, en traînant ses pantoufles, et, s’appuyant de l’épaule contre Charles, elle continuait à sourire. | Hacia mediados de octubre pudo sentarse en la cama con unas almohadas detrás. Carlos lloró cuando le vio comer su primera rebanada de pan con mermelada. Las fuerzas le volvieron; se levantaba unas horas por la tarde, y, un día que se sentía mejor, él trató de hacerle dar un paseo por el jardín, apoyada en su brazo. La arena de los paseos desaparecía bajo las hojas caídas; caminaba paso a paso, arrastrando sus zapatillas, y, apoyándose en el hombro de Carlos, continuaba sonriendo. |
Ils allèrent ainsi jusqu’au fond, près de la terrasse. Elle se redressa lentement, se mit la main devant ses yeux, pour regarder ; elle regarda au loin, tout au loin ; mais il n’y avait à l’horizon que de grands feux d’herbe, qui fumaient sur les collines. | Fueron así hasta el fondo, cerca de la terraza. Ella se enderezó lentamente, se puso la mano delante de los ojos para mirar; miró a lo lejos, muy a to lejos; pero no había en el horizonte más que grandes hogueras de hierba que humeaban sobre las colinas. |
— Tu vas te fatiguer, ma chérie, dit Bovary. | Vas a cansarte, amor mío dijo Bovary. |
Et, la poussant doucement pour la faire entrer sous la tonnelle : | Y empujándola suavemente para hacerle entrar bajo el cenador: |
— Assieds-toi donc sur ce banc : tu seras bien. | Siéntate en ese banco, ahí estarás bien. |
— Oh ! non, pas là, pas là ! fit-elle d’une voix défaillante. | ¡Oh, no, ahí no! dijo ella con una voz desfallecida. |
Elle eut un étourdissement, et dès le soir, sa maladie recommença, avec une allure plus incertaine, il est vrai, et des caractères plus complexes. Tantôt elle souffrait au cœur, puis dans la poitrine, dans le cerveau, dans les membres ; il lui survint des vomissements où Charles crut apercevoir les premiers symptômes d’un cancer. | Tuvo un mareo, y a partir del anochecer volvió a enfermar, con unos síntomas más indefinidos ciertamente, y con caracteres más complejos. Ya le dolía el corazón, ya el pecho, la cabeza, las extremidades; le sobrevinieron vómitos en que Carlos creyó ver los primeros síntomas de un cáncer. |
Et le pauvre garçon, par là-dessus, avait des inquiétudes d’argent ! | Y, por si fuera poco, Bovary tenía apuros de dinero. |
II - XIV | II- CAPÍTULO XIV |
D’abord, il ne savait comment faire pour dédommager M. Homais de tous les médicaments pris chez lui ; et, quoiqu’il eût pu, comme médecin, ne pas les payer, néanmoins il rougissait un peu de cette obligation. Puis la dépense du ménage, à présent que la cuisinière était maîtresse, devenait effrayante ; les notes pleuvaient dans la maison ; les fournisseurs murmuraient ; M. Lheureux, surtout, le harcelait. En effet, au plus fort de la maladie d’Emma, celui-ci, profitant de la circonstance pour exagérer sa facture, avait vite apporté le manteau, le sac de nuit, deux caisses au lieu d’une, quantité d’autres choses encore. Charles eut beau dire qu’il n’en avait pas besoin, le marchand répondit arrogamment qu’on lui avait commandé tous ces articles et qu’il ne les reprendrait pas ; d’ailleurs, ce serait contrarier Madame dans sa convalescence ; Monsieur réfléchirait ; bref, il était résolu à le poursuivre en justice plutôt que d’abandonner ses droits et que d’emporter ses marchandises. Charles ordonna par la suite de les renvoyer à son magasin ; Félicité oublia ; il avait d’autres soucis ; on n’y pensa plus ; M. Lheureux revint à la charge, et, tour à tour menaçant et gémissant, manœuvra de telle façon, que Bovary finit par souscrire un billet à six mois d’échéance. Mais à peine eut-il signé ce billet, qu’une idée audacieuse lui surgit : c’était d’emprunter mille francs à M. Lheureux. Donc, il demanda, d’un air embarrassé, s’il n’y avait pas moyen de les avoir, ajoutant que ce serait pour un an et au taux que l’on voudrait. Lheureux courut à sa boutique, en rapporta les écus et dicta un autre billet, par lequel Bovary déclarait devoir payer à son ordre, le Ier septembre prochain, la somme de mille soixante et dix francs ; ce qui, avec les cent quatre-vingts déjà stipulés, faisait juste douze cent cinquante. Ainsi, prêtant à six pour cent, augmenté d’un quart de commission, et les fournitures lui rapportant un bon tiers pour le moins, cela devait, en douze mois, donner cent trente francs de bénéfice ; et il espérait que l’affaire ne s’arrêterait pas là, qu’on ne pourrait payer les billets, qu’on les renouvellerait, et que son pauvre argent, s’étant nourri chez le médecin comme dans une maison de santé, lui reviendrait, un jour, considérablement plus dodu, et gros à faire craquer le sac. | En primer lugar, no sabía cómo hacer para resarcir al señor Homais de todos los medicamentos que habían venido de su casa; y aunque hubiera podido, como médico, no pagarlos, se avergonzaba un poco de este favor. Por otro lado, el gasto de la casa, ahora que lo llevaba la cocinera, era espantoso; las cuentas llovían; los proveedores murmuraban; el señor Lheureux, sobre todo, le acosaba. En efecto, en lo más fuerte de la enfermedad de Emma, éste, aprovechándose de la circunstancia para exagerar su factura, había llevado rápidamente el abrigo, el bolso de viaje, dos baúles en vez de uno, y cantidad de cosas más. Por más que Carlos dijo que no los necesitaba, el comerciante respondió con arrogancia que no los volvía a tomar; además, esto sería contrariar a la señora en su convalecencia; el señor reflexionaría; en resumen, él estaba resuelto a demandarle antes que ceder de sus derechos y llevarse las mercancías. Carlos ordenó después, que las devolviesen a su tienda; Felicidad se olvidó; él tenía otras preocupaciones; no pensó más en ello; el señor Lheureux volvió a la carga, y, alternando amenazas con lamentaciones, maniobró de tal manera, que Bovary acabó por firmar un pagaré a seis meses de vencimiento. Pero apenas hubo firmado aquél pagaré, se le ocurrió una idea audaz: la de pedir prestados mil francos al señor Lheureux. Así pues, preguntó, en un tono un poco molesto, si no había medio de conseguirlos, añadiendo que sería por un año y al interés que le pidieran. Lheureux corrió a su tienda, trajo los escudos y dictó otro pagaré, por el cual Bovary declaraba que pagaría a su orden, el primero de septiembre próximo la cantidad de mil setenta francos; lo cual, con los ciento ochenta ya estipulados, sumaban mil doscientos cincuenta. De esta manera, prestando al seis por ciento, a lo que se sumaba un cuarto de comisión más un tercio por lo menos que le producirían las mercancías, aquella operación debía, en doce meses, dar treinta francos de beneficio; y él esperaba que el negocio no acabaría ahí, que no podrían saldar los pagarés, que los renovarían, y que su pobre dinero, alimentado en casa del médico como en una Casa de Salud, volvería un día a la suya, mucho más rollizo, y grueso hasta hacer reventar la bolsa. |
Tout, d’ailleurs, lui réussissait. Il était adjudicataire d’une fourniture de cidre pour l’hôpital de Neufchâtel ; M. Guillaumin lui promettait des actions dans les tourbières de Grumesnil, et il rêvait d’établir un nouveau service de diligences entre Argueil et Rouen, qui ne tarderait pas, sans doute, à ruiner la guimbarde du Lion d’or, et qui, marchant plus vite, étant à prix plus bas et portant plus de bagages, lui mettrait ainsi dans les mains tout le commerce d’Yonville. | Por otra parte, todo le salía bien. Era adjudicatorio de un suministro de sidra para el hospital de Neufchâtel; el señor Guillaumin le prometía acciones en las turberas de Grumesnil, y soñaba con establecer un nuevo servicio de diligencias entre Argueil y Rouen, que no tardaría, sin duda, en arruinar el carricoche del «Lion d′Or», y que, al ser más rápida, más barata y llevando más equipajes, pondría en sus manos todo el comercio de Yonville. |
Charles se demanda plusieurs fois par quel moyen, l’année prochaine, pouvoir rembourser tant d’argent ; et il cherchait, imaginait des expédients, comme de recourir à son père ou de vendre quelque chose. Mais son père serait sourd, et il n’avait, lui, rien à vendre. Alors il découvrait de tels embarras, qu’il écartait vite de sa conscience un sujet de méditation aussi désagréable. Il se reprochait d’en oublier Emma ; comme si, toutes ses pensées appartenant à cette femme, c’eût été lui dérober quelque chose que de n’y pas continuellement réfléchir. | Carlos se preguntó varias veces por qué medio, el año próximo, podría pagar tanto dinero; y buscaba, imaginaba expedientes, como el de recurrir a su padre o vender algo. Pero su progenitor haría oídos sordos, y él, por su parte, no tenía nada que vender. Cuando pensabá en tales problemas, alejaba enseguida de sí un tema de meditación tan desagradable. Se acusaba de olvidarse de Emma; como si perteneciendo todos sus pensamientos a su mujer, hubiese sido usurparle algo el no pensar continuamente en ella. |
L’hiver fut rude. La convalescence de Madame fut longue. Quand il faisait beau, on la poussait dans son fauteuil auprès de la fenêtre, celle qui regardait la place ; car elle avait maintenant le jardin en antipathie, et la persienne de ce côté restait constamment fermée. Elle voulut que l’on vendît le cheval ; ce qu’elle aimait autrefois, à présent lui déplaisait. Toutes ses idées paraissaient se borner au soin d’elle-même. Elle restait dans son lit à faire de petites collations, sonnait sa domestique pour s’informer de ses tisanes ou pour causer avec elle. Cependant la neige sur le toit des halles jetait dans la chambre un reflet blanc, immobile ; ensuite ce fut la pluie qui tombait. Et Emma quotidiennement attendait, avec une sorte d’anxiété, l’infaillible retour d’événements minimes, qui pourtant ne lui importaient guère. Le plus considérable était, le soir, l’arrivée de l’Hirondelle. Alors l’aubergiste criait et d’autres voix répondaient, tandis que le falot d’Hippolyte, qui cherchait des coffres sur la bâche, faisait comme une étoile dans l’obscurité. À midi, Charles rentrait ; ensuite il sortait ; puis elle prenait un bouillon, et, vers cinq heures, à la tombée du jour, les enfants qui s’en revenaient de la classe, traînant leurs sabots sur le trottoir, frappaient tous avec leurs règles la cliquette des auvents, les uns après les autres. | El invierno fue rudo. La convalecencia de la señora fue larga. Cuando hacía bueno, la llevaban en su sillón al lado de la ventana, la que daba a la plaza, pues seguía manteniendo su rechazo a la huerta, y la persiana de este lado estaba constantemente cerrada. Ella quería que vendiesen el caballo; lo que antes amaba ahora le desagradaba. Todas sus ideas parecían limitarse al cuidado de sí misma. Permanecía en cama tomando pequeñas colaciones, llamaba a su criada para preguntarle por las tisanas o para charlar con ella. Entre tanto la nieve caída sobre el tejado del mercado proyectaba en la habitación un reflejo blanco, inmóvil; luego vinieron las lluvias. Y Emma esperaba todos los días, con una especie de ansiedad, la infalible repetición de acontecimientos mínimos que, sin embargo, apenas le importaban. El más destacado era, por la noche, la llegada de «La Golondrina». Entonces la hostelera gritaba y otras voces le respondían, mientras que el farol de mano de Hipólito, que buscaba baúles en la baca, hacía de estrella en la oscuridad. A mediodía, regresaba Carlos. Después salía; luego ella tomaba un caldo, y, hacia las cinco, a la caída de la tarde, los niños que volvían de clase, arrastrando sus zuecos por la acera, golpeaban todos con sus reglas la aldaba de los postigos, unos detrás de otros. |
C’était à cette heure-là que M. Bournisien venait la voir. Il s’enquérait de sa santé, lui apportait des nouvelles et l’exhortait à la religion dans un petit bavardage câlin qui ne manquait pas d’agrément. La vue seule de sa soutane la réconfortait. | A esa hora iba a visitarla el párroco, señor Bournisien. Le preguntaba por su salud, le traía noticias y le hacía exhortaciones religiosas en una pequeña charla mimosa no exenta de atractivo. La simple presencia de la sotana bastaba para reconfortarla. |
Un jour qu’au plus fort de sa maladie elle s’était crue agonisante, elle avait demandé la communion ; et, à mesure que l’on faisait dans sa chambre les préparatifs pour le sacrement, que l’on disposait en autel la commode encombrée de sirops et que Félicité semait par terre des fleurs de dahlia, Emma sentait quelque chose de fort passant sur elle, qui la débarrassait de ses douleurs, de toute perception, de tout sentiment. Sa chair allégée ne pesait plus, une autre vie commençait ; il lui sembla que son être, montant vers Dieu, allait s’anéantir dans cet amour comme un encens allumé qui se dissipe en vapeur. On aspergea d’eau bénite les draps du lit ; le prêtre retira du saint ciboire la blanche hostie ; et ce fut en défaillant d’une joie céleste qu’elle avança les lèvres pour accepter le corps du Sauveur qui se présentait. Les rideaux de son alcôve se gonflaient mollement, autour d’elle, en façon de nuées, et les rayons des deux cierges brûlant sur la commode lui parurent être des gloires éblouissantes. Alors elle laissa retomber sa tête, croyant entendre dans les espaces le chant des harpes séraphiques et apercevoir en un ciel d’azur, sur un trône d’or, au milieu des saints tenant des palmes vertes, Dieu le Père tout éclatant de majesté, et qui d’un signe faisait descendre vers la terre des anges aux ailes de flamme pour l’emporter dans leurs bras. | Un día en que, en lo más agudo de su enfermedad, se había creído agonizante, pidió la comunión y a medida que se hacían en su habitación los preparativos para el sacramento, se transformaba en altar la cómoda llena de jarabes y Felicidad alfombraba el suelo con dalias, Emma sintió que algo fuerte pasaba por ella, que le liberaba de sus dolores, de toda percepción, de todo sentimiento. Su carne aliviada, ya no pesaba, empezaba una vida diferente; le pareció que su ser, subiendo hacia Dios, iba a anonadarse en aquel amor como un incienso encendido que se disipa en vapor. Rociaron de agua bendita las sábanas; el sacerdote sacó del copón la blanca hostia, y desfalleciendo de un gozo celestial, Emma adelantó sus labios para recibir el cuerpo del Salvador que se ofrecía. Las cortinas de su alcoba se ahuecaban suavemente alrededor de ella, en forma de nubes, y las llamas de las dos velas que ardían sobre la cómoda le parecieron glorias resplandecientes. Entonces dejó caer la cabeza, creyendo oír en los espacios la música de las arpas seráficas y percibir en un cielo de azur, en un trono dorado, en medio de los santos que sostenían palmas verdes, al Dios Padre todo resplandeciente de majestad, que con una señal hacía bajar hacia la tierra ángeles con las alas de fuego para llevársela en sus brazos. |
Cette vision splendide demeura dans sa mémoire comme la chose la plus belle qu’il fût possible de rêver ; si bien qu’à présent elle s’efforçait d’en ressaisir la sensation, qui continuait cependant, mais d’une manière moins exclusive et avec une douceur aussi profonde. Son âme, courbatue d’orgueil, se reposait enfin dans l’humilité chrétienne ; et, savourant le plaisir d’être faible, Emma contemplait en elle-même la destruction de sa volonté, qui devait faire aux envahissements de la grâce une large entrée. Il existait donc à la place du bonheur des félicités plus grandes, un autre amour au-dessus de tous les amours, sans intermittence ni fin, et qui s’accroîtrait éternellement ! Elle entrevit, parmi les illusions de son espoir, un état de pureté flottant au-dessus de la terre, se confondant avec le ciel, et où elle aspira d’être. Elle voulut devenir une sainte. Elle acheta des chapelets, elle porta des amulettes ; elle souhaitait avoir dans sa chambre, au chevet de sa couche, un reliquaire enchâssé d’émeraudes, pour le baiser tous les soirs. | Esta visión espléndida quedó en su memoria como la cosa más bella que fuese posible soñar; de tal modo que ahora se esforzaba en evocar aquella sensación, que continuaba a pesar de todo, pero de una manera menos exclusiva y con una dulzura igualmente profunda. Su alma, cansada de orgullo, descansaba por fin en la humildad cristiana, y, saboreando el placer de ser débil, Emma contemplaba en sí misma la destrucción de su voluntad, que iba a dispensar una amplia acogida a la llamada de la gracia. Existían, por tanto, en lugar de la dicha terrena, otras felicidades mayores, otro amor por encima de todos los amores, sin intermitencia ni fin, y que crecería eternamente. Ella entrevió, entre las ilusiones de su esperanza, un estado de pureza flotando por encima de la tierra, confundiéndose con el cielo, al que aspiraba a llegar. Quiso ser una santa. Compró rosarios, se puso amuletos; suspiraba por tener en su habitación, a la cabecera de su cama, un relicario engarzado de esmeraldas, para besarlo todas las noches. |
Le Curé s’émerveillait de ces dispositions, bien que la religion d’Emma, trouvait-il, pût, à force de ferveur, finir par friser l’hérésie et même l’extravagance. Mais, n’étant pas très versé dans ces matières sitôt qu’elles dépassaient une certaine mesure, il écrivit à M. Boulard, libraire de Monseigneur, de lui envoyer quelque chose de fameux pour une personne du sexe, qui était pleine d’esprit. Le libraire, avec autant d’indifférence que s’il eût expédié de la quincaillerie à des nègres, vous emballa pêle-mêle tout ce qui avait cours pour lors dans le négoce des livres pieux. C’étaient de petits manuels par demandes et par réponses, des pamphlets d’un ton rogue dans la manière de M. de Maistre, et des espèces de romans à cartonnage rose et à style douceâtre, fabriqués par des séminaristes troubadours ou des bas bleus repenties. Il y avait le Pensez-y bien ; l’Homme du monde aux pieds de Marie, par M. de ***, décoré de plusieurs ordres ; des Erreurs de Voltaire, à l’usage des jeunes gens, etc. | El cura se maravillaba de todas estas disposiciones, aunque la religión de Emma, creía él, pudiese, a fuerza de fervor, acabar por rozar la herejía a incluso la extravagancia. Pero, no estando muy versado en estas materias, tan pronto como sobrepasaron cierta medida, escribió al señor Boulard, librero de Monseñor, para que le enviase algo muy selecto para una persona del sexo femenino, de mucho talento. El librero, con la misma indiferencia que si hubiera enviado quincalla a negros, le embaló un batiburrillo de todo lo que de libros piadosos circulaba en el mercado. Eran pequeños manuales con preguntas y respuestas, panfletos de un tono arrogante en el estilo del de Maistre(1), especie de novela: ,encuadernadas en cartoné rosa, y de estilo dulzón, escritas por seminaristas trovadores o por pedantes arrepentidos. Había allí el Piense bien en esto; El hombre mundano a los pies de María, por el señor de..., condecorado por varias Ordenes; Errores de Voltaire, para uso de los jóvenes, etc. |
Mme Bovary n’avait pas encore l’intelligence assez nette pour s’appliquer sérieusement à n’importe quoi ; d’ailleurs, elle entreprit ces lectures avec trop de précipitation. Elle s’irrita contre les prescriptions du culte ; l’arrogance des écrits polémiques lui déplut par leur acharnement à poursuivre des gens qu’elle ne connaissait pas ; et les contes profanes relevés de religion lui parurent écrits dans une telle ignorance du monde, qu’ils l’écartèrent insensiblement des vérités dont elle attendait la preuve. Elle persista pourtant, et, lorsque le volume lui tombait des mains, elle se croyait prise par la plus fine mélancolie catholique qu’une âme éthérée pût concevoir. | Pero Madame Bovary no tenía todavía la mente bastante lúcida para dedicarse seriamente a cosa alguna; por otra parte, emprendió estas lecturas con demasiada precipitación. Se irritó contra las prescripciones del culto; la arrogancia de los escritos polémicos le desagradó por su obstinación en perseguir a gente que ella no conocía; y los cuentos profanos con mensaje religioso le parecieron escritos con tal ignorancia del mundo, que la apartaron insensiblemente de las verdades cuya prueba esperaba. Sin embargo, persistió y, cuando el libro le caía de las manos, se sentía presa de la más fina melancolía católica que un alma etérea pudiese concebir. |
Quant au souvenir de Rodolphe, elle l’avait descendu tout au fond de son cœur ; et il restait là, plus solennel et plus immobile qu’une momie de roi dans un souterrain. Une exhalaison s’échappait de ce grand amour embaumé et qui, passant à travers tout, parfumait de tendresse l’atmosphère d’immaculation où elle voulait vivre. Quand elle se mettait à genoux sur son prie-Dieu gothique, elle adressait au Seigneur les mêmes paroles de suavité qu’elle murmurait jadis à son amant, dans les épanchements de l’adultère. C’était pour faire venir la croyance ; mais aucune délectation ne descendait des cieux, et elle se relevait, les membres fatigués, avec le sentiment vague d’une immense duperie. Cette recherche, pensait-elle, n’était qu’un mérite de plus ; et dans l’orgueil de sa dévotion, Emma se comparait à ces grandes dames d’autrefois, dont elle avait rêvé la gloire sur un portrait de la Vallière, et qui, traînant avec tant de majesté la queue chamarrée de leurs longues robes, se retiraient en des solitudes pour y répandre aux pieds du Christ toutes les larmes d’un cœur que l’existence blessait. | En cuanto al recuerdo de Rodolfo, lo había sepultado en el fondo de su corazón; y allí permanecía, más solemne y más inmóvil que una momia real en un subterráneo. De aquel gran amor embalsamado se escapaba un aroma que, atravesándolo todo, perfumaba de ternura la atmósfera inmaculada en que quería vivir. Cuando se arrodillaba en su reclinatorio gótico, dirigía al Señor las mismas palabras de dulzura que antaño murmuraba a su amante en los desahogos del adulterio. Era para hacer venir la fe; peso ningún deleite bajaba de los cielos, y se levantaba con los miembros cansados, con el vago sentimiento de un inmenso engaño. Esta búsqueda, pensaba ella, no era sino un mérito más; y en el orgullo de su devoción, Emma se comparaba a esas grandes señoras de antaño, cuya gloria había soñado en un retrato de la Vallière(2), y que, arrastrando con tanta majestad la recargada cola de sus largos vestidos, se retiraban a las soledades para derramar a los pies de Cristo todas las lágrimas de su corazón herido por la existencia. |
Alors, elle se livra à des charités excessives. Elle cousait des habits pour les pauvres ; elle envoyait du bois aux femmes en couches ; et Charles, un jour en rentrant, trouva dans la cuisine trois vauriens attablés qui mangeaient un potage. Elle fit revenir à la maison sa petite fille, que son mari, durant sa maladie, avait renvoyée chez la nourrice. Elle voulut lui apprendre à lire ; Berthe avait beau pleurer, elle ne s’irritait plus. C’était un parti pris de résignation, une indulgence universelle. Son langage, à propos de tout, était plein d’expressions idéales. Elle disait à son enfant : | Entonces, se entregó a caridades excesivas. Cosía trajes para los pobres; enviaba leña a las mujeres de parto; y Carlos, un día al volver a casa, encontró en la cocina a tres golfillos sentados a la mesa tomándose una sopa. Mandó que le trajeran a casa a su hijita, a la que su marido, durante su enfermedad, había enviado de nuevo a casa de la nodriza. Quiso enseñarle a leer; por más que Berta lloraba, ella no se irritaba. Había adoptado una actitud de resignación, una indulgencia universal. Su lenguaje, a propósito de todo, estaba lleno de expresiones ideales. Le decía a su niña: |
— Ta colique est-elle passée, mon ange ? | ¿:Se te ha pasado el cólico, ángel mío? |
Mme Bovary mère ne trouvait rien à blâmer, sauf peut-être cette manie de tricoter des camisoles pour les orphelins, au lieu de raccommoder ses torchons. Mais, harassée de querelles domestiques, la bonne femme se plaisait en cette maison tranquille, et même elle y demeura jusques après Pâques, afin d’éviter les sarcasmes du père Bovary, qui ne manquait pas, tous les vendredis saints, de se commander une andouille. | La señora Bovary madre no encontraba nada que censurar, salvo quizás aquella manía de calcetar prendas para los huérfanos en vez de remendar sus trapos. Pero abrumada por las querellas domésticas, la buena mujer se encontraba a gusto en aquella casa tranquila, a incluso se quedó allí hasta después de Pascua, a fin de evitar los sarcasmos de Bovary padre, que no dejaba nunca de encargar un embutido el día de Viernes Santo. |
Outre la compagnie de sa belle-mère, qui la raffermissait un peu par sa rectitude de jugement et ses façons graves, Emma, presque tous les jours, avait encore d’autres sociétés. C’était Mme Langlois, Mme Caron, Mme Dubreuil, Mme Tuvache et, régulièrement, de deux à cinq heures, l’excellente Mme Homais, qui n’avait jamais voulu croire, celle-là, à aucun des cancans que l’on débitait sur sa voisine. Les petits Homais aussi venaient la voir ; Justin les accompagnait. Il montait avec eux dans la chambre, et il restait debout près de la porte, immobile, sans parler. Souvent même, Mme Bovary, n’y prenant garde, se mettait à sa toilette. Elle commençait par retirer son peigne, en secouant sa tête d’un mouvement brusque ; et, quand il aperçut la première fois cette chevelure entière qui descendait jusqu’aux jarrets en déroulant ses anneaux noirs, ce fut pour lui, le pauvre enfant, comme l’entrée subite dans quelque chose d’extraordinaire et de nouveau dont la splendeur l’effraya. | Además de la compañía de su suegra, que la fortalecía un poco por su rectitud de juicio y sus maneras graves, Emma tenía casi todos los días otras compañías. Eran la señora Langlois, la señora Caron, la señora Dubreuil, la señora Tuvache y, regularmente, de dos a cinco, a la excelente señora Homais, que nunca había querido creer en ninguno de los chismes que contaban de su vecina. También iban a verla los pequeños Homais; los acompañaba Justino. Subía con ellos a la habitación y permanecía de pie cerca de la puerta, inmóvil, sin hablar. A menudo, incluso, Madame Bovary, sin preocuparse de su presencia, empezaba a arreglarse. Comenzaba por quitarse su peineta sacudiendo la cabeza con un movimiento brusco; cuando Justino vio por primers vez aquella cabellera suelta, que le llegaba hasta las corvas, desplegando sus negros rizos, fue para él, pobre infeliz, como la entrada súbita en algo extraordinario y nuevo cuyo esplendor le asustó. |
Emma, sans doute, ne remarquait pas ses empressements silencieux ni ses timidités. Elle ne se doutait point que l’amour, disparu de sa vie, palpitait là, près d’elle, sous cette chemise de grosse toile, dans ce cœur d’adolescent ouvert aux émanations de sa beauté. Du reste, elle enveloppait tout maintenant d’une telle indifférence, elle avait des paroles si affectueuses et des regards si hautains, des façons si diverses, que l’on ne distinguait plus l’égoïsme de la charité, ni la corruption de la vertu. Un soir, par exemple, elle s’emporta contre sa domestique, qui lui demandait à sortir et balbutiait en cherchant un prétexte, puis tout à coup : | Ernma, sin duda, no se daba cuenta de aquellas complacencias silenciosas ni de sus timideces. No sospechaba que el amor, desaparecido de su vida, palpitaba a11í, cerca de ella, bajo aquella camisa de tela burda, en aquel corazón de adolescente abierto a las emanaciones dè su belleza. Por lo demás, ahora rodeaba todo de tal indiferencia, tenía palabras tan afectuosas y miradas tan altivas, modales tan diversos, que ya no se distinguía el egoísmo de la caridad, ni la corrupción de la virtud. Una tarde, por ejemplo, se irritó con su criada, que deseaba salir y balbuceaba buscando un pretexto: |
— Tu l’aimes donc ? dit-elle. | ¿:Tú le quieres? le dijo. |
Et, sans attendre la réponse de Félicité, qui rougissait elle ajouta d’un air triste : | Y sin esperar la respuesta de Felicidad, que se ponía colorada, añadió con un tono triste: |
— Allons, cours-y ! amuse-toi ! | ¡Vamos, corre!, ¡diviértete! |
Elle fit, au commencement du printemps, bouleverser le jardin d’un bout à l’autre, malgré les observations de Bovary ; il fut heureux, cependant, de lui voir enfin manifester une volonté quelconque. Elle en témoigna davantage à mesure qu’elle se rétablissait. D’abord, elle trouva moyen d’expulser la mère Rolet, la nourrice, qui avait pris l’habitude, pendant sa convalescence, de venir trop souvent à la cuisine avec ses deux nourrissons et son pensionnaire, plus endenté qu’un cannibale. Puis elle se dégagea de la famille Homais, congédia successivement toutes les autres visites et même fréquenta l’église avec moins d’assiduité, à la grande approbation de l’apothicaire, qui lui dit alors amicalement : | Al comienzo de la primavera hizo cambiar totalmente la huerta de un extremo a otro, a pesar de las observaciones de Bovary; él se alegró, sin embargo, de verla, por fin, manifestar un deseo, cualquiera que fuese. A medida que se restablecía, manifestó otros. Primeramente buscó la manera de expulsar a la tía Rolet, la nodriza, que había tomado la costumbre durante su convalecencia de venir con demasiada frecuencia a la cocina con sus dos niños de pecho y su huésped con más hambre que un caníbal. Después se deshizo de la familia Homais, despidió sucesivamente a las demás visitas a incluso frecuentó la iglesia con menos asiduidad, con gran aplauso del boticario que le dijo entonces amistosamente: |
— Vous donniez un peu dans la calotte ! | Se estaba usted haciendo un poco beata. |
M. Bournisien, comme autrefois, survenait tous les jours, en sortant du catéchisme. Il préférait rester dehors, à prendre l’air au milieu du bocage, il appelait ainsi la tonnelle. C’était l’heure où Charles rentrait. Ils avaient chaud ; on apportait du cidre doux, et ils buvaient ensemble au complet rétablissement de Madame. | El señor Bournisien, como antaño, aparecía todos los días al salir del catecismo. Prefería quedarse fuera a tomar el aire en medio de la enramada, así llamaba a la glorieta. Era la hora en que volvía Carlos. Tenían calor, traían sidra dulce y bebían juntos por el total restablecimiento de la señora. |
Binet se trouvait là, c’est-à-dire un peu plus bas, contre le mur de la terrasse, à pêcher des écrevisses. Bovary l’invitait à se rafraîchir, et il s’entendait parfaitement à déboucher les cruchons. | Allí estaba Binet, un poco más abajo, contra la tapia de la terraza, pescando cangrejos. Bovary le invitó también a tomar algo, pues era muy hábil en descorchar botellas. |
— Il faut, disait-il en promenant autour de lui et jusqu’aux extrémités du paysage un regard satisfait, tenir ainsi la bouteille d’aplomb sur la table, et, après que les ficelles sont coupées, pousser le liège à petits coups, doucement, doucement, comme on fait, d’ailleurs, à l’eau de Seltz, dans les restaurants. | Es preciso decía dirigiendo a su alrededor y hasta los extremos del paisaje una mirada de satisfacción mantener así la botella vertical sobre la mesa, y, una vez cortados los kilos, mover el corcho a vueltecitas, despacio, despacio, como se hace, por otra parte, con el agua de Seltz en los restaurantes |
Mais le cidre, pendant sa démonstration, souvent leur jaillissait en plein visage, et alors l’ecclésiastique, avec un rire opaque, ne manquait jamais cette plaisanterie : | Pero durante su demostración la sidra le saltaba a menudo en plena cara, y entonces el eclesiástico, con una risa opaca, hacía siempre este chiste: |
— Sa bonté saute aux yeux ! | ¡Su bondad salta a los ojos! |
Il était brave homme, en effet, et même, un jour, ne fut point scandalisé du pharmacien, qui conseillait à Charles, pour distraire Madame, de la mener au théâtre de Rouen voir l’illustre ténor Lagardy. Homais s’étonnant de ce silence, voulut savoir son opinion, et le prêtre déclara qu’il regardait la musique comme moins dangereuse pour les mœurs que la littérature. | En efecto, era un buen hombre, a incluso un día no se escandalizó del farmacéutico, que aconsejaba a Carlos, para distraer a la señora, que la llevase al teatro de Rouen a ver al ilustre tenor Lagardy. Homais, extrañado de aquel silencio, quiso conocer su opinión, y el cura declaró que veía la música como menos peligrosa para las costumbres que la literatura. |
Mais le pharmacien prit la défense des lettres. Le théâtre, prétendait-il, servait à fronder les préjugés, et, sous le masque du plaisir, enseignait la vertu. | Pero el farmacéutico emprendió la defensa de las letras. El teatro, pretendía, servía para criticar los prejuicios, y, bajo la máscara del placer, enseñaba la virtud. |
— Castigat ridendo mores, monsieur Bournisien ! Ainsi, regardez la plupart des tragédies de Voltaire ; elles sont semées habilement de réflexions philosophiques qui en font pour le peuple une véritable école de morale et de diplomatie. | ¡Cartigat(3) ridendo mores, señor Bournisien! Por ejemplo, fíjese en la mayor parte de las tragedias de Voltaire; están sembradas hábilmente de reflexiones filosóficas que hacen de ellas una verdadera escuela de moral y de diplomacia para el pueblo. |
— Moi, dit Binet, j’ai vu autrefois une pièce intitulée le Gamin de Paris, où l’on remarque le caractère d’un vieux général qui est vraiment tapé ! Il rembarre un fils de famille qui avait séduit une ouvrière, qui à la fin… | Yo dijo Binet vi hace tiempo una obra de teatro titulada Le Gamin de Paris, donde se traza el carácter de un viejo general que está verdaderamente chiflado. Echa una bronca a un hijo de familia que había seducido a una obrera, que al final... |
— Certainement ! continuait Homais, il y a la mauvaise littérature comme il y a la mauvaise pharmacie, mais condamner en bloc le plus important des beaux arts me paraît une balourdise, une idée gothique, digne de ces temps abominables où l’on enfermait Galilée. | ¡Ciertamente! continuaba Homais , hay mala literatura como hay mala farmacia; pero condenar en bloque la más importante de las bellas artes me parece una ligereza, una idea medieval, digna de aquellos abominables tiempos en los que se encarcelaba a Galileo. |
— Je sais bien, objecta le Curé, qu’il existe de bons ouvrages, de bons auteurs ; cependant, ne serait-ce que ces personnes de sexe différent réunies dans un appartement enchanteur, orné de pompes mondaines, et puis ces déguisements païens, ce fard, ces flambeaux, ces voix efféminées, tout cela doit finir par engendrer un certain libertinage d’esprit et vous donner des pensées déshonnêtes, des tentations impures. Telle est du moins l’opinion de tous les Pères. Enfin, ajouta-t-il en prenant subitement un ton de voix mystique, tandis qu’il roulait sur son pouce une prise de tabac, si l’Église a condamné les spectacles, c’est qu’elle avait raison ; il faut nous soumettre à ses décrets. | Ya sé objetó el cura que hay buenas obras, buenos autores; sin embargo, sólo el hecho de que esas personas de diferente sexo estén reunidas en un lugar encantador, adornado de pompas mundanas, y además esos disfraces paganos, ese maquillaje, esos candelabros, esas voces afeminadas, todo esto tiene que acabar por engendrar un cierto libertinaje de espíritu y provocar pensamientos deshonestos, tentaciones impuras. Tal es al menos la opinión de todos los Santos Padres. En fin añadió, adoptando repentinamente un tono de voz místico, mientras que daba vueltas sobre su pulgar a una toma de rapé , si la Iglesia ha condenado los espectáculos es porque tenía razón; debemos someternos a sus decretos. |
— Pourquoi, demanda l’apothicaire, excommunie-t-elle les comédiens ? car, autrefois, ils concouraient ouvertement aux cérémonies du culte. Oui, on jouait, on représentait au milieu du chœur des espèces de farces appelées mystères, dans lesquelles les lois de la décence souvent se trouvaient offensées. | ¿:Por qué preguntó el boticario excomulga a los comediantes?, pues antaño participaban abiertamente en las ceremonias del culto. Sí, representaban en medio del coro una especie de farsas llamadas misterios, en las cuales las leyes de la decencia se veían a menudo vulneradas. |
L’ecclésiastique se contenta de pousser un gémissement, et le pharmacien poursuivit : | El eclesiástico se limitó a dejar escapar una lamentación y el farmacéutico prosiguió: |
— C’est comme dans la Bible ; il y a… savez-vous…, plus d’un détail… piquant, des choses… vraiment… gaillardes ! | Es como en la Biblia; ¡hay..., sabe usted..., más de un detalle... picante, cosas... verdaderamente... atrevidas! |
Et, sur un geste d’irritation que faisait M. Bournisien : | Y a un gesto de irritación que hacía el señor Bournisien: |
— Ah ! vous conviendrez que ce n’est pas un livre à mettre entre les mains d’une jeune personne, et je serais fâché qu’Athalie… | ¡Ah!, usted convendrá conmigo que no es un libro para poner entre las manos de un joven, y me disgustaría, que Atalía... |
— Mais ce sont les protestants, et non pas nous, s’écria l’autre impatienté, qui recommandent la Bible ! | ¡Pero son los protestantes y no nosotros exclamó el otro desazonado quienes recomiendan la Biblia! |
— N’importe ! dit Homais, je m’étonne que, de nos jours, en un siècle de lumières, on s’obstine encore à proscrire un délassement intellectuel qui est inoffensif, moralisant et même hygiénique quelquefois, n’est-ce pas, docteur ? | ¡No importa! dijo Homais , me extraña que, en nuestros días, en un siglo de luces, se obstinen todavía en proscribir un solaz intelectual que es inofensivo, moralizante a incluso higiénico a veces, ¿:verdad, doctor? |
— Sans doute, répondit le médecin nonchalamment, soit que, ayant les mêmes idées, il voulût n’offenser personne, ou bien qu’il n’eût pas d’idées. | Sin duda respondió el médico en tono indolente, ya porque, pensando lo mismo, no quisiera ofender a nadie, o bien porque no pensara nada. |
La conversation semblait finie, quand le pharmacien jugea convenable de pousser une dernière botte. | La conversación parecía terminada cuando el farmacéutico juzgó conveniente lanzar una nueva pulla. |
— J’en ai connu, des prêtres, qui s’habillaient en bourgeois pour aller voir gigoter des danseuses. | He conocido a sacerdotes que se vestían de paisano para ir a ver patalear a las bailarinas. |
— Allons donc ! fit le curé. | ¡Vamos! dijo el cura. |
— Ah ! j’en ai connu ! | ¡Ah!, ¡pues los he conocido! |
Et, séparant les syllabes de sa phrase, Homais répéta : | Y separando las sílabas de su frase, Homais repitió: |
— J’en-ai-connu. | Los he co no ci do. |
— Eh bien ! ils avaient tort, dit Bournisien résigné à tout entendre. | ¡Bueno!, iban por mal camino dijo Bournisien resignado a oírlo todo. |
— Parbleu ! ils en font bien d’autres ! exclama l’apothicaire. | ¡Caramba!, ¡y aun hacen muchos otros disparates! exclamó el boticario. |
— Monsieur !… reprit l’ecclésiastique avec des yeux si farouches, que le pharmacien en fut intimidé. | ¡Señor!... replicó el eclesiástico con una mirada tan hosca, que el farmacéutico se sintió intimidado. |
— Je veux seulement dire, répliqua-t-il alors d’un ton moins brutal, que la tolérance est le plus sûr moyen d’attirer les âmes à la religion. | Sólo quiero decir replicó entonces en un tono menos brutal que la tolerancia es el medio más seguro de atraer las almas a la religión. |
— C’est vrai ! c’est vrai ! concéda le bonhomme en se rasseyant sur sa chaise. | ¡Es cierto!, ¡es cierto! concedió el bueno del cura, sentándose de nuevo en su silla. |
Mais il n’y resta que deux minutes. Puis, dès qu’il fut parti, M. Homais dit au médecin : | Pero no permaneció más que dos minutos. Después, cuando se marchó, el señor Homais le dijo al médico: |
— Voilà ce qui s’appelle une prise de bec ! Je l’ai roulé, vous avez vu, d’une manière !… Enfin, croyez-moi, conduisez Madame au spectacle, ne serait-ce que pour faire une fois dans votre vie enrager un de ces corbeaux-là, saprelotte ! Si quelqu’un pouvait me remplacer, je vous accompagnerais moi-même. Dépêchez-vous ! Lagardy ne donnera qu’une seule représentation ; il est engagé en Angleterre à des appointements considérables. C’est, à ce qu’on assure, un fameux lapin ! il roule sur l’or ! il mène avec lui trois maîtresses et son cuisinier ! Tous ces grands artistes brûlent la chandelle par les deux bouts ; il leur faut une existence dévergondée qui excite un peu l’imagination. Mais ils meurent à l’hôpital, parce qu’ils n’ont pas eu l’esprit, étant jeunes, de faire des économies. Allons, bon appétit ; à demain ! | ¡Esto es lo que se llama una agarrada! ¡Lo he arrollado, ya ha visto usted, de qué manera!... En fin, créame, lleve a su señora al espectáculo, aunque sólo sea para hacer rabiar una vez en la vida a uno de esos cuervos, ¡caramba! Si hubiera quien me sustituyera, yo mismo les acompañaría. ¡Dése prisa! Lagardy no hará más que una función, está contratado para Inglaterra con una suma considerable. Según dicen, es un pájaro de cuenta, ¡está bañado en oro!; ¡lleva consigo a tres queridas y a un cocinero! Todos estos grandes artistas tiran la casa por la ventana; necesitan llevar una vida desvergonzada que excite un poco la imaginación. Pero mueren en el hospital porque no tuvieron el sentido de ahorrar cuando eran jóvenes. Bueno, ¡que aproveche; hasta mañana! |
Cette idée de spectacle germa vite dans la tête de Bovary ; car aussitôt il en fit part à sa femme, qui refusa tout d’abord, alléguant la fatigue, le dérangement, la dépense ; mais, par extraordinaire, Charles ne céda pas, tant il jugeait cette récréation lui devoir être profitable. Il n’y voyait aucun empêchement ; sa mère leur avait expédié trois cents francs sur lesquels il ne comptait plus, les dettes courantes n’avaient rien d’énorme, et l’échéance des billets à payer au sieur Lheureux était encore si longue, qu’il n’y fallait pas songer. D’ailleurs, imaginant qu’elle y mettait de la délicatesse, Charles insista davantage ; si bien qu’elle finit, à force d’obsessions, par se décider. Et, le lendemain, à huit heures, ils s’emballèrent dans l’hirondelle. | Esta idea del espectáculo germinó pronto en la cabeza de Bovary, pues inmediatamente se lo comunicó a su mujer, quien al principio la rechazó alegando el cansancio, el trastorno, el gasto; pero, excepcionalmente, Carlos no cedió pensando en que esta diversión iba a serle tan provechosa. No veía ningún impedimento; su madre le había enviado trescientos francos con los cuales no contaba, las deudas pendientes no eran grandes, y el vencimiento de los pagarés al señor Lheureux estaba todavía tan lejos que no había que pensar en ello. Por otra parte, imaginando que ella tenía escrúpulos, Carlos insistió más; de manera que ella acabó, a fuerza de insistencia, por decidirse. Y al día siguiente, a las ocho, se embarcaron en «La Golondrina». |
L’apothicaire, que rien ne retenait à Yonville, mais qui se croyait contraint de n’en pas bouger, soupira en les voyant partir. | El boticario, a quien nada retenía en Yonville, pero que se creía obligado a no moverse de a11í, suspiró al verles marchar. |
— Allons, bon voyage ! leur dit-il, heureux mortels que vous êtes ! | Bueno, ¡buen viaje! les dijo , ¡felices mortales! |
Puis, s’adressant à Emma, qui portait une robe de soie bleue à quatre falbalas : | Después, dirigiéndose a Emma, que llevaba un vestido de seda azul con cuatro faralaes: |
— Je vous trouve jolie comme un Amour ! Vous allez faire florès à Rouen. | ¡Está hermosa como un sol! Va a dar el golpe en Rouen. |
La diligence descendait à l’hôtel de la Croix rouge, sur la place Beauvoisine. C’était une de ces auberges comme il y en a dans tous les faubourgs de province, avec de grandes écuries et de petites chambres à coucher, où l’on voit au milieu de la cour des poules picorant l’avoine sous les cabriolets crottés des commis voyageurs ; – bons vieux gîtes à balcon de bois vermoulu qui craquent au vent dans les nuits d’hiver, continuellement pleins de monde, de vacarme et de mangeaille, dont les tables noires sont poissées par les glorias, les vitres épaisses jaunies par les mouches, les serviettes humides tachées par le vin bleu ; et qui, sentant toujours le village, comme des valets de ferme habillés en bourgeois, ont un café sur la rue, et du côté de la campagne un jardin à légumes. Charles immédiatement se mit en courses. Il confondit l’avant-scène avec les galeries, le parquet avec les loges, demanda des explications, ne les comprit pas, fut renvoyé du contrôleur au directeur, revint à l’auberge, retourna au bureau, et, plusieurs fois ainsi, arpenta toute la longueur de la ville, depuis le théâtre jusqu’au boulevard. | La diligencia bajaba al hotel de la «Croix Rouge» en la plaza Beauvoisine. Era una de esas posadas que hay en los arrabales provincianos, con grandes caballerizas y pequeños cuartos para dormir, donde se ven en medio del patio gallinas picoteando la avena bajo los cabriolés llenos de barro de los viajantes de comercio; buenos viejos albergues, con balcón de madera carcomida, que crujen al viento en las noches de invierno, siempre llenos de gente, de barullo y de comida, con mesas negras embadurnadas de té o café con aguardiente, con gruesos cristales amarillos para las moscas, y servilletas húmedas manchadas de vino tinto, y que, oliendo siempre a pueblo, como gañanes vestidos de burgueses, tienen un café a la calle, y por la pane del campo, una huerta de verduras. Carlos se puso inmediatamente en movimiento. Confundió el proscenio con las galerías, el patio de butacas con los palcos; anduvo del acomodador al director, regresó a la posada, volvió al despacho, y varias veces así, recorrió la ciudad a todo lo largo, desde el teatro hasta el bulevar. |
Madame s’acheta un chapeau, des gants, un bouquet. Monsieur craignait beaucoup de manquer le commencement ; et, sans avoir eu le temps d’avaler un bouillon, ils se présentèrent devant les portes du théâtre, qui étaient encore fermées. | Madame Bovary compró un sombrero, unos guantes, un ramillete de flores. El doctor temía mucho perder el comienzo; y sin haber tenido tiempo de tomar un caldo, se presentaron a las puertas del teatro, que todavía estaban cerradas. |
II - XV | II- CAPÍTULO XV |
LA foule stationnait contre le mur, parquée symétriquement entre des balustrades. À l’angle des rues voisines, de gigantesques affiches répétaient en caractères baroques : « Lucie de Lamermoor… Lagardy… Opéra…, etc. » Il faisait beau ; on avait chaud ; la sueur coulait dans les frisures, tous les mouchoirs tirés épongeaient les fronts rouges ; et parfois un vent tiède, qui soufflait de la rivière, agitait mollement la bordure des tentes en coutil suspendues à la porte des estaminets. Un peu plus bas, cependant, on était rafraîchi par un courant d’air glacial qui sentait le suif, le cuir et l’huile. C’était l’exhalaison de la rue des Charrettes, pleine de grands magasins noirs où l’on roule des barriques. | EL público esperaba a lo largo de la pared, colocado simétricamente entre unas barandillas. En la esquina de las calles vecinas, gigantescos carteles anunciaban en caracteres barrocos: Lucía de Lammermoor.. Lagardy... Ópera..., etc. Hacía buen tiempo; tenían calor; el sudor corría entre los rizos, todo el mundo sacaba los pañuelos para secarse las frentes enrojecidas; y a veces un viento tibio, que soplaba del río, agitaba suavemente los rebordes de los toldos de cutí(1) que colgaban a la puerta de los cafetines. Un poco más abajo, sin embargo, se notaba el frescor de una corriente de aire glacial que olía a sebo, a cuero y a aceite. Era la emanación de la calle de las Charrettes, llena de grandes almacenes negros donde hacen rodar barricas. |
De peur de paraître ridicule, Emma voulut, avant d’entrer, faire un tour de promenade sur le port, et Bovary, par prudence, garda les billets à sa main, dans la poche de son pantalon, qu’il appuyait contre son ventre. | Por miedo a parecer ridícula, Emma quiso antes de entrar dar un paseo por el puerto, y Bovary, por prudencia, guardó los billetes en su mano en el bolsillo del pantalón, apretándola contra su vientre. |
Un battement de cœur la prit dès le vestibule. Elle sourit involontairement de vanité, en voyant la foule qui se précipitait à droite par l’autre corridor, tandis qu’elle montait l’escalier des premières. Elle eut plaisir, comme un enfant, à pousser de son doigt les larges portes tapissées ; elle aspira de toute sa poitrine l’odeur poussiéreuse des couloirs, et, quand elle fut assise dans sa loge, elle se cambra la taille avec une désinvolture de duchesse. | Ya en el vestíbulo Emma sintió latir fuertemente su corazón. Sonrió involuntariamente, por vanidad, viendo a la muchedumbre que se precipitaba a la derecha por otro corredor, mientras que ella subía a la escalera del entresuelo. Se divirtió como un niño empujando con su dedo las amplias puertas tapizadas; aspiró con todo su pecho el olor a polvo de los pasillos, y una vez sentada en su palco echó el busto hacia atrás con una desenvoltura de duquesa. |
La salle commençait à se remplir, on tirait les lorgnettes de leurs étuis, et les abonnés, s’apercevant de loin, se faisaient des salutations. Ils venaient se délasser dans les beaux-arts des inquiétudes de la vente ; mais, n’oubliant point les affaires, ils causaient encore cotons, trois-six ou indigo. On voyait là des têtes de vieux, inexpressives et pacifiques, et qui, blanchâtres de chevelure et de teint, ressemblaient à des médailles d’argent ternies par une vapeur de plomb. Les jeunes beaux se pavanaient au parquet, étalant, dans l’ouverture de leur gilet, leur cravate rose ou vert pomme ; et Mme Bovary les admirait d’en haut, appuyant sur des badines à pomme d’or la paume tendue de leurs gants jaunes. | La sala empezaba a llenarse, la gente sacaba los gemelos de los estuches, y los abonados se saludaban de lejos. Venían a distraerse con las bellas artes de las preocupaciones del comercio; pero, sin olvidar los «negocios», seguían hablando de algodones, de alcohol de ochenta y cinco grados o de añil. Allí se veían cabezas de viejos, inexpresivas y pacíficas, y que, blanquecinas de cabellos y de cutis, parecían medallas de plata empañadas por un vapor de plomo. Los jóvenes elegantes se pavoneaban en el patio de butacas, luciendo en la abertura de su chaleco su corbata rosa o verde manzana; y Madame Bovary los contemplaba desde arriba apoyando sobre junquillos de empuñadura dorada la palma tensa de sus guantes amarillos. |
Cependant, les bougies de l’orchestre s’allumèrent ; le lustre descendit du plafond, versant, avec le rayonnement de ses facettes, une gaieté subite dans la salle ; puis les musiciens entrèrent les uns après les autres, et ce fut d’abord un long charivari de basses ronflant, de violons grinçant, de pistons trompettant, de flûtes et de flageolets qui piaulaient. Mais on entendit trois coups sur la scène ; un roulement de timbales commença, les instruments de cuivre plaquèrent des accords, et le rideau, se levant, découvrit un paysage. | Entretanto, se encendieron las luces de la orquesta; la lárnpara bajó del techo derramando con la irradiación de sus luces una alegría repentina en la sala; después entraron los músicos unos detrás de otros, y hubo un prolongado guirigay de bajos que roncaban, violines que chirriaban, trompetas que sonaban, flautas y flautines que piaban. Pero se oyeron tres golpes en el escenario; comenzó un redoble de timbales, los instrumentos de cobre tocaron acordes simultáneos, y al levantarse el telón apareció un paisaje. |
C’était le carrefour d’un bois, avec une fontaine, à gauche, ombragée par un chêne. Des paysans et des seigneurs, le plaid sur l’épaule, chantaient tous ensemble une chanson de chasse ; puis il survint un capitaine qui invoquait l’ange du mal en levant au ciel ses deux bras ; un autre parut ; ils s’en allèrent, et les chasseurs reprirent. | Era la encrucijada de un bosque, con una fuente a la izquierda, a la sombra de un roble. Campesinos y señores, con la manta al hombro, cantaban todos juntos una canción de caza; luego apareció un capitán que invocaba al ángel del mal elevando sus brazos al cielo; apareció otro; se fueron y los cazadores volvieron a empezar. |
Elle se retrouvait dans les lectures de sa jeunesse, en plein Walter Scott. Il lui semblait entendre, à travers le brouillard, le son des cornemuses écossaises se répéter sur les bruyères. D’ailleurs, le souvenir du roman facilitant l’intelligence du libretto, elle suivait l’intrigue phrase à phrase, tandis que d’insaisissables pensées qui lui revenaient, se dispersaient, aussitôt, sous les rafales de la musique. Elle se laissait aller au bercement des mélodies et se sentait elle-même vibrer de tout son être comme si les archets des violons se fussent promenés sur ses nerfs. Elle n’avait pas assez d’yeux pour contempler les costumes, les décors, les personnages, les arbres peints qui tremblaient quand on marchait, et les toques de velours, les manteaux, les épées, toutes ces imaginations qui s’agitaient dans l’harmonie comme dans l’atmosphère d’un autre monde. Mais une jeune femme s’avança en jetant une bourse à un écuyer vert. Elle resta seule, et alors on entendit une flûte qui faisait comme un murmure de fontaine ou comme des gazouillements d’oiseau. Lucie entama d’un air brave sa cavatine en sol majeur ; elle se plaignait d’amour, elle demandait des ailes. Emma, de même, aurait voulu, fuyant la vie, s’envoler dans une étreinte. Tout à coup, Edgar-Lagardy parut. Il avait une de ces pâleurs splendides qui donnent quelque chose de la majesté des marbres aux races ardentes du Midi. Sa taille vigoureuse était prise dans un pourpoint de couleur brune ; un petit poignard ciselé lui battait sur la cuisse gauche, et il roulait des regards langoureusement en découvrant ses dents blanches. On disait qu’une princesse polonaise, l’écoutant un soir chanter sur la plage de Biarritz, où il radoubait des chaloupes, en était devenue amoureuse. Elle s’était ruinée à cause de lui. Il l’avait plantée là pour d’autres femmes, et cette célébrité sentimentale ne laissait pas que de servir à sa réputation artistique. Le cabotin diplomate avait même soin de faire toujours glisser dans les réclames une phrase poétique sur la fascination de sa personne et la sensibilité de son âme. Un bel organe, un imperturbable aplomb, plus de tempérament que d’intelligence et plus d’emphase que de lyrisme, achevaient de rehausser cette admirable nature de charlatan, où il y avait du coiffeur et du toréador. | Emma volvía a encontrarse en las lecturas de su juventud, en pleno Walter Scott. Le parecía oír a través de la niebla el sonido de las gaitas escocesas que se extendía por los brezos. Por otra parte, como el recuerdo de la novela facilitaba la inteligencia del libreto, seguía la intriga frase a frase, mientras que los vagos pensamientos que volvían a su mente se dispersaban inmediatamente bajo las ráfagas de la música. Se dejaba mecer por las melodías y se sentía a sí misma vibrar con todo su ser como si los arcos de los violines se pasearan por sus nervios, no tenía bastantes ojos para contemplar los trajes, los decorados, los personajes los árboles pintados que temblaban cuando los actores caminaban, y las tocas de terciopelo, los abrigos, las espadas, todas eran imaginaciones que se agitaban en la armonía como en la atmósfera de otro mundo. Pero una joven se adelantó arrojando una bolsa a un gallardo escudero. Se quedó sola, y entonces se oyó una flauta que hacía como un murmullo de fuente o como gorjeo de pájaro. Lucía atacó con aire decidido su cavatina en sol mayor; se quejaba de amor, pedía alas. Emma, igualmente, hubiera querido huir de la vida, echándose a volar en un abrazo. De pronto apareció Edgar Lagardy. Tenía una de esas palideces espléndidas que dan algo de la majestad de los mármoles a las razas ardientes del mediodía. Su recio busto estaba ceñido por un jubón de color pardo; un pequeño puñal cincelado golpeaba el muslo izquierdo, echaba unas miradas lánguidas a su alrededor descubriendo sus blaneos dientes. Se decía que una princesa polaca, escuchándole una noche cantar en la playa de Biarritz, donde carenaba chalupas, se había enamorado de él. Se arruinó por él. La había dejado plantada a11í por otras mujeres, y esta resonancia sentimental no hacía sino aumentar su fama artística. El fino comediante se preocupaba incluso de deslizar en los anuncios una frase poética sobre la fascinación de su persona y la sensibilidad de su alma. Una bella voz, un imperturbable aplomo, más temperamento que inteligencia y más énfasis que lirismo acababan de realzar aquella admirable naturaleza de charlatán, en la que había algo de barbero y de torero. |
Dès la première scène, il enthousiasma. Il pressait Lucie dans ses bras, il la quittait, il revenait, il semblait désespéré : il avait des éclats de colère, puis des râles élégiaques d’une douceur infinie, et les notes s’échappaient de son cou nu, pleines de sanglots et de baisers. Emma se penchait pour le voir, égratignant avec ses ongles le velours de sa loge. Elle s’emplissait le cœur de ces lamentations mélodieuses qui se traînaient à l’accompagnement des contrebasses, comme des cris de naufragés dans le tumulte d’une tempête. Elle reconnaissait tous les enivrements et les angoisses dont elle avait manqué mourir. La voix de la chanteuse ne lui semblait être que le retentissement de sa conscience, et cette illusion qui la charmait quelque chose même de sa vie. Mais personne sur la terre ne l’avait aimée d’un pareil amour. Il ne pleurait pas comme Edgar, le dernier soir, au clair de lune, lorsqu’ils se disaient : « À demain ; à demain !… » La salle craquait sous les bravos ; on recommença la strette entière ; les amoureux parlaient des fleurs de leur tombe, de serments, d’exil, de fatalité, d’espérances, et quand ils poussèrent l’adieu final, Emma jeta un cri aigu, qui se confondit avec la vibration des derniers accords. | Desde la primera escena entusiasmó. Estrechaba a Lucía entre sus brazos, la dejaba, volvía a estrecharla, parecía desesperado: tenía arrebatos de cólera, después estertores elegiacos de una dulzura infinita, y de su garganta desnuda se escapaban las notas llenas de sollozos y de besos. Emma se inclinaba para verlo arañando con sus uñas el terciopelo de su palco. Se llenaba el corazón con aquellas lamentaciones melodiosas que se arrastraban en el acompañamiento de los contrabajos, como gritos de naúfragos en el tumulto de una tempestad. Reconocía todas las embriagueces y todas las angustias de las que había estado a punto de morir. La voz de la cantante no le parecía sino el eco de su conciencia, y aquella ilusión que la encantaba, algo incluso de su propia vida. Pero nadie en la tierra la había amado con un amor semejante. Él no lloraba como Edgar la última noche, a la luz de la luna, cuando se decían: «Hasta mañana; hasta mañana...» La sala reventaba con los bravos; repitieron la strette(2) entera. Los enamorados hablaban de las flores de su tumba, de juramentos, de exilio, de fatalidad, de esperanzas, y cuando se dijeron el adiós final, Emma lanzó un grito agudo que se confundió con la vibración de los últimosacordes. |
— Pourquoi donc, demanda Bovary, ce seigneur est-il à la persécuter ? | ¿:Por qué preguntó Bovary ese señor está persiguiéndola? |
— Mais non, répondit-elle ; c’est son amant. | Que no respondió ella ; es su amante. |
— Pourtant il jure de se venger sur sa famille, tandis que l’autre, celui qui est venu tout à l’heure, disait : | Sin embargo, él jura vengarse de su familia, mientras que el otro, el que ha venido ahora, decía: |
« J’aime Lucie et je m’en crois aimé. » D’ailleurs, il est parti avec son père, bras dessus, bras dessous. Car c’est bien son père, n’est-ce pas, le petit laid qui porte une plume de coq à son chapeau ? | «Amo a Lucía y me creo amado por ella.» Por otra parte, él marchó con su padre, cogidos del brazo. ¿:Porque es su padre, verdad, ese pequeño feo que lleva una pluma de gallo en su sombrero? |
Malgré les explications d’Emma, dès le duo récitatif où Gilbert expose à son maître Ashton ses abominables manœuvres, Charles, en voyant le faux anneau de fiançailles qui doit abuser Lucie, crut que c’était un souvenir d’amour envoyé par Edgar. Il avouait, du reste, ne pas comprendre l’histoire, – à cause de la musique – qui nuisait beaucoup aux paroles. | A pesar de las explicaciones de Emma, desde el dúo recitativo en el que Gilberto expone a su amo Ashton sus abominables maniobras, Carlos, al ver el falso anillo de prometida que ha de engañar a Lucía, creyó que era un recuerdo de amor enviado por Edgardo. Confesaba, por lo demás, no comprender la historia a causa de la música que no dejaba oír bien las palabras. |
— Qu’importe ? dit Emma ; tais-toi ! | ¿:Qué importa? dijo Emma ; ¡cállate! |
— C’est que j’aime, reprit-il en se penchant sur son épaule, à me rendre compte, tu sais bien. | Es que a mí me gusta enterarme replicó él inclinándose sobre su hombro , ya lo sabes. |
— Tais-toi ! tais-toi ! fit-elle impatientée. | ¡Cállate!, ¡cállate! dijo ella impacientada. |
Lucie s’avançait, à demi soutenue par ses femmes, une couronne d’oranger dans les cheveux, et plus pâle que le satin blanc de sa robe. Emma rêvait au jour de son mariage ; et elle se revoyait là-bas, au milieu des blés, sur le petit sentier, quand on marchait vers l’église. Pourquoi donc n’avait-elle pas, comme celle-là, résisté, supplié ? Elle était joyeuse, au contraire, sans s’apercevoir de l’abîme où elle se précipitait… Ah ! si, dans la fraîcheur de sa beauté, avant les souillures du mariage et la désillusion de l’adultère, elle avait pu placer sa vie sur quelque grand cœur solide, alors la vertu, la tendresse, les voluptés et le devoir se confondant, jamais elle ne serait descendue d’une félicité si haute. Mais ce bonheur-là, sans doute, était un mensonge imaginé pour le désespoir de tout désir. Elle connaissait à présent la petitesse des passions que l’art exagérait. S’efforçant donc d’en détourner sa pensée, Emma voulait ne plus voir dans cette reproduction de ses douleurs qu’une fantaisie plastique bonne à amuser les yeux, et même elle souriait intérieurement d’une pitié dédaigneuse, quand au fond du théâtre, sous la portière de velours, un homme apparut en manteau noir. | Lucía se adelantaba, medio sostenida por sus compañeras, con una corona de azahar en el pelo, y más pálida que el raso blanco de su vestido. Emma pensaba en el día de su boda; y se volvía a ver a11á, en medio de los trigos, en el pequeño sendero, cuando iba hacia la iglesia. ¿:Por qué no había resistido y suplicado como ésta? Iba, por el contrario, contenta, sin darse cuenta del abismo en que se precipitaba... ¡Ah, sí!, en la frescura de su belleza, antes de las huellas del matrimonio y la desilusión del adulterio hubiera podido consagrar su vida a un gran corazón fuerte; entonces la virtud la ternura, las voluptuosidades y el deber se habrían confundido y jamás habría descendido de una tan alta felicidad. Pero aquella felicidad, sin duda, era una mentira imaginada por la desesperación de todo deseo. Ahora conocía la pequeñez de las pasiones que el arte exageraba. Esforzándose por desviar su pensamiento, Emma quería no ver en esta reproducción de sus dolores más que una fantasía plástica buena para distraer la vista, a incluso sonreía interiormente con una compasión desdeñosa cuando, en el fondo del teatro, bajo la puerta de terciopelo, apareció un hombre con una capa negra. |
Son grand chapeau à l’espagnole tomba dans un geste qu’il fit ; et aussitôt les instruments et les chanteurs entonnèrent le sextuor. Edgar, étincelant de furie, dominait tous les autres de sa voix plus claire. Ashton lui lançait en notes graves des provocations homicides, Lucie poussait sa plainte aiguë, Arthur modulait à l’écart des sons moyens, et la basse-taille du ministre ronflait comme un orgue, tandis que les voix de femmes, répétant ses paroles, reprenaient en chœur, délicieusement. Ils étaient tous sur la même ligne à gesticuler ; et la colère, la vengeance, la jalousie, la terreur, la miséricorde et la stupéfaction s’exhalaient à la fois de leurs bouches entrouvertes. L’amoureux outragé brandissait son épée nue ; sa collerette de guipure se levait par saccades, selon les mouvements de sa poitrine, et il allait de droite et de gauche, à grands pas, faisant sonner contre les planches les éperons vermeils de ses bottes molles, qui s’évasaient à la cheville. Il devait avoir, pensait-elle, un intarissable amour, pour en déverser sur la foule à si larges effluves. Toutes ses velléités de dénigrement s’évanouissaient sous la poésie du rôle qui l’envahissait, et, entraînée vers l’homme par l’illusion du personnage, elle tâcha de se figurer sa vie, cette vie retentissante, extraordinaire, splendide, et qu’elle aurait pu mener cependant, si le hasard l’avait voulu. Ils se seraient connus, ils se seraient aimés ! Avec lui, par tous les royaumes de l’Europe, elle aurait voyagé de capitale en capitale, partageant ses fatigues et son orgueil, ramassant les fleurs qu’on lui jetait, brodant elle-même ses costumes ; puis, chaque soir, au fond d’une loge, derrière la grille à treillis d’or, elle eût recueilli, béante, les expansions de cette âme qui n’aurait chanté que pour elle seule ; de la scène, tout en jouant, il l’aurait regardée. Mais une folie la saisit : il la regardait, c’est sûr ! Elle eut envie de courir dans ses bras pour se réfugier en sa force, comme dans l’incarnation de l’amour même, et de lui dire, de s’écrier : « Enlève-moi, emmène-moi, partons ! À toi, à toi ! toutes mes ardeurs et tous mes rêves ! » | En un gesto que hizo cayó su gran chambergo español; y enseguida los instrumentos y los cantores entonaron el sexteto. Edgardo, centelleante de furia, dominaba a todos los demás con su voz clara. Ashton le lanzaba en notas graves provocaciones homicidas. Lucía dejaba escapar su aguda queja. Arturo modulaba aparte sonidos, medios, y el bajo profundo del ministro zumbaba como un órgano, deliciosamente. Todos coincidían en los gestos; y la cólera, la venganza, los celos, el terror, la misericordia y la estupefacción salían a la vez de sus bocas entreabiertas. El enamorado ultrajado blandía su espada desnuda; su gorguera de encaje se levantaba por sacudidas, según los movimientos de su pecho, a iba de derecha a izquierda, a grandes pasos, haciendo sonar contra las tablas las espuelas doradas de sus botas flexibles que se enganchaban en el tobillo. Tenía que haber, pensaba ella, un inagotable amor para derramarlo sobre la muchedumbre en tan amplios efluvios. Todas sus veleidades de denigración se desvanecían bajo la poesía del papel que la invadía, y arrastrada hacia el hombre por la ilusión del personaje trató de imaginarse su vida, aquella vida estrepitosa, extraordinaria, espléndida, que ella habría podido llevar, sin embargo, si el azar lo hubiera querido. Se habrían conocido, se habrían amado. Con él por todos los reinos de Europa, ella habría viajado de capital en capital, compartiendo sus fatigas y su orgullo, recogiendo las flores que le arrojaban, bordando ella misma sus trajes; después, cada noche, en el fondo de un palco, detrás de la reja con barrotes de oro, habría recogido, boquiabierta, las expansiones de aquella alma que no habría cantado más que para ella sola; desde la escena, al tiempo que representaba, la habría mirado. Pero se volvió loca; ¡él la miraba, estaba claro! Le entraron ganas de correr a sus brazos para refugiarse en su fuerza, como en la encarnación del amor mismo, y de decirle, de gritarle: «Ráptame, llévame, marchemos! ¡Para ti, para ti!, todos mis ardores y todos mis sueños.» |
Le rideau se baissa. | Cayó el telón. |
L’odeur du gaz se mêlait aux haleines ; le vent des éventails rendait l’atmosphère plus étouffante. Emma voulut sortir ; la foule encombrait les corridors, et elle retomba dans son fauteuil avec des palpitations qui la suffoquaient. Charles, ayant peur de la voir s’évanouir, courut à la buvette lui chercher un verre d’orgeat. | El olor del gas se mezclaba con los alientos; el aire de los abanicos hacía la atmósfera más sofocante. Emma quiso salir; el público llenaba los pasillos, y se volvió a echar en su butaca con palpitaciones que la sofocaban. Carlos, temiendo que se desmayara, corrió a la cantina a buscar un vaso de horchata. |
Il eut grand-peine à regagner sa place, car on lui heurtait les coudes à tous les pas, à cause du verre qu’il tenait entre ses mains, et même il en versa les trois quarts sur les épaules d’une Rouennaise en manches courtes, qui, sentant le liquide froid lui couler dans les reins, jeta des cris de paon, comme si on l’eût assassinée. Son mari, qui était un filateur, s’emporta contre le maladroit ; et, tandis qu’avec son mouchoir elle épongeait les taches sur sa belle robe de taffetas cerise, il murmurait d’un ton bourru les mots d’indemnité, de frais, de remboursement. Enfin, Charles arriva près de sa femme, en lui disant tout essoufflé : | Le costó trabajo volver a su sitio , pues por todas partes le daban codazos por el vaso que llevaba entre sus manos, y hasta llegó a derramar las tres cuartas partes sobre los hombros de una ruanesa de manga corta quien, sintiendo llegar el líquido frío a los riñones, gritó despavorida, como si la hubieran asesinado. Su marido, que era hilandero, se enfureció con aquel torpe, y mientras ella se limpiaba con su pañuelo las manchas de su hermoso vestido de tafetán cereza, é1 murmuraba con tono desabrido las palabras de indemnización, gastos, reembolso. Por fin, Carlos llegó al lado de su mujer, diciéndole todo sofocado: |
— J’ai cru, ma foi, que j’y resterais ! Il y a un monde !… un monde !… | Creí, en verdad, que no volvía. ¡Hay tanta gente... tanta gente! |
Il ajouta : | Y añadió: |
— Devine un peu qui j’ai rencontré là-haut ? M. Léon ! | ¿:A que no adivinas a quién he encontrado a11á arriba? ¡Al señor León! |
— Léon ? | ¿:A León? |
— Lui-même ! Il va venir te présenter ses civilités. | ¡El mismo! Va a venir a saludarte. |
Et, comme il achevait ces mots, l’ancien clerc d’Yonville entra dans la loge. | Y al terminar estas palabras el antiguo pasante de Yonville entró en el palco. |
Il tendit sa main avec un sans-façon de gentilhomme : et Mme Bovary machinalement avança la sienne, sans doute obéissant à l’attraction d’une volonté plus forte. Elle ne l’avait pas sentie depuis ce soir de printemps où il pleuvait sur les feuilles vertes, quand ils se dirent adieu, debout au bord de la fenêtre. Mais, vite, se rappelant à la convenance de la situation, elle secoua dans un effort cette torpeur de ses souvenirs et se mit à balbutier des phrases rapides. | Le tendió su mano con una desenvoltura de hombre de mundo: y Madame Bovary adelantó maquinalmente la suya, sin duda obedeciendo a la atracción de una voluntad más fuerte. No la había sentido, desde aquella tarde de primavera en la que llovía sobre las hojas verdes, cuando se dijeron adiós, de pie al borde de la ventana. Pero pronto, dándose cuenta de la situación, sacudió en un esfuerzo aquella neblina de sus recuerdos y empezó a balbucear frases rápidas: |
— Ah ! bonjour… Comment ! vous voilà ? | ¡Ah! Hola... ¡Cómo! ¿:Usted por aquí? |
— Silence ! cria une voix du parterre, car le troisième acte commençait. | ¡Silencio! gritó una voz del patio de butacas, pues empezaba el tercer acto. |
— Vous êtes donc à Rouen ? | ¿:Así que está usted en Rouen? |
— Oui. | Sí. |
— Et depuis quand ? | ¿:Y desde cuando? |
— À la porte ! à la porte ! | ¡Fuera, fuera! |
On se tournait vers eux ; ils se turent. | El público se volvía hacia ellos; se callaron. |
Mais, à partir de ce moment, elle n’écouta plus ; et le chœur des conviés, la scène d’Ashton et de son valet, le grand duo en ré majeur, tout passa pour elle dans l’éloignement, comme si les instruments fussent devenus moins sonores et les personnages plus reculés ; elle se rappelait les parties de cartes chez le pharmacien, et la promenade chez la nourrice, les lectures sous la tonnelle, les tête-à-tête au coin du feu, tout ce pauvre amour si calme et si long, si discret, si tendre, et qu’elle avait oublié cependant. Pourquoi donc revenait-il ? quelle combinaison d’aventures le replaçait dans sa vie ? Il se tenait derrière elle, s’appuyant de l’épaule contre la cloison ; et, de temps à autre, elle se sentait frissonner sous le souffle tiède de ses narines qui lui descendait dans la chevelure. | Pero a partir de aquel momento ella no escuchó más; y el coro de los invitados, la escena de Ashton y su criado, el gran dúo en re mayor, todo pasó para ella en la lejanía, como si los instrumentos se hubieran vuelto menos sonoros y los personajes más alejados; recordaba las partidas de cartas en casa del farmacéutico, y el paseo a casa de la nodriza, las lecturas bajo la glorieta del jardín, las charlas a solas al lado del fuego, todo aquel pobre amor tan tranquilo y tan largo, tan discreto, tan tierno, y que ella, sin embargo, había olvidado. ¿:Por qué entonces volvía él? ¿:qué combinación de aventuras volvía a ponerlo en su vida? El se mantenía detrás de ella, apoyando su hombro en el tabique; y de vez en cuando, ella se sentía estremecer bajo el soplo tibio de su respiración que le bajaba hasta la cabellera. |
— Est-ce que cela vous amuse ? dit-il en se penchant sur elle de si près, que la pointe de sa moustache lui effleura la joue. | ¿:Le gusta esto? dijo él inclinándose hacia ella tanto que la punta de su bigote le rozó la mejilla. |
Elle répondit nonchalamment : | Emma contestó indolentemente: |
— Oh ! mon Dieu, non ! pas beaucoup. | ¡Oh, Dios mío, no!, no mucho. |
Alors il fit la proposition de sortir du théâtre, pour aller prendre des glaces quelque part. | Entonces le propuso salir del teatro para ir a tomar unos helados a algún sitio. |
— Ah ! pas encore ! restons ! dit Bovary. Elle a les cheveux dénoués : cela promet d’être tragique. | ¡Ah!, todavía no, quedémonos dijo Bovary . Lucía se ha soltado el pelo: esto promete un desenlace trágico. |
Mais la scène de la folie n’intéressait point Emma, et le jeu de la chanteuse lui parut exagéré. | Pero la escena de la locura no interesaba a Emma, y la actuación de la cantante le pareció exagerada. |
— Elle crie trop fort, dit-elle en se tournant vers Charles, qui écoutait. | Grita mucho dijo Emma volviéndose hacia Carlos, que escuchaba: |
— Oui… peut-être… un peu, répliqua-t-il, indécis entre la franchise de son plaisir et le respect qu’il portait aux opinions de sa femme. | Sí... quizás... un poco replicó él, indeciso entre la franqueza de su placer y el respeto que tenía a las opiniones de su mujer. |
Puis Léon dit en soupirant : | Después León dijo suspirando: |
— Il fait une chaleur… | ¡Hace un calor! |
— Insupportable ! c’est vrai. | ¡Insoportable!, es cierto. |
— Es-tu gênée ? demanda Bovary. | ¿:Estás incómoda? preguntó Bovary. |
— Oui, j’étouffe ; partons. | Sí; vámonos. |
M. Léon posa délicatement sur ses épaules son long châle de dentelle, et ils allèrent tous les trois s’asseoir sur le port, en plein air, devant le vitrage d’un café. | El señor León puso delicadamente sobre los hombros de Emma su largo chal de encaje, y se fueron los tres a sentarse al puerto, al aire libre, delante de la cristalera de un café. |
Il fut d’abord question de sa maladie, bien qu’Emma interrompît Charles de temps à autre, par crainte, disait-elle, d’ennuyer M. Léon ; et celui-ci leur raconta qu’il venait à Rouen passer deux ans dans une forte étude, afin de se rompre aux affaires, qui étaient différentes en Normandie de celles que l’on traitait à Paris. Puis il s’informa de Berthe, de la famille Homais, de la mère Lefrançois ; et, comme ils n’avaient, en présence du mari, rien de plus à se dire, bientôt la conversation s’arrêta. | Primero hablaron de la enfermedad de Emma, aunque ella interrumpía a Carlos de vez en cuando, por temor, decía, de aburrir a1 señor León; y éste les contó que venía a Rouen a pasar dos años en un gran despacho para adquirir práctica en los asuntos, que en Normandía eran diferentes de los que se trataban en París. Después preguntó por Berta, por la familia Homais, por la tía Lefrançois; y como en presencia del marido no tenían nada más que decirse, pronto se detuvo la conversación. |
Des gens qui sortaient du spectacle passèrent sur le trottoir, tout fredonnant ou braillant à plein gosier : Ô bel ange, ma Lucie ! Alors Léon, pour faire le dilettante, se mit à parler musique. Il avait vu Tamburini, Rubini, Persiani, Grisi ; et à côté d’eux, Lagardy, malgré ses grands éclats, ne valait rien. | Gente que salía del espectáculo pasó por la acera, tarareando o cantando a voz en grito: Oh, ángel bello, Lucía mía. Entonces León, para dárselas de aficionado, se puso a hablar de música. Había visto a Tamburini, a Rubini, a Persiani, a Grisi; y al lado de ellos, a pesar de sus grandes momentos de esplendor, Lagardy no valía nada. |
— Pourtant, interrompit Charles qui mordait à petits coups son sorbet au rhum, on prétend qu’au dernier acte il est admirable tout à fait ; je regrette d’être parti avant la fin, car ça commençait à m’amuser. | Sin embargo interrumpió Carlos, que daba pequeños mordiscos a su sorbete de ron , dicen que en el último acto está absolutamente admirable; siento haber salido antes del final, pues empezaba a divertirme. |
— Au reste, reprit le clerc, il donnera bientôt une autre représentation. | De todos modos replicó el pasante , pronto dará otra representación. |
Mais Charles répondit qu’ils s’en allaient dès le lendemain. | Pero Carlos respondió que se iban al día siguiente. |
— À moins, ajouta-t-il en se tournant vers sa femme, que tu ne veuilles rester seule, mon petit chat ? | A menos añadió, volviéndose a su mujer que tú quieras quedarte sola, cariño. |
Et, changeant de manœuvre devant cette occasion inattendue qui s’offrait à son espoir, le jeune homme entama l’éloge de Lagardy dans le morceau final. C’était quelque chose de superbe, de sublime ! Alors Charles insista : | Y cambiando de maniobra ante aquella situación inesperada que se le presentaba, el joven comenzó a hacer el elogio de Lagardy en el trozo final. Era algo soberbio, ¡sublime! Entonces Carlos insistió: |
— Tu reviendrais dimanche. Voyons, décide-toi ! tu as tort, si tu sens le moins du monde que cela te fait du bien. | Volverás el domingo. ¡Vamos, decídete! Haces mal en no venir si sientes que te hace bien, por poco que sea. |
Cependant les tables, alentour, se dégarnissaient ; un garçon vint discrètement se poster près d’eux ; Charles qui comprit, tira sa bourse ; le clerc le retint par le bras, et même n’oublia point de laisser, en plus, deux pièces blanches, qu’il fit sonner contre le marbre. | Entretanto, las mesas a su alrededor se iban despoblando; vino un camarero a apostarse discretamente cerca de ellos; Carlos, que comprendió, sacó su cartera; el pasante le retuvo el brazo, a incluso no se olvidó de dejar, además, de propina dos monedas de plata, que hizo sonar contra el mármol. |
— Je suis fâché, vraiment, murmura Bovary, de l’argent que vous… | Verdaderamente murmuró Bovary , no me gusta que usted haya pagado. |
L’autre eut un geste dédaigneux plein de cordialité, et, prenant son chapeau : | El otro tuvo un gesto desdeñoso lleno de cordialidad, y tomando su sombrero: |
— C’est convenu, n’est-ce pas, demain, à six heures ? | Queda convenido, ¿:verdad?, ¿:mañana, a las seis? |
Charles se récria encore une fois qu’il ne pouvait s’absenter plus longtemps ; mais rien n’empêchait Emma… | Carlos dijo de nuevo que no podía ausentarse por más tiempo; pero que nada impedía que Emma... |
— C’est que…, balbutia-t-elle avec un singulier sourire, je ne sais pas trop… | Es que... balbuceó ella con una sonrisa especial , no sé si... |
— Eh bien ! tu réfléchiras, nous verrons, la nuit porte conseil… | ¿:Bueno!, ya lo pensarás, ya veremos, consulta con la almohada. |
Puis à Léon, qui les accompagnait : | Después, a León, que les acompañaba: |
— Maintenant que vous voilà dans nos contrées, vous viendrez, j’espère de temps à autre, nous demander à dîner ? | Ahora que está usted en nuestras tierras, espero que venga de vez en cuando a comer con nosotros. |
Le clerc affirma qu’il n’y manquerait pas, ayant d’ailleurs besoin de se rendre à Yonville pour une affaire de son étude. Et l’on se sépara devant le passage Saint-Herbland, au moment où onze heures et demie sonnaient à la cathédrale. | El pasante dijo que iría, puesto que además necesitaba ir a Yonville para un asunto de su despacho. Y se separaron delante del pasaje Saint Herbland en el momento en que daban las once y media en la catedral. |